Homéliaire patristique 308

308 BÈDE LE VÉNÉRABLE (SAINT). On qualifiait ainsi les auteurs dont les oeuvres étaient lues publiquement au choeur, pendant l'office liturgique. Né vers 673, Bède est placé dès l'âge de 7 ans au monastère bénédictin anglais de Wearmouth, gouverné par saint Benoît Biscop. De là il est envoyé à celui de Yarrow au moment de sa fondation vers 681. A 30 ans Bède est ordonné prêtre. Toute sa vie est désormais vouée à l'étude de la Bible, à l'enseignement, à la rédaction de nombreux ouvrages et, avant tout, à la prière de l'office divin. Il devient célèbre par son savoir d'érudit, bien qu'il ne sorte jamais des limites de sa Northumbrie natale. Il est surtout connu pour ses oeuvres historiques qui lui valent le titre de "Père de l'histoire d'Angleterre". Son Histoire ecclésiastique de la nation anglaise est une source fondamentale pour l'histoire de son pays, spécialement pour le soin qu'il prend de citer ses sources et de distinguer le fait historique de l'historiette ou de la légende. Bède meurt en 735, âgé d'environ 62 ans.

309 BERNARD (SAINT). Né en Bourgogne en 1090, il entre à 22 ans au monastère de Cîteaux avec une trentaine de compagnons. Il y reçoit sa formation monastique sous l'abbé Etienne Harding, qui l'envoie trois ans plus tard faire une fondation à Clairvaux. Bientôt très influent dans le milieu religieux européen, il suscite la fondation de nombreux monastères ainsi que des Chevaliers du Temple, et favorise l'élection du pape Innocent II en 1131. Il s'oppose farouchement à des théologiens tels qu'Abélard, Gilbert de la Porrée, Henri de Lausanne. Il n'épargne même pas l'abbé de Cluny, le doux et pacifique Pierre le Vénérable. Les 86 Sermons de Bernard sur le Cantique des cantiques, ses autres écrits théologiques et ses nombreuses lettres témoignent d'une grande connaissance de l'Écriture, d'une éloquence fougueuse et d'une rare élévation mystique. Il meurt paisiblement le 20 août 1153, à 63 ans, physiquement épuisé mais laissant l'exemple d'une rare vigueur spirituelle, mise au service d'une action efficace et d'une contemplation intense.

310 BRUNO DE SEGNI (SAINT). Né près d'Asti en Piémont, il étudie à l'université de Bologne avant de devenir chanoine de Sienne. Au concile de Rome en 1079, il défend contre Bérenger la doctrine catholique sur l'eucharistie. L'année suivante, le pape Grégoire VII, son ami personnel, le choisit comme évêque de Segni, mais Bruno refuse d'être cardinal. Pasteur zélé, il partage et soutient tous les projets du pape pour la réforme de l'Église. Par ses écrits, il s'attaque à la simonie et combat les abus de l'investiture. Il est le plus grand commentateur biblique de son époque, qui fut si troublée. Désireux de solitude, il reçoit l'habit monastique au Mont-Cassin, dont il devient l'abbé en 1107. Plus tard, le pape Pascal II lui ordonnera de reprendre son siège épiscopal. Il meurt en 1123.

311 CÉSAIRE D'ARLES (SAINT). Né à Chalon-sur-Saône vers 470, il entre à 19 ans au monastère de Lérins. Remarquable par la sainteté de sa vie et son sens de la justice, il est promu archevêque d'Arles. Il légifère pour les moines et les moniales, sa Règle pour les vierges étant écrite pour sa soeur Césarie, supérieure d'une communauté de moniales. D'accord avec l'enseignement de saint Augustin sur la grâce, il combat avec succès le semi-pélagianisme au concile d'Orange de 529. Prédicateur renommé, sa pratique de la charité est telle qu'il fait fondre les vases précieux de l'Église pour venir en aide aux prisonniers. La qualité de sa prière s'exprime dans cette affirmation: "Prier, c'est avoir son esprit absorbé par Dieu". Césaire meurt en 543, âgé d'environ 73 ans.

312 CHROMACE D'AQUILÉE (SAINT). Né en Italie du nord vers 335-340, dès sa jeunesse il est lié au mouvement ascétique qui groupera dans la ville d'Aquilée Jérôme, Népotien, Rufin et d'autres amis formant "un vrai choeur de bienheureux". Il devient un membre influent du presbytérium d'Aquilée vers 368, et vingt ans plus tard il succède à Valérien sur le siège épiscopal de cette ville. Ami de Jean Chrysostome et d'Ambroise, il est un pasteur zélé, auteur de Sermons sur les béatitudes, d'Homélies sur le "Notre Père" et de Traités sur l'évangile de Matthieu. Son enseignement n'est pas systématique, mais centré sur Tannée liturgique, sur le mystère du Christ et de son Église. Il meurt vers 408, âgé d'environ 68 ans.

313 CLÉMENT D'ALEXANDRIE. Il est né à Athènes vers 150 de parents païens. On ne sait rien de sa jeunesse ni des circonstances de sa conversion. Il devient l'élève et l'assistant de Pantène, directeur de l'école catéchétique d'Alexandrie, auquel il succède vers l'an 200. En 202, Clément quitte Alexandrie pour fuir la persécution de Septime Sévère et s'établir en Cappadoce avec son disciple Alexandre, futur évêque de Jérusalem. On peut appeler Clément le fondateur de la théologie spéculative, car il cherche à approfondir la foi en s'aidant de la philosophie grecque. Son enseignement est centré sur la doctrine du Logos, raison divine qui est le maître et législateur du monde. L'oeuvre principale de Clément est la trilogie: Le Protreptique ou Exhortation aux Grecs, Le Pédagogue, Les Stromâtes (Tapisseries) qui traitent de questions diverses. Clément meurt entre 211 et 215, âgé d'environ 65 ans.

314 CYPRIEN (SAINT). Né entre 200 et 210 de riches parents païens, il se convertit au christianisme en 246 et, deux ans plus tard, devient évêque de Carthage. Son oeuvre comprend des lettres ainsi que de nombreux et courts traités. Cyprien est avant tout un homme de prière, puisant sa force dans sa foi au Christ et en l'Esprit Saint qui habite l'Église. Il a un sens très vif de l'unité de cette Église qu'il défend avec ardeur et pour laquelle il mourra. Au cours de la persécution de Valérien, il est exilé, puis condamné à mort. Le 14 septembre 258, âgé d'environ 50 ans, il a la tête tranchée dans la banlieue de Carthage.

316 CYRILLE D'ALEXANDRIE (SAINT). Il est le neveu du patriarche Théophile, auquel il succédera en 412. Jusqu'en 428, ce brillant théologien se consacre à l'exégèse et à la polémique contre les Ariens. Puis il se voue presque totalement à réfuter l'hérésie de Nestorius. La doctrine de celui-ci sera condamnée en 431 par le concile d'Éphèse, présidé par Cyrille. On y approuve solennellement le titre de Marie, "Mère de Dieu". L'incarnation est au centre de la théologie de Cyrille. C'est seulement si le Christ est consubstantiel avec le Père et avec nous qu'il peut nous sauver, car le point de rencontre entre Dieu et nous, c'est la chair du Christ. Par la communion avec le Christ, Verbe fait chair, nous devenons enfants de Dieu en prenant part à la relation filiale du Fils avec le Père. Pour défendre ce dogme, Cyrille fait preuve d'un constant souci d'objectivité et d'une rigoureuse méthode de travail, appliquée jusqu'à sa mort, en 444.

317 DENYS L'ARÉOPAGITE (PSEUDO-). Il s'agit d'un théologien mystique, écrivant entre 480 et 510, probablement en Syrie. L'attribution fictive de ses oeuvres à Denys d'Athènes (cf. Ac 17,34) lui valut une grande renommée. Au 17e siècle en Occident, cette identification fut mise en question, et au début du 20e siècle son orthodoxie doctrinale fut également attaquée. Cependant un jugement plus équilibré prévaut actuellement. L'examen minutieux de la philosophie sous-jacente à sa doctrine spirituelle a prouvé la valeur de son enseignement sur la relation avec Dieu dans la prière, caractéristique également du Nuage de l'inconnaissance et de la doctrine de saint Jean de la Croix. Les écrits du Pseudo-Denys sont: les Noms divins, la Théologie mystique, la Hiérarchie céleste, la Hiérarchie ecclésiastique et onze lettres formant un complément aux divers traités. Pendant tout le moyen âge, les idées de cet auteur ont exercé la plus forte influence sur la pensée philosophique et théologique des grands maîtres de la scolastique.

318 DENYS LE CHARTREUX. Né en 1408, il a pour nom de famille: van Leeuwen. Après une première formation à Cologne, il entre à la Chartreuse de Roermond en 1423. Plus tard il écrit des commentaires bibliques sur l'Ancien et le Nouveau Testament. Très influencé par les écrits du Pseudo-Denys, il est lui-même un mystique qui mérite d'être appelé "le Docteur extatique": ce qui ne l'empêche pas de prendre plus tard une part active dans la restauration de la discipline ecclésiastique. En 1451, il accompagne Nicolas de Cuse dans une mission pour la réforme de l'Eglise et dans une prédication pour la croisade. Il meurt en 1471, âgé de 63 ans.

319 DIDYME D'ALEXANDRIE. Il est né en 313. Bien qu'aveugle depuis l'âge de 4 ans, il devient le maître et le directeur réputé de l'école d'Alexandrie pendant plus d'un demi-siècle. Athanase l'avait ainsi promu à cause de son savoir encyclopédique et de son ascétisme. Bien qu'il ait su se garder le plus souvent hors des querelles théologiques de son temps, il a une forte influence sur les théologiens, aussi bien en Orient qu'en Occident. Il compte parmi ses disciples Grégoire de Nazianze , Mélanie, Jérôme, Rufin. Au 5e concile oecuménique (Constantinople, 553), il sera cependant frappé d'anathème avec Origène et Évagre le Pontique pour la question de la préexistence de l'âme. Pour cette raison, on a détruit la plupart de ses nombreux ouvrages. Il meurt en 398, à l'âge de 85 ans.

320 ÉPHREM (SAINT). Né à Nisibe vers 306, il est le seul Père syrien honoré comme docteur de l'Église. Ordonné diacre à Édesse en 363, par sa vie et par son oeuvre il donne un exemple remarquable. La p lupart de ses écrits d'exégèse, de dogmatique, de controverse, d'ascétique sont en vers. Ils constituent un trésor d'informations sur la foi et la pratique chrétiennes de l'Église syrienne dans ses premiers temps. Son activité professorale est en relation avec "l'École des Perses" à Édesse. Celui qu'on appelle "la cithare du Saint-Esprit" brille comme exégète, polémiste, prédicateur et poète, si bien qu'on n'a pas encore édité critiquement, ni assez étudié et exploité son immense production littéraire: commentaires bibliques, traités, sermons, discours et hymnes liturgiques. Ce diacre infatigable meurt en 373, âgé d'environ 67 ans.

321 ÉPIPHANE DE BÉNÉVENT. De ce commentateur de l'Écriture qui vécut au 5e -6e siècle, on sait qu'il était d'origine latine et qu'i l devint évêque. Son Interprétation des évangiles consiste en 62 chapitres qui suivent le plan des évangiles synoptiques, commentés selon la tradition des anciens écrits homilétiques.

322 EUSÈBE D'ALEXANDRIE (PSEUDO-). On désigne sous ce nom l'auteur fictif de 22 Homélies grecques qui ont connu une large diffusion en latin et dans les langues orientales. Même si l'auteur est problématique, on considère le recueil comme homogène, écrit à la fin du 5e ou au début du 6e siècle. La Vie d'Eusèbe, rédigée par un certain Jean le Notaire, le présente comme le successeur immédiat de Cyrille d'Alexandrie (+ 444): fait inacceptable, puisqu'on ne connaît aucun Eusèbe sur le siège d'Alexandrie avant le 11e siècle. Les thèmes traités dans son oeuvre sont très divers: homélies pour les fêtes, polémiques contre les païens, entretiens ascétiques en réponse à un disciple du nom d'Alexandre. La diffusion de ces homélies dans les milieux latins a suscité l'hypothèse d'un auteur fictif appelé l'"Eusèbe de Gaule".

323 EUTYCHIUS DE CONSTANTINOPLE. Né en Asie Mineure vers 512, il devient moine et archimandrite d'Amasée dans le Pont. Envoyé à Constantinople par son évêque, il en devient le patriarche en 552 et, à ce titre, préside le 5e concile oecuménique. En 565, l'empereur Justinien I er dépose et bannit Eutychius pour ses opinions théologiques, mais Justin II le rappelle à Constantinople en 577. Vers la fin de sa vie, Eutychius nie la résurrection des corps, mais il en devient convaincu par les arguments de Grégoire le Grand , alors légat du pape à Constantinople. Il meurt le dimanche de Pâques 582, à 70 ans, en proclamant sa foi en la résurrection. A part une lettre écrite par lui au pape Vigile, seuls restent quelques fragments de ses écrits.

324 FRANÇOIS DE SALES (SAINT). Né en Savoie en 1567, il est formé à Annecy, Paris et Padoue. En 1593 il est ordonné prêtre et dès l'année suivante, il entreprend courageusement de ramener au catholicisme le peuple du Chablais devenu calviniste. Par son zèle ardent, sa douceur et son bon sens (il est le premier grand théologien catholique écrivant en français), il convertit 8000 personnes en deux ans. Promu d'abord coadjuteur de l'évêque de Genève, il lui succède en 1602. Avec sainte Jeanne Françoise de Chantal, il fonde l'ordre de la Visitation. Ses oeuvres les plus connues sont l'Introduction à la vie dévote et le Traité de l'amour de Dieu. Il meurt en 1622, âgé de 55 ans.

325 GAUDENCE DE BRESCIA (SAINT). Il succède à l'évêque Philastre peu avant 397 et gouverne son diocèse pendant quatorze ans. Ami d'Ambroise et de Jean Chrysostome , en 404-405 il plaide la cause de celui-ci à Constantinople comme légat du pape Innocent I er. Gaudence meurt en 410. Ses Sermons, connus et utilisés par Léon le Grand , sont importants par leur enseignement sur l'eucharistie.

326 GEOFFROY D'ADMONT. Il entre dans le célèbre monastère de Saint-Georges en forêt hercynienne, où il fait profession de moine bénédictin à Hirsau. Il devient successivement abbé de Weingarten, prieur de Saint-Georges et, en 1137, abbé des deux communautés de moines et de moniales à Admont en Styrie. Sous sa règle, Admont devient bientôt une école de sainteté et de science ainsi qu'un centre réformateur. Pas moins de treize de ses moines deviennent abbés de divers monastères et d'autres viennent en aide à des communautés de moniales. Geoffroy est connu pour ses Sermons des dimanches et fêtes. Il meurt en 1165.

327 GRÉGOIRE D'ANTIOCHE. D'abord higoumène d'une laure byzantine à Jérusalem, puis d'un monastère au Sinaï, il succède à Anastase en 570 comme évêque d'Antioche. Partisan convaincu du concile de Chalcédoine, il met toute son énergie à ramener à la foi orthodoxe les monastères et la population du Bas-Euphrate. On a quelques doutes sur l'authenticité des Homélies qui lui sont attribuées. Il meurt en 593.

328 GRÉGOIRE LE GRAND (SAINT). Né à Rome vers 540, Grégoire est un des quatre grands docteurs de l'Église d'Occident. Le pape Félix m (483-492) était son arrière grand-père. Après une brillante carrière dans le monde, il devient moine, faisant de sa maison du "Clivus Scauri" un monastère dédié à saint André. De 578 à 585, il est à la cour impériale de Constantinople, comme nonce du pape (apocrisiaire). Ses Morales sur Job sont des conférences données, à leur demande, au petit groupe de moines qui l'accompagnent. Le 3 septembre 590, il succède à Pelage II sur le siège de Pierre. A part Léon le Grand , Grégoire est le seul pape qui ait laissé des exemples de sa prédication au peuple de Rome. Ce sont les Homélies sur les évangiles et sur Ezékiel. Son Pastoral sera au moyen âge le manuel des évêques. Grégoire est aussi connu comme l'apôtre de l'Angleterre, où il envoie des moines missionnaires avec saint Augustin de Cantorbéry. Il meurt en 604, âgé d'environ 64 ans.

329 GRÉGOIRE DE NAZIANZE (SAINT). Né en 329, il est un des trois célèbres Pères Cappadociens avec Basile le Grand et Grégoire de Nysse . Désirant avoir une vie retirée et contemplative, il se fait moine. Mais vers 362 son père, évêque de Nazianze, l'ordonne prêtre contre son gré. Dix ans plus tard il est élevé à l'épiscopat par son ami saint Basile. En 379, il est appelé à Constantinople pour aider, par sa prédication, à rétablir la foi de Nicée jusqu'à son acceptation définitive au concile de Constantinople en 381. Ses cinq Discours théologiques, donnés pour défendre la doctrine trinitaire orthodoxe, lui ont valu le titre glorieux de "Théologien". Il est aussi l'auteur de nombreux panégyriques, de 244 lettres et d'une oeuvre poétique très variée de 18.000 vers. Il meurt en 389, âgé de 60 ans.

330 GRÉGOIRE DE NYSSE (SAINT). Né vers 330, il est le plus jeune frère de Basile le Grand, choisit la carrière de rhéteur et épouse Théosébie. En 371 il accepte à contre-coeur la dignité épiscopale que lui impose Basile, devenu métropolite de Césarée en Cappadoce. Grégoire y prend le gouvernement du diocèse de Nysse, mais il ne se sépare pas de son épouse, à laquelle il donne les honneurs de la sépulture en 385. Comme philosophe et théologien, il est supérieur aux deux autres Cappadociens et le premier, après Origène , à tenter une présentation philosophique des vérités dogmatiques. Doué aussi bien intellectuellement que spirituellement, il mérite son titre de "Père du mysticisme chrétien". Très apprécié à la cour impériale pour son éloquence, il meurt en 395, âgé d'environ 65 ans.

331 GRÉGOIRE PALAMAS *. Il est né à Constantinople en 1296. La piété de ses parents lui inspire une vocation monastique, si bien qu'à 20 ans il devient moine au Mont Athos et, en 1347, évêque de Thessalonique. Suivant l'enseignement biblique, il assure que corps et âme forment un tout parfaitement un. C'est pourquoi il recommande les exercices physiques pratiqués dans la prière par les Hésychastes. Comme Basile et Grégoire de Nysse , il enseigne que l'intelligence peut comprendre Dieu dans son essence, et que la substance de Dieu, distincte de son action, en est cependant inséparable. L'une de ces énergies divines est la lumière incréée vue par les Apôtres au Thabor. Elle est tantôt une illumination intérieure, tantôt manifestée extérieurement. Grégoire meurt en 1359, à 63 ans.

332 GRÉGOIRE LE THAUMATURGE (SAINT). Né dans le Pont (Asie Mineure) à Néocésarée vers 213, il devient chrétien après avoir suivi pendant cinq ans, avec son frère, un cours donné par Origène à Césarée de Palestine. A son départ, en 238, il prononce devant son maître le discours de remerciement qui nous renseigne sur la méthode pédagogique d'Origène. Quelques années après, il est consacré premier évêque de sa ville natale. En 264-265, il participe activement au concile d'Antioche contre Paul de Samosate. Puis il continue de travailler avec succès en prêchant inlassablement, si bien qu'il arrive à convertir au christianisme pratiquement toute la province du Pont. Il meurt vers 270, âgé d'environ 57 ans.

333 GUERRIC D'IGNY (BIENHEUREUX). Né vers 1075, il reçoit probablement son éducation à l'école cathédrale de Tournai, sous l'influence d'Odon de Cambrai. Il semble avoir vécu dans la prière et l'étude près de la cathédrale de Tournai. Après une visite à Clairvaux pour consulter saint Bernard, on le trouve mentionné par celui-ci comme novice dans une lettre de 1125-1126. Puis il devient abbé d'Igny, au diocèse de Reims en 1138. On a de lui une série de 54 Sermons donnés à ses moines pour les dimanches et les jours de fête. Sa spiritualité reste marquée par l'influence d'Origène . Guerric meurt en 1157, âgé d'environ 80 ans.

334 HILAIRE (SAINT). Il est né à Poitiers vers 315 d'une noble famille païenne. Ses recherches philosophiques sur le sens de la vie le conduisent à l'étude de la Bible et au baptême. Bien que marié et père d'une fille, il est élu évêque de sa ville natale en 353. Deux ans plus tard il organise la défense des évêques gaulois contre Saturnin d'Arles, champion de l'arianisme. Condamné à l'exil en Asie Mineure, il compose son grand ouvrage théologique De la Trinité. Puis il est renvoyé en Gaule, où il obtient une nouvelle excommunication contre Saturnin, si bien que toute la Gaule revient à la foi catholique. Principal adversaire de l'arianisme, Hilaire mérite le titre d'"Athanase de l'Occident". Il est aussi l'auteur d'un Commentaire sur l'évangile de Matthieu et d'un Commentaire sur une sélection de psaumes. Son style est parfois difficile, obscur, et il recourt souvent à l'allégorie. Il meurt en 367 à l'âge d'environ 52 ans.

335 HIPPOLYTE (SAINT). Né vers 170 et venu probablement de l'Orient grec, on le trouve prêtre à Rome en 212, avec Origène pour auditeur. Ambitieux et rigoriste, il entre en conflit avec le pape Calliste (217-222) qu'il accuse d'indulgence excessive pour les pécheurs. Élu antipape par un groupe de fidèles peu nombreux, mais riches et influents, il persévère dans le schisme sous les pontificats d'Urbain (222-230) et de Pontien (230-235). Pendant la persécution de Maximin le Thrace, les deux évêques rivaux Pon tien et Hippolyte se retrouvent en Sardaigne, condamnés aux mines. Réconcilié avec Pontien, Hippolyte exhorte ses partisans à mettre fin au schisme. Tous deux meurent martyrs en 235. Leurs corps sont ramenés à Rome et inhumés, le 13 août 236 ou 237, dans la même chambre sépulcrale. Hippolyte a laissé des oeuvres nombreuses, parmi lesquelles l'Elenchos ou Réfutation de toutes les hérésies, la Tradition apostolique, des commentaires exégétiques, des écrits dogmatiques et une vaste Chronique universelle, de la création du monde à l'an 234 après J. C., un an avant le martyre d'Hippolyte âgé de 65 ans.

336 IRÉNÉE (SAINT). Né vers 140 en Asie Mineure, sans doute àx Smyrne, il est disciple de Polycarpe, puis prêtre de l'Église de Lyon. Il se rend à Rome pour intervenir auprès du pape Éleuthère en faveur de la paix de l'Église, troublée par le mouvement prophétique de Montan. Revenu à Lyon, il succède à l'évêque Pothin, mort martyr, et évangélise les Celtes en combattant les hérésies locales. Il écrit en grec, sa langue maternelle, plusieurs traités dont deux seuls subsistent: VAdversus haereses, réfutation du dualisme gnostique, et la Démonstration de la prédication apostolique, qui a un caractère catéchétique et édifiant sans polémique directe. Lorsque le pape Victor veut imposer partout la date pascale suivie par Rome et d'autres Églises, et qu'il veut excommunier les évêques d'Asie qui suivent un autre usage, Irénée, qui porte bien son nom de "pacifique", l'exhorte à la conciliation. Au coeur de sa théologie se trouve une vision de l'unité qui récapitule toutes choses dans le Christ, le nouvel Adam. Irénée meurt en 202, à l'âge d'environ 60 ans.

337 JACQUES DE SAROUG. Né vers 451 à Batna, près d'Edesse, ce syrien orthodoxe est un poète ordonné prêtre. Très actif pour encourager son peuple qui souffre de la part des Perses, il devient évêque de Batna. Auteur de nombreuses lettres, homélies, oraisons funèbres et biographies édifiantes, traducteur des six Centuries d'Évagre, il est surtout connu pour ses Homélies en vers d'une haute poésie, dont la Passion du Sauveur en 3.300 vers, ses chants religieux, toujours en usage dans la liturgie, et ses anaphores. Mort en 521, âgé d'environ 70 ans, il est vénéré par les Maronites, les Jacobites et les Arméniens.

338 JEAN CASSIEN (SAINT). Né vers 360 dans la province romaine de Scythie Mineure (Dobroudja en Bulgarie), il révèle à l'Occident le monachisme de l'Orient, influençant ainsi le développement de la spiritualité ascétique. Après son initiation à la vie monastique à Bethléem, il passe quatorze ans au désert chez les moines d'Egypte pour se pénétrer de la sagesse des Pères. Ordonné diacre par Jean Chrysostome à Constantinople, il devient son avocat à Rome, où il est ordonné prêtre. Enfin il se fixe à Marseille en 415, où il fonde un monastère d'hommes (Saint-Victor) et un autre de femmes. Ses grandes oeuvres sont les Institutions sur les règles des monastères, et les 24 Conférences des Pères, au contenu édifiant. Cassien est entré en controverse avec saint Augustin à propos de la grâce et du libre arbitre, mais leurs échanges restent marqués d'un respect mutuel. Si Cassien insiste tant sur l'effort nécessaire dans la vie ascétique, c'est parce qu'il présuppose toujours l'action de la grâce: d'où l'importance énorme donnée à la prière. L'étiquette de semi-pélagien attaché à son nom par le 2e concile d'Orange en 529 lui a fait du tort. Il meurt en 435, âgé d'environ 75 ans. A Marseille et en Orient, il est vénéré comme un saint.

339 JEAN CHRYSOSTOME (SAINT). Né à Antioche vers 347, il est élevé par sa pieuse mère, veuve à l'âge de 20 ans. Puis il étudie sous Diodore de Tarse, le chef de l'école antiochienne de théologie. Après une période de grande austérité érémitique, il retourne à Antioche où il est ordonné diacre en 381, et prêtre en 386. Jusqu'en 397, il considère comme son devoir de prêcher dans la principale église de la ville. Ses meilleures homélies datent de cette époque: elles lui valent le surnom de "Chrysostome", c'est-à-dire "Bouche d'or". En 397 il devient patriarche de Constantinople, où ses efforts pour réformer la cour, le clergé et le peuple le conduisent à l'exil en 404. Épuisé par les privations et les épreuves, il meurt en 407, à 60 ans. Son mérite est d'avoir défendu la divinité du Christ contre les Ariens autant que son humanité contre les Apollinaristes. Peu enclin à la spéculation, il est avant tout un pasteur d'âmes, et il demeure l'une des personnalités les plus attachantes de l'Église des premiers siècles. Les Byzantins l'associent à Basile et Grégoire de Nazianze dans la fête des Trois Hiérarques, le 30 janvier.

340 JEAN DE DAMAS (SAINT). Né à Damas vers 640, il serait mort vers 744, à 104 ans, comme beaucoup d'autres moines du désert de Juda morts à un âge très avancé. Damas étant tombée, en 635, sous la domination arabe, Jean devient le successeur de son père à un poste élevé de l'administration des finances. Dès cette époque, il compose en prose et en vers. Le calife voulant arabiser l'administration, Jean démissionne et devient moine au monastère de Saint-Sabas dans la vallée du Cédron. A contrecoeur, il reçoit l'ordination sacerdotale des mains du patriarche Jean V de Jérusalem. Tout le reste de sa vie, il sera un prédicateur voué à la prière et aux travaux littéraires. Il donne d'excellentes homélies et, comme son frère adoptif Cosmas le Mélode, il compose d'admirables chants liturgiques. Son oeuvre principale est La Source de la connaissance, en trois parties: introduction philosophique à la dogmatique, histoire des hérésies, exposé de la foi orthodoxe. Il est aussi l'auteur de quatre traités dogmatiques, d'écrits polémiques sur le culte des images et des reliques, de deux traités contre le nestorianisme, de trois autres contre le monophysisme, d'un commentaire sur les épures de saint Paul, d'ouvrages hagiographiques et liturgiques. Il demeure toujours vivant dans l'Église grecque par ses chants liturgiques, en particulier ses Canons de 9 odes.

341 JEAN SCOT ÉRIGÈNE. Ses contemporains l'appelaient l'"Irlandais", nom confirmé par le pléonasme traditionnel qu'il affectionnait: né en Irlande (la verte Erin). Il vit dans le milieu irlandais de Laon, et l'on ne sait rien de lui avant 850-851, lors de la controverse sur la prédestination. La qualité de ses cours, notamment sur la dialectique et l'astronomie, attire sur lui l'attention d'Hincmar de Reims et de l'évêque de Laon. Érigène compose alors son traité Sur la prédestination. En outre, il jouit de la confiance de Charles le Chauve qui le charge de retraduire les oeuvres du Pseudo-Denys l'Aréopagite , version qu'il termine vers 862. Il traduit aussi les Ambigua de Maxime le Confesseur et rédige le De divisione naturae de 862 à 867. Son oeuvre s'achève sur un commentaire incomplet de l'évangile de Jean et une homélie sur le Prologue. On ignore ce qu'il devint après 870. Retiré en Angleterre comme confident du roi Alfred, il serait mort à Malmesbury, poignardé par des élèves, puis honoré comme martyr.

342 JULIEN DE VÉZELAY. Né vers 1085 au nord de la Seine, on le retrouve vers 1150 moine à Vézelay, où il est chargé de la vie spirituelle de la communauté. A la demande de l'abbé Pons de Montboisier (+ 1161), il publie un recueil de 27 Sermons donnés aux moines. Il y montre une culture littéraire très poussée (connaissance des classiques latins et de la philosophie grecque, surtout Platon), un attachement certain aux traditions patristiques, le goût d'un allégorisme discret. Ses sermons traitent de divers sujets: péché originel, justification, prédestination, rédemption, eucharistie, exigences de la foi, profession monastique et stabilité, dont il est un farouche défenseur. Lorsqu'il prononce ses fameux sermons, il a déjà 50 ans de profession monastique. Il meurt vers 1160-1165, âgé d'environ 80 ans.

343 LANSPERGE (JEAN JUSTUS). Né en 1489-1490, il est ainsi appelé du lieu de sa naissance en Bavière. Il reçoit le grade de bachelier-ès-arts à Cologne, où il entre dans la célèbre chartreuse de Sainte-Barbe. Après sa profession, en 1509, il suit le cours normal qui le conduit au sacerdoce. De 1530 à 1535, il est prieur de la chartreuse de Vogelsang, et en même temps prédicateur à la cour de Jean III, duc de Juliers, Clèves et Berg: fonction peu commune pour un chartreux. Lansperge est un des meilleurs écrivains spirituels de son temps, le trait caractéristique de sa spiritualité étant la contemplation du Christ, l'Homme-Dieu, dans sa vie, sa passion et sa mort. Il est aussi l'éditeur des oeuvres de sainte Gertrude, apôtre au moyen âge de la dévotion au Coeur de Jésus, dont il a été lui-même l'un des pionniers. Lansperge meurt en 1539, à 50 ans.

344 LAURENT DE BRINDES (SAINT). Né à Brindisi en 1559, baptisé sous le nom de Jules César, puis éduqué à Venise, il entre chez les Capucins de Vérone qui l'envoient à Padoue pour étudier la philosophie et la théologie. Doué d'une mémoire prodigieuse, il a la réputation de connaître par coeur l'Ecriture dans le texte original; ce qui le rend capable de convertir beaucoup de Juifs. Lui-même étant élevé à un haut degré de contemplation, il prêche l'Évangile à de grandes foules, touchant les coeurs de ceux qui l'entendent par sa parole ardente et enjouée. Il parcourt inlassablement Hongrie, Bohême, Belgique, Suisse, Allemagne, France, Espagne, Portugal. Il excelle dans les missions militaires et anime la lutte contre les Turcs en 1601, armé seulement d'un crucifix. De 1602 à 1615, il est ministre général des Capucins. Il meurt lors d'une ambassade à Lisbonne en 1519, âgé de 60 ans. Ses oeuvres comprennent huit volumes de Sermons, des Commentaires sur la Genèse et Ezékiel, des traités didactiques et de controverse.

345 LÉON LE GRAND (SAINT). Né vers l'an 400, il est élu pape en 440. Vivant à une époque de grands désordres, il agit efficacement pour fortifier l'influence du Siège de Rome. Lors de l'invasion de l'Italie par les Huns, il va courageusement trouver Attila et l'arrête près de Mantoue. En 455, il assiste impuissant au pillage de la ville par les Vandales. Dans le malheur, Léon reste l'âme de son peuple. Pendant ce temps, en Orient, l'hérétique Eutychès met en péril la vérité de l'Incarnation. Sans être un théologien spécialisé, Léon sait parler avec force et clarté. Au concile de Chalcédoine, en 451, il tient une position doctrinale ferme, acclamée par tous les évêques qui s'écrient: "Pierre a parlé par la bouche de Léon!" Il reste de lui 143 lettres et 96 Sermons traitant de l'année liturgique. Il meurt en 461, âgé d'environ 60 ans.

346 MANUEL II PALÉOLOGUE *. Cet empereur byzantin n'est pas un père de l'Église, mais un auteur chrétien de grand talent. Né à Constantinople en 1350, associé au gouvernement de l'empire à 23 ans, il ne sera couronné que vingt ans plus tard, après la mort de son père. Fuyant la menace des Turcs, il fait un séjour de trois ans en Europe pour chercher du secours. A Paris, il organise une controverse sur le "Filioque" avec un moine de Saint-Denis. Il retourne dans sa patrie, mais, après vingt ans de répit, Constantinople est de nouveau menacée. En 1422, Manuel, frappé d'hémiplégie, abdique en faveur de son fils Jean VIII. Il meurt en 1425, âgé de 75 ans. Ses graves soucis politiques n'ont pas nui à ses talents d'écrivain et ses oeuvres nombreuses sont partiellement éditées, entre autres un traité apologétique intitulé Entretien avec un Musulman. Manuel II est aussi l'auteur de lettres et d'homélies, notamment sur la Dormition de Marie. Des discussions relatives à l'union des chrétiens eurent lieu sous son règne, surtout au concile de Constance (1417), mais elles furent vouées à l'échec.


Homéliaire patristique 308