Textes du magistère


TEXTES DU MAGISTERE




Ier CONCILE DE NICÉE (Ier OECUMÉNIQUE)



(19 juin- 25 août 325)




SYMBOLE DE NICÉE

(19 juin 325)




Nous croyons en un Dieu, Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et invisibles; et en un Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, unique engendré du Père, c'est-à-dire de la substance [ousia] du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel [homoousios] au Père, par qui tout a été fait, ce qui est dans le ciel et ce qui est sur la terre; qui, pour nous, les hommes, et pour notre salut, est descendu, s'est incarné, s'est fait homme, a souffert, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux et viendra juger les vivants et les morts; et en l'Esprit Saint.



Pour ceux qui disent: " Il fut un temps où il n'était pas " et: " Avant de naître, il n'était pas " et: " Il a été créé du néant ", ou qui déclarent que le Fils de Dieu est d'une autre substance [hypostasis] ou d'une autre essence [ousia], ou qu'il est soumis au changement ou à l'altération, l'Église catholique et apostolique les anathématise.






CANONS DU Ier CONCILE DE NICÉE



Les 20 canons des 318 pères, saints et inspirés de Dieu, qui se réunirent à Nicée sous Constantin le Grand et sous le consulat des illustrissimes Paulin et Julien, en l'an 536 de l'ère d'Alexandre, le 19 du mois de desius, le 13ème jour des calendes de juillet.



1. De ceux qui sont devenus eunuques de leur propre gré ou qui l'ont subi de force.



Si quelqu'un a été mutilé par les médecins durant une maladie, ou bien par les barbares, qu'il reste dans le clergé; mais si quelqu'un étant en bonne santé s'est mutilé lui-même, qu'on l'exclue du clergé dont il fait partie, et à l'avenir on ne devra pas admettre celui qui aura agi ainsi. Mais comme il est évident que ce qui vient d'être dit ne regarde que ceux qui ont agi avec intention et qui ont eux-mêmes voulu se mutiler; ceux qui l'auront été par les barbares ou par leurs maîtres pourront, conformément à la règle ecclésiastique, être reçus dans la cléricature, s'ils en sont dignes par ailleurs.



2. De ceux qui entrent dans la cléricature aussitôt après le baptême.



Comme soit par nécessité, soit que l'on ait été poussé par d'autres motifs, plusieurs choses contraires à la règle ecclésiastique se sont produites: ainsi on a accordé le bain spirituel et aussitôt après le baptême la dignité épiscopale ou sacerdotale à des hommes, qui avaient à peine passé de la vie païenne a la foi, et qui n'avaient été instruits que pendant très peu de temps; il est juste qu'à l'avenir on n'agisse plus ainsi, car il faut un temps d'épreuve au catéchumène, et après le baptême une plus longue épreuve. Elle est claire la parole de l'apôtre disant "que l'évêque ne soit pas néophyte, de peur que par orgueil il ne tombe dans le jugement et dans le piège du démon". Si dans la suite un clerc se rend coupable d'une faute grave, constatée par deux ou trois témoins, il doit cesser d'appartenir au clergé. Celui qui agit contre cette ordonnance, vu qu'il se montre désobéissant à l'égard de ce grand concile, risquera lui-même de perdre sa place dans le clergé.



3. Des femmes qui cohabitent avec des clercs.



Le grand concile a défendu absolument aux évêques, aux prêtres et aux diacres, et en un mot à tous les membres du clergé, d'avoir avec eux une soeur-compagne, à moins que ce ne fût une mère, une soeur, une tante, ou enfin les seules personnes qui échappent à tout soupçon.



4. Par combien d'évêques un évêque est élu.



L'évêque doit être avant tout choisi par tous ceux de la province; mais si une nécessité urgente ou la longueur de la route s'y opposait, trois évêques absolument doivent se réunir et procéder à l'élection, munis du consentement écrit des absents. La confirmation de ce qui s'est fait revient de droit dans chaque province à l'évêque métropolitain.



5. Des excommuniés, qu'il ne faut pas que d'autres les reçoivent, et des synodes à réunir deux fois par an.



Pour ce qui est des excommuniés clercs ou laïcs, la sentence portée par les évêques de chaque province doit avoir force de loi, conformément à la règle prescrivant que celui qui a été excommunié par l'un ne doit pas être admis par les autres. Il faut cependant s'assurer que l'évêque n'a pas porté cette sentence d'excommunication par étroitesse d'esprit, par esprit de contradiction ou par quelque sentiment de haine. Afin qu'un tel examen puisse avoir lieu, il a paru bon d'ordonner que dans chaque province on tint deux fois par an un synode, afin que tous les évêques de la province étant réunis, on fasse toutes les enquêtes nécessaires; ainsi ceux qui de l'avis commun auraient désobéi à leur évêque seront justement considérés par tous comme excommuniés, jusqu'à ce qu'il plaise à l'assemblée des évêques d'adoucir leur sentence. Ces conciles devront se tenir l'un avant le quarantième jour pour que, ayant éloigné tout sentiment pusillanime, l'on puisse présenter à Dieu une offrande pure, et le second pendant l'automne.



6. De la primauté revenant à certains sièges et de ce qu'il ne faut pas nommer un évêque sans l'avis du métropolitain.



Que l'ancienne coutume en usage en Égypte, dans la Libye et la Pentapole soit maintenue, c'est-à-dire que l'évêque d'Alexandrie conserve la juridiction sur toutes ces provinces, car il y a le même usage pour l'évêque de Rome. On doit de même conserver aux Églises d'Antioche et des autres diocèses leurs anciens droits.



Il est bien évident que si quelqu'un est devenu évêque sans l'approbation du métropolitain, le concile décide qu'un tel n'est même pas évêque. D'autre part, l'élection ayant été faite par tous avec discernement et d'une manière conforme aux règles de l'Église, si deux ou trois font de l'opposition par pur esprit de contradiction, la majorité l'emportera.



7. De l'évêque d'Aelia.



Comme la coutume et l'ancienne tradition portent que l'évêque d'Aelia doit être honoré, qu'il obtienne la préséance d'honneur, sans préjudice cependant de l'autorité qui revient à la métropole.



8. De ceux qui se disent cathares.



Au sujet des clercs de ceux qui s'appellent eux-mêmes les cathares le grand concile décide, si jamais ils veulent entrer en groupe dans l'Église catholique et apostolique, qu'on leur impose les mains, et qu'ils restent ensuite dans le clergé; mais avant tout ils promettront par écrit de se soumettre aux règles disciplinaires de l'Église catholique et apostolique, et d'y conformer leur conduite, c'est à dire qu'ils devront communier avec ceux qui se sont mariés en secondes noces et avec ceux qui ont failli pendant la persécution, mais font pénitence de leurs fautes; pour lesquels on a justement établi un temps d'épreuve et on en a fixé la modalité, afin qu'ils puissent être admis a toutes les pratiques de l'Église catholique et apostolique. Par conséquent, lorsque dans les villages et dans les villes il ne se trouve que des clercs de leur parti, ceux-ci gardèrent leur rang; mais si un prêtre ou un évêque catholique se trouvait là pour recevoir l'un ou l'autre d'entre eux, il est évident que l'évêque de l'Église catholique conservera la dignité épiscopale, tandis que celui qui a été décoré du titre d'évêque par les cathares n'aura droit qu'aux honneurs réservés aux prêtres, à moins que l'évêque ne trouve bon de le laisser jouir de l'honneur du titre; s'il ne le veut pas, qu'il lui donne une place de chorévêque ou de prêtre, afin qu'il paraisse faire réellement partie du clergé, sans qu'il y ait deux évêques dans une ville.



9. De ceux qui sont promus au sacerdoce sans enquête.



Si quelques-uns ont été sans enquête élevés à la prêtrise, ou si au cours de l'enquête ils ont avoué leurs fautes et malgré cet aveu des hommes désobéissant au canon leur ont imposé les mains, le canon n'admet pas de tels sujets dans le clergé; car l'Église catholique exige d'être irrépréhensible.



10. De ceux qui ont renié leur foi pendant la persécution, puis furent admis à la cléricature.



Les lapsi qui auront été ordonnés, soit que ceux qui les ont ordonnés aient ignoré leur chute, soit qu'ils l'aient négligée, ne sauraient réclamer d'une prescription en faveur de leur appartenance au clergé; ils seront déposés dés qu'on aura connu leur faute.



11. De ceux qui ont renié leur foi et sont parmi les laïcs.



Quant à ceux qui ont failli pendant la tyrannie de Licinius sans y être poussés par la nécessité ou par la confiscation de leurs biens ou par un danger ou rien de pareil, le concile décide qu'on les traitera avec ménagement, quoique, à la vérité, ils ne s'en soient pas montrés dignes. Ceux d'entre eux qui sont véritablement repentants et qui sont déjà baptisés, feront pénitence pendant trois ans parmi les audientes, et sept ans avec. Les substrati; et les deux années suivantes ils participeront avec le peuple fidèle aux prières, sans prendre part à l'offrande.



12. De ceux qui ont quitté les rangs de l'armée, puis retournèrent dans le siècle.



Ceux qui appelés par la grâce et obéissant au premier mouvement ont déposé leur ceinturon, mais qui ensuite semblables à des chiens sont revenus à leurs vomissements, au point que certains ont même donné de l'argent et des présents pour être réintégrés dans le service public, ceux-là devront rester trois ans parmi les audientes et dix ans parmi les substrati. Mais pour ces pénitents il faut avoir soin d'étudier leurs sentiments et leur genre de contrition; en effet, ceux d'entre eux qui avec crainte et des larmes accompagnées de soumission à la pénitence et de bonnes oeuvres, montrent ainsi par des faits la sincérité d'un retour réel, après avoir accompli le temps de leur pénitence parmi les audientes, pourront être admis à prier avec les fidèles, et il dépend même de l'évêque de les traiter avec quelque plus d'indulgence. Quant à ceux qui supportent avec indifférence la pénitence imposée et pensent que cette sorte d'admission à l'Église suffit à leur retour, ceux-là seront tenus de faire tout le temps prescrit.



13. De ceux qui demandent à être reçus dans le sein de l'Église a l'heure de la mort.



On doit observer à l'égard des mourants l'antique et traditionnelle loi de ne pas priver du dernier et si nécessaire viatique celui qui est près de mourir. Si après avoir été dans un état désespéré et admis à la communion, il revient à la vie, il doit être placé parmi ceux qui ne participent qu'à la prière, jusqu'à l'accomplissement du temps fixé par ce grand concile oecuménique. En règle générale l'évêque doit donner l'eucharistie après enquête à toute personne qui, étant sur le point de mourir, la demande.



14. Des catéchumènes qui ont failli.



Le saint et grand concile ordonne que les catéchumènes qui ont failli soient seulement audientes pendant trois ans; ils pourront après cela prier avec les autres catéchumènes.



15. Du clerc qui passe d'un diocèse à un autre.



Les troubles et les divisions nous ont fait juger bon d'abolir la coutume qui, contrairement au canon, s'est établie dans certains pays; en sorte qu'il est défendu aux évêques, aux prêtres et aux diacres de passer d'une ville à une autre. Si quelqu'un ose après le présent décret du saint et grand concile faire pareille chose ou s'y emploie, ses machinations seront frappées de nullité et il devra revenir dans l'église pour laquelle il avait été ordonné évêque, prêtre ou diacre.



6. De ceux qui ne restent pas dans les paroisses pour lesquelles on les avait ordonnés.



Les prêtres ou les diacres ou en général ceux du clergé qui audacieusement, sans considérer la crainte de Dieu et, ignorant la discipline ecclésiastique, abandonnent leur église, ne doivent en aucune façon être reçus dans une autre église; on doit les forcer de toutes manières à revenir dans leur diocèse, et s'ils s'y refusent, on doit les excommunier. Si quelqu'un ose, pour ainsi dire, voler un sujet qui appartient à un autre évêque, et s'il ose l'ordonner pour sa propre église sans la permission de l'évêque, au clergé duquel ce clerc appartient, l'ordination sera nulle.



17. Des clercs qui prêtent à l'intérêt.



Comme plusieurs de ceux qui sont inscrits sur le rôle du clergé, remplis d'avance et d'esprit d'usure, oubliant la parole sacrée, qui dit: "Il n'a pas donné son argent à intérêt", prêtent et exigent des centièmes, le saint et grand concile a jugé juste d'ordonner que si quelqu'un après la publication de ce décret prend des intérêts pour un prêt ou pour n'importe quel motif, ou bien retient la moitié du prêt, ou invente autre chose en vue de réaliser un gain honteux, il sera exclu du clergé et son nom rayé du rôle.



18. Que les diacres ne doivent pas donner la communion aux prêtres, ni s'asseoir en leur présence.



Il est venu à la connaissance du saint et grand concile que dans certains endroits et dans certaines villes les diacres distribuent l'eucharistie aux prêtres, ce qui est contraire au canon et à la coutume, de faire donner en communion le corps du Christ à ceux qui l'offrent en sacrifice par ceux qui ne peuvent l'offrir; il a été mandé également que certains diacres se communiaient même avant les évêques. Tout cela doit cesser; les diacres doivent se tenir dans les limites de leurs attributions, se souvenir qu'ils sont les serviteurs des évêques, et inférieurs aux prêtres. Ils ne doivent recevoir la communion qu'après les prêtres, ainsi que l'ordre l'exige, que ce soit un évêque ou un prêtre qui la leur distribue. Les diacres ne doivent pas non plus s'asseoir parmi les prêtres, cela est contre la règle et contre l'ordre. Si quelqu'un refuse d'obéir aux présentes prescriptions, il sera suspendu du diaconat.



19. De ceux qui reviennent à l'Église de la secte de Paul de Samosate.



A l'égard des paulianistes qui reviennent à l'Église catholique, une ordonnance fut édictée, portant qu'ils doivent absolument être rebaptisés. Si quelques-uns d'entre eux étaient auparavant membres de leur clergé, ils seront rebaptisés, puis ordonnés par l'évêque de l'Église catholique, à la condition toutefois qu'il aient eu une vie sans tache et irréprochable; mais si l'enquête montre qu'ils sont indignes, on doit les exclure du clergé. On agira de même à l'égard des diaconesses, et en général la même règle sera observée pour tous ceux qui sont inscrits sur les rôles du clergé. Nous mentionnâmes celles, qui chez les paulianistes sont inscrites comme diaconesses, parce qu'elles n'ont pas reçu d'imposition des mains et qu'elles doivent absolument être comptées parmi les laïcs.



20. Qu'il ne faut pas plier le genou aux jours de dimanche et au temps de la pentecôte.



Comme quelques-uns plient le genou le dimanche et aux jours du temps de la pentecôte, le saint concile a décidé que, pour observer une règle uniforme dans tous les diocèses, tous adresseront leur prières à Dieu en restant debout.










CANONS DU 2ème CONCILE DE CONSTANTINOPLE





Les 7 canons du concile réuni à Constantinople à la 9ème indiction, sous le consulat d'Euchère et d'Evagre, le 6ème jour des calendes d'août, en l'an 429 de l'ère d'Antioche.



1. Que les décisions prises à Nicée demeureront inaltérables et de l'anathème des hérétiques.

La profession de foi des 318 pères réunis à Nicée en Bithynie, ne doit pas être altérée, mais au contraire conserver toute son autorité, et l'on doit anathématiser toute hérésie, en particulier celle des eunomiens ou anoméens, celle des ariens ou eudoxiens, celle des semi-ariens ou pneumatistes, celle des sabelliens, celle des marcelliens, celle des photiniens et celle des apollinaristes.



2. Du bon ordre à garder dans chaque province et de la primauté qui revient aux grands sièges d'Alexandrie, d'Antioche et de Constantinople, et de ce qu'un évêque ne doit pas intervenir dans un évêché autre que le sien.

Les évêques qui sont à la tête d'un diocèse ne doivent pas s'immiscer dans les affaires des Églises qui sont hors de leurs limites, ni jeter par là le trouble dans les Églises. Mais, conformément aux canons, l'évêque d'Alexandrie administrera uniquement les affaires de l'Égypte, les évêques d'Orient gouverneront les Églises du seul Orient, tout en gardant la préséance reconnue par les canons à l'Église d'Antioche, et les évêques du diocèse d'Asie administreront les affaires de l'Asie seule, et ceux du Pont uniquement les affaires du Pont et ceux de la Thrace, les affaires de la Thrace seule. A moins d'être appelés, les évêques ne doivent jamais intervenir hors de leurs diocèses pour des élections d'évêques ou quelqu'autre acte ecclésiastique. Tout en observant au sujet des diocèses la règle prescrite ci-dessus, il est évident que, conformément aux ordonnances de Nicée, le synode provincial décidera des affaires de toute la province. Quant aux Églises de Dieu qui sont parmi les nations barbares, elles doivent être gouvernées selon la coutume établie du temps de nos pères.



3. Que l'évêque de Constantinople est le second après celui de Rome.

Cependant l'évêque de Constantinople aura la préséance d'honneur après l'évêque de Rome, puisque cette ville est la nouvelle Rome.



4. De l'ordination illicite de Maxime.

Au sujet de Maxime le cynique et des désordres qui se sont produits à cause de lui à Constantinople, (nous déclarons) que Maxime n'a jamais été évêque, et qu'il ne l'est pas même aujourd'hui, ni ceux qui ont été ordonnés par lui, pour quelque degré de la cléricature que ce soit, car tout ce qui s'est fait à son sujet, et tout ce qu'il a fait lui-même est sans valeur.



5. Que le tome de foi des occidentaux est recevable.

Nous référant au tome des occidentaux, nous avons aussi reçu ceux d'Antioche qui professent l'égale divinité du Père, du Fils et du saint Esprit.



6. De ceux que l'on doit admettre à l'accusation contre des évêques et des prêtres.

Comme dans le but de troubler l'ordre de l'Église, plusieurs imaginent, par un esprit de haine et de calomnie, des accusations contre les évêques orthodoxes, chargés du gouvernement de l'Église, ne se proposant par là, que de porter atteinte à l'honneur du sacerdoce et d'agiter le peuple naturellement amoureux de la paix, le saint concile des évêques réunis à Constantinople a décidé qu'à l'avenir on ne recevra pas les accusateurs sans enquête préalable; et l'on ne permettra pas à tous sans distinction de se porter comme accusateurs contre ceux qui gouvernent les Églises, sans cependant l'interdire à tous d'une manière absolue et sans distinction; mais, lorsque quelqu'un portera contre l'évêque une accusation personnelle, c. à d. privée, soit qu'il ait subi un dommage de la part de celui-ci, soit qu'il ait été traité injustement d'une manière quelconque, on ne doit pas dans les accusations de cette sorte prendre en considération la personne ou la religion du plaignant, car la conscience de l'évêque doit être libérée de l'accusation, et celui qui croit avoir subi un dommage doit obtenir justice, quelle que soit la région à laquelle il appartient. Mais si la plainte portée a trait à des choses de l'Église, il faut alors examiner ce que sont les accusateurs; car il faut éviter avant tout que des hérétiques ne portent contre des évêques orthodoxes des accusations qui concernent les affaires de l'Église; (nous regardons comme hérétiques ceux qui sont déjà depuis longtemps exclus de l'Église et qui ensuite ont été anathématisés par nous; de même, ceux qui professent la foi orthodoxe, mais qui se séparant des évêques en communion avec nous, tiennent des conventicules). En outre, des membres de l'Église, déjà condamnés pour certains motifs ou exclus ou excommuniés, fussent-ils clercs ou laïcs, doivent avant de porter une plainte contre un évêque, se laver eux-mêmes de leurs propres inculpations. De même ceux qui sont sous le coup d'une accusation, ne peuvent à leur tour se porter accusateurs contre l'évêque ou contre d'autres clercs avant d'avoir démontré leur innocence au sujet des imputations portées contre eux. Mais si des personnes qui ne sont ni hérétiques, ni excommuniées, qui n'ont pas subi de condamnation et qui ne sont pas sous le coup d'une accusation, croient avoir à se plaindre de l'évêque dans les choses de l'église, le saint concile leur ordonne de soumettre ces plaintes au jugement des évêques réunis de la province et de prouver par devant eux les accusations portées contre l'évêque incriminé; et si les évêques de la province sont dans l'impossibilité de porter remède aux torts dont l'évêque est accusé, alors les accusateurs s'adresseront au concile plus considérable des évêques de ce diocèse, qui se réunira pour juger cette affaire-là mais ne pourront porter leur plainte à ce dernier, avant d'avoir promis par écrit d'accepter pour eux la peine qui reviendrait à l'accusé convaincu de culpabilité, s'il était prouvé par l'examen de l'affaire que leurs accusations contre l'évêque fussent des calomnies, Mais si quelqu'un ne tenant pas compte des présentes prescriptions, ose fatiguer les oreilles de l'empereur ou bien agiter les salles d'audience de l'autorité civile ou bien le concile oecuménique, témoignant par là du mépris pour les évêques du diocèse, on ne doit pas lui permettre de se porter accusateur, parce qu'ii ne tient pas compte des canons et qu'il trouble l'ordre de l'Église.



7. De ceux qui reviennent à la vraie foi, comment les recevoir.

Ceux qui passent de l'hérésie à l'Orthodoxie et à l'héritage des élus, doivent être reçus de la manière suivante. Les ariens et les macédoniens, les sabbaziens et les novatiens qui se qualifient de pures, et les aristeroi, de même que les tétradites et les apollinaristes, ne doivent être admis qu'après avoir anathématisé par écrit toutes les hérésies qui ne s'accordent pas avec la sainte, catholique et apostolique Église de Dieu, et aussi après avoir été marqués ou oints du saint chrême en forme de croix au front, aux yeux, au nez, à la bouche et aux oreilles; et en les marquant du signe de la croix nous disons: Sceau du don du saint-Esprit. Quant aux eunomiens qui ne baptisent qu'avec une seule immersion, et aux montanistes que l'on appelle ici phrygiens, et aux sabelliens qui enseignent la doctrine du Fils-égale-Père et commettent d'autres choses abominables, et enfin, pour les autres hérétiques, (et il en existe ici un grand nombre, surtout ceux qui viennent de la Galatie), s'ils veulent passer à l'orthodoxie, nous ne les recevons que comme des païens: le premier jour nous les marquons du signe du chrétien, le second jour nous en faisons des catéchumènes, le troisième jour nous les exorcisons en leur soufflant trois fois sur le visage et sur les oreilles, et nous les instruisons alors et les laissons venir à l'église pendant un an à entendre les saintes écritures, après cela nous les baptisons.





CANONS DU 3ème CONCILE D'ÉPHÈSE



Les 8 canons des 200 saints pères, réunis à Éphèse après le 13ème consulat de Flavius Théodose et 3ème de Flavius Valentinien, empereurs éternels, le dixième jour des calendes de juillet.



1. Des métropolitains sectateurs de Nestorius et de Célestius.

Comme il fallait que les évêques qui n'ont pas assisté au concile, mais sont restés dans leur territoire ne soient pas sans savoir ce qui a été décidé, nous faisons savoir à votre sainteté, que:

Le métropolitain qui abandonne ce saint et oecuménique concile, pour entrer dans l'assemblée des apostats ou qui y entrera à l'avenir; ou celui qui a partagé les opinions de Célestius ou les partagera à l'avenir, celui-là perd toute juridiction sur les évêques de la province, et est déjà exclu de toute communion et déclaré suspens par le concile. Les évêques de sa province et les métropolitains voisins qui sont orthodoxes doivent veiller à ce qu'il soit entièrement dépossédé du rang d'évêque.



2. Des évêques qui rejoignent ceux de Nestorius.

Si d'autre part certains évêques suffragants n'ont pas assisté au saint concile et ont passé à l'apostasie, ou bien cherchent à y passer, ou bien, après avoir signé la déposition de Nestorius, sont ensuite retournés à l'assemblée des apostats, ceux-là suivant la sentence du saint concile, sont exclus du sacerdoce et déchus de leur rang.



3. Des clercs déposés par Nestorius à cause de leur orthodoxie.

Si dans une ville ou une campagne quelconque des clercs ont été déposés par Nestorius ou ses partisans, à cause de leurs sentiments orthodoxes, nous avons jugé qu'à juste titre ils doivent être réintégrés dans leurs fonctions. En règle générale nous ordonnons que les clercs, qui reçoivent ce concile orthodoxe et oecuménique ou le recevront maintenant ou après, en quelque temps que ce soit ne doivent être subordonnés en aucune manière et à aucun moment aux évêques qui ont apostasié ou qui apostasieront ou qui vont à l'encontre des saints canons et de la vraie foi.



4. Des clercs sectateurs de Nestorius.

Si certains clercs apostasient et osent prendre parti, secrètement ou publiquement, pour Nestorius, ils sont eux aussi déposés par ce saint concile.



5. Des clercs condamnés à des peines ecclésiastiques, absous par Nestorius.

Quant à ceux qui ont été condamnés pour des actions coupables par un saint synode ou par leurs propres évêques, et auxquels Nestorius, agissant contre les canons, avec l'indifférence qui le caractérise, ou bien ses partisans ont cherché ou chercheront à rendre la communion ou leur rang, nous avons jugé qu'ils ne doivent retirer aucun profit de ce fait et n'en demeureront pas moins déposés.



6. De ceux qui enfreignent les décisions du concile.

De même, au sujet de tous ceux qui voudraient renverser d'une manière quelconque les décisions du saint concile à propos d'un chacun, le concile décide que, s'ils sont évêques ou clercs, ils perdront entièrement leur rang, et s'ils sont laïcs, ils seront excommuniés.



7. Acclamation contre ceux qui altèrent la foi de Nicée.

Le saint concile a décidé qu'il ne sera pas permis de produire en public, d'écrire ou de composer un symbole de foi autre que celui défini par les saints pères réunis à Nicée sous la conduite du saint Esprit. Ceux qui oseront composer un autre symbole, le répandre, ou le présenter à ceux qui veulent se convertir et reconnaître la vérité, venant du paganisme, du judaïsme ou de n'importe quelle hérésie, ceux-là, s'ils sont évêques ou clercs, seront dépouillés, les évêques de l'épiscopat et les clercs de la cléricature; s'il sont laïcs, ils seront anathématisés. De même, si des évêques, des clercs ou des laïcs étaient convaincus d'admettre ou d'enseigner la doctrine contenue dans l'exposé du prêtre Charisius, au sujet de l'incarnation du Fils unique de Dieu, ou bien encore les enseignements impurs et pervers de Nestorius qui y sont adjoints, qu'ils tombent sous le coup de la sentence de ce saint et oecuménique concile, c. à d. que le évêque soit dépouillé de son épiscopat et soit déposé, et le clerc pareillement soit déchu de la cléricature, et si c'est un laïc, qu'il soit anathématisé, comme il a été dit plus haut.



8. Voeu concernant les évêques de Chypre, qu'ils élisent à eux seuls aux sièges vacants de leur île.

Un fait, qui est une innovation contraire aux coutumes ecclésiastique et une atteinte a la liberté de tous nous a été rapporté par Réginus, l'évêque très aimé de Dieu, et ses compagnons, les très pieux évêques Zénon et Evagre, de la province de Chypre. C'est pourquoi, comme le mal commun a besoin d'une remède d'autant plus fort que sa nuisance est plus grande, vu qu'aucune coutume n'a existé jusqu'ici que l'évêque de la ville d'Antioche sacre des évêques à Chypre, ainsi que les très pieux hommes qui ont eu recours au saint concile nous le prouvèrent par leurs rapports et de vive voix, les chefs des saintes églises de Dieu en Chypre resteront sans être inquiétés ni exposés à la violence, si, observant les canons des saints et vénérés pères, ils procèdent par eux-mêmes, selon l'ancienne coutume, à l'élection des très pieux évêques. Cette même règle sera aussi observée dans les autres diocèses et dans toutes les provinces, en sorte qu'aucun des évêques aimés de Dieu ne s'empare d'une autre province, qui ne fût déjà et dès le début sous son autorité ou sous celle de ses prédécesseurs; et s'il s'en était emparé et par force se la fût assujettie, il la rendra, afin que les canons des pères ne soient pas enfreints, ni que sous le prétexte d'actes sacrés ne s'insinue l'orgueil de la puissance mondaine et que sans nous en rendre compte nous perdions peu à peu la liberté, que nous a donnée par son propre Sang Jésus Christ notre Seigneur, le Libérateur de tous les hommes. Il a été donc décidé par le saint concile oecuménique que soient sauvegardés à chaque province purs et inviolés les droits acquis déjà et dès le début selon l'usage établi depuis toujours et le métropolitain sera autorisé de prendre copie conforme de notre décision pour garantir ainsi la sécurité de sa province. Si quelqu'un produisait une ordonnance opposée à la définition présente, le saint et oecuménique concile tout entier décide que cette ordonnance sera nulle et non avenue.









LETTRES CHOISIES DE SAINT LÉON LE GRAND,

PAPE DE ROME


(Fête le 18 février)


A Turibius, éveque d'Astorga en Galice



Votre lettre fraternelle que m'a remise votre diacre me prouve le zèle digne d'éloges avec lequel vous défendez la vérité de la foi catholique, et la tendre sollicitude avec laquelle vous exercez vos devoirs de pasteur envers le troupeau que Dieu vous a confié. Ainsi le fléau de l'hérésie dévaste encore vos contrées; la sentine impure du priscillianisme exhale de nouveaux miasmes. Il n'est point, en effet, d'impiété monstrueuse dont ces hérétiques ne se soient fait une règle de foi; ils ont fouillé dans la boue de toutes les pensées mondaines pour réunir les plus infâmes, et il n'en est pas un seul qu'ils ne se soient approprié. Si l'on jette un regard sur les hérésies qui ont pris naissance avant Priscillien, on n'y trouvera point une seule erreur dont il n'ait fait usage; et non content de profiter des mensonges de tous ceux qui s'éloignaient de l'évangile de Jésus Christ, en se cachant sous son divin Nom, il s'est lancé dans les ténèbres du paganisme, et s'est adonné à la science mystérieuse de la magie et aux vaines illusions des mathématiciens, au point de placer sous la puissance des démons et l'influence des astres la foi et la raison des événements. Selon ses dogmes impies, la vertu ne recevra point de récompense, ni le vice de châtiment. Il n'existe ni lois humaines, ni lois divines; car quel jugement serait-il possible de porter sur les bonnes ou les mauvaises actions des hommes, si c'est la fatalité qui dirige leurs actions et les mouvements des astres qui commandent à leur pensée? C'est cette impiété qui dans son incompréhensible folie a marqué des douze signes du ciel le corps entier de l'homme, de telle sorte qu'ils présidassent à ses diverses parties, et que la créature, que Dieu a faite à son image, fût liée aux astres aussi étroitement que ses membres le sont entre eux. C'est avec raison que nos pères, qui virent naître cette hérésie criminelle, se sont efforcés par tout l'univers de préserver les églises du monde de ses fureurs. Quand les princes de la terre ont frappé du glaive des lois Priscillien et plusieurs de ses disciples, ils avaient bien compris que, si les hommes avaient la permission de vivre selon leurs principes, il n'y avait plus ni honnêteté, ni pudeur, ni fidélité conjugale, ni respect pour les lois divines et humaines. Et cette juste rigueur a été d'un grand secours à la clémence de l'Église. Car, bien qu'elle se contente de la douceur des lois ecclésiastiques et qu'elle ne veuille point de sanglantes exécutions, cependant elle reçoit un grand secours des sévères constitutions des empereurs; la crainte du supplice contraint les hérétiques à recourir au remède de la pénitence. Mais les priscillianistes ont profité de l'invasion des barbares dans les provinces, qui fit suspendre l'exercice des lois au milieu des désordres de la guerre, et mit obstacle aux synodes des évêques qui commencèrent dès lors à être peu fréquents, pour semer en liberté le poison de leurs doctrines perfides; et même un grand nombre de ceux qui devaient s'opposer à leur progrès y ont contribué de toutes leurs forces. Et quelle partie du peuple pourrait être exempte de ce fléau, comme vous me le dites, lorsque les coeurs des prêtres eux-mêmes sont en proie à cette maladie mortelle, lorsqu'ils substituent eux-mêmes la doctrine de Priscillien à l'évangile du Christ, qu'ils corrompent le véritable sens des saintes Écritures par de fausses explications, et que, sous les noms des prophètes et des apôtres, ils n'enseignent pas ce que le saint Esprit nous a révélé, mais bien ce que le démon leur inspire? Comme dans votre pieux zèle, vous m'avez adressé dix-sept chapitres qui contiennent ces erreurs déjà condamnées autrefois, je vais y répondre avec beaucoup de soin, afin de faire ressortir jusqu'à l'évidence l'impiété de tous ces blasphèmes.



Telles sont, comme vous le marquez dans votre premier chapitre, leurs croyances impies sur la divine Trinité: ils affirment que le Père, le Fils et le saint Esprit sont une seule et même personne et que ce Dieu unique est tantôt appelé Père, tantôt Fils, tantôt saint Esprit; Celui qui créa, Celui qui fut créé et Celui qui procède de l'Un et de l'Autre ne font qu'un; c'est une unité en trois mots, mais non pas en trois personnes. Ils ont tiré ce blasphème des sabelliens, et ils prétendent ainsi que le Père a souffert la passion. Car, si le Fils est le même que le Père, le Père a été crucifié comme le Fils; et toutes les souffrances que le Fils a éprouvées sous sa forme d'esclave, en obéissant au Père, le Père Lui-même les a partagées. Cette doctrine est entièrement opposée à la foi catholique qui explique ainsi l'unité de la Trinité: le Père, le Fils et le saint Esprit, unis sans se confondre, sont coéternels et égaux: ce n'est pas une seule et même personne, mais une même nature qui forme l'unité de la Trinité.



Je vois dans le second chapitre qu'ils prétendent que Dieu ne posséda pas certaines vertus de toute éternité. Il paraît qu'ils ont adopté en cela cette erreur d'Arius, qui fait le Père antérieur au Fils, et ne Le regardent comme Père que lorsqu'Il eût créé le Fils. L'Église catholique les maudit, et ceux qui pensent comme eux que Celui qui est de la même essence que Dieu, fut jamais séparé de Lui, comme si Dieu pouvait changer ou augmenter. Dieu ne serait pas immuable s'Il pouvait diminuer ou augmenter.



Le troisième chapitre désigne ces insensés qui avancent que Jésus Christ est appelé Fils unique de Dieu, parce que seul Il est né d'une vierge; ce qu'ils n'auraient pas osé dire s'ils ne s'étaient inspirés de Paul de Samosate et de Photinus, qui prétendirent que notre Seigneur Jésus Christ n'existait pas avant de naître de la Vierge. Ils donnent encore un autre sens à ces paroles; ils disent que Dieu n'a pas eu un seul Fils, mais plusieurs autres et que Jésus, qui seul naquit d'une femme, fut appelé unique parce que seul des enfants de Dieu Il naquit de cette manière. De quelque façon qu'ils expliquent leurs paroles, soit qu'ils veuillent que Jésus Christ ait tiré son principe de sa mère, soit qu'ils nient qu'Il est Fils unique de Dieu le Père, ils sont tombés dans l'impiété la plus horrible, puisque Jésus Christ, Dieu et Verbe, est né de la vierge Marie, et que le Verbe seul est né de Dieu le Père.



Dans le quatrième chapitre il est dit qu'ils ne fêtent pas comme nous le jour de la naissance du Christ, jour que l'Église a consacré, parce que Jésus Christ prit à cette époque un corps véritable, parce que, Verbe, Il S'incarna et habita parmi nous. Ils jeûnent ce jour-là, ainsi que le dimanche qui est sanctifié par la résurrection du Christ. S'ils en agissent ainsi, c'est qu'à l'exemple des marcionites, des manichéens, leurs alliés, comme nous nous en sommes assurés nous-mêmes, ils ne croient pas que Jésus Christ soit né sous une véritable forme humaine, mais qu'Il n'en prit que les apparences. Ils passent le dimanche, consacré par la résurrection du Sauveur, dans les austérités du jeûne en l'honneur du Soleil, comme nous l'avons découvert, afin de différer en tout point de nos croyances, et donner aux austérités le jour que nous consacrons à la joie. Que ces ennemis de la Croix de Jésus Christ et de sa Résurrection soient donc jugés selon leurs doctrines.



Le cinquième chapitre se réfère à leurs assertions selon lesquelles l'âme de l'homme est d'essence divine et de même nature que le Créateur. La foi catholique condamne cette impiété tirée de certains philosophes et des manichéens, car elle sait que rien ne peut être fait d'aussi grand et aussi sublime que la nature de Dieu Lui-même. Il n'y a que le Fils et le saint Esprit qui soient de la même nature que Dieu. Excepté cette Trinité, consubstantielle, coéternelle et immuable, toutes les créatures dans le principe ont été tirées du néant. Tout ce qui brille parmi les créatures n'est pas Dieu; tout ce qui est grand et admirable parmi elles n'est point la Divinité même qui fit toutes ces grandes et admirables choses. Aucun homme n'est la Vérité ni la Sagesse, ni la Justice elle-même; mais beaucoup participent à la Vérité, à la Sagesse, à la Justice: Dieu seul ne participe à rien; le Bien n'est pas une de ses Qualités, mais son Essence même. Immuable, Il ne reçoit aucune diminution, aucune augmentation; Il reste éternellement le même. Immuable, Il crée toutes choses, et rien ne se fait qu'Il n'ait ordonné. Ils sont donc par trop superbes et par trop aveugles ceux qui disent que l'âme de l'homme est d'essence divine; ils ne comprennent pas qu'ils attaquent l'immutabilité du Créateur, et abaissent sa Divinité à toutes les infirmités de la nature de nos âmes.



La sixième remarque indique qu'ils disent que le démon ne fut jamais bon, que Dieu ne le créa point, mais qu'il sort du chaos et des ténèbres: ainsi personne ne l'a créé; il est le principe et la substance de tout mal. La foi catholique enseigne que la substance de toutes les créatures fut bonne, et qu'il n'existait dans le principe aucune nature du mal. Dieu, qui a créé toutes choses, n'a rien fait que de bon. Le démon serait donc bon, s'il était resté tel qu'il a été créé. Mais, parce qu'il abusa de l'excellence de sa nature et s'écarta de la vérité, il ne changea point de substance, mais il dégénéra du souverain bien, comme ces hommes qui de la vérité se précipitent dans l'erreur, et sont condamnés pour la perversité de leur propre volonté. Le mal était en eux, mais ne formait pas leur nature; c'était seulement une condition de leur nature.



En septième lieu, ils condamnent le mariage et ont horreur de la procréation des enfants, imitant en cela, comme en presque toutes choses, l'immoralité des manichéens. Ils réprouvent ainsi l'union conjugale, comme leurs moeurs le prouvent, parce qu'ils ne trouvent pas la liberté du vice, là où la pudeur et l'espoir de la procréation doivent être conservés.



Leur septième erreur est d'attribuer au démon la création de l'homme et du principe de la reproduction; aussi ne croient-ils pas à la résurrection de la chair, parce que la nature du corps, selon eux, n'est pas conforme à la dignité de l'âme. Cette erreur est sans doute l'oeuvre du démon; elle tire sa source du poison immonde de la doctrine de Manichée: les catholiques en ont déjà fait justice.



La neuvième remarque manifeste leur assertion selon laquelle les prophètes sont nés, à la vérité, des femmes, mais que le saint Esprit les a conçus, pour qu'on ne croie pas qu'une race, sortie de la semence de la chair, puisse être inspirée par Dieu. La foi catholique enseigne que le Père de toutes choses a créé la substance de l'âme et du corps et qu'Il anime dans le sein de la mère le corps qui reste soumis au péché et à la mort qui nous ont été transmis par nos premiers parents. Le saint Esprit régénéra les prophètes non dans le sein de la mère, mais en vertu du baptême. C'est pourquoi David, qui était un prophète, dit à Dieu: " Tes Mains m'ont fait et façonné ". (Ps 118,73; Jb 10,8) C'est pourquoi le Seigneur dit à Jérémie: " Avant que Je t'eusse formé dans le ventre de ta mère, Je te connaissais " (Jr 1,5).



Dans le dixième chapitre il est dit qu'ils prétendent que les âmes qui sont enfermées dans les corps des humains ont péché dans un corps et dans une demeure célestes, et que c'est en punition de ces fautes qu'elles tombent de cette condition sublime dans une inférieure. Ils ajoutent que dans les astres et dans les airs elles ont été renfermées dans des corps sous des conditions plus ou moins douces, dans un rang plus ou moins élevé, et que l'inégalité des conditions et des destinées des hommes sur cette terre n'est ainsi que la conséquence de causes précédentes. La religion catholique, qui est la vérité, a constamment prêché que les âmes n'existaient pas avant leur introduction dans les corps, et n'étaient incorporées que par l'Oeuvre de Dieu, qui est leur Créateur; et parce que la prévarication du premier homme soumit au péché toute la race humaine, on ne peut être libéré de la condition du vieil homme que par le sacrement du baptême; et l'Apôtre dit: " Vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ " (Ga 3,27&endash;28). Que signifient donc le cours des astres et les illusions des destins? Qu'importe l'instabilité des choses humaines et leur diversité? Dieu par sa Grâce a rendu tous les hommes égaux; et ils ne peuvent être malheureux ceux qui dans les périls de cette vie resteront fidèles à sa Loi et répéteront dans la tentation ces paroles de l'Apôtre: " Qui nous séparera de l'Amour de Christ? Sera-ce la tribulation, ou l'angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l'épée? Selon qu'il est écrit: C'est à cause de Toi qu'on nous met à mort tout le jour, qu'on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie. Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés ". (Rm 8,35&endash;37) Aussi l'Église, qui est le Corps de Jésus Christ, ne redoute rien de l'inconstance des événements, car ses richesses ne sont pas de ce monde. Elle ne craint rien des destins contraires, Elle qui grandit par sa patience dans les tribulations.



Leur onzième blasphème est de penser que les corps des hommes sont soumis aux influences des astres; aussi s'étudient-ils à se les rendre favorables par leurs prières. Ceux qui à l'exemple des païens s'adonnent à de pareilles folies, ne font point partie de l'Église, car ils se sont entièrement séparés du Corps de Jésus Christ.



En douzième lieu, ils divisent les membres des corps en douze parties, ainsi que les qualités de l'âme; ils placent les premières sous la protection des douze signes du zodiaque, et les secondes en opposition sous celle des noms des patriarches. Aussi, confondus dans ces inextricables erreurs, ils n'entendent plus ces paroles de l'Apôtre: " Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ. Car en Lui habite corporellement toute la plénitude de la Divinité. Vous avez tout pleinement en Lui, qui est le Chef de toute domination et de toute autorité ". (Col 2,8&endash;10). Ils ne comprennent pas celles-ci: " Qu'aucun homme, sous une apparence d'humilité et par un culte des anges, ne vous ravisse à son gré le prix de la course, tandis qu'il s'abandonne à ses visions et qu'il est enflé d'un vain orgueil par ses pensées charnelles, sans s'attacher au Chef, dont tout le Corps, assisté et solidement assemblé par des jointures et des liens, tire l'accroissement que Dieu donne ". (Col 2,18&endash;19) Qu'est-il donc besoin d'apprendre ce que la Loi n'a point enseigné, ce que les prophéties n'ont point annoncé, ce qui ne se trouve ni dans les vérités de l'évangile, ni dans la doctrine apostolique? Certes, ils ignorent aussi le sens de cette autre phrase de l'Apôtre: " Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables ". (2 Tm 4,3&endash;4) Nous ne devons rien avoir de commun avec des gens qui veulent enseigner ou croire de semblables doctrines, et qui s'efforcent par tous les moyens possibles de persuader que la résurrection de la chair est un mensonge, et qui rejettent ainsi les bienfaits du mystère de l'Incarnation du Christ. Car Il n'aurait pas revêtu l'homme tout entier, si l'homme tout entier n'avait dû être sauvé.



Treizièmement, ils disent que chaque livre des saintes Écritures doit être placé sous le nom des patriarches, qui sont douze vertus qui opèrent la réforme de l'homme intérieur, et que, sans la science de ces livres ainsi consacrés, aucune âme ne peut retourner en cette substance dont elle est émanée, c'est-à-dire Dieu Lui-même. Elle méprise cette vanité impie, la sagesse chrétienne qui connaît la Nature inviolable et incorruptible du vrai Dieu, et qui sait que l'âme, soit dans le corps, soit séparé de lui, est soumise à la souffrance; certes, si elle était de la même nature que le Créateur, elle serait impassible comme Lui. Il n'y a aucune comparaison à établir entre le Créateur et la créature; le Créateur est immuable et n'éprouve par conséquent jamais aucun changement, mais la créature est muable même quand elle n'éprouve pas de changement. Car, si elle reste ainsi intacte, ce ne peut être que par la Grâce de Dieu, et non par sa propre nature.



Dans le quatorzième chapitre l'on apprend que, comme ils pensent que les actions du corps sont, à cause de la nature terrestre de celui-ci, soumises à l'influence des astres et des signes du zodiaque, ils prétendent avoir trouvé dans les Livres saints des choses qui ont été écrites par l'homme extérieur et terrestre (c'est-à-dire sous l'influence de la chair qui procède du mauvais principe, et sous ce prétexte ils rejettent l'ancien et une partie du nouveau Testament); de telle sorte que dans ces mêmes Écritures on remarquait une lutte entre la Divinité et l'humanité, et que le principe de l'âme était en opposition avec le principe du corps. Ces fables découlent de ce qu'ils croient l'âme d'essence divine, et la chair d'une mauvaise nature; car selon eux, ce n'est pas Dieu qui a créé le monde, les éléments et la chair, c'est l'auteur du mal, c'est le démon. Pour donner quelque apparence de vérité à leurs mensonges sacrilèges, ils ont donné de fausses interprétations aux paroles du saint Évangile.



Le quinzième chapitre dit qu'ils publient de fausses écritures à la place des véritables, dans des livres apocryphes qu'ils font passer pour canoniques; des personnes dignes de foi nous ont rapporté cette action détestable et digne du démon; nous avons plusieurs exemples de ces ouvrages. En effet, comment pourraient-ils tromper les simples d'esprit s'ils ne se servaient de ce faux titre, s'ils ne frottaient de miel les bords de la coupe empoisonnée, de peur qu'on ne s'aperçût du venin qui s'y trouve et qui doit donner la mort. Il faut donc que les évêques veillent avec le plus grand soin à ce que personne ne se serve de ces fausses écritures. Il faut que tous ces livres apocryphes, mis sous les noms des apôtres, soient non seulement défendus, mais encore confisqués et livrés aux flammes. Quoiqu'il se trouve dans certains d'entre eux des apparences de piété, ils n'en sont pas moins dangereux; le charme des fables qui s'y trouvent glisse dans le coeur à son insu le poison mortel de l'erreur. Si donc quelque évêque ne défend pas de conserver ces livres, et permet aux fidèles de lire, comme s'ils étaient canoniques, ces exemplaires que Priscillien a falsifiés, il sera jugé comme hérétique. Celui qui ne s'efforce pas de tirer les autres de leurs erreurs, fait voir qu'il les partage.



Vous me marquez, dans le seizième chapitre, votre juste chagrin de voir que les traits écrits par Dictinius, avant sa conversion, suivant les dogmes de Priscillien, sont lus avec respect par une foule de gens qui croient ainsi honorer sa mémoire, comme s'ils ne devaient pas admirer sa conversion de préférence à louer sa chute. C'est Priscillien qu'ils lisent et non pas Dictinius; les doctrines qu'il enseigna dans son erreur ne sont pas celles qu'il professa dans son repentir. Mais cette faute ne peut pas rester impunie; on ne doit pas tenir pour catholiques ceux qui se servent de ces livres qui ont été condamnés non seulement par l'Église, mais encore par l'auteur lui-même. On doit arracher aux méchants leur masque d'hypocrisie et ne point les laisser échapper à la justice des décrets impériaux à l'aide du nom de chrétien. S'ils se réunissent en apparence à l'Église catholique tandis que leurs coeurs en sont si éloignés, c'est pour rendre leurs complices ceux de nos frères qu'ils peuvent corrompre, et pour échapper, en se disant les nôtres, à la sévérité des lois. C'est ce que font les priscillianistes, c'est ce que font les manichéens dont les coeurs sont si étroitement unis, qu'ils ne diffèrent que de nom, et se rendent coupables des mêmes sacrilèges. Les croyances que les priscillianistes feignent de partager, les manichéens les combattent, et cependant la même pensée les conduit au même but; ceux-ci corrompent les croyances qu'ils ont feint de recevoir, et s'efforcent de les ébranler en les combattant. Dans leurs mystères exécrables qu'ils tiennent d'autant plus secrets qu'ils sont plus immondes, on trouve chez les uns comme chez les autres la même ardeur criminelle, la même obscénité, la même turpitude. Quoique nous rougissions de honte de parler de ces choses, cependant nous avons fait de grands efforts pour découvrir ces hideux mystères, et nous les avons dévoilés au peuple. Les manichéens dont nous nous sommes emparés, nous les ont confessés. Et pour que personne ne puisse douter de notre jugement, auquel ont assisté un grand nombre de prêtres, les premiers dignitaires de Rome, une grande partie du sénat et du peuple, ceux qui avaient commis le crime l'ont déclaré eux-mêmes. La lettre que je vous écrivis alors a dû vous donner connaissance de ces faits. Mais ce crime impur des manichéens, on a découvert depuis longtemps, et beaucoup de gens le savent que c'est l'une des coutumes adultères et incestueuses des priscillianistes. En effet, ces gens qui professent les mêmes doctrines impies pourraient-ils différer par les cérémonies? Aussi j'ai répondu dans cette instruction à chacune des questions posées dans votre libelle, et j'en ai suivi l'ordre avec exactitude. Comme je le pense, j'ai clairement exposé ma pensée sur les sujets que votre fraternité m'a soumis; et j'ai montré qu'il ne fallait pas souffrir que les prêtres du Seigneur partageassent des erreurs si profanes; ou, pour parler avec moins de sévérité, se laissassent entraîner vers elles. Comment osent-ils réclamer le respect dû à leur rang, ceux qui ne veillent pas sur les âmes qui leur sont confiées? Les bêtes féroces s'élancent vers le bercail, et ils n'en ferment point les portes; les loups dévorants rôdent autour de la bergerie, et ils ne posent pas de sentinelles pour les éloigner; les maladies fondent sur le troupeau, et ils ne savent leur opposer aucun remède. Bien plus, ils refusent de s'unir à ceux qui remplissent leurs devoirs avec fidélité. Et ce n'est que par feinte qu'ils anathématisent par de vaines souscriptions des impiétés que tout l'univers a déjà condamnées autrefois; que veulent-ils qu'on pense d'eux, si ce n'est qu'ils ne sont point du nombre de nos frères, mais qu'ils combattent pour nos ennemis?



Vous m'avez annoncé à la fin de votre lettre que certains catholiques s'inquiètent de savoir si la Chair de Jésus Christ était restée dans le sépulcre quand Il descendit aux enfers, comme s'il y avait le moindre doute sur cette question. De même qu'elle est morte et qu'elle a été ensevelie réellement, de même elle a été ressuscitée réellement le troisième jour; Le Seigneur Lui-même l'avait résolu quand Il dit aux Juifs: " Détruisez ce temple et Je le relèverai en trois jours "; l'évangile ajoute: " Mais Il parlait du temple de son Corps ". (Jn 2,21) Le prophète David nous avait déjà prédit cette vérité; il a dit, en parlant au Nom du Seigneur: " AussiŠ ma Chair elle-même reposera dans l'espérance. Car Tu n'abandonneras pas mon Âme aux enfers, et Tu ne laisseras pas ton Saint voir la corruption ". (Ps 15,9) Ces paroles prouvent que la Chair du Seigneur reposa réellement dans le sépulcre et ne put se corrompre, car le prompt retour de l'âme la rendit à la vie. C'est une impiété digne des priscillianistes ou des manichéens, qui feignent d'adorer le Christ, et nient son Incarnation, sa Mort et sa Résurrection, que de ne pas croire à cette vérité. Il faudra donc convoquer dans le lieu le plus convenable un concile général auquel assisteront les évêques des provinces voisines, afin d'examiner avec la plus sérieuse attention si quelques évêques ne se trouvent point souillés de quelques-unes des hérésies sur lesquelles je viens de vous faire savoir notre opinion. Si l'un d'entre eux en est infecté, il faudra le séparer de notre communion, à moins qu'il ne condamne positivement toutes les impiétés de cette secte criminelle. Sous aucun prétexte on ne doit point souffrir que celui qui a reçu la mission de prêcher les vérités de la foi ose se permettre de disputer contre l'évangile du Christ, la doctrine des apôtres et le Symbole de l'Église universelle. Quels seraient les disciples de pareils maîtres? Quelle serait donc la religion du peuple? Comment obtiendrait-il son salut s'il suivait les lois de ces impies qui, pour la ruine de la société, s'affranchissent des lois de la pudeur qu'ils méprisent; brisent les liens sacrés du mariage; défendent la propagation de l'espèce; condamnent la nature de la chair, et qui, insultant Dieu Lui-même, rejettent la Trinité comme un mensonge; confondent la propriété des Personnes qui la composent; enseignent que l'âme de l'homme est d'essence divine, eux qui ont dit que sa chair était soumise au démon; nomment Jésus Christ Fils unique, parce qu'Il est né d'une vierge, et non parce qu'Il est le Fils du Père éternel; et qui, dans leur contradiction, vont jusqu'à dire que le Christ n'est point réellement de la race de Dieu ni de celle d'une vierge; car ils affirment que sa Passion et sa Mort n'ont été que de trompeuses apparences, et que la résurrection de la Chair, s'élançant triomphante du sépulcre, n'est qu'un vain mensonge? C'est en vain qu'ils portent le nom de chrétien ceux qui ne s'opposent point à ces impiétés. Il faut y croire pour ne point se sentir embrasé d'un saint zèle au récit de ces infamies. En conséquence, j'ai écrit aux frères et co-évêques des provinces de Tarragone, de Carthagène, de Lusitanie et de Galice pour les inviter à se réunir en concile général. Je laisse au zèle de votre charité le soin de communiquer ma décision aux évêques de ces provinces. Si toutefois quelque obstacle s'opposait à cette réunion générale, il faudrait du moins vous rassembler avec les évêques de la Galice et nos frères Idacius et Céponius. Vous aviseriez ensemble aux moyens les plus prompts à employer pour cicatriser les blessures de cette malheureuse province.






Textes du magistère