La légende dorée - SAINT JACQUES LE MAJEUR *

SAINT CHRISTOPHE *

Christophe, avant son baptême, se nommait Réprouvé, mais dans la suite il fut appelé Christophe, comme si on disait: qui porte le Christ, parce qu'il porta le Christ en quatre manières: sur ses épaules, pour le faire passer; dans son corps, par la macération; dans son coeur, par la dévotion et sur les lèvres, parla confession ou prédication.

Christophe était Chananéen; il avait une taille gigantesque, un aspect terrible, et douze coudées de haut: D'après ce qu'on lit eu ses actes, un jour qu'il se trouvait auprès d'un roi des Chananéens, il lui vint à l'esprit de. chercher, quel était le plus grand prince du monde, et de demeurer près de lui. Il se présenta chez un roi très puissant qui avait partout la réputation de

* L'hymne O beate mundi auctor, du bréviaire mozarabe fait allusion, dans ses seize strophes, à tous les points de cette légende.

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n'avoir point d'égal en grandeur. Ce roi en le voyant l'accueillit avec bonté et le fit rester à sa cour. Or, un jour, un jongleur chantait en présence du roi une chanson oit revenait souvent le nom du diable; le roi, qui était chrétien, chaque fois qu'il entendait prononcer le nom de quelque diable, faisait de suite le signe de croix sur. sa figure. Christophe, qui remarqua cela, était fort étonné de cette action, et de ce que signifiait un pareil acte. Il interrogea le roi à ce sujet et celui-ci ne voulant pas le lui découvrir, Christophe ajouta: «Si vous ne me le dites, je ne resterai pas plus longtemps avec vous.» C'est pourquoi le roi fut contraint de lui dire : « Je me munis de ce signe, quelque diable que j'entende nommer, dans la crainte qu'il ne prenne pouvoir sur moi et ne me nuise.» Christophe lui répondit: «Si vous craignez que le diable ne vous nuise, il est évidemment plus grand et plus puissant que vous; la preuve en est que vous en avez une terrible frayeur. Je suis donc bien déçu dans mon attente; je pensais avoir trouvé le, plus grand et le plus puissant seigneur du monde; mais maintenant je vous fais mes adieux, car je veux chercher le diable lui-même, afin de le prendre pour mon maître et devenir son serviteur.» Il quitta ce roi et se mit en devoir de chercher le diable. Or, comme il marchait au milieu d'un désert, il vit une grande multitude de soldats, dont l'un, à l'aspect féroce et terrible, vint vers lui et lui demanda où il allait. Christophe lui répondit: «Je vais chercher le seigneur diable, afin de le prendre pour maître et seigneur.» Celui-ci lui dit: «Je suis celui que tu cherches.» Christophe tout réjoui s'engagea pour être son (285) serviteur à toujours et le prit pour son seigneur. Or, comme ils marchaient ensemble, ils rencontrèrent une croix élevée sur un chemin public. Aussitôt que le diable eut aperçu cette croix, il fut effrayé, prit la fuite et, quittant le chemin, il conduisit Christophe à travers un terrain à l'écart et raboteux, ensuite il le ramena sur la route. Christophe émerveillé de voir cela lui demanda pourquoi il avait manifesté tant de crainte, lorsqu'il quitta la voie ordinaire, pour faire un détour, et le ramener ensuite dans le chemin: Le diable ne voulant absolument pas lui en donner le motif, Christophe dit: «Si vous ne me l'indiquez, je vous quitte à l'instant.» Le diable fut forcé de lui dire: «Un homme qui s'appelle Christ fut attaché à la croix; dès que j e vois l'image de sa croix, j'entre dans une grande peur, et m'enfuis effrayé.» Christophe lui dit: «Donc ce Christ est plus grand et plus puissant que toi, puisque tu as une si brande frayeur en voyant l'image de sa croix? J'ai donc travaillé en vain, et n'ai pas encore trouvé le plus grand prince- du monde. Adieu maintenant, je veux te quitter et chercher ce Christ.»

Il chercha longtemps quelqu'un qui lui donnât des renseignements sur le Christ; enfin il rencontra un ermite qui lui prêcha J.-C. et qui l'instruisit soigneusement de la foi. L'ermite dit à Christophe: «Ce roi que tu désires servir réclame cette soumission: c'est qu'il te faudra jeûner souvent.» Christophe lui répondit: «Qu'il me demande autre chose, parce qu'il  m'est absolument impossible de faire cela.» «Il te faudra encore, reprend l'ermite, lui adresser des prières.» «Je ne sais ce que s'est, répondit Christophe, et je ne (286) puis me soumettre à cette exigence.» L'ermite lui dit: «Connais-tu tel fleuve où bien des passants sont en péril de perdre la vie?» «Oui, dit Christophe. L'ermite reprit: «Comme tu as une haute stature et que tu es fort robuste, si tu restais auprès de ce fleuve, et si tu passais tous ceux qui surviennent, tu ferais quelque chose de très agréable au roi J.-C. que tu désires servir, et j'espère qu'il se manifesterait à toi en ce lieu.» Christophe lui dit; «Oui, je puis bien remplir cet office, et je promets que je m'en acquitterai pour lui.» Il alla donc au fleuve dont il était question, et s'y construisit un petit logement. Il portait à la main au lieu de bâton une perche avec laquelle il se maintenait dans l'eau; et il passait. sans relâche tous les voyageurs. Bien des jours s'étaient écoulés, quand, une fois qu'il se reposait dans sa petite maison, il entendit la voix d'un petit enfant qui l'appelait en disant: «Christophe, viens dehors et passe-moi.» Christophe se leva de suite, mais ne trouva personne. Rentré chez soi, il entendit la même voix qui l'appelait. Il courut de,lors de nouveau et ne trouva personne. Une troisième fois il fut appelé comme auparavant, sortit et trouva sur la rive du fleuve un enfant qui le pria instamment de le passer. Christophe leva donc l'enfant sur ses épaules, prit son bâton et entra dans le fleuve pour le traverser. Et voici que l'eau du fleuve se gonflait peu à peu, l'enfant lui pesait comme une masse de plomb; il avançait, et l'eau gonflait toujours, l'enfant écrasait de plus en plus les épaules de Christophe d'un poids intolérable, de sorte que celui-ci se trouvait dans de grandes angoisses et, craignait de périr. (287) Il échappa à grand peine. Quand il eut franchi la rivière, il déposa l'enfant sur la rive et lui dit: Enfant, tu  m'as exposé à un grand danger, et tu  m'as tant pesé que si j'avais eu le monde entier sur moi, je ne sais si j'aurais eu plus lourda porter.» L'enfant lui répondit: «Ne t'en étonne pas, Christophe, tu n'as pas eu seulement tout le monde sur toi, mais tu as porté sur les épaules celui qui a créé le monde: car je suis le Christ ton roi, , auquel tu as en cela rendu service; et pour te prouver que je dis la vérité, quand tu seras repassé, enfonce ton bâton en terre vis-à-vis ta petite maison, et le matin tu verras qu'il a. fleuri et porté des fruits,» A l'instant il disparut. En arrivant, Christophe ficha. donc son bâton en terre, et quand il se leva le matin, il trouva que sa perche avait poussé des feuilles, et des dattes comme un palmier. Il vint ensuite à Samos, ville de Lycie, où il ne comprit pas la langue que parlaient les habitants, et il pria le Seigneur de lui en donner l'intelligence. Tandis qu'il restait en prières, les juges le prirent pour un insensé, et le laissèrent. Christophe, ayant obtenu ce qu'il demandait, se couvrit le visage, vint à l'endroit où combattaient les chrétiens, et il les affermissait au milieu de leurs tourments. Alors un des juges le frappa. au visage, et Christophe se découvrant la figure: «Si je n'étais chrétien, dit-il, je me vengerais aussitôt de cette injure.» Puis il ficha son bâton, en terre en priant le Seigneur de le faire reverdir pour convertir le peuple. Or, comme cela se fit à l'instant, huit mille hommes devinrent croyants. Le roi envoya alors deux cents soldats avec ordre d'amener Christophe par (288) devant lui; mais l'avant trouvé en oraison ils craignirent de lui signifier cet ordre; le roi envoya encore un pareil nombre d'hommes, qui, eux aussi, se mirent à prier avec Christophe. Il se leva et leur dit: « Oui cherchez-vous?» Quand ils eurent vu son visage; ils dirent: «Le roi nous a envoyés pour te garrotter et t'amener à lui.» Christophe leur dit: «Si je voulais, vous ne pourriez. me conduire ni garrotté, ni libre. » Ils lui dirent: «Alors si tu ne veux pas, va librement partout: ou bon te semblera, et nous dirons au roi que nous ne t'avons pas trouvé.» «Non, il n'en sera pas ainsi, dit-il; j'irai avec vous.» Alors il les convertit à la foi, se fit lier par eux les mains derrière le dos, et conduire au roi en cet état. A sa vue, le roi fut effrayé et tomba à l'instant de son siège. Relevée ensuite par ses serviteurs, il lui demanda son nom et sa patrie. Christophe lui répondit : « Avant mon baptême, je  m'appelais Réprouvé, mais aujourd'hui je me nomme Christophe.» Le roi lui dit: «Tu t'es donné un, sot nom, en prenant celui du Christ crucifié, qui ne s'est fait aucun bien, et qui ne pourra t'en faire. Maintenant donc, méchant Chananéen, pourquoi ne sacrifies-tu pas à nos dieux?» Christophe lui dit: «C'est à bon droit que tu t'appelles Dagnus *, parce que tu es la mort du monde, l'associé du diable; et tes dieux sont l'ouvrage de la main des hommes. Le roi lui dit: «Tu as été élevé au. milieu des bêtes féroces; tu ne peux donc proférer que paroles sauvages et choses inconnues des hommes. Or, maintenant,

* Damné ou danger ? ou plutôt dague, poignard ?

si tu veux sacrifier, tu obtiendras de moi de grands honneurs, sinon, tu périras dans les supplices.» Et comme le saint ne voulut pas sacrifier, Dagnus le fit mettre en prison; quant aux soldats qui avaient été envoyés à Christophe, il les fit décapiter pour le nom de J.-C. Ensuite il fit renfermer avec Christophe dans la prison deux filles très belles, dont l'une s'appelait Nicée et l'autre Aquilinie, leur promettant de grandes récompenses, si elles induisaient Christophe à pécher avec elles. A cette vue, Christophe se mit tout de suite en prière. Mais comme ces filles le tourmentaient par leurs caresses: et leurs embrassements, il se leva et leur, dit: « Que prétendez-vous et pour quel motif avez-vous été introduites ici?». Alors elles furent effrayées de l'éclat de son visage et dirent : «Ayez pitié de nous, saint homme, afin que nous puissions croire au Dieu que vous prêchez.» Le roi, informé de cela, se fit amener ces femmes et leur dit: « Vous avez donc aussi été séduites. Je jure par les dieux que si vous ne sacrifiez, vous périrez de malemort. » Elles répondirent: «Si tu veux que nous sacrifiions, commande qu'on nettoie les places et que tout le monde s'assemble au temple.» Quand cela fut fait, et qu'elles furent entrées dans le temple, elles dénouèrent leurs ceintures, les mirent au cou des idoles qu'elles firent tomber et qu'elles brisèrent; puis elles dirent aux assistants: «Allez appeler des médecins pour guérir vos dieux.» Alors par l'ordre du roi, Aquilinie est pendue; puis on attacha à ses pieds une pierre énorme qui disloqua tous ses membres. Quand elle eut rendu son âme au Seigneur, Nicée, sa soeur, fut (290) jetée dans le feu; mais comme elle en sortit saine et sauve, elle fut tout aussitôt après décapitée. Après quoi sauve, est amené en présence du roi qui le fait fouetter avec des verges de fer; un casque de fer rougi au feu est mis sur sa tête; le roi fait préparer un banc en fer où il ordonne de lier Christophe et sous lequel il fait allumer du feu qu'on alimente avec de la poix. Mais le banc fond comme la cire, et le saint reste sain et sauf. Ensuite le roi le fait lier à un poteau et commande à quatre cents soldats de le percer de flèches: mais toutes les flèches restaient suspendues en l'air, et aucune ne put le toucher. Or, le roi, pensant qu'il avait été tué par les archers, se mit à l'insulter; tout à coup une flèche se détache de l'air, vient retourner sur le roi qu'elle frappe à l'oeil, et qu'elle aveugle. Christophe lui dit : «C'est demain que je dois consommer mon sacrifice; tu feras donc, tyran, de la boue avec mon sang; tu t'en frotteras l'oeil et tu seras guéri.» Par ordre du roi ou le mène au lieu où il devait être décapité; et quand il eut fait sa prière, on lui trancha la tête. Le roi prit un peu de son sang, et le mettant sur son oeil, il dit:  «Au nom de Dieu et de saint Christophe.» Et il fut guéri à l'instant. Alors le roi crut, et porta un édit par lequel quiconque blasphémerait Dieu et saint Christophe serait aussitôt puni par le glaive. - Saint Ambroise parle ainsi de ce martyr dans sa préface :  «Vous avez élevé, Seigneur, saint Christophe, à un tel degré. de vertu, et vous avez, donné une telle grâce à sa parole, que par lui vous avez arraché à l'erreur de la gentilité pour les amener à la croyance chrétienne, quarante-huit mille hommes. (291) Nicée et Aquilinie qui depuis longtemps se livraient publiquement à la prostitution, il les porta, à prendre des habitudes de chasteté, et leur enseigna à recevoir la couronne. Bien que lié sur un banc de fer, au milieu d'un bûcher ardent, il ne redouta pas d'être brûlé par ce feu, et pendant une journée entière, il ne put être percé par les flèches de toute une soldatesque. Il y a plus, une de ces flèches crève l'oeil d'un des bourreaux, et le sang du bienheureux martyr mêlé à la terre lui rend la vue et en enlevant l'aveuglement du corps, éclaire son esprit car il obtint sa grâce auprès de vous et il vous a prié avec supplication d'éloigner les maladies et les infirmités*. »

* Ces derniers mots nous expliquent le motif pour lequel saint Christophe est représenté avec des proportions gigantesques principalement aux portails des églises. On se croyait à l'abri des maladies et des infirmités dès lors qu'on avait vu la statue du saint, de là ces vers:

Christophore sancte,virtutes saut tibi tantae,

Qui te manevident, nocturno tempore rident.

Christophore sancte,speciem qui eumque tuetur,

Ista nempe die non morte mala morietur.

Christophorum videas, postea tutus eas.

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LES SEPT DORMANTS **

Les sept dormants étaient originaires d'Ephèse. L'empereur Dèce qui persécutait, les chrétiens, étant
** S. Grégoire de Tours, De gloria martyr., l. I, c. XCV; Paul diacre, l. t, c. III; Nicéphore, Cal. 1. XIV, c. XLV, rapportent la légende des Sept Donnants qu'analyse J. de Voragine.

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venu en cette ville, fit construire des temples dans l'enceinte de cette cité, afin que tous se réunissent à lui pour sacrifiée aux idoles. Or, il avait ordonné qu'on cherchât tous les chrétiens; et quand ils avaient été pris, il les forçait à sacrifier où à mourir; on éprouva donc généralement une si grande crainte des supplices que l'ami reniait son ami, le père son fils, et le fils son père. Alors se trouvaient dans cette ville sept chrétiens, qui furent saisis d'une grande douleur quand ils virent ce qui se passait. C'étaient Maximien, Malchus, Marcien, Denys, Jean, Sérapion et Constantin. Comme ils étaient les premiers officiers du palais, et qu'ils méprisaient les sacrifices offerts aux idoles, ils restaient cachés dans leur maison, se livrant aux jeûnes et aux oraisons. Accusés et traduits devant Dèce; puis convaincus d'être chrétiens, on leur donna le temps de revenir à résipiscence et ils furent relâchés, jusqu'au retour de l'empereur. Mais dans cet intervalle, ils distribuèrent leur patrimoine entre les pauvres, et prirent la résolution de se retirer sur le mont Célion, où ils se décidèrent à rester cachés. Pendant longtemps, l'un d'eux se procurait ce qui leur était nécessaire, et chaque fois qu'il entrait dans la ville, il se déguisait en mendiant. Or, quand Dèce fut revenu dans Ephèse, il ordonna de les chercher pour les obliger à sacrifier. Malchus, qui les servait, revint effrayé trouver ses compagnons et leur faire part de la fureur de l'empereur. Ils furent saisis de crainte; alors Malchus leur présenta les pains qu'il avait apportés, afin que, fortifiés parla nourriture, ils en devinssent plus braves pour le combat. Après leur repas du soir, ils s'assirent (293) et s'entretinrent avec tristesse et larmes, et à l'instant, par la volonté de Dieu, ils s'endormirent. Quand vint le matin, on les chercha et on ne put les trouver, Or, Dèce était désolé d'avoir perdu de pareils jeunes gens; on les accusa de s'être cachés jusqu'alors sur le mont Célion, et de persister dans leur résolution . On ajouta qu'ils avaient donné leurs biens aux pauvres. Dèce ordonna donc de faire comparaître leurs parents qu'il menaça de mort, s'ils ne déclaraient tout ce qui était venu à leur connaissance au sujet des absents. Leurs parents les accusèrent comme les autres et se plaignirent de ce qu'ils avaient distribué leurs richesses aux pauvres: Alors Dèce réfléchit à la conduite. qu'il tiendrait à leur égard, et par l'inspiration; de Dieu, il fit boucher avec des pierres l'entrée de la caverne afin qu'y étant renfermés, ils y mourussent de faim et de misère. On exécuta ses ordres et deux chrétiens, Théodore et Rufin, écrivirent la relation de leur martyre qu'ils placèrent avec précaution entre les pierres. Or, quand Dèce, et toute la génération qui existait alors eut disparu, trois cent soixante-douze ans après, la trentième année de l'empire de Théodose, se propagea l'hérésie de ceux qui niaient la résurrection des morts. Théodose, qui était un empereur très chrétien, fut rempli de tristesse devoir la foi indignement attaquée. Il se revêtit d'un cilice; et s'étant retiré dans l'intérieur de son palais, il pleurait tous les jours Dieu, qui vit cela dans sa miséricorde, voulut consoler ces affligés et affermir l'espérance de la résurrection des morts; il ouvrit les trésors de sa tendresse et ressuscita les sept martyrs, comme il suit. Il inspira à un citoyen (294) d'Ephèse l'idée de faire construire sur le mont Célion des étables pour les bergers. Les maçons ayant ouvert la grotte, les saints se levèrent et se saluèrent, dans la pensée qu'ils n'avaient dormi qu'une nuit; puis se rappelant leur tristesse de la veille, ils demandèrent à Malchus, qui les approvisionnait, ce que Dèce avait décrété à leur égard. Il répondit: «Comme je vous l'ai dit hier soir, on nous a cherchés pour nous contraindre à sacrifier aux idoles: voilà les pensées de l'empereur par rapport à nous.» Maximien répondit : « Et Dieu sait que nous ne sacrifierons pas.» Après avoir encouragé ses compagnons, il dit à Malchus de descendre à-la ville pour acheter du pain, en lui recommandant d'en prendre plus qu'il n'avait fait la veille, et de leur communiquer à son retour les ordonnances de l'empereur. Malchus prit cinq sols, sortit de la caverne. En voyant les pierres il fut étonné; mais comme il pensait à autre chose, l'idée des pierres fit peu d'impression sur lui. Alors qu'il arrivait, non sans une certaine appréhension, à la porte de la ville, il fut singulièrement surpris de la voir surmontée du signe de la croix; de là il alla à une autre porte. Quand il vit le même signe, il fut très étonné de voir une croix au-dessus de toutes les portes, et de trouver la ville changée; il se signa, et revint à la première porte en pensant qu'il rêvait. Enfin il se rassure, se cache le visage et pénètre dans la ville. Comme il entrait chez les marchands de pain, il entendit qu'on parlait de il fut stupéfait: «Qu'est ceci, pensait-il? hier personne n'osait prononcer le nom de J.-C., et aujourd'hui ils se confessent tous chrétiens? (295) Je crois que ce n'est pas là la ville d'Ephèse: d'ailleurs elle est autrement bâtie; c'est une autre ville, mais je ne sais laquelle.» Alors il prit des informations: on lui répondit que c'était Ephèse. Se croyant le jouet d'une erreur, il songea à venir retrouver ses compagnons. Cependant il entra chez ceux qui vendaient du pain, et ayant donné son argent, les marchands étonnés se disaient l'un à l'autre que ce jeune homme avait trouvé un vieux trésor. Or, Malchus, en les voyant se parler en particulier, pensait qu'ils voulaient le mener à l'empereur, et, dans son effroi, il les pria de le laisser aller et de garder les pains et les pièces d'argent. Mais les boulangers le retinrent et lui dirent: «D'où es-tu? puisque tu as trouvé des trésors des anciens empereurs; indique-les-nous; nous partagerons avec toi et nous te cacherons, car autrement tu ne peux t'en retirer.» Malchus ne savait quoi leur répondre, tant il avait peur. Alors les marchands, voyant qu'il se taisait, lui jetèrent une corde au cou, le traînèrent par les rues jusqu au milieu de la ville. C'était une rumeur générale qu'un jeune homme avait trouvé des trésors. Tout le monde s'assemblait autour de lui, et le regardait avec admiration. Malchus voulait faire comprendre qu'il n'avait rien trouvé. Il examinait tout le monde et personne ne pouvait le connaître; il regardait au milieu: de la foule  pour distinguer quelqu'un de ses parents (il les croyait vraiment encore en vie), et ne trouvant personne, il restait comme un hébété au milieu du peuple de la ville. Le fait vint aux oreilles de saint Martin, évêque; et du proconsul Antipater, nouvellement arrivé dans la (296) ville Ils commandèrent aux citoyens de leur mener ce jeune homme avec précaution et d'apporter en même temps son argent. Pendant que les officiers le conduisaient à l'église, il pensait qu'on le menait à l'empereur. L'évêque donc et l'empereur, surpris de voir cet argent; lui demandèrent où il avait trouvé un trésor, inconnu. Il répondit qu'il n'avait rien trouvé, mais qu'il avait en ces deniers dans la bourse de ses parents. On lui demanda alors de quelle ville il était. Il répondit: «Je sais bien que je suis de cette ville, si tant est que cette ville soit Ephèse.» Le proconsul dit: «Fais venir tes parents, afin qu'ils répondent pour toi.» Quand il eut cité leurs noms, personne ne les connaissant, on lui dit qu'il mentait pour pouvoir échapper, n'importe de quelle manière. «Comment te croire, dit le proconsul? tu prétends que cet argent vient de tes parents, et l'inscription a plus de 377 ans; elle date des premiers temps de l'empereur Dèce, et ces pièces ne sont pas du tout pareilles à celles qui ont cours chez nous. Et comment tes parents vivaient-ils à cette époque, quand tu es si jeune? Tu veux donc tromper les savants et les vieillards d'Ephèse? Eh bien! je vais te livrer à la rigueur des lois, jusqu'à ce, que tu fasses l'aveu de ta découverte.» Alors Malchus se jeta à leurs pieds en disant: «Pour Dieu, seigneurs, dites-moi ce que je vous demande, et je vous dirai ce qui est dans mon coeur. L'empereur Dèce, qui se trouvait dans cette ville, ou est-il à présent?» L'évêque lui répondit: «Mon fils, il n'y a plus aujourd'hui ici-bas d'empereur qui s'appelle Dèce; il y a longtemps qu'il l'était.» Mais Malchus (297) dit: «C'est pour cela, seigneur, que je suis bien étonné et que personne ne. me croit: or, suivez-moi, et je vous montrerai mes compagnons qui sont au mont Célion, et vous les croirez. Ce que je sais, c'est que nous avons fui quand Dèce s'est présenté ici; et, hier soir, j'ai vu entrer Dèce dans cette ville, si tant est que ce soit Ephèse.» Alors l'évêque ayant réfléchi, dit au proconsul: «C'est une vision que Dieu veut montrer par le ministère de ce jeune homme.» Ils le suivirent donc avec une grande multitude de citoyens. Malchus pénétra le premier dans le lieu où étaient, ses compagnons: l'évêque, qui entra après lui, trouva entre les pierres la relation scellée de deux sceaux d'argent. Il assembla le peuple, la lut, à l'admiration de tous ceux qui l'entendirent; et en voyant les saints de Dieu assis dans la caverne avec un visage qui avait la fraîcheur des roses, ils se prosternèrent en glorifiant Dieu. Aussitôt l'évêque et le proconsul envoyèrent prier l'empereur de venir de suite voir les miracles qui venaient de s'opérer. Aussitôt l'empereur quitta le sac qu'il portait, se leva et vint de Constantinople à Ephèse en rendant gloire à Dieu. On alla au-devant de lui et on l'accompagna à la grotte. Les saints n'eurent pas plutôt vu l'empereur que leur visage brilla,, comme le soleil; ensuite l'empereur entra, se prosterna devant eux en glorifiant Dieu, se leva, les embrassa et pleura sur chacun d'eux en disant: «Je vous vois, comme si je voyais le Seigneur ressuscitant Lazare.» Alors saint Maximien lui dit: «Croyez-nous; c'est pour vous que Dieu nous a ressuscités avant le jour de la grande (298) résurrection, afin que vous croyiez indubitablement à la résurrection certaine des morts; car nous sommes vraiment ressuscités et nous vivons: or, de même que l'enfant dans le sein de sa mère vit sans ressentir de lésion, de même, nous aussi , nous avons été vivants, reposant, dormant et n'éprouvant pas de sensations.» Quand il eut dit ces mots, les sept hommes inclinèrent la tête sur la terre, s'endormirent et rendirent l'esprit selon l'ordre de Dieu. Alors l'empereur se leva, se jeta sur eux avec larmes et les embrassa. Il ordonna ensuite de faire des cercueils d'or pour les renfermer; mais cette nuit-là même, ils lui apparurent et lui dirent que jusqu'alors ils avaient reposé sur la terre et qu'ils étaient ressuscités de dessus la terre, qu'il les y fallait laisser, jusqu'à ce que le Seigneur les ressuscitât la seconde fois. L'empereur ordonna donc qu'on ornât ce lieu. de pierres dorées, et que tous les évêques: qui confessaient la résurrection fussent absous. Qu'ils aient dormi 377 ans, comme on le dit, la chose peut être douteuse, puisqu'ils ressuscitèrent l'an du Seigneur 418. Or, Dèce régna seulement un an et trois mois, en l'an 252; ainsi, ils ne dormirent que cent quatre-vingt-seize ans:





SAINTS NAZAIRE ET CELSE

Nazairevient de Nazaréen qui signifie consacré, pur; séparé, fleuri, ou gardant. Dans l'homme, on trouve cinq facultés: la pensée, l'affection, l'intention, l'action et la parole. (299) Or, la pensée doit être sainte, l'affection pure, l'intention droite, l'action juste, la parole modérée. Toutes ces qualités se sont rencontrées dans le bienheureux saint Nazaire; sa pensée fut sainte, de là il est appelé consacré; son affection pure, et il est appelé pur; son intention droite, de là le nom de séparé; car l'intention détermine les oeuvres. Avec un oeil simple et pur tout le corps est éclairé, et avec un oeil mauvais et obscurci tout le corps est ténébreux. Ses actions furent justes, c'est pour cela qu'il est nommé fleuri, car le juste fleurira comme le lys; sa parole fut modérée, de là le nom de gardant, parce qu'il garda ses voies afin de ne point pécher par la langue.

Celse, excelsus, élevé, parce qu'il s'éleva au-dessus de lui-même; par la force de son courage il s'éleva au-dessus de la faiblesse de son jeune âge. On dit que saint Ambroise trouva la vie et la relation du martyre de ces deux saints dans le livre des saints Gervais et Protais; maison lit dans quelques ouvrages qu'un philosophe plein de dévotion à saint Nazaire a écrit son martyre que Cératiusplaça à leur chevet en ensevelissant les corps de ces saints *.

Nazaireétait,fils d'uni personnage très illustre, mais juif nommé Africanus et de la bienheureuse Perpétue, femme très chrétienne et d'une famille des plus distinguées de Rome. Elle avait été baptisée par l'apôtre saint Pierre. A l'âge de neuf ans, Nazaire était fort étonné de voir son père et sa mère apporter tant de divergence dans leurs pratiques religieuses; puisque sa mère suivait la loi du baptême et son père la loi du sabbat. Il balançait beaucoup sur le parti auquel il se rattacherait, car l'un et l'autre de ses parents s'efforçaient de l'attirer à sa croyance. Enfin Dieu permit qu'il marchât sur les traces de sa mère, et il reçut le saint baptême du bienheureux Lin, pape. Son père, en

* Bréviaire romain.

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ayant été instruit, tenta de le détourner de sa sainte résolution, en lui exposant, l'un après l'autre, les différents tourments qu'on infligeait aux chrétiens. Quant au fait de son baptême qu'on dit, lui avoir été conféré par le pape saint Lin, l'on veut dire sans doute que celui-ci devait être pape plus tard, car il ne l'était pas encore. Puisque, comme, il sera facile de s'en convaincre par la suite, saint Nazaire vécut nombre d'années après son baptême et fut martyrisé par Néron qui fit crucifier saint Pierre, la dernière année de son règne ; or, saint Lin fut pape après la mort de saint Pierre. Au lieu de céder aux instances de son père, Nazaireprêchait J.-C. avec la plus grande constance; alors ses parents, qui craignaient beaucoup qu'il ne fût tué, obtinrent par leurs prières qu'il sortirait de la ville de Rome; il prit donc sept sommiers chargés des richesses de ses parents, parcourut les villes d'Italie et donna tout aux pauvres. Dix ans après son départ, il vint à Plaisance et de là à Milan où il trouva détenus en prison saint Gervais et saint Protais. Or, quand on apprit que Nazaire encourageait ces martyrs, on le traîna aussitôt an préfet et comme il persistait à confesser J.-C., il fut battu de verges et chassé de la ville. Tandis qu'il allait d'un lieu à un autre, sa mère, qui était morte, lui apparut et après l'avoir encouragé, elle l'avertit de se diriger, vers les Gaules: Quand il arriva à une ville de la Gaule nommée Gemellus*, il y convertit beaucoup de monde; et une damé lui offrit son fils nommé. Celse qui, était un charmant enfant, avec

* Genève.

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prière de le baptiser et de l'emmener avec lui. Quand le préfet des Gaules apprit cela, il le fit prendre avec Celse; on lui lia les mains derrière le dos; on lui attacha une chaîne au cou et on le jeta en prison afin que le lendemain il fût tourmenté dans les supplices. Mais la femme du préfet envoya dire à son mari que c'était une injustice de condamner à mort des innocents; et qu'il ne fallait pas se charger de la vengeance des dieux tout-puissants. Le président se rendit à ces paroles; il renvoya les saints absous, en leur recommandant expressément de ne pas prêcher dans la ville. Nazaire vint donc à Trèves où le premier il annonça J.-C. Après y avoir converti beaucoup de personnes à la foi, il s'y bâtit une église. Corneille, vicaire de Néron,.instruit de cela, le manda à cet empereur qui envoya cent hommes pour le prendre. Ils le trouvèrent à côté de l'oratoire qu'il s'était construit, lui lièrent les mains et lui dirent: «Le grand Néron t'appelle.» Nazaire leur répondit. «Un roi inconvenant a des soldats inconvenants; car à votre arrivée pourquoi ne  m'avez-vous pas dit honnêtement: Néron t'appelle ? je serais venu.» Ils le conduisirent donc enchaîné à Néron. Quant au petit Celse qui pleurait, ils lui donnaient des soufflets pour le forcer de suivre. Néron, les ayant vus, les fit mettre en prison, jusqu'à ce qu'il eût réfléchi sur la manière de les faire périr. Dans cet intervalle, une fois que Néron avait envoyé des chasseurs pour prendre des bêtes sauvages, une troupe de ces animaux entra subitement dans le verger de ce prince, où elle blessa beaucoup de personnes et en tua nombre d'autres, au point que Néron effrayé prit (302) la fuite et rentra dans son palais, après, s'être fait une blessure au pied. La douleur, le retint de longues journées couché; enfin il se souvint de Nazaire et de Celse; il pensa que les dieux étaient irrités contre lui pour avoir laissé vivre si longtemps ces prisonniers. Par l'ordre donc de l'empereur, des; soldats firent sortir Nazaire de la prison, en le chassant à coups de pied, et Celse en le frappant; et ils les amenèrent devant l'empereur. Néron, voyant la figure de Nazaire brillante comme le soleil, su crut le jouet d'une illusion et lui- ordonna de cesser ses sortilèges, puis de sacrifier aux dieux. Nazaire ayant été conduit au temple, pria tout le inonde de se retirer, et pendant qu'il y faisait sa prière, toutes les idoles furent brisées. A cette nouvelle, Néron ordonna de le précipiter dans lamer, avec ordre de le reprendre, s'il parvenait à s'échapper, de le faire mourir ensuite dans les flammes et de jeter ses cendrés dans la mer. Nazaire donc et le jeune Celse sont embarqués sur un navire, et quand ils eurent atteint la haute mer, ils furent précipités dans les flots. Mais aussitôt il s'éleva autour du bâtiment une tempête extraordinaire, quand le plus grand calme régnait autour des saints. Les matelots craignaient de périr et se repentaient des méchancetés qu'ils avaient commises contre les martyrs, mais voici que Nazaire: avec le petit Celse leur apparaît marchant d'un air gai sur les eaux, et monte sur le navire (Les matelots croyaient déjà en Dieu.) Nazaire par une prière calma les flots, et vint de là avec eux débarquer auprès de la ville de Gênes éloignée de six cents pas. Après y avoir, prêché longtemps, il vint enfin à Milan où il avait laissé saint (303) Gervais et saint Prôtais. Lorsque le préfet Anolinus l'eut appris, il l'envoya en exil et Celse resta dans la maison d'une dame. Quant à Nazaire il revint à Rome où il trouva son père déjà parvenu à la vieillesse et chrétien. Il lui demanda comment il avait été converti. Son père lui dit que saint Pierre, apôtre,lui était apparu et lui avait donné le conseil de suivre sa femme et son fils qui l'avaient précédé dans la foi de J,-C. Ensuite Nazaire, après avoir éprouvé de mauvais traitements, à Milan, d'oie il avait été envoyé à Rome, est forcé par les prêtres des idoles de revenir et il y fut traduit devant le président avec l'enfant. On le conduisit hors de la porte de Rome dans un lieu appelé les Trois Murs, et il fut décapité avec le jeune Celse. Les chrétiens enlevèrent leurs corps et les placèrent dans leurs jardins; mais cette nuit-là, même, les martyrs apparurent à un saint homme nommé Cératius et lui recommandèrent d'ensevelir leurs corps dans un endroit retiré de sa maison, par rapport. à l'empereur. Cératius leur dit: «Je vous en prie, mes seigneurs, guérissez auparavant ma fille paralytique.» Et comme elle fut guérie à l'instant, il prit leurs corps et les ensevelit comme ils le lui avaient recommandé.Longemps après le Seigneur révéla à saint Ambroise ou se trouvaient. leurs restes. Celui-ci laissa Celse où il était. Le corps de Nazaire fut trouvé avec son sang frais comme s'il venait d'eue enseveli, et répandant, une merveilleuse odeur; il était entier, sans corruption, avec ses cheveux et sa barbe. Il en fit la translation à l'église des apôtres et l'ensevelit avec honneur. Dans la suite il fit aussi l'élévation de saint Celse qu'il plaça dans la (304) même église. Ils souffrirent sous Néron, qui commença, à régner vers l'an du Seigneur 57.

Au sujet de ce martyr, voici ce que saint Ambroise dit dans la Préface: «Le saint martyr Nazaire, illustre par le sang généreux qu'il a répandu, a mérité de monter au royaume du ciel. En souffrant tout ce que les tourments ont de plus cruel, il surmontait la ragé des tyrans par sa constance et il ne céda jamais devant les menaces des persécuteurs, car il avait pour le soutenir au milieu de ses combats N.-S. J-C. qui combattait avec lui. Alors il est conduit au temple pour immoler aux idoles profanes; mais fort du secours divin, il est à peine entré, que ces simulacres sont réduits par lui en poussière. Pour ce fait, il est conduit au milieu de la mer, et, soutenu par les anges, il marche à pied sec sur les flots. O heureux et noble:combattant du Seigneur qui en attaquant le prince du monde a rendu une multitude innombrable de peuple participante de la vie éternelle! O grand et ineffable mystère, qu'il y ait plus de joie dans l'Église de ce qu'ils ont mérité le salut, qu'il n'y a d'allégresse dans le monde pour les avoir punis! O bienheureuse mère qui tire de la gloire des tourments de ses enfants qu'elle conduit au tombeau sans pleurs et sans gémissements, et sans cesser de célébrer leurs louanges quand ils sont passés aux royaumes célestes! O témoin merveilleux, resplendissant d'un éclat céleste, dont les vertus répandent une odeur plus pénétrante et plus suave que les aromates de Saba!» - Saint Ambroise, lors de l'invention de ce saint, le proposa comme patron, et médecin, comme le (305) défenseur de la foi, et le champion des combats sacrés.

Elle était cachée depuis longtemps dans la poussière cette dragme trouvée avec la lumière que te prête l'assistance merveilleuse du ciel: afin, ô Jésus que les récompenses que vous accordez à tous vos élus soient manifestées et que l'oeil de l'homme puisse voir les visages des anges.






La légende dorée - SAINT JACQUES LE MAJEUR *