1970 PGLH 201

XII. Le silence sacré

201 Puisque, en général, dans les actions liturgiques, on doit veiller à ce qu'on " observe aussi en son temps un silence sacré ", on ménagera la possibilité de moments de silence dans la célébration de la Liturgie des Heures elle-même.

202 Avec réalisme et prudence, pour faciliter au maximum la résonance dans les coeurs de la voix de l'Esprit Saint, et pour unir plus étroitement la prière personnelle à la parole de Dieu et à la prière officielle de l'Eglise, il est permis de ménager un intervalle de silence après chaque psaume, et la reprise de son antienne, selon la coutume des anciens, et surtout si, après le silence, on ajoute une des collectes psalmiques (cf. n. 112 ); ou encore après les lectures, qu'elles soient brèves ou longues, et avant ou après le répons. On veillera cependant à ce qu'un tel silence n'amène pas à déformer la structure de l'office, ou n'apporte aux participants du désagrément ou de l'ennui.

203 Dans la récitation solitaire, on est plus libre de s'arrêter à méditer une formule qui suggère un élan spirituel, sans que l'office perde pour autant son caractère de prière publique.




CHAPITRE IV

LES DIFFÉRENTES CÉLÉBRATIONS DANS LE CYCLE ANNUEL

I. La célébration des mystères du Seigneur

a) Le dimanche

204 L'office du dimanche commence aux premières -vêpres (office du samedi soir) où tout est pris au psautier, sauf ce qui est assigné comme propre.

205 Quand une fête du Seigneur se célèbre le dimanche, elle a ses premières Vêpres propres (office de la veille au soir)

206 On a parlé plus haut, n., 73, de là façon de célébrer, si on le juge bon, les vigiles dominicales.

207 Il convient tout à fait, lorsqu'on le peut, de célébrer avec le peuple au moins l'office du soir, selon une coutume très ancienne (Const. sur la Liturgie, n. 100.)

b) Le triduum pascal

208 Au triduum pascal, l'office se célèbre comme indiqué au propre du temps.

209 Ceux qui assistent à la messe du soir le jeudi saint, ou à la célébration de la passion le vendredi saint ne disent pas l'office du soir chacun de ces jours-là.

210 Le vendredi,et le samedi saints on aura, avant l'office du matin, autant que c'est possible, une célébration publique et populaire de l'office de lecture.

211 Les complies du samedi saint ne sont dites que par ceux qui n'assistent pas à la veillée pascale.

212 La veillée pascale tient lieu de l'office de lecture: ceux qui n'ont pas assisté à la veillée pascale solennelle en réciteront au moins, quatre lectures, avec leurs chants et leurs oraisons. Il est bon de choisir les lectures de l'Exode, d'Ézékiel, de l'Apôtre, et de l'Évangile. Viennent ensuite l'hymne A toi Dieu "Te Deum " et l'oraison du jour.

213 L'office du matin, le dimanche de la Résurrection, est dit par tous; il convient que l'office du soir soit célébré avec solennité pour honorer la fin d'un jour aussi sacré et pour commémorer les apparitions par lesquelles le Seigneur s'est montré à ses disciples. Là où elle est en vigueur, on maintiendra avec le plus grand soin la tradition particulière de célébrer, le jour de Pâques, les vêpres baptismales pendant lesquelles, en chantant des psaumes, on va en procession aux fonts baptismaux.

c) Le temps pascal

214 La Liturgie des heures reçoit son caractère pascal de l'acclamation alléluia, par laquelle se terminent la plupart des antiennes, (cf. n. 120); mais aussi des hymnes, des antiennes et des intercessions spéciales, enfin des lectures propres assignées à chacune des heures.

d) Noël

215 Dans la nuit de Noël, avant la messe,: il convient de célébrer une vigile solennelle par l'office de lecture. Ceux qui participent à cette vigile ne disent pas complies.

216 L'office du matin, le jour de Noël, se dit habituellement avant la messe de l'aurore.

e) Les autres solennités et fêtes du Seigneur

217 Pour organiser l'office aux solennités et fêtes du Seigneur, on observera ce qui est dit ci dessous, nn. 225-233, en faisant les modifications nécessaires.

II. La célébration des saints

218 Les célébrations des saints sont disposées de telle sorte qu'elles "ne l'emportent pas sur les fêtes ou les temps sacrés qui célèbrent les mystères du salut (Cf. Ibid., n. 111.) qu'elles ne brisent pas à tout moment le cycle de la psalmodie et de la lecture divine, et qu'elles n'engendrent pas des répétitions fâcheuses, mais plutôt qu'elles favorisent la dévotion légitime de chacun. C'est sur ces principes que s'appuie aussi bien la réforme du calendrier accomplie sur l'ordre du 2. Concile du Vatican, que la manière de célébrer les Saints, dans la Liturgie des heures, décrite dans les numéros qui suivent.

219 Les célébrations de saints sont des solennités, des fêtes, ou des mémoires.

220 Les mémoires sont obligatoires, ou bien, si rien n'est indiqué, facultatives. Pour décider s'il convient de célébrer telle mémoire facultative dans un office à célébrer avec le peuple ou en commun, on tiendra compte du bien général, ou de la dévotion réelle de l'assemblée, et non de son seul président,

221 Si plusieurs mémoires facultatives se rencontrent le même jour, on ne peut en célébrer qu'une seule, en omettant les autres.

222 Les solennités, et elles seules, sont transférées conformément aux rubriques.

223 Les règles qui suivent valent aussi bien pour les saints inscrits au calendrier romain universel que pour ceux qui figurent dans les calendriers particuliers.

224 Les différents communs des saints suppléent aux parties propres qui pourraient manquer.

1. Comment l'office doit être organisé aux solennités

225 Les solennités ont des premières vêpres (un premier office du soir), le jour précédent.

226 Aux deux offices du soir, l'hymne, les antiennes, la lecture brève avec son répons et l'oraison conclusive sont propres; si elles manquent au propre, on les prend au commun. Les deux psaumes, aux premières vêpres, sont ordinairement pris à la série des Laudate (Ps 112, 116, 134, 145, 146, 147) selon la tradition ancienne, le cantique du Nouveau Testament est indiqué en son lieu. Aux secondes vêpres, les psaumes et le cantique sont propres. Les intercessions sont propres, ou du commun.

227 A l'office du matin, l'hymne, les antiennes, la lecture brève avec son répons, et l'oraison conclusive sont propres; si elles manquent, on les prend au commun. On prend les psaumes au dimanche 1 du psautier. Les intercessions sont propres ou du commun.

228 A l'office de lecture, tout est propre: hymne, antiennes et psaumes, lectures et répons. La première lecture est biblique et la seconde hagiographique. Mais s'il s'agit d'un saint qui ne jouit que d'un culte local et qui n'a pas de textes spéciaux même dans le propre local, on prend tout au commun.

A la fin de l'office de lecture,, on dit l'hymne A toi, Dieu "Te Deum" et l'oraison propre.

229 A l'heure médiane, ou à tierce, sexte, et none, on dit l'hymne quotidienne, à moins d'une indication différente; les psaumes sont pris aux psaumes graduels, avec antienne propre; mais le dimanche on prend les psaumes au psautier du dimanche 1; la lecture brève et l'oraison conclusive sont propres. Toutefois, pour certaines solennités du Seigneur, des psaumes spéciaux sont proposés.

230 Aux complies, tout est du dimanche, respectivement après l'office du soir de la veille et du jour.

2. Comment l'Office doit être organisé aux fêtes

231 Les fêtes n'ont pas de premières vêpres, à moins qu'il ne s'agisse de fêtes du Seigneur qui tombent le dimanche. A l'office de lecture, aux offices du matin et du soir, tout se fait comme aux solennités.

232 A l'heure médiane, ou à tierce, sexte et none, on dit l'hymne quotidienne; on dit les psaumes de la férie avec leurs antiennes, à moins que pour l'heure médiane une raison particulière ou une tradition ne requière qu'on dise une antienne propre, ce qui sera indiqué en son lieu. La lecture brève et l'oraison conclusive sont propres.

233 Les complies se disent comme aux jours ordinaires.

3. Comment l'office doit être organisé aux mémoires des saints

234 Entre une mémoire obligatoire et une mémoire facultative effectivement célébrée, il n'y a aucune différence dans l'organisation de l'office, à moins qu'il ne s'agisse de mémoires facultatives qui tomberaient dans des temps privilégiés.

a) Mémoires tombant à des jours ordinaires

235 A l'office de lecture, aux offices du matin:
a) les psaumes avec leurs antiennes sont de la férie, à moins qu'il n'y ait des antiennes propres ou des psaumes propres qui sont indiqués à chaque endroit;

b) l'antienne d'Invitatoire, l'hymne, la lecture brève, les antiennes à Benedictus et à Magnificat, et les intercessions, si elles sont propres, doivent être dits du saint; sinon, ils sont dits du commun ou de la férie;
c) on doit dire l'oraison conclusive du saint;
d) à l'office de lecture, la lecture biblique avec son répons est de l'Écriture en cours. La seconde, lecture est hagiographique, avec répons propre ou du commun; à défaut de lecture propre, on prend la lecture patristique du jour. On ne dit pas le A toi, Dieu «Te Deum».

236 À l'heure médiane, ou à tierce, sexte et none, et à complies, on ne tient pas compte du saint; tout est de la férie.

b) Mémoires tombant dans un temps privilégié

237 Les dimanches, aux solennités et aux fêtes, ainsi que le mercredi des cendres, pendant la semaine sainte et la semaine de Pâques, on ne tient pas compte des mémoires qui tombent ces jours-là.

238 Aux féries du 17 au 24 décembre, comme pendant l'octave de Noël et aux féries de carême, il n'y a aucune mémoire obligatoire, pas même dans les calendriers particuliers. Quant aux mémoires obligatoires qui tombent éventuellement en carême, elles sont considérées cette année-là comme mémoires facultatives.

239 En ces mêmes périodes, si quelqu'un veut célébrer un saint assigné à ce jour-là comme mémoire,
a) à l'off ice de lecture, après la lecture patristique prise au propre du temps avec son répons, on ajoutera la lecture hagiographique, et on conclura par l'oraison de ce saint;
b) en outre, soit à l'office du matin, soit à l'office du soir, on peut, après l'oraison conclusive, ajouter l'antienne (propre ou du commun) et l'oraison du saint.

c) La mémoire de sainte Marie le samedi

240 Les samedis du temps ordinaire où sont permises les mémoires facultatives, on peut célébrer, sous le même rite, là mémoire facultative de sainte Marie, avec sa lecture propre.

III. Le calendrier à employer et la faculté de choisir un Office

ou l'une de ses parties

a) Le calendrier à employer

241 L'office célébré au choeur ou.,en commun doit suivre le calendrier propre, c'est-à-dire celui du diocèse, de la famille religieuse, ou des diverses églises (Normes universelles de l'année liturgique, n. 52. 1 Cf. Ibid., n. 52 c.). Les religieux s'unissent à la communauté de l'Église locale pour célébrer la dédicace de la cathédrale et les patrons principaux du lieu et du territoire plus vaste où ils vivent (Table des jours liturgiques, nn. 4 et 8)

242 Tout clerc ou religieux astreint à l'office divin à quelque titre que ce soit, et qui participe en commun à l'Office selon un calendrier ou à un rite autre que le sien, satisfait de cette manière à Son devoir quant à cette partie de l'office.

243 Dans la récitation solitaire, on, peut observer ou bien, le calendrier du lieu, ou bien le calendrier propre, sauf aux solennités et aux fêtes propres

b) Faculté de choisir l'office

244 Aux féries qui admettent la célébration d'une mémoire facultative, on peut, pour un juste motif, célébrer sous le même rite (cf. nn. 234-239) l'office d'un saint inscrit ce jour-la au martyrologe romain, ou dans son appendice approuvé.

245 En dehors des solennités, des dimanches de l'Avent, du Carême et de Pâques, du mercredi des cendres, de la semaine sainte, des jours de l'octave de Pâques et du 2 Novembre, on peut célébrer, pour un motif d'intérêt public ou de dévotion, soit totalement, soit en partie, un office votif, par exemple en raison d'un pèlerinage, d'une fête locale, de la solennité extérieure d'un saint.

c) Faculté de choisir certains formulaires

246 En certains cas particuliers, on peut choisir dans l'office des formulaires différents de ceux qui se présentent du moment qu on ne touche pas "à l'organisation générale de chaque heure et qu'on observe les règles suivantes.

247 A l'office des dimanches, des solennités et des fêtes du Seigneur qui figurent au calendrier universel, des féries du Carême et de la semaine sainte, des jours dans les octaves de Pâques et de Noël, ainsi qu'aux féries qui vont du 17 au 24 décembre inclusivement, il n'est jamais permis de changer les formulaires qui sont propres ou appropriés à cette célébration, comme c'est le cas pour les antiennes, les hymnes, les lectures, les répons, oraisons et même très souvent les psaumes.

Aux psaumes dominicaux de la semaine en cours on peut, si on le juge bon, substituer les psaumes dominicaux d'une autre semaine et même, s'il s'agit d'un office célébré avec le peuple, d'autres psaumes choisis pour initier progressivement celui-ci à l'intelligence des psaumes.

248 A l'office de lecture, la lecture en cours de la sainte Écriture doit toujours être respectée. Il vaut pour, 1'office aussi, ce souhait de l'Eglise «que dans un nombre d'années déterminé, on lise au peuple la partie la plus importante des saintes Écritures» (Const. sur la Liturgie, n. 5 ).

Compte tenu de cela, aux temps de l'Avent, de Nöel, du Carême et de Pâques, le cycle de lectures scripturaires qui est proposé dans l'office de lecture ne doit pas être abandonné. Dans le temps ordinaire, et pour un juste motif, un jour ou l'autre, ou pendant une suite de quelques jours, on peut choisir des lectures parmi celles qui sont proposées pour d'autres jours, ou même d'autres lectures bibliques, par exemple quand on fait les exercices spirituels, des sessions pastorales, ou des prières pour l'unité de 1'Eglise, et dans les autres cas analogues.

249 Si la lecture continue est interrompue par une solennité, une fête ou une célébration particulière, il sera permis, au cours de la même semaine, en considérant l'organisation de toute cette semaine, ou bien, d'unir à d'autres les parties qui seront omises, ou bien de décider quels textes doivent être préférés à d'autres.

250 Dans le même office de lecture, au lieu de la seconde lecture assignée à tel jour, on peut choisir, pour un juste motif, une autre lecture de la même période, empruntée soit au livre de la Liturgie des heures, soit au lectionnaire facultatif (n. 161). en outre, aux féries du temps ordinaire et, si on le juge bon, même aux temps de l'Avent, de Noël, du carême et de Pâques, on pourra faire une lecture quasi continue de l'oeuvre d'un Père accordée à l'esprit de la bible et de la liturgie.

251 Les lectures des offices du matin et du soir et des autres heures, ainsi que les oraisons, les chants et les intercessions, qui sont proposés pour les féries d'un temps particulier, peuvent être dits à d'autres féries du même temps, excepté les cas indiqués au n. 247.

252 Bien qu'on doive tenir à l'observation de tout le cycle du psautier réparti par semaines (cf. supra, n. 100-109), si on le juge bon pour un motif spirituel ou pastoral, au lieu des psaumes assignés à un jour déterminé, on peut dire des psaumes de la même heure assignés à un autre jour. Il y a même des circonstances occasionnelles où il est permis de choisir des psaumes appropriés, ainsi que d'autres parties, comme pour un office votif.

CHAPITRE V

Les rites à observer dans la célébration publique commune

I. Les différentes fonctions à remplir

253 Dans la célébration solennelle de la Liturgie des heures, de même que dans les autres actions liturgiques, «chacun, ministre ou fidèle, en s'acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu des normes liturgiques» (const. sur la Liturgie, n. 28 )

254 Si c'est l'Évêque qui préside, surtout dans la cathédrale il sera entouré de son presbyterium et de ministres, avec la participation plénière et active de tout le peuple. Mais ordinairement, dans toute célébration avec le Peuple c'est le prêtre ou le diacre qui présidera, et il y aura aussi des ministres.

255 Le prêtre ou le diacre qui préside la célébration peut revêtir l'étole sur l'aube ou le surplis; le prêtre peut mettre aussi la chape. Rien n'empêche d'ailleurs qu'aux grandes solennités plusieurs prêtres mettent la chape, et que les diacres mettent la dalmatique.

256 Il revient au prêtre ou au diacre qui préside, à son siège de commencer l'office par le verset d'introduction, d'entonner l'oraison dominicale, de prononcer l'oraison conclusive, de saluer le peuple, de le bénir et de le congédier.

257 Soit le prêtre, soit un ministre peut prononcer les intercessions.

258 En l'absence du prêtre ou du diacre, celui qui préside l'office ne se distingue pas de ses égaux; il n'entre pas au sanctuaire, ne salue pas le peuple et ne le bénit pas.

259 Ceux qui remplissent la fonction de lecteur prononcent les lectures, qu'elles soient longues ou brèves, en se tenant debout à l'endroit approprié.

260 L'intonation des antiennes, des psaumes ou des autres chants sera faite par le ou les chantres. En ce qui concerne la psalmodie, on observera ce qui est dit ci-dessus, nn. 121-125.

261 Pendant le cantique évangélique, aux offices du matin et du soir, on peut encenser l'autel, et ensuite le prêtre et le peuple.

262 L'obligation chorale porte sur la communauté, non sur le lieu de la célébration, qui n'est pas nécessairement une église, surtout s'il s'agit des heures qui sont célébrées sans solennité

263 Tous les participants se tiennent debout:
a) pendant qu'on dit l'introduction de l'office, et le verset introduction de chaque heure;
b) pendant l'hymne;
c) pendant le cantique tiré de l'Evangile;
d) pendant les intercessions, l'oraison dominicale et l'oraison conclusive.

264 Tous sont assis pour écouter les lectures autres que l'Evangile.

265 Pendant qu'on dit les psaumes et les autres cantiques, l'assemblée est assise ou se tient debout, selon les coutumes.

266 Tous font le signe de la croix, du front à la poitrine, et de l'épaule gauche à l'épaule droite.
a) au début des heures, quand on dit: «Dieu, viens à mon aide»
b) au début des cantiques tirés de l'Évangile - Benedictus, Magnificat, Nunc dirnittis.
On fait le signe de la croix sur sa bouche, au début de l'invitatoire, aux paroles: «Seigneur, ouvre mes lèvres».

II. Le chant de l'office


267 Dans les rubriques et les règles de cette présentation; les mots «dire» ou «proférer» doivent s'entendre tantôt du chant et tantôt de la simple récitation, selon les principes énoncés ci-dessous.

268 «La célébration chantée de l'office divin est la forme qui s'accorde le mieux à la nature de cette prière. Elle en exprime la solennité d'une manière plus complète, elle traduit une plus profonde union des coeurs dans le service de la louange de Dieu. C'est pourquoi, cette forme chantée est vivement recommandée à tous ceux qui célèbrent l'office au choeur ou en commun» (S. R. C. Instr. Musicam sacram du 5 mars l967, n.37; cf.Const. sur la Liturgie, n.99.)

269 Les déclarations du 2. Concile du Vatican sur le chant liturgique (Cf. Const. sur la Liturgie, n. 113.) s'appliquent à toute action liturgique, mais surtout à la Liturgie des heures. Bien que toutes et chacune de ses parties aient été rénovées de façon à pouvoir être récitées avec fruit même quand on est seul, la plupart d'entre elles sont d'un genre lyrique, et par conséquent ne peuvent exprimer tout leur sens qu'avec le chant; c'est surtout le cas pour les psaumes, les cantiques, les hymnes et les répons.

270 Dans la célébration de la Liturgie des heures, le chant ne peut donc être tenu pour un ornement surajouté comme du dehors à la prière; bien plutôt il jaillit des profondeurs de l'âme qui prie et qui loue Dieu, et il manifeste pleinement et parfaitement la nature communautaire du culte chrétien.

Ils méritent donc des éloges, tous les groupes chrétiens de n'importe quel genre, qui s'efforcent d'employer le plus souvent possible cette forme de prière. Il faut, par la catéchèse voulue et par la pratique, former aussi bien les clercs et les religieux que les fidèles, pour qu'ils puissent, surtout les jours de fête, chanter les heures avec joie. Mais il est difficile de chanter intégralement l'office; et d'ailleurs la louange de l'Église, ni par son origine ni par sa nature propre, ne doit être réservée aux moines et aux clercs: elle appartient à toute la communauté chrétienne. Il faut donc considérer simultanément plusieurs principes pour que la célébration chantée de la Liturgie des heures s'accomplisse le mieux possible, pour qu'elle rayonne de vérité et de beauté.

271 Il importe avant tout qu'on chante l'office au moins les dimanches et jours de fête, et que la pratique du chant contribue à distinguer les différents degrés de solennité.

272 De même, puisque toutes les heures n'ont pas la même valeur, il est bien que le chant fasse ressortir celles qui sont vraiment les pôles de l'office, c'est-à-dire celles du matin et du soir.

273 Sans doute, la célébration entièrement chantée est recommandée, pourvu qu'elle atteigne un haut niveau artistique et spirituel. Cependant c'est avec profit qu'on peut appliquer parfois le principe de la solennité «progressive»; cela pour des motifs pratiques, mais aussi parce que les différents éléments de la célébration liturgique ne sont pas à mettre indistinctement sur le même plan; au contraire, chacun d'eux peut retrouver son sens et sa fonction originels. De cette façon, la Liturgie des heures n'apparaît plus comme, un beau monument du passé, qui exige d'être conservé presque sans aucun changement, afin d'exciter l'admiration pour lui-même; au contraire, elle peut acquérir une nouvelle vie, faire de nombreux progrès et redevenir l'expression d'une communauté bien vivante.

Le principe de solennité «progressive» consiste en ce qu'il admet nombre de degrés intermédiaires entre l'office intégralement chanté et la simple récitation de toutes ses parties. Cette solution introduit une grande et agréable variété, et sa mesure doit être appréciée d'après la couleur du jour ou de l'heure qu'on célèbre, d'après la nature de chacun des éléments qui constituent l'office, enfin d'après l'importance numérique ou le caractère de la communauté, ainsi que d'après le nombre des chanteurs dont on disposera en telle occasion.

Grâce à cette plus grande flexibilité, la louange publique de 'Eglise pourra être chantée plus souvent qu'auparavant et s'adapter de multiples façons à la diversité des circonstances; ainsi se lève un grand espoir de découvrir de nouvelles voies et de nouvelles formes pour notre époque, ce qui s'est toujours produit dans la vie de l'Église.

274 «Dans les actions liturgiques qui doivent être chantées en latin, le chant grégorien, comme, étant le chant propre de la liturgie romaine... doit, toutes choses égales, d'ailleurs, occuper la première place» . Dans l'office chanté, si on n'a pas de mélodie pour l'antienne qui est proposée, on prendra dans le répertoire une autre antienne, pourvu aussi qu'il n'empêche pas une juste participation active du Peuple».

275 Puisque la Liturgie des heures peut être accomplie en langue vivante, on devra donc «faire le nécessaire pour préparer les mélodies dont on se servira dans le chant de l'office en langue du pays (S. R. C. Instr. Musicam sacram, n. 41; cf. nn. 54-61)

276 Cependant rien n'empêche que dans la même célébration, différentes parties soient chantées dans des langues différentes (Cf. Ibid., n. 51.).

277 Quels éléments doit-on chanter de préférence? Cela se déduit de l'organisation authentique de la célébration liturgique, qui demande une juste estimation du sens et de la nature propre, de chaque partie et du chant; il y a en effet des éléments qui, de soi, requièrent le chant (Cf. Ibid., n. 6.) . Tels sont d'abord «les acclamations, les réponses aux salutations du prêtre et des ministres, et aux prières de forme litanique, et en outre les antiennes et les psaumes, de même que les versets intercalaires ou refrains, ainsi que les hymnes et les cantiques» (cf. Ibid., nn. 16 a et 38)

278 Il est évident que les psaumes, comme on l'a dit plus haut, nn. 103-120, ont une relation étroite avec la musique, ce que vérifie la tradition aussi bien juive que chrétienne. En fait, pour entrer pleinement dans l'intelligence de nombreux psaumes, il est, très utile de les chanter, ou du moins de, les considérer toujours sous cette lumière poétique et musicale. Si c'est possible, la forme musicale paraît donc préférable, du moins aux jours et aux heures principales, et selon la nature originelle des psaumes.

279 On a décrit plus haut, nn. 121-123, différentes façons de chanter les psaumes; cette variété ne tient pas tellement a des circonstances extérieures qu'aux genres différents des psaumes qui se rencontrent dans une même célébration. c'est ainsi qu'il vaudra mieux écouter seulement des psaumes sapientiaux où historiques tandis que les hymnes ou les actions de grâce comportent par elles-mêmes le chant commun. Une seule chose est tout à fait importante: que la célébration ne soit pas rigide ou artificielle, ou préoccupée seulement d'exécuter des règles toutes formelles, mais qu'elle réponde vraiment à la réalité. C'est là-dessus que l'effort doit porter d'abord, pour que les âmes soient guidées par le désir d'une authentique prière d'Église, et que Dieu reçoive «une louange agréable et belle» (cf. Ps. 146)

280 Les hymnes pourront aussi nourrir la prière de celui qui récite les heures, si elles ont une valeur doctrinale et artistique; cependant, elles sont, par elles-mêmes, destinées au chant. Il est donc recommandé de les chanter, autant que possible, dans la célébration communautaire.

281 Le répons bref qui suit la lecture aux offices du matin et du soir et dont on traite au n. 49, est destiné par lui-même à être chanté, et chanté par le peuple.

282 Les répons qui suivent les lectures à l'office de lecture appellent le chant, par leur nature et leur fonction. Cependant, dans le déroulement de l'office, leur structure est telle qu'ils gardent leur portée même dans une récitation solitaire et privée. On pourra très souvent chanter ceux qui auront été dotés de mélodies plus simples et plus faciles que celles qui viennent des sources liturgiques.

283 Les lectures, qu'elles soient longues ou brèves, ne sont pas par elles-mêmes destinées au chant; lorsqu'on les proclame, il faut veiller soigneusement à ce que la lecture soit digne, claire et distincte, et que tous puissent vraiment l'entendre et bien la comprendre. La seule mélodie que l'on puisse accepter dans une lecture est celle qui permet d'obtenir une meilleure audition des paroles et une meilleure intelligence du texte.

284 Les textes que le président est seul à prononcer, comme les oraisons, peuvent être chantées d'une façon belle et appropriée, surtout en latin. Cela peut être plus difficile avec certaines langues vivantes, à moins que le chant ne permette à tous de percevoir clairement les paroles.




SOMMAIRE

CHAPITRE I: IMPORTANCE DE LA LITURGIE DES HEURES OU OFFICE DIVIN
DANS LA VIE DE L'EGLISE
I. La prière du Christ
Le Christ prie le Père.
II. La prière de l'Église
Le précepte de la prière.
L'action de l'Esprit Saint
Nature communautaire de la prière
III. La Liturgie des heures
La sanctification du temps.
Relation de la liturgie des heures avec l'eucharistie
Accomplissement de la fonction sacerdotale du Christ dans la Liturgie des heures
Sanctification de l'homme
Louange offerte à Dieu en union avec l'Église du ciel
Supplication et intercession
Sommet et source de l'action pastorale
Que l'âme s'accorde avec la voix
IV. Les personnes qui célèbrent la Liturgie des heures
a) La célébration faite en commun
b) Le mandat de célébrer la Liturgie des heures
c) Structure de la célébration

CHAPITRE II: LA SANCTIFICATION DE LA JOURNEE:
LES DIFFERENTES HEURES LITURGIQUES
I. L'introduction à tout l'office
II. Offices du matin et du soir
III. L'office de lecture
IV. Les vigiles
V. Tierce, sexte et none, ou l'Heure médiane
VI. Complies
VII. Comment rattacher, s'il y a lieu, les Heures de l'office à la messe, ou entre elles

CHAPITRE III: LES DIVERS ELEMENTS DE LA LITURGIE DES HEURES
I. Les psaumes et leur relation avec la prière chrétienne
II Les antiennes et les autres éléments qui aident à prier avec les psaumes
III. La manière de psalmodier
IV. Principes de la répartition des psaumes dans l'office
V. Les cantiques de l'Ancien et du Nouveau Testament
VI. La lecture de la Sainte Ecriture
a. La lecture de la Sainte Ecriture en général
b. Le cycle de lecture d'Ecriture sainte à l'office de lecture
c. Les lectures brèves
VII. La lecture des Pères et des écrivains ecclésiastiques
VIII. La lecture hagiographique
IX. Les répons
X. Les hymnes et les autres chants d'origine non biblique
XI. Les intercessions, l'oraison dominicale, l'oraison conclusive
a. Les intercessions aux offices du matin et du soir
b. L'oraison dominicale
c. L'oraison conclusive
XII. Le silence sacréCHAPITRE IV: LES DIFFÉRENTES CÉLÉBRATIONS DANS LE CYCLE ANNUEL
I. La célébration des mystères du Seigneur
a) Le dimanche
b) Le triduum pascal
c) Le temps pascal
d) Noël
e) Les autres solennités et fêtes du Seigneur
II. La célébration des saints
1. Comment l'office doit être organisé aux solennités
2. Comment l'Office doit être organisé aux fêtes
3. Comment l'office doit être organisé aux mémoires des saints
a) Mémoires tombant à des jours ordinaires
b) Mémoires tombant dans un temps privilégié
c) La mémoire de sainte Marie le samedi
III. Le calendrier à employer et la faculté de choisir un Office ou l'une de ses parties
a) Le calendrier à employer
b) Faculté de choisir l'office
c) Faculté de choisir certains formulaires

CHAPITRE V: LES RITES A OBSERVER DANS LA CELEBRATION PUBLIQUE COMMUNE
I. Les différentes fonctions à remplir
II. Le chant de l'office
1970 PGLH 201