Homéliaire patristique 220
220 Évangile
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 3,13-17)
Nul n'est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
Homélie
au choix Le symbole du serpent de bronze
Homélie de saint Bède le Vénérable (+ 735)
Homélie, livre II, 18, CCL 122, 315-317
De même que le serpent fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais obtienne la vie éternelle (Jn 3,14). Avec sa science admirable de la divine doctrine, le Seigneur fait découvrir au docteur de la loi mosaïque le sens spirituel de cette même loi. Évoquant une ancienne histoire, il montre avec exactitude qu'elle annonçait symboliquement sa passion et notre salut.
Le livre des Nombres raconte, en effet, que les Israélites, accablés par la longue et pénible marche au désert, murmurèrent contre le Seigneur et contre Moïse. Aussi le Seigneur envoya-t-il contre eux des serpents brûlants. Couverts de blessures - et beaucoup en mouraient - ils crièrent vers Moïse et celui-ci pria pour eux. Alors, le Seigneur lui ordonna de fabriquer un serpent de bronze et de l'exposer pour qu'il serve de signe. Il ajouta: Ceux que les serpents ont mordus le regarderont et ils auront la vie (Nb 21,8). Et cela se passa comme il l'avait dit.
Ainsi, les blessures provoquées par les serpents brûlants sont les poisons et les brûlures des vices qui, en frappant l'âme, causent sa mo rt spirituelle. Il convenait aussi que ceux qui murmuraient contre le Seigneur soient abattus par les morsures des serpents, pour que le châtiment extérieur leur fasse reconnaître tous les dégâts spirituels causés par leurs murmures.
Quant au serpent de bronze élevé pour guérir les morsures de ceux qui le regardaient, il représente notre Rédempteur dans sa passion sur la croix, car seule la foi en lui remporte la victoire sur le Règne du péché et de la mort. Et vraiment, les péchés qui mènent l'âme et le corps à leur perte sont représentés à juste titre par des serpents qui sont, en effet, habiles à donner la mort par leur morsure brûlante et venimeuse. En outre, un serpent persuada nos premiers parents encore immortels de commettre le péché qui les a assujettis à la mort.
Le Seigneur venu avec une chair semblable à celle du péché (Rm 8,3) est figuré avec raison par un serpent de bronze. Car, tout en possédant une forme semblable aux serpents brûlants, le serpent de bronze ne contenait dans ses membres absolument aucun poison brûlant et nuisible; bien plus, après qu'on l'eut élevé, il guérissait les hommes mordus par les serpents. Et de la même façon, en vérité, le Rédempteur des hommes a revêtu, non la chair du péché, mais une chair semblable à celle du péché, et il a souffert en elle la mort de la croix afin de libérer ceux qui croient en lui, de tout péché et aussi de la mort même.
C'est pourquoi il dit: De même que le serpent fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé. Aussi bien, ceux qui regardaient le serpent de bronze élevé pour servir de signe, étaient-ils protégés pour un temps de la mort temporelle et guéris de la blessure infligée par la morsure des serpents. Et, de la même façon, ceux qui regardent le mystère de la passion du Seigneur en mettant en lui leur foi, en le confessant et en l'imitant sincèrement, sont-ils sauvés pour toujours de toute espèce de mort, corporelle aussi bien que spirituelle, encourue pour leurs péchés.
Voilà pourquoi il ajoute avec raison: afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais obtienne la vie éternelle. Du moins le sens de cette parole est-il clair: celui qui croit dans le Christ échappe non seulement aux châtiments de l'enfer, mais il reçoit encore la vie éternelle. La différence entre la figure et la réalité réside dans le fait que celle-là prolongeait la vie temporelle tandis que celle-ci fait don de la vie qui durera toujours.
Quant à nous, nous devons faire en sorte que les bonnes pensées conçues par notre esprit se traduisent en actes méritoires, de sorte que nous pourrons, en confessant la vraie foi et en menant une existence pleine de piété et de sagesse, mériter de parvenir à la plénitude de vie qui nous est promise.
ou bien
La gloire de la croix
Homélie de saint André de Crète (+ 740)
Discours 11 sur l'exaltation de la croix vénérable, PG 97, 1036-1045.
La croix est dressée sur la terre. Naguère cachée à cause de la malveillance, elle s'offre aux regards. La croix est élevée non pour qu'on lui confère la gloire, car elle ne peut acquérir aucun accroissement de gloire, dès lors qu'elle porte le Christ crucifié. Mais Dieu, adoré sur la croix et proclamé par elle, est ainsi glorifié. <>
Il est donc juste que, trouvant sa joie dans la croix du Seigneur, l'Église revête son habit de fête et qu'elle apparaisse dans toute sa beauté nuptiale pour honorer ce jour. Il est juste que cette grande foule soit aujourd'hui rassemblée afin de voir la croix exposée et d'adorer le Christ qu'elle contemple élevé en croix. Car celle-ci est offerte aux regards pour être exaltée et elle est dressée pour être révélée.
Quelle est donc cette croix? Celle qui, naguère cachée au Calvaire, est maintenant adorée en tous lieux. Elle est aujourd'hui la cause de notre joie, et nous la célébrons. C'est là l'essentiel de la fête de ce jour. C'est là que le mystère est révélé. <> Car ce bois qui donne la vie était caché, et il fallait, oui, il fallait qu'on le voie élevé dans les airs et qu'il soit montré à l'univers comme une ville située sur une montagne, ou une lampe élevée sur un lampadaire (Mt 5,14-15). <>
Quand nous l'adorons sur la croix, apprenons combien grande est la puissance du Christ, et combien nombreuses les merveilles qu'il a opérées par elle en notre faveur. Ce qui est conforme à la parole du saint roi David: Notre Dieu, roi éternel, a accompli le salut sur la face de la terre (Ps 73,12). <>
Par la croix, en effet, les nations ont été prises comme dans un filet et les semences de la foi ont été semées partout. Avec la croix, les disciples du Christ ont labouré la nature humaine inféconde, comme avec une charrue. Ils ont fait apparaître les champs toujours verts de l'Église, ils ont récolté une abondante moisson de croyants en Jésus Christ. Par la croix, les martyrs ont été fortifiés et, en succombant, ils ont abattu ceux qui les frappaient.
Par la croix, le Christ a été reconnu et l'Église des croyants, tenant toujours ouvertes les Écritures, nous présente le même Christ, le Fils de Dieu, Dieu en soi, le Seigneur même, qui proclame d'une voix éclatante: Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive (Lc 9,23).
Prière
Tu as voulu, Seigneur, que tous les hommes soient sauvés par la croix de ton Fils; permets qu'ayant connu dès ici-bas ce mystère, nous goûtions au ciel les bienfaits de la rédemption. Par Jésus Christ.
221 Évangile
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu Mt (Mt 5,1-12)a
Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait: "Heureux les pauvres de coeur: le Royaume des cieux est à eux! "
Homélie
au choix
La vision de Dieu promise aux coeurs purs
Homélie de saint Augustin (+ 430)
Sermon 53, 6,6; PL 38, 366.
Heureux les coeurs purs: ils verront Dieu (Mt 5,8)! Voilà le but de notre amour, la fin qui nous rend parfaits, sans nous détruire. Il y a la fin de la nourriture et la fin du vêtement. La fin de la nourriture, c'est d'être détruite par la manducation; la fin du vêtement, c'est d'être achevé par le tissage. Celui-ci comme celle-là arrivent à leur fin, mais la fin de l'une est sa destruction, tandis que celle de l'autre est son achèvement.
Tout ce que nous faisons, tout ce que nous faisons de bon, tout ce que nous nous efforçons d'obtenir, toutes les causes dignes d'éloges pour lesquelles nous nous dépensons, tout ce que nous désirons d'honnête, nous ne le rechercherons plus quand nous serons parvenus à la vision de Dieu. Que pourrait bien chercher celui qui possède Dieu? Qu'est-ce qui pourrait satisfaire celui qui ne se satisfait pas de Dieu?
Nous voulons voir Dieu, nous cherchons à le voir, nous désirons ardemment le voir. Qui n'a pas ce désir? Mais remarque ce que dit l'évangile: Heureux les coeurs purs: ils verront Dieu! Fais en sorte de le voir. Pour prendre une comparaison parmi les réalités matérielles, comment voudrais-tu contempler le soleil levant avec des yeux chassieux? Si tes yeux sont sains, cette lumière sera pour toi un plaisir; s'ils sont malades, elle sera pour toi un supplice. Assurément, il ne te sera pas permis de voir avec un coeur impur ce que l'on ne peut voir qu'avec un coeur pur. Tu en seras écarté, éloigné, tu ne verras pas. Heureux, en effet, les coeurs purs: ils verront Dieu!
Combien de fois le Seigneur a-t-il proclamé des hommes "bienheureux"? Quels motifs du bonheur éternel a-t-il cités, quelles bonnes oeuvres, quels dons, quels mérites et quelles récompenses? Aucune autre béatitude n'affirme: Ils verront Dieu. Voici comment les autres s'énoncent: Heureux les pauvres de coeur: le Royaume des cieux est à eux! Heureux les doux: ils obtiendront la terre promise! Heureux ceux qui pleurent: ils seront consolés! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice: ils seront rassasiés! Heureux les miséricordieux: ils obtiendront miséricorde! Aucune, donc, n'affirme: Ils verront Dieu.
La vision de Dieu est promise quand il s'agit d'hommes au coeur pur. Cela n'est pas sans raison, puisque les yeux qui permettent de voir Dieu sont dans le coeur. Ce sont les yeux dont parle l'Apôtre Paul quand il dit: Puisse-t-il illuminer les yeux de votre coeur (Ep 1,18)! Dans le temps présent, ces yeux, en raison de leur faiblesse, sont donc illuminés par la foi; plus tard, en raison de leur vigueur, ils seront illuminés par la vision. Car nous sommes en exil loin du Seigneur tant que nous habitons dans ce corps; en effet, nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision (2Co 5,6-7). Et aussi longtemps que nous cheminons dans cette foi, que dit de nous l'Écriture? Nous voyons actuellement une image obscure dans un miroir; ce jour-là, nous verrons face à face (1Co 13,12).
ou bien
Dieu est admirable en ses saints
Homélie de Grégoire Palamas (+ 1359)
Homélie 25, PC 151, 321 328-332
Dieu est admirable dans ses saints. C'est lui qui donne à son peuple force et puissance (Ps 67,36). Considérez et comprenez bien le sens de ces paroles prophétiques. Le Seigneur donne force et puissance à tout son peuple - car Dieu ne fait pas de différence entre les personnes -, mais il est admirable uniquement dans ses saints.
Le soleil répand d'en haut ses rayons à profusion et sur tous de manière égale, mais seuls le voient ceux qui ont des yeux et ne les tiennent pas fermés. Avec des yeux sains et une vue puissante, ils jouissent de la pure lumière, tandis que ceux qui voient mal et ont les yeux malades, opaques ou atteints d'une autre affection, n'en sont pas capables. De la même manière, du ciel, Dieu fait descendre sur tous les richesses de sa grâce, car il est la source du salut et de la lumière d'où jaillissent sans cesse la miséricorde et la bonté. Cependant, ce ne sont pas purement et simplement tous les hommes qui tirent profit de sa grâce et de sa puissance pour pratiquer la vertu, parvenir à la perfection et accomplir aussi des miracles. Mais c'est le fait de ceux qui ont orienté leur volonté vers le bien et manifestent par leurs oeuvres leur amour de Dieu et leur foi en lui, ceux qui se détournent franchement du mal, s'attachent fermement aux commandements de Dieu et lèvent les yeux de leur âme vers le Christ, soleil de justice. Lui, du haut du ciel, dans l'invisible, nous tend une main secourable au milieu du combat. En outre, il nous fait entendre dans l'évangile ces paroles d'encouragement: Celui qui se prononcera pour moi devant let> hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux, cieux. (Mt 10,32). <>
L'Église du Christ honore, même après leur mort, ceux qui ont vraiment vécu une vie conforme au désir de Dieu. Chaque jour de l'année, elle fait mémoire des saints qui, à la même date, s'en sont allés d'ici et ont quitté cette vie périssable. Elle nous présente, pour notre profit, la vie de chacun d'eux et nous offre leur mort en exemple, qu'ils se soient endormis dans la paix ou qu'ils aient terminé leur existence en martyrs.
Or, aujourd'hui, elle leur adresse une hymne commune, <> car ils sont tous unis les uns aux autres et, selon la prière du Maître, ils sont un. Dans l'évangile, en effet, le Seigneur dit à son Père: Accorde-leur d'être un, comme moi, Père, je suis en toi, et toi en moi, et qu'ils soient un en nous dans la vérité (cf. Jn 17,21). <> Aujourd'hui, pour que sa louange soit complète, l'Église de Dieu nous propose et nous montre, tous rassemblés, les fruits si nombreux et si bons que le Seigneur Jésus Christ, Dieu, notre Sauveur, est venu récolter pour la vie éternelle, avec la puissance de l'Esprit très saint. Elle fait mémoire, en une fois, de tous les saints et leur rend hommage à tous aujourd'hui par une hymne. <>
Nous aussi, en ces jours de fête, présentons nos corps et nos âmes en offrande agréable à Dieu, afin que, par les prières des saints, nous ayons part à leur allégresse et à leur joie éternelles. Puissions-nous tous y parvenir par la grâce et l'amour de Jésus Christ notre Seigneur. A lui la gloire, à son Père éternel et à l'Esprit très saint, bon et vivifiant, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
Prière
Dieu éternel et tout-puissant, tu nous donnes de célébrer dans une même fête la sainteté de tous les élus; puisqu'une telle multitude intercède pour nous, réponds à nos désirs, accorde-nous largement tes grâces. Par Jésus Christ.
222 Lorsque le 2 novembre tombe un dimanche, on omet l'office des défunts et l'on célèbre l'office du dimanche.
223 Évangile
au choix
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 19,1-10)
Jésus traversait la ville de Jéricho. Or il y avait un homme du nom de Zachée; il était le chef des collecteurs d'impôts, et c'était quelqu'un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il n'y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille.
Homélie
Les trois maisons de Dieu
Homélie de Lansperge le Chartreux (+ 1539)
Sermon sur la dédicace de l'église, Opéra omnia, 1, 702.704-706.
La dédicace que nous commémorons aujourd'hui concerne, en réalité, trois maisons. La première, à savoir le sanctuaire matériel, est établie soit dans une maison réservée jadis à des usages profanes et convertie en église, soit dans une construction neuve destinée au culte divin et à la dispensation des biens nécessaires à notre salut. Oïl faut certes prier en tout lieu et il n'y a vraiment aucun lieu où l'on ne puisse prier. C'est une chose pourtant très convenable que d'avoir consacré à Dieu un lieu particulier où nous tous, chrétiens qui formons cette communauté, puissions nous réunir, louer et prier Dieu ensemble, et obtenir ainsi plus facilement ce que nous demandons, grâce à cette prière commune, selon la parole: Si deux ou trois d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quelque chose, ils l'obtiendront de mon Père (Mt 18,19). <>
La deuxième maison de Dieu, c'est le peuple, la sainte communauté qui trouve son unité dans cette église, c'est-à-dire vous qui êtes guidés, instruits et nourris par un seul pasteur ou évêque. C'est la demeure spirituelle de Dieu dont notre église, cette maison de Dieu matérielle, est le signe. Le Christ s'est construit ce temple spirituel pour lui-même, il l'a unifié et l'a consacré en adoptant toutes les âmes qu'il fallait sauver et en les sanctifiant. Cette demeure est formée des élus de Dieu passés, présents et futurs, rassemblés par l'unité de la foi et de la charité, en cette Église une, fille de l'Église universelle, et qui ne fait d'ailleurs qu'un avec l'Église universelle. Considérée à part des autres Églises particulières, elle n'est cju'une partie de l'Église, c omme le sont toutes les autres Églises. Ces Églises forment cependant toutes ensemble l'unique Église universelle, mère de toutes les Églises. Si donc on la compare avec l'Église tout entière, cette Église-ci,x notre communauté, est une partie ou une fille de toute l'Église et, en tant que sa fille, elle lui est soumise, puisqu'elle est sanctifiée et conduite par le même Esprit.
En célébrant la dédicace de notre église, nous ne faisons rien d'autre que de nous souvenir, au milieu des actions de grâce, des hymnes et des louanges, de la bonté que Dieu a manifestée en appelant ce petit peuple à le connaître. Nous nous rappelons qu'il nous a aussi accordé la grâce non seulement de croire en lui, mais encore de l'aimer, lui, Dieu, de devenir son peuple, de garder ses commandements, de travailler et de souffrir par amour pour lui. <>
La troisième maison de Dieu est toute âme sainte vouée à Dieu, consacrée à lui par le baptême, devenue le temple de l'Esprit Saint et la demeure de Dieu. Zachée a été une maison de ce genre. L'évangile de ce jour le loue et rappelle le souvenir de celui qui, après avoir reçu le bienfait de la grâce divine, a fait dire aussi à Jésus: Aujourd'hui le salut est arrivé pour cette maison (Lc 19,9). Lorsque tu célèbres la dédicace de cette troisième maison, tu te souviens simplement de la faveur que tu as reçue de Dieu quand il t'a choisi pour venir habiter en toi par sa grâce.
ou bien
Evangile
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 2,13-22)
Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de boeufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs boeufs.
Homélie
Habiter le temple de Dieu par amour
Homélie de saint Augustin (+ 430)
Homélies sur les psaumes, ps 130, CCL 40, 1898 1900
Le temple de Dieu est sacré, et ce temple c'est vous (1Co 3,17), vous tous qui croyez dans le Christ, et croyez en l'aimant. Car avoir foi dans le Christ, c'est l'aimer, non certes à la manière des démons, qui croyaient sans aimer et qui, par conséquent, disaient, alors même qu'ils avaient la foi: Que nous veux-tu, Fils de Dieu (Mt 8,29)?
Quant à nous, ayons la foi de manière à croire en lui en l'aimant, et ne disons pas: Que nous veux-tu?, mais plutôt: "Nous t'appartenons, tu nous as rachetés." Tous ceux qui ont une telle foi sont comme des pierres vivantes qui servent à bâtir le temple de Dieu, et comme les pièces de bois imputrescibles utilisées pour construire l'arche que les eaux du déluge n'ont pas pu engloutir. Voilà en effet ce temple - ce sont les hommes eux-mêmes - où des prières montent vers Dieu qui les exauce.
Il prie dans le temple de Dieu, celui qui prie dans la paix de l'Église, dans l'unité du corps du Christ composé des nombreux croyants du monde entier. Voilà pourquoi celui qui prie dans le temple est exaucé. En effet, celui qui prie dans la paix de l'Église, prie en esprit et en vérité. <>
Sans aucun doute, en chassant du Temple les hommes qui venaient y chercher leur profit par les ventes et les achats, le Seigneur a donné à ce geste une signification symbolique. Et si ce temple était un symbole, il est clair que le corps du Christ, temple véritable, dont celui-là était l'image, est fréquenté aussi par des vendeurs et des acheteurs, c'est-à-dire des gens qui recherchent leurs propres intérêts, non ceux de Jésus Christ. <>
Les gens qui ont voulu faire de la maison de Dieu une caverne de bandits n'ont pas causé la chute du Temple. Dès lors, ceux qui mènent une mauvaise vie dans l'Église catholique et veulent, autant qu'il est en leur pouvoir, faire de la maison de Dieu une caverne de bandits, n'abattent pas non plus le temple. Car un temps viendra où ils seront jetés dehors sous le fouet de leurs péchés.
Mais cette assemblée de fidèles, temple de Dieu et corps du Christ, n'a qu'une voix qui chante dans le psaume comme par la bouche d'un seul homme. Beaucoup de psaumes nous ont déjà fait entendre sa voix; écoutons-la aussi dans celui-ci. Si nous le voulons, cette voix est la nôtre. Si nous le voulons, en l'entendant chanter, nous chantons aussi dans notre coeur.
Prière
Dieu, qui choisis des pierres vivantes pour bâtir la demeure éternelle de ta gloire, fais abonder dans ton Église les fruits de l'Esprit que tu lui as donné: que le peuple qui t'appartient ne cesse pas de progresser pour l'édification de la Jérusalem céleste. Par Jésus Christ.
224 Évangile
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 1,26-38)
L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph; et le nom de la jeune fille était Marie. L'ange entra chez elle et dit: "Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi."
Homélie
Comblée-de-grâce
Homélie de Manuel II Paléologue (+ 1425)
1 On pourrait aussi prendre comme lecture l'homélie de Sophrone de Jérusalem (+ 638) pour l'Annonciation qui figure dans la Liturgie des Heures au Commun de la Vierge Marie
2 Homélies mariales byzantines, PO 16, [128]-[129].
Ayant destiné d'avance Marie à devenir sa mère, le Verbe de Dieu l'a comblée d'une grâce particulière. Bien mieux, il vivait avec elle avant qu'elle ne le mette au monde. Il est né, en effet, comme dirait saint Paul, au temps qui lui était réservé, et son corps fut formé du sang de l'Immaculée. Or, depuis que celle-ci a commencé à exister dans le sein infécond de sa mère, il n'y eut aucun moment où il ne fut pas uni à elle. Il ne serait pas raisonnable d'avoir une autre opinion sur ce point. Car si Jean Baptiste, d'immortelle mémoire, fut rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa mère, comme nous en avons été instruits, il serait déraisonnable de ne pas croire la même chose de Marie, la toute pure.
C'est ce que l'ange Gabriel veut dire par ces mots: Le Seigneur est avec toi (Lc 1,28), et il nous le fait comprendre en opérant une certaine distinction dans le temps. En effet, lorsqu'à la demande de la Vierge sans souillure, il cherche à expliquer la manière dont elle concevra, il ne parle pas au présent, mais au futur. Il fait cette prophétie: L'Esprit très saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre (Lc 1,35). Mais lorsqu'il salue la Vierge, il est clair qu'il la loue pour ce qu'elle possède déjà. Il dit: Réjouis-toi, il l'appelle Comblée-de-grâce (Lc 1,28), et la proclame bénie entre toutes les femmes (cf. Lc 1,42), car elle est d'une bonté supérieure à toutes les autres femmes. Si donc il la nomme Comblée-de-grâce, ce n'est pas parce qu'elle le deviendra, mais parce qu'elle l'est - et elle l'est effectivement -, ajoutant encore qu'elle est bénie. C'est comme s'il disait: "O Vierge comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi ; parce qu'il vit dans ton âme, tu es bénie entre toutes les femmes. "
Voilà ce qu'il en est du présent. Ce qui vient ensuite concerne l'annonce d'événements futurs. Ceux-ci découlent évidemment du libre consentement donné par l'Immaculée, ce don précieux qu'elle fait à Dieu, si précieux qu'on ne peut lui en offrir de meilleur. Quoi donc, en effet, pourrait bien égaler l'offrande dont Dieu avait justement besoin pour en faire l'assise et la fondation du mystère du salut, par lequel l'univers a été recréé et reconstruit beaucoup plus beau qu'avant?
Il est clair aux yeux de tous qu'il en est ainsi. Au moment, en effet, où elle s'offrit de son plein gré et pria Dieu de tout son coeur pour que s'accomplisse sa volonté, elle dit: Voici la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole (Lc 1,38). Alors, par la bienveillance du Père et la coopération de l'Esprit, le Verbe qui leur est consubstantiel et coéternel, qui avec eux est sans commencement, fut conçu dans le sein de la Vierge et assuma notre substance, mais sans la souillure. Il est venu, portant en lui la nature assumée, sans mélanger les deux natures, ni la nature créatrice ni la nature créée. Il est apparu comme un être unique, une personne, divinisant l'humanité assumée et, par elle, sauvant toute la masse humaine, comme par un ferment.
Prière
Seigneur, tu as préparé à ton Fils une demeure digne de lui par la conception immaculée de la Vierge; puisque tu l'as préservée de tout péché par une grâce venant déjà de la mort de ton Fils, acco rde-nous, à l'intercession de cette Mère très pure, de parvenir jusqu'à toi, purifiés, nous aussi, de tout mal. Par Jésus Christ
* Les noms marqués d'un astérisque sont ceux d'auteurs orientaux non catholiques
301 AELRED DE RIEVAUX (SAINT). Cet anglais né en 1109 dans le Yorkshire passe une partie de sa jeunesse à la cour du roi David d'Écosse. Vers 1133 il entre au monastère cistercien de Rievaux, filiale anglaise de Clairvaux, dont il deviendra l'abbé en 1146. Ses écrits, qui traitent surtout de théologie mystique et spéculative, lui ont valu le nom de "Bernard du Nord". Les ouvrages les plus importants de ce maître de vie spirituelle sont: Le miroir de la charité et L'amitié spirituelle. Dans ses Sermons sur les oracles d'Isaïe, il indique les obstacles à la vie et à la perfection chrétiennes. Son âme si affective se manifeste surtout lorsqu'il parle des mystères du Christ, comme dans ses Sermons pour les fêtes liturgiques, et plus encore dans son écrit sur Jésus à 12 ans. Comme saint Bernard , il veut émouvoir la sensibilité pour faire aimer et imiter Jésus. Aelred meurt en 1167, à 58 ans.
302 AMBROISE (SAINT). Fils d'un préfet du prétoire en Gaule, il est né à Trêves en 339. A la mort d'Auxence, évêque arien de Milan, Ambroise vient comme préfet rétablir l'ordre. Encore catéchumène, il est baptisé et, une semaine plus tard, élu évêque de Milan par acclamations. Saint Augustin nous dit que "bien qu'évêque, il était accessible à tout le monde". Malgré l'influence des Pères grecs, spécialement d'Origène , sa prédication garde le sens pratique qui caractérise les théologiens occidentaux. Ainsi, pour mieux faire connaître la vraie foi chrétienne, il compose des hymnes qu'il fait chanter par le peuple. Son intense activité pastorale, sociale et politique s'accompagne d'abondants écrits. Dans ses commentaires bibliques, l'exégèse allégorique et morale l'emporte habituellement, à l'exception de son Commentaire sur l'évangile de Luc. On connaît aussi de lui 4 sermons importants, de nombreuses oeuvres morales et ascétiques et 91 lettres qui sont une mine de renseignements sur la situation politique et religieuse de son temps. Ses oeuvres, où prédomine l'intérêt pastoral, conduisent à une meilleure connaissance des rites et de la liturgie milanaise, précisément appelée "ambrosienne". Il meurt en 397, à 58 ans.
303 ANDRÉ DE CRÈTE (SAINT). Né vers 660 à Damas, il devient moine à Jérusalem en 678. Le patriarche Théodore le charge de participer au 6e concile oecuménique de Constantinople, en 680. Il y exerce ensuite les fonctions de diacre (685). Fervent défenseur du culte des icônes, vers 692 il devient archevêque de Gortyne en Crète, où il meurt en 740, âgé d'environ 80 ans. L'Église d'Orient le vénère comme un saint. Son grand Canon pénitentiel de 250 strophes est encore chanté dans les Églises d'Orient pour la liturgie du carême. André est aussi l'auteur de nombreux chants liturgiques, ainsi que des canons pour la conception de sainte Anne, la naissance de Marie, etc. On connaît de lui une cinquantaine à'homélies et de panégyriques, dont une grande partie a été traduite en latin, arabe, géorgien, arménien, vieux slavon. Les sujets traités sont variés: naissance de Marie, annonciation, circoncision, etc. Ils portent également sur Luc et Jean, l'apôtre Tite qui évangélisa la Crète, les saints Georges et Nicolas, Patapios et les dix martyrs de Crète; enfin sur la vie humaine, les défunts, la vénération des icônes. Les discours d'André, toujours très prolixes jouirent d'une grande popularité à Byzance et dans les Églises d'Orient. Il reste l'un des prédicateurs-poètes les plus représentatifs de son temps.
304 ANSELME (SAINT). Né vers 1033 dans la ville d'Aoste en Italie, à 27 ans il devient moine à l'abbaye du Bec en Normandie, et trois ans plus tard il en est élu abbé. En 1093, il succède à Lanfranc, archevêque de Cantorbéry. Il apporte une contribution remarquable à la pensée théologique de son temps, si bien qu'il peut être appelé justement "le Père de la scolastique". Sa définition de la théologie comme "foi qui cherche à comprendre" est encore valable aujourd'hui. Il meurt en 1109, âgé d'environ 76 ans.
305 AUGUSTIN (SAINT). Il est né en 354 à Tagaste en Afrique, où il reçoit une éducation chrétienne, mais il n'est baptisé qu'à 33 ans. Ordonné prêtre quatre ans plus tard, il deviendra coadjuteur de Valère, évêque d'Hippone, auquel il succède en 396. Il définit sa théologie au cours de sa lutte contre trois hérésies: le manichéisme, le donatisme et le pélagianisme. Ses écrits très abondants, parmi lesquels: Les Confessions, La Trinité, La Cité de Dieu, auront une influence considérable sur la théologie postérieure, modelant la pensée du moyen âge jusqu'au 12e siècle. Pasteur zélé et grand auteur spirituel, Augustin meurt en 430, à 76 ans. Il est resté toujours fidèle au grand principe posé dès le début de ses recherches sur la grâce: Dieu opère en nous le vouloir et le faire, et bien que l'homme soit libre, c'est la seule grâce de Dieu qui lui vaut la récompense du ciel. Si la raison est impuissante à pénétrer ce mystère, la seule attitude permise est celle d'une humble confiance: nous croyons à l'amour que Dieu a pour nous.
306 BASILE LE GRAND (SAINT). Né vers 330, il est le fils d'un rhéteur en renom: Basile, de Césarée en Cappadoce (ancien pays d'Asie mineure). Il reçoit une excellente formation et commence une carrière de rhéteur, lorsqu'un réveil spirituel l'amène à recevoir le baptême et à devenir moine. Après avoir visité les ascètes d'Egypte, Palestine, Syrie et Mésopotamie, il estime meilleur pour les moines de vivre ensemble plutôt qu'en ermites isolés. Basile participe donc à l'organisation du monachisme cappadocien, et ses Règles monastiques influenceront celle de saint Benoît. En 370, il succède à Eusèbe comme évêque de Césarée. Son premier souci est l'unité de l'Église; c'est pourquoi il s'efforce d'établir de meilleures relations entre Rome et l'Orient. Mais ses efforts porteront du fruit seulement après sa mort. Ses écrits précisent la doctrine trinitaire, en particulier la théologie du Saint-Esprit. Ils comprennent des traités dogmatiques, ascétiques, pédagogiques ainsi que 365 lettres et des sermons. Il meurt en 379, âgé d'environ 49 ans.
307 BASILE DE SÉLEUCIE. Séleucie est une ville de l'Asie ancienne sise sur le Tigre, près de Bagdad (Irak). Basile en est le métropolite vers 440. Il a des attitudes contradictoires dans les événements qui précèdent le concile de Chalcédoine. Au synode de Constantinople en 448, il vote contre les monophysites; mais au "brigandage d'Ephèse" en 449, il soutient Eutychès, fondateur du monophysisme. Enfin, au concile de Chalcédoine en 451, il signe le Tome de saint Léon condamnant Eutychès. On a conservé 39 de ses Homélies, qui montrent son souci de mettre l'exégèse de son temps à la portée de tous. Il meurt vers 468.
Homéliaire patristique 220