Homéliaire patristique 206

19 mars - Saint Joseph, époux de la Vierge Marie

206 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu ()a

Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l'on appelle Christ (ou Messie).

Homélie

La grandeur de Joseph

Homélie de
saint Bernard (+ 1153)

1 Sermons à la louange de la Vierge Marie, Homélie 2, 12, 13, 15, 16, Opéra, éd. J. leclercq et H. rochais, vol. 4, Rome, 1966, pp. 29, 31, 32, 33.

C'était la coutume des Juifs que l'épouse soit confiée à la garde de l'époux depuis le jour de leurs fiançailles jusqu'au jour des noces. C'était à lui de veiller d'autant plus attentivement sur la chasteté de sa fiancée qu'il voulait ainsi trouver en elle une épouse plus fidèle. De même donc que Thomas, en doutant et en touchant de ses mains, devint le témoin le plus sûr de la résurrection du Seigneur, de même Joseph, en se fiançant à Marie et en examinant plus attentivement sa manière de vivre pendant le temps où elle était confiée à sa garde, devint le témoin le plus fidèle de sa chasteté. Quel beau rapport il y a entre ces deux faits: le doute de Thomas et les fiançailles de Marie! <>

Il fallait donc que Marie soit accordée en mariage à Joseph, car c'était le moyen de cacher aux infidèles ce saint mystère, de faire confirmer sa virginité par son époux, de garanti r la pudeur de la Vierge et de prendre soin de sa réputation. Existait-il un moyen plus sage et qui soit plus digne de la divine Providence? En vertu de cette unique disposition, les secrets célestes ont trouvé un témoin, ils ont échappé à la connaissance de l'Ennemi et l'honneur de la Vierge a été préservé. Sans cette assurance, comment un homme juste aurait-il pu épargner une femme adultère?

Mais il est écrit: Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement; il décida de la répudier en secret (Mt 1,19). Ainsi, c'est parce qu'il était juste qu'il ne voulut pas la dénoncer publiquement. De même qu'il n'eût pas été un homme juste s'il avait approuvé une fiancée qu'il savait coupable, de même il n'eût pas été juste s'il l'avait condamnée tout en la sachant innocente. Comme il était juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, il décida de la répudier. <>

Quelqu'un pourrait toutefois en juger autrement et faire l'objection suivante: Joseph, en homme qu'il était, a douté de la fidélité de Marie, et, en homme juste, n'a assurément pas voulu habiter avec Marie en raison de ce doute. Mais comme il était bon, il n'a pas voulu la dénoncer comme suspecte, et a donc décidé de la répudier en secret.

Je réponds en deux mots que, même dans cette hypothèse, le doute de Joseph a été opportun, puisqu'il a dû être levé par une parole divine. Car il est écrit: Il avait formé ce projet, à savoir de la répudier en secret, lorsque l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse: l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint (Mt 1,20).

Telles sont donc les raisons pour lesquelles Marie fut fiancée à Joseph, ou plutôt, comme dit l'évangéliste Luc, à un homme appelé Joseph (Lc 1,27). Il l'a appelé "un homme" non parce qu'il était son mari, mais parce qu'il possédait la vertu qui fait les hommes. Ou plutôt, puisque l'évangéliste Matthieu ne l'a pas désigné comme un homme, mais comme son époux (Mt 1,19), cette dernière appellation signifiait à bon droit comment il fallait qu'on le considère. Il devait donc être appelé son époux puisqu'il fallait qu'il soit tenu pour tel.

De même, il a mérité aussi, non pas d'être le père du Sauveur, mais d'être appelé de ce nom, afin qu'on le tienne pour tel, d'après ce que dit l'évangéliste Luc: Au moment de ce début, Jésus avait environ trente ans; il était considéré comme fils de Joseph (Lc 3,23). Il n'était donc ni l'époux de la mère, ni le père du fils, et cepend ant, par une disposition sûre et nécessaire de la Providence, comme je l'ai déjà dit, il reçut pendant un temps le nom d'époux et de père, et fut tenu pour tel.

Mais pense à l'estime dont il a mérité de jouir auprès de Dieu en recevant le nom, même purement formel, de père de Dieu, et en étant tenu pour tel. Pense en outre à son nom propre, que tu ne peux hésiter à considérer comme un honneur supplémentaire, et tu te feras une idée de l'homme extraordinaire que Joseph a été. <>

Nul ne peut douter que Joseph ait été un homme bon et fidèle, lui qui a eu pour épouse la mère du Sauveur. Il fut le serviteur fidèle et sage que le Sauveur a placé près de Marie pour être le consolateur de sa mère, le père nourricier de son corps et, en un mot, l'unique coopérateur très fidèle de sa grande oeuvre sur la terre.

Prière

Dieu tout-puissant, à l'aube des temps nouveaux tu as confié à saint Joseph la garde des mystères du salut; accorde maintenant à ton Église, toujours soutenue par sa prière, de veiller sur leur achèvement. Par Jésus Christ.

1 Le nom de "Joseph" signifie "Que Dieu ajoute" (cf Gn 30,23-25), donc "supplément" (de gloire, dans le texte de saint Bernard)


21 mars dans l'Ordre bénédictin - Saint Benoît

207 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (
Jn 17,20-26)

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi: "Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi: Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi."

Homélie

au choix

Elevons notre coeur

Homélie du bienheureux Guerric d'Igny (+ 1157)

Sermon pour l'Ascension, 2-5, SC 202, 274-280

Mon Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu'ils contemplent ma gloire (Jn 17,24).

Heureux disciples qui ont pour avocat leur juge même et dont l'intercesseur doit être adoré au même titre que le Père qu'il prie. Le Père ne rejettera pas le souhait de ses lèvres (ps 20,3). Jésus a avec celui-ci une seule volonté et une seule puissance, parce que Dieu est unique (Mc 12,32). Toute prière du Christ doit s'accomplir, car sa parole est puissante et sa volonté efficace. Toutes choses existent parce qu'Il a parlé, et elles ont été faites, il a ordonné, et elles ont existé (Ps 32,9).

Il dit: Je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi. Quelle sécurité pour ceux qui ont la foi, quelle confiance pour les croyants, si toutefois ils ne rejettent pas la grâce qu'ils ont reçue! Car ce n'est pas seulement aux Apôtres et à ceux qui furent disciples avec eux que cette sécurité est offerte, mais à tous ceux qui, grâce à leur parole, croiront au Verbe de Dieu. Je ne prie pas seulement, dit-il, pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi (Jn 17,20).

De plus, mes frères, Il vous a été donné, comme dit l'Apôtre, non seulement de croire en lui mais encore de souffrir pour lui (Ph 1,29). Il va de soi que la foi en la promesse du Christ ne vous rend pas plus négligents à cause de l'assurance qu'elle vous donne. Mais la joie qu'elle vous donne vous rendant plus fervents, elle vous fait gagner la couronne d'un martyre continuel dans le combat que vous menez chaque jour contre les vices. Martyre continuel, mais facil e, facile et pourtant sublime. Facile puisque rien ne nous est ordonné qui soit au-dessus de nos forces. Sublime, puisqu'on y triomphe de toute la puissance de l'homme fort et bien armé (Lc 11,21).

N'est-il pas facile de porter le doux fardeau du Christ? N'est-ce pas une chose sublime que d'occuper un rang élevé dans son Royaume? Quoi de plus facile, je vous le demande, que de porter des ailes portant celui qui les porte? Quoi de plus sublime que de s'envoler plus haut que tous les cieux, là où le Christ est monté? <>

Mais à quoi pensons-nous, mes frères? Comment celui qui n'aura pas appris ici-bas à voler chaque jour, par l'exercice et par l'expérience, pourra-t-il alors s'élever soudain de terre et s'envoler vers les cieux? <>

D'aucuns volent par la contemplation; toi, vole au moins par l'amour. Paul est ravi en esprit et s'envole jusqu'au troisième ciel. Jean parvient au Verbe qui était au commencement (Jn 1,1). Toi, du moins, ne traîne pas par terre une âme indigne, et ne souffre pas que ton coeur enfoui dans l'indolence pourrisse en terre. Le grand prêtre qui, aujourd'hui, est entré dans le sanctuaire, nous ayant acquis une rédemption éternelle (He 9,12), et se tient maintenant en présence de Dieu où il intercède pour nous, te crie: "Élevons notre coeur". Réponds-lui avec foi: "Nous le tournons vers le Seigneur."

Si même tu as parfois cherché non les réalités d'en-haut mais celles de la terre (Col 3,1.2), adresse-toi des reproches sans plus attendre et dis au Seigneur, avec le prophète: Qu'y a-t-il donc pour moi dans le ciel, et qu'ai-je voulu sur la terre, loin de toi (Ps 72,25)? Hélas, comme je me suis misérablement trompé! Ce qui m'est réservé dans le ciel est si grand, et je le méprisais! Ce qui est sur la terre est un tel néant, et je le désirais tant!

Ainsi, le Christ, ton trésor, est monté au ciel: que là aussi soit ton coeur! C'est de là que tu tires ton origine, c'est là que tu as ta part et ton héritage, c'est de là que tu attends le Sauveur.

ou

Être avec le Christ et contempler sa gloire

Homélie de saint Cyrille d'Alexandrie (+ 444)

1 Commentaire sur l'évangile de Jean, 11, 12, PG 74, 565-569.

Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire, celle que tu m'as donnée parce que tu m'as aimé avant la création du monde (Jn 17,24).

Aussitôt après avoir prié pour ses disciples, et même pour tous ceux qui viendront à lui par la foi, et après avoir demandé au Père de leur donner l'unité, l'amour et la sainteté, Jésus pron once ces paroles. Il nous fait ainsi comprendre que seuls ceux qui seront déjà unis par lui au Père, pourront vivre avec lui et obtenir de voir sa gloire.

Car nous sommes aimés comme des fils, selon la ressemblance de celui qui est Fils par nature et véritablement. En effet, l'imitation très exacte de cette filiation, tout en se situant peut-être à un niveau inférieur, est quasi totalement conforme à la réalité parfaite et produit ainsi cette gloire.

Je veux donc, ô Père, dit-il, que ceux qui se sont approchés de toi par la foi et sont devenus miens par ton illumination soient avec moi et qu'ils voient ma gloire. Quel discours pourra bien nous expliquer comme il est bon de vivre avec le Christ? Car nous connaîtrons des joies inexprimables et l'oeil n'a pas vu, l'oreille n'a pas entendu, l'intelligence n'a pas conçu ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment (1Co 2,9). En effet, de quoi ceux qui ont été choisis pour vivre avec le Christ, le Seigneur même de l'univers, pourraient-ils bien encore manquer pour connaître une joie sans mélange? <>

Selon les saintes Écritures, nous serons conformés à sa gloire, et nous régnerons avec lui. Il promet qu'il prendra place avec nous, de la manière que lui-même connaît, au festin du Royaume des cieux (cf. Mt 8,11). Nous vivrons donc avec le Christ, nous participerons à sa gloire et nous serons associés à sa royauté. C'est là une chose absolument certaine et que nous nous réservons d'expliquer plus longuement.

Abordons pour l'instant le second point, je veux dire ceci: afin qu'ils contemplent ma gloire. Il ne sera donc pas possible aux profanateurs ni aux pécheurs ni à ceux qui méprisent la loi divine, de parvenir à la vision de la gloire du Christ, mais plutôt aux seuls hommes saints et bons. C'est ce que nous allons apprendre de la bouche du prophète: Que l'impie soit exclu et ne voie pas la gloire de Dieu (Is 26,10)! Et le Christ Sauveur proclame dans l'évangile: Heureux les coeurs purs: ils verront Dieu (Mt 5,8)!

Et qui sont les coeurs purs? De toute évidence, uniquement ceux qui, unis à Dieu par le Fils dans l'Esprit, renoncent à toute forme de sensualité et s'écartent le plus possible des plaisirs du monde. Ils renient, pour ainsi dire, leur propre vie, se livrent exclusivement à la volonté de l'Esprit Saint et mènent une vie pure, totalement vouée au Christ. Ainsi en allait-il de saint Paul. Il était si pur qu'il ne craignit pas de dire: Avec le Christ, je suis fixé à la croix: je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi (Ga 2,19-20).

ou bien

Donner du fruit

Homélie de saint Bernard (+ 1153)

1 Sermon 2 pour la naissance au ciel de saint Benoît, 2-4.7-8; Opéra, éd. J. leclercq et H. rochais, vol. 5, Rome, 1968, 1-4.6-7.

Nous célébrons aujourd'hui la naissance dans les cieux de notre glorieux maître, saint Benoît. <> Soyez comblés de joie, et entourez d'affection et d'honneur son nom très aimable, car il est notre chef, notre maître et notre législateur. <> Que sa sainteté, sa justice, sa piété vous rendent vigueur!

Saint Benoît fut un arbre grand et fertile, comme un arbre planté près d'un ruisseau. Et planté près d'un ruisseau, ce saint confesseur du Seigneur a donné du fruit en son temps (Ps 1,3). <>

Ce fruit, ce sont les trois vertus dont j'ai parlé plus haut: sa sainteté, sa justice, sa piété. La sainteté se reconnaît dans les miracles, la piété dans la doctrine, la justice dans la vie. <>

Mais comment vais-je te présenter ses miracles? Est-ce de telle sorte que tu veuilles en faire? Absolument pas, mais c'est pour que tu t'appuies sur ses miracles, ce qui veut dire que tu éprouves confiance et joie à la pensée d'être placé sous un tel pasteur, de pouvoir te réclamer d'un si grand patron. Car celui qui fut si puissant sur terre est certainement très puissant au ciel. <>

Il nous instruit aussi par sa doctrine et il conduit nos pas au chemin de la paix (Lc 1,79). De plus, par la justice de sa vie, il nous remplit de force et de courage. Aussi sommes-nous d'autant plus désireux de nous conformer à ses enseignements que nous savons qu'il n'a rien enseigné qu'il n'ait fait lui-même. L'exemple est vraiment une exhortation vivante et efficace; en montrant qu'un conseil est praticable, il le rend extrêmement persuasif.

C'est donc ainsi que la sainteté nous fortifie, la piété nous instruit, la justice nous affermit. Quelle ne fut pas, en effet, la piété de celui qui non seulement fut utile à ses contemporains, mais se soucia aussi de ceux qui viendraient après lui! Cet arbre n'a pas uniquement porté du fruit pour les hommes de son temps, mais son fruit demeure et augmente chaque jour.

Il est très aimé de Dieu et des hommes (Si 45,1). Car non seulement sa présence a été en bénédiction, comme ce fut le cas pour beaucoup d'hommes aimés de Dieu seul, parce que désormais connus de Dieu seul. Mais c'est aussi sa mémoire qui, aujourd'hui encore, est en béné diction (Si 45,1). Jusqu'à ce jour, en effet, dans la triple confession de son amour pour le Seigneur, Benoît nourrit le troupeau du Seigneur des trois fruits que voici: il le nourrit de sa vie, il le nourrit de sa doctrine, il le nourrit de son intercession.

Vous aussi, mes bien-aimés, qui bénéficiez sans cesse de son aide, donnez du fruit, car vous avez été établis afin que vous partiez et que vous donniez du fruit (Jn 15,16).

Prière

Dieu très haut, en comblant saint Benoît de l'Esprit de ton Fils, tu as fait de lui un maître de perfection évangélique; permets qu'en fêtant aujourd'hui son entrée dans la lumière, nous trouvions un nouvel élan pour le suivre vers les sommets de l'amour et de la gloire. Par Jésus Christ.


25 mars - Annonciation du Seigneur

208 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 1,26-38)

L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph; et le nom de la jeune fille était Marie. L'ange entra chez elle et dit: "Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi."

Homélie

A Dieu, rien n'est impossible

au choix

Homélie de saint Ephrem (+ 373)

Homélies sur la Mère de Dieu, 2, 93-145, dans Nachtrage zu Ephraem Syrus, éd et trad E beck, CSCO 363 et 364, 52-53

Contemplez Marie, mes bien-aimés, voyez comment Gabriel entra chez elle et quelle objection elle lui adressa: Comment cela va-t-il se faire? (Lc 1,34). Le serviteur de l'Esprit Saint lui fit cette réponse: "Cela est facile à Dieu; pour lui tout est simple." Considérez comment elle crut à la parole entendue et dit: Voici la servante du Seigneur (Lc 1,38).

Dès lors le Seigneur descendit d'une manière que lui seul connaît; il se mit en mouvement et vint comme il lui plaisait; il entra en elle sans qu'elle le sente, et elle l'accueillit sans éprouver aucune souffrance. Elle portait en elle, comme un enfant, celui dont le monde était rempli. Il descendit pour être le modèle qui renouvellerait l'antique image d'Adam.

Aussi, lorsqu'on t'annonce la naissance de Dieu, observe le silence. Que la parole de Gabriel te soit présente à l'esprit, car il n'y a rien d'impossible à cette glorieuse Majesté qui s'est abaissée pour nous et qui est née de notre humanité.

En ce jour, Marie est devenue pour nous le ciel qui porte Dieu, car la Divinité sublime est descendue et a établi en elle sa demeure. En elle, Dieu s'est fait petit - mais sans amoindrir sa nature - pour nous faire grandir. En elle, il nous a tissé un habit avec lequel il nous sauverait. En elle se sont accomplies toutes les paroles des prophètes et des justes. D'elle s'est levée la lumière qui a chassé les ténèbres du paganisme.

Nombreux sont les titres de Marie, et il convient que je les rapporte. Elle est le palais dans lequel a habité le puissant Roi des rois. Et il ne l'a pas quittée comme il était venu, car c'est d'elle qu'il a pris chair et qu'il est né.

Elle est aussi le nouveau ciel dans lequel a habité le Roi des rois. En elle s'est levé le Christ et d'elle il est sorti pour entrer dans la création, formé et façonné à son image.

Elle est le cep de vigne qui a porté la grappe. Elle a donné un fruit supérieur à la nature; et lui, bien que différent d'elle par sa nature, a revêtu sa couleur et est né d'elle.

Elle est la source de laquelle ont jailli les eaux vives pour les assoiffés, et ceux qui ont goûté de sa boisson portent des fruits au centuple.

ou bien

Dieu devient homme et l'homme devient Dieu

Homélie de Michel Psellos (+ 1078)

Homélies mariales byzantines, PO 16, [94]-[96]

Puisqu'il fallait que l'homme fût divinisé, et puisqu'une telle oeuvre dépasse les capacités de la nature, le début devait être du même ordre. Aussi le Christ est-il devenu homme pour diviniser l'homme en le faisant entrer dans une extraordinaire union avec lui.

Or, si ce second événement est merveilleux, combien plus merveilleux encore le premier! Si la montée aux cieux dépasse tout ce qu'on peut dire, comment la descente ne dépasserait-elle pas tout ce qu'on peut concevoir? Là, en effet, la créature mortelle est montée aux cieux; ici, Dieu en est descendu. Celui qui est sans limite a connu des limites. Celui qui a modelé la nature s'est uni à une nature dotée d'une âme. Celui qui ne comporte rien de tangible ni de matériel est né d'une vierge. <> Quel discours pourrait bien nous faire comprendre cette merveille? <>

Aujourd'hui donc, nous passons d'un pays étranger dans notre patrie, nous sommes rétablis dans l'Éden et ramenés dans Sion, d'où nous nous étions éloignés pour notre malheur.

Oh! la chose admirable! Alors que nous avions péché, puis subi la punition, nous avons à nouveau été jugés dignes des plus grands biens. Nous étions tombés du paradis, et nous avons trouvé la maison céleste. Nous avions glissé par terre, et nous possédons la demeure sublime qui nous était promise.

Et ceci est encore plus admirable: la bonne nouvelle ne devance pas la joie comme cela se passe d'habitude chez les hommes, mais, au moment où l'ange en fait l'annonce à la Vierge, le Dieu annoncé s'incarne et l'humanité assumée est divinisée.

Oh! la parole inouïe! Oh! la multitude des grâces et l'infinité des merveilles! Tout s'y trouve réuni: la voix de l'archange, l'incarnation du Seigneur, la divinisation du corps assumé, l'union de ceux qui étaient séparés, la libération de ceux qui étaient asservis, le retour des exilés dans leur patrie, la réconciliation des ennemis. Une seule et brève parole apporte la joyeuse salutation à la Mère de Dieu, en même temps que les biens innombrables qui en découleront et que l'esprit ne peut saisir.

Et voici l'essentiel: Dieu devient homme et l'homme devient Dieu, le mystère tenu caché est manifesté en ces temps qui sont les derniers. La prophétie prend fin et la rédemption attendue arrive. La terre se mêle au ciel, les choses sensibles se rapprochent des réalités spirituelles et les êtres séparés s'unissent admirablement. Dès sa conception, le Seigneur devient le Médiateur entre les deux natures, car il unit toute l'humanité à la divinité.

ou bien

L'admirable conception de Jésus

Homélie de saint Yves de Chartres (+ 1115)

Discours 15, PL 162, 583-586

Mes bien-aimés, réjouissons-nous dans le Seigneur. Quand bien même notre action de grâce ne serait pas aussi grande qu'elle devrait être, remercions notre Créateur, du moins autant que nous le pouvons, avec son aide. Ainsi, la grâce qu'il nous donne à profusion ne nous trouvera pas ingrats.

Nous fêtons aujourd'hui, en effet, l'admirable conception de Jésus par la Vierge. Nous célébrons le commencement de notre rédemption et annonçons le dessein de Dieu formé avec bonté et puissance. Car si le Seigneur de l'univers était venu à la recherche de ses serviteurs en fuite, pour les juger et non pour leur montrer sa bonté, il ne se serait jamais revêtu de cette fragile enveloppe de limon dans laquelle il a pu souffrir avec nous et pour nous.

Aux païens cela paraît, pour reprendre les paroles de saint Paul, de la faiblesse et de la folie (cf. 1Co 1,23-25), car ils se fondent sur les raisonnements de la vaine philosophie et jugent du Créateur d'après les lois de la création. Est-il plus grande oeuvre de puissance que de faire concevoir la Vierge, à rencontre des lois de la nature? Et, après avoir pris notre chair, de ramener une nature mortelle à la gloire de l'immortalité en passant par la mort? C'est pourquoi l'Apôtre dit: La faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme (1Co 1,25) <>

Aujourd'hui le sein de la Vierge devient la porte du ciel par laquelle Dieu descend chez les hommes pour les faire monter au ciel. La très bienheureuse Vierge, sûre de n'avoir jamais connu d'homme, s'étonne d'entendre qu'elle va mettre au monde un fils. Cependant l'ange l'encourage et lui apprend ce qui lui a valu de voir s'accom plir en elle une chose naturellement impossible chez les autres femmes, et par quelle puissance cela se fera. Il dit: Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès du Seigneur (Lc 1,30). C'est comme s'il disait: "Ce que je t'annonce n'est pas de l'ordre de la nature, mais le don d'une grâce sans pareille." Aussi ajoute-t-il: L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre (Lc 1,35). <>

Elle seule a mérité d'être choisie pour que, de son corps immaculé, soit façonné le corps immaculé de celui qui, dès avant le temps, était prédestiné à être le Fils de Dieu dans la Puissance. Voilà pourquoi l'ange dit encore à la très bienheureuse Vierge: L'être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu (Lc 1,35). Vraiment, celui qui allait s'offrir pour la sanctification des pécheurs devait être saint. <>

Frères très chers, la conception virginale renferme en elle-même un grand et admirable mystère, car par elle l'acte de notre condamnation pour désobéissance est détruit, Dieu et l'homme sont réunis, et les deux, à savoir le Christ et l'Église, ne font qu'une seule chair.

La chambre de cette union fut, en quelque sorte, le sein virginal duquel, après neuf mois, selon la loi de la nature, le Christ sortit comme un époux sortant de sa chambre, en compagnie de son épouse, c'est-à-dire de la chair qui est la nôtre. Il dressa sa tente, c'est-à-dire la chair assumée, au soleil (Ps 18,5-6) puisqu'aussi bien il rendit visible à tous sa propre chair par laquelle il vaincrait l'Adversaire. <>

Frères bien-aimés, méditons assidûment ces mystères. Goûtons, à la mesure de l'immense désir de notre coeur, l'inestimable bonté de Dieu, en considérant tous les biens célestes qui nous sont promis. Ainsi, les réalités terrestres qui paraissent désirables à des coeurs aveugles et cupides ne nous empêcheront pas de remporter, au bout de notre course, le prix attaché à notre vocation divine. <> Conformons-nous à celui qui, en venant sur la terre, nous a proposé sa vie comme règle de l'existence chrétienne. Lors de sa première venue, il a voulu nous remodeler intérieurement à son image, et c'est encore lui qui, à sa seconde venue, transformera nos pauvres corps à l'image de son corps glorieux (Ph 3,21), Jésus Christ notre Seigneur, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.

Prière

Seigneur, tu as voulu que ton Verbe prît chair dans le sein de la Vierge Marie; puisque nous reconnaissons en lui notre Rédempteur, à la fois homme et Dieu, accorde-nous d'être participants de sa nature divine. Lui qui règne.


24 juin - Nativité de saint Jean Baptiste

209 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 1,57-66 Lc 1,80)

Quand arriva le moment où Elisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait prodigué sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l'enfant.

Homélie

au choix La naissance de Jean et celle de Jésus

Homélie de saint Bède le Vénérable (+ 735)

Homélie II, 20; CCL 122, 328-330.

Le récit sacré lu dans l'évangile nous présente la naissance du précurseur du Seigneur dans le resplendissement de miracles sublimes. Car il convenait, en vérité, que, dès sa naissance, celui que nul n'a dépassé parmi les hommes, brille plus que tous les autres saints de l'éclat de ses vertus.

Ses parents, âgés et restés longtemps sans enfant, se réjouissent vivement qu'un fils si glorieux leur soit donné. Son père, frappé de mutisme à cause de son incrédulité, sent ses lèvres et sa langue se délier pour saluer le héraut de la grâce nouvelle. Non seulement la faculté de bénir Dieu lui est rendue, mais sa capacité de prophétiser sur Dieu en est encore accrue. La rumeur en parvient à tous les voisins qui restent frappés d'étonnement et de crainte et, tout autour, ceux qui ont appris la nouvelle préparent leurs coeurs à la venue du nouveau prophète.

Alors que la sainte Église célèbre partout dans le monde les victoires qui ont valu à tant de saints martyrs d'entrer dans le Royaume des cieux, exceptionnellement, pour les raisons que j'ai dites, elle a accoutumé, à juste titre, de célébrer aussi, outre la naissance du Seigneur, celle de Jean Baptiste. Nous devons croire que cet usage ne s'est certainement pas répandu sans l'autorité de l'Évangile, et nous devons avoir très présents à l'esprit les faits suivants. A la naissance du Seigneur, l'ange apparut aux bergers et dit: Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple: Aujourd'hui nous est né un Sauveur. Il est le Messie, le Seigneur (Lc 2,10-11). De la même manière, un ange a annoncé ainsi à Zacharie la naissance de Jean: Tu seras dans la joie et l'allégresse, beaucoup d'hommes se réjouiront de sa naissance, car il sera grand devant le Seigneur (Lc 1,14-15).

A juste titre, la naissance de l'un et de l'autre est célébrée par des liturgies solennelles. Mais dans celle-là la bonne nouvelle est annoncée à tout le peuple pour qu'il se réjouisse comme à la naissance du Seigneur, du Sauveur du monde, du Fils du Dieu tout-puissant et du soleil de justice. Tandis que cette célébration-ci rappelle à beaucoup qu'ils ont à se réjouir comme à la naissance du précurseur du Seigneur et d'un incomparable serviteur de Dieu, comme à l'apparition d'une lampe allumée et brillante. <>

Jean a marché devant le Seigneur avec l'esprit et la puissance d'Élie (cf. Lc 1,17) pour baptiser dans l'eau le peuple du Seigneur et lui apprendre à bien se disposer pour accueillir le Seigneur lors de sa venue. <>

Que la naissance de Jean soit commémorée quand les jours diminuent, et celle du Seigneur lorsqu'ils commencent à augmenter, comporte une signification symbolique. Jean, en effet, a lui-même révélé le secret de cette différence. Les foules le prenaient pour le Messie en raison de ses vertus éminentes, tandis que certains considéraient le Seigneur non comme le Messie mais comme un prophète, à cause de la faiblesse de sa condition corporelle. Et Jean dit: Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse (Jn 3,30). Le Seigneur a vraiment grandi car, alors qu'on le regardait comme un prophète, il a fait connaître aux croyants du monde entier qu'il était le Messie. Jean a décru et diminué car lui qu'on prenait pour le Messie est apparu non comme le Messie, mais comme l'annonciateur du Messie.

Il est donc normal que la clarté du jour commence à diminuer à partir de la naissance de Jean, puisque la réputation de sa divinité allait s'évanouir et son baptême bientôt disparaître. Il est également normal que la clarté des jours les plus courts recommence à grandir dès la naissance du Seigneur: il est, en vérité, venu sur terre pour révéler à tous les païens la lumière de sa connaissance dont, auparavant, les Juifs seuls possédaient une partie, et pour répandre partout dans le monde le feu de son amour.

ou bien

L'annonciateur des divins mystères

Homélie attribuée à saint Maxime de Turin (+ vers 420)

Sermon 57, Sur la naissance de S. Jean Baptiste, I; PL 57, 647-648

Mes frères, les règles qui président à notre liturgie et à nos prières nous prescrivent de fêter aujourd'hui dans la joie la naissance de Jean Baptiste.

Dieu l'avait d'avance destiné à venir publier la joie des hommes et l'allégresse des cieux. De sa bouche, le monde a entendu tomber les paroles admirables qui annonçaient la présence de notre Rédempteur, l'Agneau de Dieu. Alors que ses parents avaient perdu tout espoir d'obtenir une descendance, l'ange, messager indiscutable d'un si grand mystère, l'envoya pour servir de témoin au Seigneur avant même que de naître.

Qui, devant cette naissance entourée de sollicitude divine, n'aurait pas assez de sagesse pour considérer Jean comme l'annonciateur des divins mystères? En vertu de la grâce particulière qui lui avait été accordée, il remplit d'une joie éternelle le sein de sa mère, quand elle le portait en elle et qu'il n'était pas encore reconnu comme son fils. Et cette mère bienheureuse ressentit les joies de la maternité avant même d'avoir mis au monde son enfant.

Dans l'évangile, on lit, en effet, ces paroles qu'Elisabeth dit à Marie: Lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi (Lc 1,44). Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi? (Lc 1,43). Il n'est pas étonnant, mes bien-aimés, que cette femme très âgée ait bénéficié du don de prescience, puisqu'elle devait mettre au monde le héraut du Dieu très-haut. Et sa stérilité lui valut un accroissement de gloire lorsqu'après sa longue attente de la maternité, elle eut la faveur de donner naissance à un fils et, par là, de recevoir l'hommage de toutes les générations suivantes.

Tandis que, dans sa vieillesse, elle s'affligeait de ne pas avoir donné d'enfant à son mari, elle mit soudain au monde son fils, qui était aussi le messager du salut éternel pour le monde enti er. Et un messager tel que, dès avant sa naissance, il exerça le privilège de son ministère futur quand il répandit de son esprit prophétique par les paroles de sa mère. Puis, par la puissance du nom que l'ange lui avait donné d'avance, il ouvrit la bouche de son père fermée par l'incrédulité. Lorsqu'en effet Zacharie était devenu muet, ce n'était pas pour le rester mais pour recouvrer divinement l'usage de la parole et confirmer par un signe venu du ciel que son fils était un prophète. Voilà pourquoi, en effet, le prêtre qui parlait à tout le peuple devint muet. Cela étant de notoriété publique, tout le peuple fut donc averti de la mystérieuse et sainte naissance de Jean et personne n'osa lui refuser sa confiance. Car pour avoir mis en doute l'annonce de sa naissance prochaine, son père avait été puni en devenant muet.

Or, l'évangile dit de Jean: Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage (Jn 1,8), pour que tous croient par lui (Jn 1,7). Il n'était certes pas la Lumière, mais il était tout entier dans la lumière, celui qui a mérité de rendre témoignage à la Lumière véritable.

Célébrons donc, mes frères, dans une joie parfaite, la naissance du bienheureux Jean et rendons-lui hommage, car il fut le premier à reconnaître et à révéler la Lumière éternelle et céleste qui est venue dissiper les ténèbres du monde.

ou bien

L'éminente sainteté de Jean

Homélie de Grégoire Palamas (+ 1359)

Homélie 40; PG 151, 496-500.

Si la mort des saints mérite d'être honorée, et si la mémoire des justes se célèbre par des louanges, combien plus devons-nous entourer d'éloges le souvenir de Jean, qui occupe la place la plus éminente parmi les saints et les justes! Il a tressailli de joie avant de naître, il a marché devant le Verbe de Dieu incarné pour nous et a proclamé sa présence. Le Verbe, à son tour, a glorifié Jean et a attesté qu'il était plus grand que les prophètes, les saints et les justes depuis le commencement du monde. <>

Toute la vie, en effet, du plus grand parmi tous les enfants des femmes, est le miracle des miracles. Outre la vie entière de Jean, prophète dès avant sa naissance et le plus grand des prophètes, c'est aussi tout ce qui a rapport avec lui bien avant sa naissance et après sa mort, qui surpasse tous les miracles. En effet, les divines prédictions que des prophètes inspirés par Dieu ont faites à son sujet, le décrivent non comme un homme mais comme un ange, comme un flambeau étincelant, comme l'étoile du matin diffusant la lumière divine - car il précède le soleil de justice -, et comme la voix du Verbe de Dieu lui-même. Or qu'y a-t-il de plus proche du Verbe de Dieu, et qui s'apparente plus à lui que la voix de Dieu?

Lorsque le moment de sa conception approche, ce n'est pas un homme mais un ange qui descend du ciel pour mettre fin à la stérilité de Zacharie et d'Elisabeth: il promet que ceux qui ont été inféconds depuis leur jeunesse donneront naissance, dans leur extrême vieillesse, à un enfant; il prédit que la naissance de cet enfant sera la cause d'une grande joie, car elle annoncera le salut de tous les hommes.

Car il sera grand, dit-il, devant le Seigneur. Il ne boira pas de vin ni de boissons fermentées, et il sera rempli de l'Esprit Saint dès avant sa naissance; il fera revenir de nombreux fils d'Israël au Seigneur leur Dieu, il marchera avec l'esprit et la puissance d'Elie (Lc 1,15-17). Jean, en effet, sera vierge comme lui, et il habitera au désert plus que lui, et il reprendra les rois et les reines qui agiront à l'encontre de la loi. Mais il l'emportera sur Elie, surtout pour la raison qu'il sera le précurseur de Dieu car, est-il dit, il marchera devant le Seigneur. <>

Comme le monde n'était pas digne de lui, Jean a vécu continuellement dans les déserts depuis son plus jeune âge, y menant une vie privée de confort, exempte de soucis et toute de simplicité. <> Il vivait pour Dieu seul, attentif à Dieu seul, trouvant sa joie en Dieu. Il vivait donc en un endroit écarté sur la terre, comme il est dit: Il alla vivre au désert jusqu'au jour où il devait être manifesté à Israël (Lc, 1,80). <>

De même donc qu'en ce temps-là, le Seigneur, mû par son ineffable amour envers nous, descendit du ciel pour nous qui étions tous impies, de même, à cette époque, Jean sortit du désert pour nous, afin d'aider à la réalisation de ce dessein d'amour. Car, pour servir le Dieu de bonté dans son abaissement extraordinaire vers les hommes qui étaient alors plongés dans l'abîme du mal, il fallait un homme d'une vertu insurpassable comme lui. C'est ainsi, en effet, qu'il attirerait à lui ceux qui le verraient, comme de fait il les a attirés, et qu'il les entraînerait merveilleusement à la suite de l'homme remarquable qu'il était, en manifestant par sa façon de vivre sa supériorité sur tous. Le message qu'il proclamait était en accord avec la vie qu'il menait, car il promettait le Royaume des cieux, il brandissait la menace du feu qui ne s'éteint pas et enseignait que le Christ est le Roi des cieux.

Prière

Tu as voulu, Seigneur, que saint Jean Baptiste prépare ton peuple à la venue du Messie; accorde à ta famille le don de la joie spirituelle, et guide l'esprit de tous les croyants dans la voie du salut et de la paix. Par Jésus Christ.



Homéliaire patristique 206