Homéliaire patristique 180

10e dimanche du temps ordinaire C

180 Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 7,11-17)

Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu'une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l'on transportait un mort pour l'enterrer; c'était un fils unique, et sa mère était veuve.

Homélie

Il y a mieux que les miracles visibles

Homélie de saint Augustin (+ 430)

Sermon 98, 1-3; PL 38, 591-592.

Les miracles de notre Seigneur et Sauveur, Jésus Christ, font certainement impression sur tous les croyants qui les entendent raconter. Mais cette impression n'est pas la même pour tous. Les uns s'extasient devant ses miracles matériels, mais n'ont pas l'intelligence d'autres miracles plus grands encore. Les autres s'émerveillent bien davantage de voir s'accomplir aujourd'hui dans les âmes les miracles que le Christ a opérés dans les corps.

Que personne donc, s'il est chrétien, ne doute qu'aujourd'hui encore des morts ressuscitent. Tout homme, il est vrai, a des yeux qui lui permettent de voir un mort ressusciter, comme le fils de la veuve, dont parle l'évangile qui vient d'être lu. Quant à voir ressusciter des hommes morts spirituellement, tous n'en sont pas capables. Seuls le peuvent ceux qui sont déjà eux-mêmes ressuscites spirituellement. Ressusciter quelqu'un pour la vie éternelle est un miracle plus grand que de ressusciter quelqu'un qui est destiné à mourir une seconde fois.

La veuve, mère de ce jeune homme, s'est réjouie de sa résurrection. L'Église, notre mère, se réjouit de voir chaque jour des hommes ressusciter spirituellement. Lui, il était mort de la mort du corps; eux, de la mort de l'âme. Sa mort visible avait donné lieu à des lamentations publiques, puisque leur mort invisible n'a attiré ni l'attention ni les regards des hommes. Le seul à se soucier d'eux était celui qui les savait morts, et le seul qui les savait morts était celui qui pouvait leur rendre la vie.

Oui, vraiment, si le Seigneur n'était pas venu ressusciter les morts, l'Apôtre n'aurait pas pu dire: Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera (Ép 5,14).

Quand tu l'entends dire: Réveille-toi, ô toi qui dors, tu penses que quelqu'un est en train de dormir. Mais les mots suivants: Relève-toi d'entre les morts te font comprendre qu'il s'agit bien d'un mort. Des morts visibles aussi, on dit souvent qu'ils dorment. De toute évidence, ils dorment tous pour celui qui a le pouvoir de les réveiller.

Pour toi, un mort est réellement mort: tu as beau le secouer à ton gré, le pincer, mettre son corps en pièces, il ne se réveillera pas. Mais pour le Christ qui a dit au jeune homme: Lève-toi (Lc 7,17), celui-ci était en train de dormir, et il s'est levé aussitôt. Il est plus facile au Christ de faire lever un mort de sa tombe qu'à quiconque de réveiller un homme dans son lit. <>

En vérité, notre Seigneur Jésus Christ voulait que ses actions visibles soient également comprises dans leur sens spirituel. Or il n'opérait pas de miracles pour faire des miracles seulement, mais pour que ses oeuvres soient un sujet d'admiration pour ceux qui les voyaient, et une source de vérité pour ceux qui les comprenaient. Prenons un exemple. Celui qui voit dans un livre des lettres d'une belle écriture, mais ne sait pas lire, peut bien admirer la beauté des caractères et louer la dextérité du copiste: il ne sait pas ce que ces lettres signifient ni ce qu'elles représentent. Ainsi, il loue ce que voient ses yeux, mais son esprit ne saisit rien. Un autre, en revanche, loue l'habileté du scribe et comprend le sens des mots. Il voit, bien sûr, le texte que tous peuvent voir, mais en outre il peut le lire: ce qui est impossible au premier, qui ne l'a pas appris.

De même, parmi ceux qui ont vu les miracles du Christ, les uns n'ont pas compris ce qu'ils signifiaient, ni ce qu'ils enseignaient, d'une certaine manière, à ceux qui en avaient l'intelligence; ils n'ont fait qu'admirer de simples faits matériels. Les autres sont tombés en admiration devant ces prodiges et ont compris en outre ce qu'ils signifiaient. A l'école du Christ, nous devons leur ressembler.

Prière

Seigneur, source de tout bien, réponds sans te lasser à notre appel: inspire-nous ce qui est juste, aide-nous à l'accomplir. Par Jésus Christ.

ou bien

Dieu très bon, c'est ta tendresse que Jésus a manifestée quand il a pris en pitié une mère et lui a rendu son fils unique; c'est ton amour pour tous les hommes qu'il a révélé en partageant leurs souffrances et leur mort. Console ceux qui pleurent, réconforte ceux qui sont dans le deuil et ranime en nous la foi en la victoire sur la mort de ton Fils Jésus Christ, notre Seigneur. Lui qui règne.


11e dimanche du temps ordinaire C

181 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 7,36-8,3)

Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table. Survint une femme de la ville, une pécheresse. Elle avait appris que Jésus mangeait chez le pharisien, et elle apportait un vase précieux plein de parfum.

La miséricorde de Jésus

Homélie d'un auteur syriaque anonyme (6e siècle)

Homélies anonymes sur la pécheresse, 1, 4.5.19 26.28; d'après la traduction du syriaque par F. graffin, dans L'Orient syrien, 7, 1962, 179.181 189.193.195.

L'amour de Dieu, sorti à la recherche des pécheurs, nous est proclamé par une femme pécheresse. Car en appelant celle-ci, c'est notre race tout entière que le Christ invitait à l'amour; et en sa personne, ce sont tous les pécheurs qu'il attirait à son pardon. Il parlait à elle seule; mais il conviait à sa grâce la création tout entière. Personne d'autre ne l'a persuadé de lui donner la main pour qu'elle vienne au pardon. Seul son amour pour celle qu'il a modelée l'a persuadé, et sa grâce l'a prié pour l'oeuvre de ses mains.

Qui ne serait touché par la miséricorde du Christ, lui qui, pour sauver une pécheresse, accepta l'invitation d'un pharisien? A cause de celle qui est affamée de pardon, il veut lui-même avoir f aim de la table de Simon le pharisien, alors que, sous l'apparence d'une table de pain, il avait préparé à la pécheresse une table de repentance.

Le pasteur est descendu du ciel vers la brebis perdue, pour reprendre, dans la maison de Simon, celle qu'avait enlevée le loup rusé. Chez Simon le pharisien, il a trouvé celle qu'il cherchait. <>

Quand elle voyait les pieds de Jésus, la pécheresse les regardait comme le symbole de son incarnation, et quand elle les saisissait, elle croyait saisir son Dieu pour ain si dire au niveau de sa nature corporelle. Par ses paroles, elle le priait comme son Créateur. Car il est clair que ses paroles, quoique non écrites, se laissent deviner par ses gestes. Celle qui, de ses larmes, baigne les pieds de Jésus, les essuie avec ses cheveux, verse sur eux un parfum de grand prix, ne peut que dire des paroles correspondant à ses actes. C'est une prière qu'elle présente au Dieu fait chair: en lui apportant son humilité, elle témoigne de sa confiance en lui. Et par le dialogue qu'ils ont entre eux, elle apporte la preuve qu'il est réellement homme. <>

Telles furent donc les paroles adressées à Jésus par la pécheresse, quand elle se tenait à ses pieds. Lui, dans sa patience, les écoutait, et il proclamait par son silence la constance d e la femme. Par sa patience, il proclamait l'endurance de cette femme, et par sa bienveillance il approuvait son audace. Il montrait que c'était justice qu'elle obtienne de lui le pardon devant tous les invités. Il ne parla pas aussitôt, et, quand il parla, il ne dit qu'une parole. Mais, par cette parole, il détruisit les péchés, supprima les fautes, chassa l'iniquité, accorda le pardon, extirpa le péché, fit germer la justice. Son pardon apparut soudainement au-dedans de son âme et en chassa les ténèbres du péché: elle fut guérie, elle reprit sens et, avec la santé, recouvra la force. Car c'est ainsi que Jésus a coutume d'accorder ses dons: en plénitude. Il le fait aisément puisqu'il est le Dieu de l'univers. <>

Afin qu'il en soit ainsi pour toi, prends conscience que ton péché est grand, mais que désespérer de ton pardon, parce que ton péché te semble trop grand, c'est blasphémer contre Dieu et te faire du tort à toi-même. Car s'il a promis de pardonner tes péchés quel que soit leur nombre, vas-tu lui dire que tu ne peux pas le croire et lui déclarer: "Mon péché est trop grand pour que tu le pardonnes. Tu ne peux pas me guérir de mes maladies"? Là, arrête-toi et crie avec le prophète: J'ai péché contre toi, Seigneur (2S 12,13). Aussitôt il te répondra: "Moi, j'ai passé par-dessus ta faute; tu ne mourras pas." A lui, la gloire par nous tous, dans les siècles. Amen.

Prière

Dieu tout-puissant, force de ceux qui espèrent en toi, sois favorable à nos appels: puisque l'homme est fragile et que sans toi il ne peut rien, donne-nous toujours le secours de ta grâce; ainsi nous pourrons, en observant tes commandements, vouloir et agir de manière à répondre à ton amour. Par Jésus Christ.

ou bien

Dieu très bon, dans le parfum et les larmes de la pécheresse, ton Fils a reconnu le signe d'un grand amour. Révèle-nous la profondeur de ton pardon. Émerveillés de ta miséricorde, nous serons capables de porter le poids de nos péchés, grâce au soutien de celui qui nous a aimés, Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur. Lui qui règne.


12e dimanche du temps ordinaire C

182 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 9,18-24)

Un jour, Jésus priait à l'écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogeait: "Pour la foule, qui suis-je?" Ils répondirent: "Jean Baptiste; pour d'autres, Élie; pour d'autres, un prophète d'autrefois qui serait ressuscité."

Homélie

Qui est Jésus?

Homélie de saint Cyrille d'Alexandrie (+ 444)

Commentaire de l'évangile de Luc, 9, 5, 18.21; PG 72, 645-652. Ou: 49, éd. R. M. tonneau; CSCO Syr 70, 110-115.

Un jour, Jésus priait à l'écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea: Pour la foule, qui suis-je (Lc 9,18)? Ainsi, en priant à l'écart, en compagnie des seuls disciples, le Sauveur et Seigneur du monde leur donnait l'exemple d'une vie sainte. Ce qu'il faisait là risquait pourtant de jeter le trouble dans l'esprit des disciples. En effet, ils le voyaient prier à la manière des hommes, alors que la veille il avait accompli sous leurs yeux des prodiges dignes d'un Dieu. Ils pouvaient donc se demander, avec de bonnes raisons: "Que devons-nous croire à son sujet? Est-il Dieu, ou bien homme?" <>

Jésus leur a donc posé cette question pour leur éviter d'être troublés par de semblables pensées. Comme il n'ignorait rien de ce qu'on répétait à son sujet en dehors de leur groupe, il voulait d'autant plus les détourner de l'opinion de la foule et faire naître en eux la foi droite. Il leur dit: Eh bien, pour la foule, qui suis-je? <>

Et Pierre encore s'élance le premier. Il se fait l'interprète de tout le groupe et prononce des paroles inspirées par l'amour de Dieu. Il proclame une juste confession de foi en Jésus, en le nommant le Christ de Dieu. Le disciple parle avec circonspection. A la vérité, il ne l'appelle pas seulement Christ, mais bien le Christ de Dieu.

De fait, un très grand nombre d'hommes ont été oints par Dieu, et, pour cette raison même, ont été appelés christs, en des sens différents. Certains, en effet, avaient reçu l'onction des rois, d'autres, l'onction des prophètes, et il en existe encore d'autres: nous-mêmes, qui avons obtenu notre délivrance par le Christ lui-même, notre Sauveur à tous, nous avons aussi reçu l'onction de l'Esprit Saint et nous portons le nom de christ. Il y a donc de très nombreux christs, appelés de ce nom par suite de l'onction, mais il n'y a qu'un seul et unique Christ de Dieu le Père. <>

Dès que le disciple eut fait cette profession de foi, le Seigneur leur défendit vivement de révéler à personne (qu'il était le Christ). Mais quoi? Les disciples n'auraient-ils pas dû plutôt aller l'annoncer de tous côtés? Telle était, en effet, la tâche de ceux qu'il avait désignés pour la mission. Mais, comme le dit la sainte Écriture, il y a un temps pour chaque chose (Qo 3,1). Avant de pouvoir annoncer le Christ, il fallait que surviennent d'autres événements prédits mais pas encore accomplis: c'était la croix, la passion, la mort corporelle, la résurrection d'entre les morts, ce grand miracle, vraiment inouï, attestant que l'Emmanuel est Dieu véritable et Fils de Dieu le Père par nature. <>

Il leur enjoignit donc d'entourer de silence le mystère, pour un temps, en attendant que tout le plan divin parvienne à son propre achèvement. Car, dès qu'il fut ressuscité d'entre les morts, il ordonna de révéler le mystère aux habitants de la terre entière, en offrant à tous la justification par la foi et la purification par le saint baptême. Il déclare en effet: Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit: et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde (Mt 28,18-20).

Prière

Fais-nous vivre à tout moment, Seigneur, dans l'amour et le respect de ton saint nom, toi qui ne cesses jamais de guider ceux que tu enracines solidement dans ton amour. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, toi dont le Fils a choisi d'être un Messie partageant nos souffrances et notre mort pour manifester ton amour sans mesure, fais-nous la grâce de découvrir qui est en vérité le Fils de l'homme et de porter avec lui notre croix sur le chemin qui mène à la vie éternelle. Par Jésus Christ.


13e dimanche du temps ordinaire C

183

Evangile

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 9,51-62)

Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem.

Homélie

Ce que veut Jésus

Commentaire de saint Hilaire (+ 367) sur le psaume 139

Commentaire sur les psaumes, ps 139, 12; CSEL 22, 784-785.

Sûr d'être protégé au jour du combat, le Christ fait aussi cette prière: Seigneur, n'accorde rien au pécheur à l'encontre de mon désir (cf. ps 139,9). Lui qui a dit: Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé (Jn 6,38), est également pressé de réaliser la tâche entreprise par obéissance, non sans toutefois nous rappeler qu'il peut exercer librement sa volonté.

Il veut, en vérité, ce qu'a voulu le Père. Par ces paroles: Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Jésus montre, en effet, qui est celui qui l'a envoyé et à qui il obéit, sans pourtant supprimer son vouloir propre. Il aspire donc à accomplir toutes les volontés de son Père. Il s'empresse aussi de réaliser tout ce que lui-même désire voir accompli dans sa passion, de peur qu'un pécheur ne prenne les devants pour le déjouer.

Il a ardemment désiré (Lc 22,15) manger la Pâque avec ses disciples. Il a célébré à la hâte le repas de la Pâque. Désirant boire le calice de sa passion, il a dit: Est-ce que je vais refuser la coupe que mon Père m'a donné à boire (Jn 10,11)? Quand les hommes qui le cherchaient se présentèrent pour se saisir de lui et demandèrent qui était Jésus, il s'avança de lui-même. Sachant qu'il devait boire la coupe de vinaigre, il demanda à la boire et, aussitôt après y avoir bu et après avoir ainsi mené à bonne fin son grand dessein, il dit: Tout est accompli (Jn 19,30), mettant dans ces mots toute sa joie de voir réalisé ce qu'il désirait tellement.

Dans les psaumes, le Christ avait souvent prié pour que sa vie soit préservée du glaive. Il avait annoncé qu'aucun de ses os ne serait brisé. Il avait prédit que sa tunique serait tirée au sort (Ps 21).

Il prie pour que tout cela se réalise selon son désir, afin que l'on croie en l'accomplissement des prophéties. Il ne veut pas que les pécheurs aient la possibilité d'agir sur un de ces événements, ni d'empêcher la célébration de la Pâque si ardemment désirée, ou qu'ils n'osent pas lui présenter la coupe de sa passion. Car la première réponse que le Sauveur avait adressée aux pécheurs venus l'arrêter, les avait tous terrassés.

Il ne faut pas que manque le vinaigre qui doit lui être offert, que le soldat lui perce le côté avant qu'il ne rende l'esprit, ni qu'il trouve dans la lenteur de sa mort un motif pour lui briser les os.

Il veut qu'aucune prophétie ne soit retranchée, et que rien de ce qu'il attend ne soit laissé au bon plaisir du pécheur. Il veut que s'accomplissent en lui tous les événements annoncés dans les prophéties et que lui-même désire. Et il prie pour leur réalisation, non qu'ils puissent ne pas s'accomplir, mais afin que les hommes comprennent que ces prophéties le concernaient.

Prière

Tu as voulu, Seigneur, qu'en recevant ta grâce nous devenions des fils de lumière; ne permets pas que l'erreur nous plonge dans la nuit, mais accorde-nous d'être toujours rayonnants de ta vérité. Par Jésus Christ.

ou bien

Dieu d'amour et de feu, tu fais miséricorde à ceux qui te repoussent, mais tu exiges de tes disciples un attachement sans partage. Prends-nous à ton service pour l'annonce du Royaume et accorde-nous de suivre, sans regard en arrière, Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur. Lui qui règne.


14e dimanche du temps ordinaire C

184 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 10,1-12 Lc 10,17-20)

Parmi ses disciples, Jésus en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller. Il leur dit: "La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux."

Homélie

La première moisson a lieu dans le peuple juif

Homélie de saint Augustin (+ 430)

Sermon 101, 1-211, PL 38, 605-607 610

L'évangile qui vient d'être lu nous invite à nous interroger sur la moisson dont le Seigneur a dit: La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson (Lc 10,2). Alors, aux douze disciples auxquels il avait donné le nom d'Apôtres, il en adjoignit soixante-douze autres. Puis il les envoya tous, comme ses paroles l'indiquent, à une moisson déjà préparée.

Quelle était donc cette moisson? Certainement pas la moisson des païens, puisque chez eux rien n'avait été semé. Il nous faut donc l'entendre du peuple juif. C'est pour cette moisson-là qu'est venu le maître de la moisson, et il y a envoyé ses moissonneurs. Quant aux païens, il leur a envoyé des semeurs, non des moissonneurs. Sachons donc que la moisson était faite chez les Juifs et les semailles chez les païens. Le Seigneur avait choisi ses Apôtres dans cette moisson, où le grain était mûr et prêt à être coupé, car les prophètes l'y avaient semé. Quel plaisir de parcourir du regard la terre que Dieu cultive! Quel délice de contempler ses dons et les ouvriers qui travaillent dans son champ! <>

Vous pouvez y observer deux moissons, l'une qui est en cours, l'autre, encore à faire; celle-ci chez les païens, celle-là chez les Juifs. Prouvons ce que nous venons de dire en nous appuyant simplement sur la divine Écriture, celle du maître de la moisson. Voici. Nous savons qu'il est dit dans le passage que nous venons d'entendre: La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson. <>

Il est bien dans mon propos de vous montrer que la moisson a rapport aux peuples parmi lesquels les prophètes ont prêché. Ce sont eux en effet qui étaient les semeurs, afin que les Apôtres puissent être les moissonneurs. <> Pour germer et grandir, le blé avait dû être semé par les prophètes; arrivé à maturité, il attendait que les Apôtres viennent le moissonner. <> Le Seigneur n'a-t-il pas déclaré alors à ses disciples: Vous dites que l'été est encore loin. Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson (Jn 4,35). Il a dit encore: D'autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux (Jn 4,38). Abraham, Isaac, Jacob, Moïse et les prophètes ont pris de la peine. Ils ont peiné pour semer le grain. A son avènement, le Seigneur a trouvé la moisson mûre. Et il a envoyé les moissonneurs avec la faux de l'Évangile. <>

Les prédicateurs de l'Évangile ne saluent personne en chemin. Ils ne veulent rien faire d'autre qu'annoncer la Bonne Nouvelle par amour de leurs frères. Qu'ils entrent dans les maisons et qu'ils disent: Paix à cette maison (Lc 10,5). Ils ne se bornent pas à en parler, mais ils répandent la paix dont ils sont remplis. Ils proclament la paix et la possèdent. <> Celui qui est rempli de paix salue en disant: Paix à cette maison. S'il y a là un ami de la paix, la paix du messager ira reposer sur lui (Lc 10,6).

Prière

Dieu qui as relevé le monde par les abaissements de ton Fils, donne à tes fidèles une joie sainte: tu les as tirés de l'esclavage du péché; fais-leur connaître le bonheur impérissable. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur Dieu, maître de la terre, nous te prions d'envoyer dans ta moisson de nombreux ouvriers, des hommes désintéressés, des artisans de paix. Qu'ils proclament par leurs paroles et par toute leur vie que ton Règne est arrivé et que la puissance du mal est vaincue. Par Jésus Christ.


15e dimanche du temps ordinaire C

185 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 10,25-37)

Pour mettre Jésus à l'épreuve, un docteur de la Loi lui posa cette question: "Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle?" Jésus lui demanda: "Dans la Loi, qu'y a-t-il d'écrit? Que lis-tu?"

Homélie

Le Christ, bon Samaritain

Homélie d'Origène (+ 253)

Homélies sur l'évangile de Luc, 34, 3 7-9, GCS 9, 201 202 204-205

D'après un ancien qui voulait interpréter la parabole du bon Samaritain, l'homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho représente Adam, Jérusalem le paradis, Jéricho le monde, les brigands les forces hostiles, le prêtre la Loi, le lévite les prophètes, le Samaritain le Christ.

Par ailleurs, les blessures symbolisent la désobéissance, la monture le corps du Seigneur, et le "pandochium", c'est-à-dire l'auberge accueillant tous ceux qui veulent y entrer, est l'image de l'Église. En outre, les deux deniers représentent le Père et le Fils, l'aubergiste le chef de l'Église qui a charge de l'administrer. Et la promesse de revenir, faite par le Samaritain, figure, selon cet interprète, le second avènement du Seigneur. <>

Le Samaritain avait de l'huile dont l'Écriture dit: Que l'huile fasse briller le visage (Ps 103,15), le visage de celui dont il avait pris soin, assurément. Pour calmer l'inflammation des plaies, il les nettoya avec de l'huile et aussi avec du vin mêlé de quelque substance amère. Puis il chargea le blessé sur sa monture, c'est-à-dire sur son propre corps, puisqu'il a daigné assumer la condition de l'homme.

Ce Samaritain porte nos péchés (Mt 8,17) et souffre pour nous. Il porte le moribond et le conduit dans une auberge, c'est-à-dire dans l'Église. Celle-ci est ouverte à tous, elle ne refuse son secours à personne et tous y sont invités par Jésus: Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos (Mt 11,28).

Après y avoir conduit le blessé, le Samaritain ne part pas aussitôt, mais demeure toute la journée dans l'hôtellerie auprès du moribond. Il soigne ses blessures non seulement le jour, mais encore la nuit, l'entourant de toute sa sollicitude empressée.

Voulant partir le matin, il prélève sur son argent deux pièces d'argent (Lc 10,35) et en gratifie l'aubergiste, qui est certainement l'ange de l'Eglise. Puis il commande de soigner avec diligence et de ramener à la santé celui à qui il a lui-même prodigué aussi ses soins pendant un temps trop court.

Les deux deniers représentent, à mon avis, la connaissance du Père et du Fils et la connaissance du mystère que voici: le Père est dans le Fils et le Fils est dans le Père. C'est là le salaire donné à l'ange pour qu'il soigne avec un plus grand empressement l'homme qui lui a été confié. L'aubergiste reçoit en outre la promesse que tout ce qu'il dépensera de son bien pour la guérison du blessé lui sera aussitôt remboursé.

Vraiment ce gardien des âmes s'est montré plus proche des hommes que la Loi et les Prophètes en faisant preuve de bonté (Lc 10,37) envers celui qui était tombé dans les mains des bandits et il s'est montré son prochain (Lc 10,36) moins en paroles qu'en actes.

Il nous est donc possible, en suivant cette parole: Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même du Christ (1Co 11,1), d'imiter le Christ et d'avoir pitié de ceux qui sont tombés dans les mains des bandits, de nous approcher d'eux, de verser de l'huile et du vin sur leurs plaies et de les ban der, de les charger sur notre propre monture et de porter leurs fardeaux. Aussi, pour nous y exhorter, le Fils de Dieu a-t-il dit en s'adressant à nous tous, plus encore qu'au docteur de la Loi: Va, et toi aussi, fais de même (Lc 10,37). Et si nous le faisons, nous obtiendrons la vie éternelle dans le Christ Jésus, à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen (1P 4,11).

Prière

Dieu qui montres aux égarés la lumière de ta vérité pour qu'ils puissent reprendre le bon chemin, donne à tous ceux qui se déclarent chrétiens de rejeter ce qui est indigne de ce nom, et de rechercher ce qui lui fait honneur. Par Jésus Christ.

ou bien

Dieu de toute bonté, accorde-nous la grâce de ne jamais passer outre, quand, au détour du chemin, tu nous fais rencontrer un être meurtri par la vie. Toi dont le Fils est venu partager nos souffrances, donne-nous de l'imiter dans sa grande pitié pour les hommes en détresse. Lui qui règne.


16e dimanche du temps ordinaire C

186 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 10,38-42)

Alors qu'il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison. Elle avait une soeur, nommée Marie, qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.

Homélie

Vie contemplative et vie active

Homélie de saint Bruno de Segni (+1123) Commentaire sur l'évangile de Luc, 1, 10, PL 165, 390-391

Toutes les actions de notre Sauveur sont remplies de significations symboliques. Ce qu'il faisait en tous lieux avait valeur de signe. Ainsi accomplit-il toujours dans la sainte Église les actions visibles qu'il a faites en ce temps-là dans la bourgade de Béthanie. <> Le Seigneur Jésus entre donc chaque jour dans la bourgade de l'Eglise. Il ne dédaigne pas de la visiter continuellement. Marthe l'y accueille et le fait entrer dans sa maison.

Voyons donc ce que Marthe symbolise, de même que Marie. Chacune d'elles est vraiment le signe de quelque chose d'important, puisqu'à elles deux, elles constituent toute l'Église. <> Marthe symbolise la vie active, Marie la vie contemplative. Voilà pourquoi, d'après ce que dit l'Écriture, c'est Marthe, et non Marie, qui reçut le Christ dans sa maison.

Marie, en effet, n'a pas de maison, car la vie contemplative entraîne le renoncement à tous les biens de ce monde. Le contemplatif ne demande rien d'autre que de s'asseoir aux pieds du Seigneur, et de consacrer tout son temps à lire les Livres saints, à prier et à contempler Dieu. Il lui suffit encore d'écouter sans cesse la parole de Dieu et d'alimenter son âme plutôt que son corps. Telle a été la vie des prophètes, des Apôtres et de beaucoup d'autres: ils ont tout abandonné, ils ont fui le monde et se sont attachés à Dieu, eux qu'on croyait démunis de tout, et qui possédaient tout (2Co 6,10). Il n'y a que les hommes de bien qui mènent ce genre de vie.

Quant à la vie active, les bons et les méchants peuvent la mener. On l'appelle du reste "vie active" parce qu'elle est faite d'activités incessantes, de fatigues et de tâches sans fin, et qu'elle ne laisse presque aucune place à un moment de tranquillité. Mais nous ne parlons pas de cette espèce de vie active qui occupe les malfaiteurs, agite les tyrans, séduit les cupides, tourmente les adultères et incite tous les méchants à commettre de mauvaises actions. Comme nous ne parlons que de cette Marthe, soeur de Marie, nous ne parlons en réalité que de la vie active qui se rapproche le plus de la vie contemplative.

Cette sorte de vie active est pure, exempte de péché et très proche, en effet, de la vie contemplative. Que l'Apôtre prêche, qu'il baptise, qu'il travaille de ses mains pour vivre, qu'il parcoure les villes et qu'il se soucie de toutes les Églises, cela ne relève-t-il pas de la vie active? Ainsi le même évangile dit-il, en parlant de Marthe, qu'elle était accaparée par les multiples occupations du service (Lc 10,40). Du reste, nous voyons encore aujourd'hui des chefs et ministres de l'Église s'affairer à courir partout, se fatiguer, se démener, se donner beaucoup de peine pour subvenir de multiples façons aux besoins de leurs frères, si bien que nous pouvons dire à juste titre qu'eux aussi sont accaparés par les multiples occupations du service.

La vie contemplative est donc meilleure que la vie active, pour la raison qu'elle est exempte de soucis et ne cessera jamais. Cependant la vie active est à ce point nécessaire que, sans elle, la vie contemplative elle-même ne peut exister ici-bas.

Prière

Sois favorable à tes fidèles, Seigneur, et multiplie les dons de ta grâce: entretiens en eux la foi, l'espérance et la charité, pour qu'ils soient attentifs à garder tes commandements. Par Jésus Christ.

ou bien

La seule chose qui soit vraiment nécessaire, c'est d'écouter ta Parole, ton Verbe, Seigneur Dieu. Aide-nous à ne pas nous inquiéter pour ce qui est vain, à garder la paix dans les occupations qui nous absorbent, et à trouver du temps pour nous tenir, émerveillés, aux pieds de Jésus Christ. Lui qui règne.


17e dimanche du temps ordinaire C

187 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 11,1-13)

Un jour, quelque part, Jésus était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda: "Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l'a appris à ses disciples."

Homélie

Demander la grâce de l'Esprit

Homélie de saint Bède le Vénérable (+ 735)

Homélies, 14, CCL 122, 272-273 275-279

Notre Seigneur et Sauveur désire que nous parvenions aux joies du Royaume céleste. Il nous a appris à le prier lui-même afin de les obtenir, et il a promis qu'il nous les donnerait si nous les lui demandions. Demandez, dit-il, vous obtiendrez; cherchez, vous trouverez; frappez, la porte vous sera ouverte (Lc 11,9).

Frères bien-aimés, il nous faut méditer sérieusement et très attentivement ces paroles du Seigneur. Il affirme en effet que le Royaume n'appartiendra pas aux inactifs et aux désoeuvrés, mais qu'il sera donné, manifesté et ouvert à ceux qui demandent, "cherchent et frappent. Nous devons donc demander dans notre prière que la porte du Royaume nous soit ouverte, la chercher par notre vie droite et y frapper par notre persévérance. Car il ne suffit pas de prier uniquement en paroles, il nous faut encore chercher avec beaucoup de soin de quelle manière nous devons vivre pour être dignes d'obtenir ce que nous demandons. Il déclare lui-même: Ce ne sont pas tous ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! qui entreront dans le Royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux (Mt 7,21). <>

Voilà pourquoi, mes frères, il nous faut faire des demandes pressantes et des prières incessantes. Prosternons-nous devant Dieu, versons des larmes en présence du Seigneur qui nous a faits (cf. Ps 94,6). Et pour mériter d'êtres exaucés, examinons soigneusement comment celui qui nous a faits veut que nous vivions, et ce qu'il nous a ordonné de faire. Cherchons le Seigneur et sa puissance, recherchons sans trêve sa face (cf. Ps 104,4). Et pour mériter de le trouver et de le voir, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit (2Co 7,1), car, au jour de la résurrection, seuls ceux qui auront gardé leur corps chaste monteront au ciel, et seuls ceux qui auront le coeur pur contempleront la gloire de la majesté divine. <>

Et si nous désirons savoir ce que le Seigneur veut que nous demandions, écoutons cette parole de l'Évangile: Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît (Mt 6,33). Or, chercher le Royaume de Dieu et sa justice, c'est désirer les dons de la patrie céleste et s'employer sans cesse à découvrir par quelles saintes actions nous devons les obtenir. Craignons que, si nous venions à nous écarter du chemin qui y mène, nous ne puissions jamais parvenir au but auquel nous tendons. <>

Les biens que nous devons donc demander à Dieu en premier lieu, et la justice de son Royaume que nous devons chercher par-dessus tout, ce sont la foi, l'espérance et la charité. Il est écrit en effet: Le juste vit de la foi (Ga 3,11); la grâce du Seigneur entourera ceux qui comptent sur lui (Ps 31,10); et l'accomplissement parfait de la loi, c'est l'amour (Rm 13,10), car toute la loi atteint sa perfection dans un seul commandement: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Ga 5,14). <>

Aussi le Seigneur fait-il cette promesse pleine de bonté: Le Père céleste donnera l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent (Lc 11,13). Il veut certainement nous faire comprendre comment les hommes, qui sont naturellement mauvais, peuvent devenir bons en accueillant la grâce de l'Esprit Saint. Il promet que le Père donnera l'Esprit Saint à ceux qui le demandent, parce que la foi, l'espérance et la charité, comme tous les autres biens célestes que nous désirons obtenir, nous sont accordés uniquement par la grâce de l'Esprit Saint. <>

Mes frères bien-aimés, poursuivons notre marche sur les pas du Seigneur, autant que nous le pouvons, et prions Dieu le Père de nous conduire par la grâce de son Esprit sur le chemin de la foi droite qui produit son effet par l'amour. Et pour mériter d'obtenir les biens que nous désirons, appliquons-nous à n'être pas indignes d'un Père si grand. Bien plus, gardons toujours intact, dans une âme et un corps purs, le sacrement de notre renaissance baptismale qui a fait de nous des fils de Dieu. Si nous observons, en effet, les commandements de notre Père, le Très-Haut, il nous donnera certainement en récompense l'éternelle bénédiction que, depuis le commencement, il nous a réservée comme part d'héritage. Par Jésus Christ notre Seigneur qui vit et règne avec lui, Dieu dans l'unité du Saint-Esprit, pour tous les siècles des siècles. Amen.

Prière

Tu protèges, Seigneur, ceux qui comptent sur toi; sans toi rien n'est fort et rien n'est saint; multiplie pour nous tes gestes de miséricorde afin que, sous ta conduite, en faisant un bon usage des biens qui passent, nous puissions déjà nous attacher à ceux qui demeurent. Par Jésus Christ.

ou bien

Notre Père: tel est le nom par lequel tu veux être invoqué, Seigneur. Que ce nom soit béni et sanctifié par toute la terre. Donne-nous le pain pour le corps et pour l'âme, afin que chacune de nos journées soit consacrée au service de ton règne d'amour. Par Jésus Christ.



Homéliaire patristique 180