Marcus Félix, Octavius 100
101 (1) On présente un enfant couvert de pâte à celui qui doit être initié. Plusieurs pères de l'église rapportent que cette sanglante et inhumaine cérémonie fut usitée parmi quelques hérétiques, et surtout parmi les gnostiques; on croit que Simon le magicien en fut l'inventeur, pour avoir pris à la lettre ces paroles de l'Evangile: Si vous ne mangez la chair du fils de l'homme, et si vous ne buvez son sang, vous n'aurez point la vie en vous. S. VI, 54. Fleury, Moeurs des chrétiens. *
102 (2) L'orateur de Cirta, ibid. Minicius désigne ici M. Cornélius Fronto, orateur latin, né à Cirta en Numidie, qu'il nomme plus bas, chap. 31 , et qui, d'après ces deux passages, paraît avoir composé un discours contre les chrétiens. Ce Fronto, qu'il ne faut pas confondre avec ceux que mentionnent Juvénal, Sat., I, 12, Pline le jeune Epist. XI, 2, et Martial, Epig. I, 56, mais qui est le même dont parle plusieurs fois Aulu-Gelle dans ses Nuits attiques, fut le précepteur de Marc-Aurèle et de Lucius Vérus. Suivant Jn de Saribéry, Policratic. VIII, 19, il descendait de Plutarque du côté maternel. *
103 (3) L'oracle rendit hommage à une si rare prudence. Voici comment était conçue la réponse de l'oracle: Sophocle est sage, Euripide est plus sage, mais Socrate est le plus sage de tous les hommes. *
104 (4) Alors Simonide répondit. ibid. Tertullin, Apolog. , attribue à Thalès ce que Municius, et avant lui Cicéron, Nat. dcor. I, 22, attribuent à Simonide. *
105 (5) Maintenant, que va nous répondre Octavius, cet homme de la race de Plaute, sans contredit le premier des meuniers, s'il n'est pas le dernier des philosophes? Ecquid ad hoeca audet Ocatvius, homo Plautinoe, ut pistorum proecipuus, ita postremus philosophorum? L'abbé de Gourey a fait sur ce passage la note suivante: Cécilius, par cette froide raillerie, que le devoir de traducteur nous a obligé de conserver, reproche aux chrétiens la bassesse de leur condition, et la misère d'un grand nombre d'entre-eux, en faisant allusion aux contes qu'on a débités de Plaute, qui fut, dit-on, réduit pour vivre à travailler chez un boulanger. Nous observons qu'on ne voit pas pourquoi ce trait de la vie de Plaute, rapporté par Varron, écrivain contemporain, et par Aulu-Gelle, Noct. Attic. III, 3, est ici traité de conte. Le travail de Plaute consistait à tourner une meule, car de son temps on ne connaissait pas les moulins à bras; les moulins à eau furent inventés postérieurement, sous le règne d'Auguste. Varron ajoute que, dans les moments de loisir que lui laissait une si triste condition, Plaute composa trois de ses comédies, le Satyrion, l'Addictus et la Nervolaria, lesquelles ne sont pas parvenues jusqu'à nous. *
106 (6) Evhémère. Ce passage nous apprend, ce qui est confirmé par d'autres auteurs (voyez surtout Lactance, Instit. Divini. I, 11), qu'Evhémère avait écrit une Histoire sacrée, où il prouvait que les dieux avaient tous été hommes. Il était Messénien, suivant Lactance, loc. cit., Agrigentin, suivant Arnobe, IV, Tégéate, suivant Plutarque, de l'île de Cos, suivant Athénée. Eunnius traduisit en latin son Histoire sacrée, version que le temps nous a enviées, aussi bien que l'original. On trouve sur la vie et les ouvrages de ce philosophe des recherches très-curieuses par l'abbé Sevin, dans le tome VIII des Mém. de l'acad. des inscript.
107 (7) Alexandre le Grand, dans une lettre qu'il écrivit à sa mère, lui manda qu'un prêtre égyptien, etc. ibid. Ce prêtre égyptien se nommait Léon, suivant saint Augustin, De consensu evangelist. I, 23. *
108 (8) Cynocéphale. Anubis, fils d'Osiris, qu'on représentait avec une tête de chien, ainsi que l'indique le nom de Cynocéphale. *
109 (9) Feretrius? On ne l'aborde pas sans dépouilles opimes. On ne pouvait sacrifier à Jupiter Férétrius que lorsqu'on déposait à ses pieds des dépouilles opimes, ce qui arrivait fort rarement. *
110 (10) Népos et Cassius, Thallus et Diodore. Voyez Tertullien, Apolog. . Cornélius Népos, outre ce que nous avons de lui, avait composé un ouvrage intitulé Chronica, qui n'est pas venu jusqu'à nous. Nous ne possédons pas non plus les quatre livres des Annales de L. Cassius Hémina, écrivain latin qui florissait vers l'an 608 de Rome, ni l'Histoire de Syrie de Thallus, dont le nom seul nous est connu par Tertullien, loc. cit., Lactance, I, XIII, 8, etc. quant à Diodore de Sicile, voyez son Hist. univers. V, 40. *
111 (11) Hostanès. Ce mage célèbre, le premier auteur qui ait écrit sur la magie, Plin., Hist. nat. XXX, 1, accompagna Xercès dans son expédition contre l'Asie, et infecta le monde de ses idées et de ses pratiques superstitieuses, dont les Grecs surtout se montrèrent très avides. V. Fabricuis, Bibl. Garoec. I, XIV, 1. *
112 (12) Et qui les dévorez avec Isis. Cum Iside devoratis. Les Egyptiens, dans certains sacrifices, faisaient des gâteaux sur lesquels était représenté un âne enchaîné, symbole de Typhon. Plutarque, Traité d'Isis et d'Osiris. *
113 (13) Et les flatuosités qui sortent du corps humain, ibid. Minicius fait ici allusion à une divinité des anciens Egyptiens, nommée depuis par les Romains Crepitus. *
114 (14) Le dernier des esclaves, ibid. Un maître qui avait attenté à la pudeur de son esclave perdait tous ses droits sur lui. L. II. ff. De his qui sui vel alieni juris sunt. L. XIV. Cod. de episcopali audientia. *
115 (15) Que par le génie de l'empereur. On jurait ordinairement par le génie, par la fortune ou par la vie de l'empereur. La violation de ce serment passait pour un crime énorme, et était punie plus sévèrement que le parjure envers les dieux, car on laissait aux dieux le soin de se venger, l, II. Cod. de rebus creditis; mais on faisait subir la bastonnade à celui qui avait trahi le serment envers l'empereur, quelquefois même on lui coupait la langue. L. XIII,. ult. ff. de jurejurando, Tertullien, Apolog. . *
116 (16) Ce n'est que dans le parricide que se manifeste votre fraternité. Les commentateurs varient sur l'interprétation de cette phrase. Heumann y voit une allusion à Rémus et Romulus, à Etéocle et Polynice. Dalrympe, qui cherche à prouver dans la préface de sa traduction, que l'Octavius a été composé sous Caracalla, après avoir avoué qu'il ne comprend pas le texte en cet endroit, conjecture que Minicius désignait peut-être cet empereur, qui fit massacrer son frère Géta, l'an 211. *
117 (17) Ni autel, ni temple, ibid. Voltaire, et, avant lui, Duplessis, dans son Traité contre la messe, ont voulu conclure des paroles d'Octavius, que les premiers chrétiens n'avaient ni temple, ni autel; mais, comme l'observe l'abbé de Gourcy, tout ce que dit Minicius sur le culte intérieur et spirituel est très solide et très vrai, puisqu'il n'est point exclusif, et que l'on n'en peut rien conclure contre le culte extérieur. Presque tous les premiers apologistes de la religion chrétienne, par des raisons de prudence et de discrétion, évitaient de s'expliquer là-dessus; ils ne voulaient exposer ni les mystères à la dérision des profanes, ni les fidèles à la persécution, en indiquant les lieux de leurs assemblées. *
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