Homéliaire patristique 347

347 MAXIME DE TURIN (SAINT). On ne sait rien de ce qui précède son épiscopat à Turin, au 5e siècle. Il est l'auteur d'une collection de discours et sermons, comparable à celle de saint Augustin, sous forme de canevas riches de substance. Ces écrits le révèlent ardent à lutter contre le paganisme, toujours vivace en Italie du nord. On y trouve entre autres, 22 Homélies sur le carême et beaucoup d'autres sur le dogme, les institutions, la pratique. Maxime y déploie un zèle pastoral proche de celui des grands docteurs de son époque: Léon le Grand , Pierre Chrysologue , Césaire d'Arles . Prédicateur populaire, il aime varier ses sujets, commentant les thèmes répartis en Temporal, Sanctoral, Divers (tradition du symbole, terreur des Huns, éclipse de lune, superstitions du 1er janvier, pratiques idolâtriques). Il meurt vers 420 à Turin, dont il est l'un des patrons.

348 MICHEL PSELLOS *. Né en 1018 à Constantinople, il se nomme Constantin, et il se trouve déjà, à 16 ans, secrétaire d'un grand commis de province, puis notaire et juge sous Romanos III Argyros. En 1042, il est secrétaire de Michel V, puis premier secrétaire de l'empereur Constantin IX Monomaque. En 1045, il devient directeur des études philosophiques à l'Université de Constantinople. A la suite d'un désaccord, il se fait moine sous le nom de Michel à l'Olympe de Bithynie. Il revient à Constantinople où, ayant perdu toute influence politique, il est enfermé en 1059 au monastère de Pèghè. En 1063, on le retrouve moine à Constantinople. Rénovateur de la pensée néoplatonicienne, il met plus d'enthousiasme que de méthode à la base de sa métaphysique, doublée d'une logique aristotélicienne et d'une physique stoïcienne. Il cherche ensuite à accorder cet humanisme avec la foi chrétienne. L'originalité de ses recherches le pousse à s'opposer aux antidialecticiens. Il doit alors se justifier devant Constantin X Monomaque en affirmant sa foi. Malgré les condamnations postérieures des synodes, sa ligne de pensée a survécu jusqu'à la Renaissance en Occident. La plus célèbre de ses oeuvres est la Chronographie (976-1077), ouvrage historique le plus important de son temps. Son savoir encyclopédique lui inspirait une fierté sans limite. Il est mort en 1078, à 60 ans.

349 NICOLAS CABASILAS*. Né à Thessalonique vers 1320, il porte le nom de sa mère. Sous la direction de son oncle Nil , il fait de solides études. En 1346, il est envoyé comme ambassadeur auprès de Manuel Cantacuzène et il jouit de l'amitié du basileus. Quoique laïc, il est proposé en 1354 pour le patriarcat, mais il préfère rester laïc. Sa correspondance prouve qu'il vit encore en 1388 (68 ans), mais on ignore la date exacte de sa mort. Deux grands ouvrages font sa célébrité: L'explication de la divine liturgie et De la vie de Jésus Christ. Il faut y ajouter des Discours, d'importantes Homélies mariâtes et des lettres. On l'a souvent qualifié de mystique, mais il est plutôt un théologien de la vie spirituelle, vie d'union au Christ communiquée par les sacrements.

350 NIL. Né à Ancyre, il reçoit une excellente formation théologique et littéraire à Constantinople, où il est disciple de Jean Chrysostome . Fondateur d'un monastère près d'Ancyre, il y exerce une large influence, notamment par sa correspondance, car il est renommé pour avoir écrit 1061 lettres, qui sont souvent des notes de lectures ou des extraits d'ouvrages de nombreux auteurs. Il reste aussi de lui plusieurs traités d'ascétisme et de morale destinés aux moines: il y présente leur idéal de pauvreté, obéissance et détachement comme la véritable philosophie, ou recherche de la sagesse. Un traité sur La pauvreté volontaire prend position contre les vastes propriétés et les grands troupeaux possédés par certains monastères. Un autre traité sur La supériorité des moines relève les avantages que retire l'ascète en vivant loin des villes. Ce modèle d'abbé meurt vers 430, sans doute à un âge très avance.

351 ODILON DE CLUNY (SAINT). Né en 962, il entre à l'abbaye de Cluny à 29 ans. Peu après, il en est élu abbé: honneur et charge qu'il gardera pendant cinquante ans. Sous son abbatial, le nombre des monastères clunisiens passe de 37 à 65 et leur influence se développe considérablement. Odilon laisse sa marque sur la liturgie en y introduisant, le 2 novembre, la commémoraispn de tous les défunts, rite qui s'étend de Cluny à toute l'Église d'Occident. L'oeuvre écrite d'Odilon consiste en de nombreuses lettres et homélies, dont la plupart traitent de la Vierge Marie et des mystères de la rédemption, particulièrement l'incarnation. Il meurt en 1049, à 87 ans.

352 ORIGÈNE. Né en 185, il est un des plus grands penseurs de l'Antiquité. A 18 ans, à la suite du martyre de son père Léonidas, il ouvre une école de grammairien pour gagner sa vie ainsi que celle de sa mère et de ses six frères. En 204, son évêque Démétrius le met à la tête de la première école catéchétique d'Alexandrie. S'astreignant à une vie très austère, Origène se consacre entièrement à l'étude de la Bible. Son enseignement est souvent interrompu par des voyages: à Rome, où il rencontre Hippolyte ; à Césarée de Palestine, où il donne des conférences à la communauté chrétienne, et où il sera ordonné prêtre malgré l'opposition de son évêque Démétrius; il va aussi à Athènes, Antioche, etc. En études bibliques autant qu'en spiritualité, son oeuvre intégrale comporte plus de 800 titres, son disciple Ambroise lui payant sept sténographes, autant de copistes et plusieurs femmes calligraphies. De ses oeuvres, un petit nombre est parvenu jusqu'à nous, traduites en latin: Des principes, Scholies, lettres, homélies et commentaires. Condamné parfois comme hérétique, il garde toujours l'intention d'être un loyal fils de l'Église. Il meurt en 253, à 68 ans.

353 PASCHASE RADBERT (SAINT). Vers 785, les soeurs de Notre-Dame de Soissons trouvent sur le seuil de leur porte un bébé abandonné. On l'élève du mieux possible, si bien qu'il prend l'habit monastique à Corbie, près d'Amiens en Picardie. Il devient rapidement le conseiller de deux abbés successifs et, à la mort de l'abbé Wala, il devient lui-même abbé. Mais il trouve cette fonction très désagréable et il démissionne au bout de sept ans, refusant toujours d'être élevé à la prêtrise. Il se retire alors à l'abbaye de Saint-Riquier, puis revient à Corbie où il meurt en 860, âgé d'environ 75 ans. Son oeuvre littéraire est abondante et variée: sermons, panégyriques, élégies, biographies, lettres, et surtout le commentaire sur l'évangile de Matthieu, un autre sur les Lamentations de Jérémie, jamais commentées auparavant, et un troisième sur 44 psaumes. Sa lettre Cogitis me est un témoin important de la piété mariale à cette époque. A noter aussi le rôle important qu'il a tenu pour fixer la doctrine catholique sur l'eucharistie.

354 PAULIN DE NOLE (SAINT). Né à Bordeaux en 353 d'une famille sénatoriale, il reçoit une excellente éducation et devient l'élève du poète latin Ausone. Après une brève carrière publique il reçoit le baptême et, avec sa femme Térèse, une pieuse espagnole, ils se retirent du monde après avoir partagé leur fortune entre l'Église et les pauvres. A Noël 394, il est ordonné prêtre à Barcelone. Peu après, il s'établit à Noie, en Campanie, près du tombeau de saint Félix où, avec sa femme, il ouvre une maison pour les moines et pour les pauvres. En 409 il est ordonné évêque. Gardant un régime monacal, il se dépense sans compter au service de tous, ne quittant Noie qu'une fois par an pour célébrer à Rome la fête des saints Pierre et Paul. Il demeure le grand poète chrétien latin de cette période, ami de Martin, Ambroise et Augustin. Admiré de tous pour son renoncement et son dévouement, il meurt en 431, à 78 ans. Auteur de 35 poèmes religieux et de 50 lettres, il déborde d'espérance chrétienne et de charité en exposant le mystère du salut vécu en Église.

355 PHILOXÈNE DE MABBOUG*. Né vers 450, ce farouche antichalcédonien devient en 485 métropolite de Mabboug (Hiéropolis, en Syrie). Théologien de valeur et grand maître de vie spirituelle, il réalise une synthèse remarquable des traditions syriaque et grecque. Exilé par l'empereur Justin pendant plusieurs années, il meurt en Thrace en 526, âgé d'environ 76 ans. Son oeuvre écrite compte plus de 80 titres, dont 13 sermons sur la vie chrétienne, 5 traités sur la Trinité et l'incarnation et de nombreuses lettres. Une traduction syriaque de la Bible composée à son instigation porte le nom de Philoxénienne.

356 PIERRE CHRYSOLOGUE (SAINT). On sait peu de choses sur ce docteur de l'Église, sa plus ancienne biographie datant de 830 environ, quatre siècles après sa mort. Né vers 400 à Imola, en Italie, on le trouve archevêque de Ravenne sous le pontificat de Sixte III (432-440). Ravenne est alors capitale de l'empire et résidence de la cour. L'éloquence de Pierre est très goûtée par l'impératrice Gallia Placidia, en présence de laquelle il donne son premier sermon d'évêque. D'étroites relations unissent ensuite Pierre au pape saint Léon (440-461). Eutychès ayant sollicité son jugement, Pierre lui répond: "Nous ne pouvons juger des choses de la foi sans l'assentiment de l'évêque de Rome". Les 176 Sermons reconnus authentiques commentent généralement des textes bibliques avec une forte tendance à la morale pratique: explication du Credo, du Pater, etc. Ce modèle des pasteurs meurt en 451, âgé d'environ 50 ans. On connaît un de ses mots célèbres: "Celui qui veut rire avec le diable ne pourra pas se réjouir avec Jésus Christ". Le moyen âge, qui l'appréciait beaucoup, lui a donné le surnom de "Chrysologue: Parole d'or".

357 PIERRE DAMIEN (SAINT). Né en 1007 à Ravenne et devenu très tôt orphelin, il est éduqué par sa soeur Roselinde et son frère Damien (d'où le second prénom). Il étudie à Ravenne, Faenza et Parme, puis il entre au monastère de Fonte Avellana vers 1035. Ordonné prêtre, il devient prieur de ce monastère en 1043. Il en accentue l'austérité, sa personnalité s'affirmant en de nombreux opuscules destinés aux moines. Il devient conseiller des papes Grégoire VI, Clément II, Léon IX et Grégoire VII. Étienne IX (1057-1058) le crée cardinal. Témoin de la théologie de son temps, il affirme cependant la validité des sacrements conférés par les simoniaques. Il appuie fortement le zèle réformateur d'Alexandre II (1061-1073) en luttant contre les investitures laïques. Contraint d'accepter des missions ecclésiastiques, il se rend à Cluny (1063), Florence (1066), Mont-Cassin (1071), Ravenne (1072). Ses écrits sont décisifs pour le succès de la réforme de Grégoire VII en faveur de la liberté de l'Église. Il laisse une oeuvre écrite abondante: sermons, textes hagiographiques, méditations, prières, hymnes, poèmes. Il reste une des sources principales pour l'histoire de l'Église et de la société du 11e siècle. Célèbre pour son énergie fougueuse au service de la réforme, il l'est aussi pour sa réputation de sainteté, son austérité et sa loyauté qui lui valent la confiance de tous. Il meurt en 1072, âgé de 65 ans, rapidement canonisé par la voix populaire, mais son culte ne sera officiellement approuvé qu'en 1703.

358 RUPERT DE DEUTZ. Né à Liège en 1070, il entre au monastère bénédictin liégeois de Saint-Laurent: silence, prière, étude. Il meurt en 1129 à 59 ans, étant abbé de Deutz, près de Cologne. Comme auteur de plusieurs commentaires et traités sur la Bible, Rupert est un représentant typique de la formation monastique reçue à Liège. Contre les méthodes dialectiques introduites en théologie par Anselme de Laon et Guillaume de Champeaux, il prend courageusement et efficacement la défense de la théologie spirituelle selon la tradition bénédictine.

359 SÉVÉRIEN DE GABALA. On sait qu'il est évêque de Gabala en Syrie vers 400 et qu'il meurt après 408. Adversaire acharné de Jean Chrysostome , il prend part aux intrigues qui conduisent celui-ci à sa condamnation par le synode du Chêne et, plus tard, à son exil qui causera sa mort. Prédicateur très goûté à la cour de Constantinople, Sévérien défend la foi de Nicée et combat avec ardeur les Juifs et les hérétiques. A la fois prédicateur populaire et exégète selon la stricte école antiochienne, il a une prédilection pour la Genèse et les épîtres de saint Paul. Il applique son exégèse littérale même aux parties poétiques de l'Ancien Testament. On a de lui 14 homélies grecques, 9 en arménien, une en éthiopien et quelques autres en syriaque, en copte et en arabe. Un sermon célèbre Sur la précieuse et vivifiante croix ignore encore la légende de sa découverte.

360 SYMÉON LE NOUVEAU THÉOLOGIEN. Né en 949 à Galata en Paphlagonie, il reçoit sa formation à Constantinople où il entre, en 977, au célèbre monastère du Stoudion. Peu après il passe au monastère v oisin, Saint-Mamas, où il est ordonné prêtre en 980 et dont il devint l'abbé trois ans plus tard. Pendant ses vingt-cinq ans d'abbatiat, il inspire une nouvelle ferveur à cette communauté, mais, en 1005, des moines opposés à son enseignement le forcent à démissionner. En 1009, il est exilé à Palonkiton sur l'autre rive du Bosphore. Il transforme alors l'oratoire ruiné de sainte Marina en un nouveau monastère et, bien que réconcilié, il choisit d'y rester jusqu'à sa mort plutôt que de compromettre son enseignement. Mort en 1022, à 73 ans, Syméon est le plus grand des écrivains mystiques byzantins. Il sait allier la tradition contemplative du Sinaï à la tradition cénobitique de Basile et de Théodore Studite. Très influencé par les homélies de Macaire, il enseigne que l'expérience mystique de Dieu est normale dans une vie chrétienne authentique, puisque le Christ habite en nous par son Esprit. Son nom de "Nouveau Théologien" a pour but de le distinguer de Grégoire de Nazianze , appelé "le Théologien".

361 THÉODORET DE CYR. Né à Antioche vers 393, voué à Dieu par sa mère dès avant sa naissance, il aura pour maître Théodore de Mopsueste et pour condisciple Nestorius. Plus tard, élu évêque de Cyr, en Syrie euphratésienne, il défend l'un et l'autre contre les attaques violentes de Cyrille d'Alexandrie . Peu à peu, il finit par anathématiser Nestorius au concile de Chalcédoine (451). Il meurt paisiblement dans son diocèse entre 453 et 458, âgé d'environ 65 ans. Ses écrits sont abondants et variés: exégétiques, apologétiques, dogmatiques, polémiques, historiques, des discours et 230 lettres d'un grand intérêt. Son Histoire ecclésiastique raconte les faits de la période 323-438. Son Histoire religieuse est une série de notices sur les plus célèbres moines d'Orient. Son Histoire abrégée des hérésies traite longuement, au livre IV, de Nestorius qui resta longtemps son ami. Pieux, modeste, aimant le silence et la paix, dévoué à son peuple, il est le dernier des grands écrivains de l'antique Eglise grecque, mais sa mémoire a souff ert de l'âpreté des luttes théologiques de son temps.

362 THÉODOTE D'ANCYRE. Évêque d'Ancyre, la moderne Ankara, il est d'abord ami et partisan de Nestorius, puis il devient un de ses adversaires les plus acharnés. En raison du soutien qu'il apporte à Cyrill e d'Alexandrie au concile d'Éphèse (431), les évêques antiochiens l'excommunient à leur synode de Tarse (432). Il meurt vers 446, laissant des oeuvres assez nombreuses: Six livres contre Nestorius, une Explication du symbole de Nicée dirigée contre le nestorianisme; plusieurs homélies sur divers sujets. Théodote s'y révèle plutôt orateur que théologien. Sa dévotion à la Vierge Marie lui inspire des louanges riches de rhétorique, mais plus encore d'amour filial.

363 THÉOPHANE CÉRAMEUS. Son identité est mal établie, puisqu'il paraît avoir été archevêque de Taormine en Sicile au 9e siècle, ou de Rossano en Calabre au 12 e siècle. De toute manière, on lui attribue un ensemble composite de 62 homélies qui semblent parfois étrangères aux conditions de l'empire byzantin, mais qui commentent abondamment les évangiles des dimanches et fêtes. Certains manuscrits de ses oeuvres contiennent une série de 60 questions et réponses formant un dialogue entre Théophane et le philosophe Justin.

364 THEOPHYLACTE*. Né vers 1050, il étudie la théologie et les langues à Constantinople, puis enseigne la rhétorique à l'héritier impérial présomptif: d'où son traité Sur l'éducation des monarques. En 1078 il devient archevêque d'Ochrida en territoire bulgare. Il est l'auteur de Commentaires sur plusieurs livres de l'Ancien Testament et tous ceux du Nouveau, sauf l'Apocalypse. Il met surtout l'accent sur une morale pratique, comme l'avait fait Jean Chrysostome , son modèle. Il meurt en 1109, âgé d'environ 60 ans.

365 TIMOTHÉE DE JÉRUSALEM. On sait peu de chose sur ce prêtre palestinien qui vécut entre le 4e et le 5e siècle, sinon qu'il est l'auteur d'une célèbre Homélie sur Marie. On notera qu'il l'appelle toujours "la Vierge, la Sainte Vierge" et jamais la "Mère de Dieu", ce qui le situe avant le concile d'Éphèse (431) qui définit la maternité divine de Marie. Il la considère comme immortelle, "Celui qui fit son séjour en elle l'ayant transférée dans les lieux de son ascension". Pour lui, Marie ne serait jamais morte, mais elle aurait connu un enlèvement semblable à celui d'Hénoch et d'Élie.

366 THOMAS MORE (SAINT). Né à Londres en 1477, il passe quatre ans à la Chartreuse de cette ville, mais sans s'engager par les voeux, puis il suit son père dans la profession d'homme de loi. Devenu Lord Chancelier d'Angleterre, il fait de sa maison de Chelsea, grâce à son esprit et à son amour de l'étude, un centre d'accueil pour les savants tels que Érasme, Colet, Grocyn et d'autres. Par l'intégrité de sa vie publique, ses vertus d'époux et de père, sa piété fervente, il donne un bel exemple de ce que doit être un laïc chrétien. Ses écrits comportent beaucoup de lettres, des réfutations contre les hérésies de l'époque, des traités de dévotion, mais le livre qui le rend célèbre dans toute l'Europe est son Utopie. Il refuse de signer un serment approuvant l'Acte de succession qui signifie la rupture avec le pape. C'est pourquoi on l'emprisonne dans la Tour de Londres pendant quinze mois. Cet humaniste, plein de sagesse et d'humour, meurt martyr pour sa foi, décapité sur l'ordre d'Henry VIII en 1535. Il a 58 ans.

367 YVES DE CHARTRES (SAINT). Né en 1035 dans la région de Beauvais, il étudie d'abord les belles-lettres et la philosophie. Il va ensuite suivre les leçons de théologie de Lanfranc, à l'abbaye du Bec en Normandie. Chanoine régulier de Beauvais en 1078, il y enseigne avec succès et devient supérieur de la communauté. Élu évêque de Chartres en 1091, il se rend à Rome où il est ordonné par Urbain II. Son long épiscopat de 24 ans est remarquable par les luttes qu'il soutient pour réprimer les abus et défendre les droits du Saint-Siège. Par sa science canonique et ses nombreux écrits, il jouit d'une grande autorité en France et ailleurs. Le premier, dans la question des investitures, il en distingue deux sortes: celle qui confère le spirituel et celle qui fournit le temporel. La première, de droit divin, fait l'évêque; la seconde, de droit humain, le nourrit. Son célèbre Decretum donne des renseignements intéressants sur la liturgie. Ses Sermons, malgré des subtilités et des longueurs, retrouvent parfois la sobriété du symbolisme antique. Yves meurt en 1115, âgé de 80 ans.




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