1970 PGLR 1
1. Sur l'importance de la parole de Dieu et l'introduction de lectures bibliques dans toute célébration liturgique, bien des choses ont déjà été dites avec bonheur, que ce soit au concile Vatican II, dans le magistère des souverains pontifes ou dans les divers documents publiés, après le Concile, par les organismes du Saint-Siège. En outre, quelques principes essentiels ont été formulés et brièvement commentés dans la 1ère édition de l'Ordo lectionum Missae (1969).
Mais, à l'occasion de cette nouvelle édition, pour répondre à de nombreuses demandes, on a voulu présenter ici ces principes de façon plus développée et plus adaptée.
Ayant d'abord affirmé, d'une manière générale, le lien qu'il y a entre parole de Dieu et action liturgique, on traitera plus particulièrement de la parole de Dieu dans la célébration de la messe, puis on exposera la structure détaillée du lectionnaire.
2. En cette matière, il faut à bon droit circonscrire quelque peu le sens des mots, afin que le discours soit bien clair et sans ambiguïté. On adoptera pourtant dans cette introduction le vocabulaire utilisé dans les documents du Concile ou d'après-Concile: pour désigner les livres inspirés par l'Esprit Saint, on parlera indifféremment d'Écriture sainte ou de parole de Dieu, en veillant à éviter toute confusion des termes ou des réalités.
3. La richesse multiforme de l'unique parole de Dieu est admirablement mise en valeur dans la variété des célébrations et la diversité des assemblées de fidèles qui y participent:
-par le rappel du mystère du Christ dans son déploiement à travers le cycle de l'année liturgique; -par la célébration des sacrements et des sacramentaux de l'Église;
-par la réponse de chaque fidèle à l'action intérieure de l'Esprit Saint.
C'est alors que la célébration liturgique elle-même, qui trouve avant tout dans la parole de Dieu son appui et son soutien, devient un événement nouveau: elle enrichit cette parole elle-même d'une signification et d'une efficacité nouvelles. Ainsi, dans la liturgie, l'Église suit-elle fidèlement la manière de lire et d'interpréter l'Écriture qui fut celle du Christ, lui qui, depuis l'"aujourd'hui" de sa venue, exhorte à scruter attentivement toutes les Écritures.
4. Dans la célébration liturgique, la proclamation de la parole de Dieu ne se fait pas d'une seule manière, et elle ne frappe pas toujours le coeur des auditeurs avec la même efficacité; mais c'est toujours le Christ qui est présent dans sa parole, lui qui, accomplissant pleinement le mystère du salut, sanctifie les hommes et offre au Père le culte parfait.
Bien plus, l'économie du salut, que la parole de Dieu ne cesse de rappeler et de répandre, atteint sa pleine signification dans l'action liturgique: ainsi la célébration liturgique devient elle-même une proclamation continue, pleine et efficace de la parole de Dieu.
C'est pourquoi la parole de Dieu proclamée sans cesse dans la liturgie est toujours vivante et efficace par la puissance de l'Esprit Saint, et manifeste l'amour agissant du Père, inépuisable dans son efficacité à l'égard des hommes.
5. C'est l'unique et même mystère du Christ que l'Église annonce quand elle proclame aussi bien l'Ancien que le Nouveau Testament dans la célébration liturgique.
En effet le Nouveau Testament est caché dans l'Ancien, et l'Ancien Testament est dévoilé dans le Nouveau. Le Christ est le centre et l'accomplissement de toute l'Écriture, comme il l'est de toute la célébration liturgique: c'est donc à ces sources que doivent puiser tous ceux qui cherchent le salut et la vie.
Plus la célébration liturgique est perçue en profondeur, plus l'importance de la parole de Dieu y apparaît: ce qu'on dit de l'une peut être affirmé aussi de l'autre, car par l'une et l'autre le mystère du Christ est rappelé et rendu perpétuellement présent, de la manière propre à chacune.
6. Dans l'action liturgique, l'Église répond fidèlement cet "Amen" qu'une fois pour toutes et pour tous les siècles le Christ, Médiateur entre Dieu et les hommes, a exprimé, en répandant son sang, pour sceller dans l'Esprit Saint la nouvelle Alliance.
Puisque Dieu lui-même communique sa parole, il attend toujours une réponse, qui est écoute et adoration "dans l'Esprit et la vérité" (Jn 4,23) . L'Esprit Saint, en effet, rend efficace cette réponse, de sorte que les paroles entendues dans l'action liturgique passent aussi dans la vie, selon cet enseignement: "Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l'écouter" (Jc 1,22) .
Les attitudes corporelles, les gestes et les paroles par lesquels s'exprime l'action liturgique et se manifeste la participation des fidèles reçoivent signification non seulement de l'expérience humaine dont ils proviennent, mais aussi de la parole de Dieu et de l'économie du salut à laquelle ils se référent. Et donc, les fidèles participent d'autant mieux à l'action liturgique qu'ils s'efforcent plus profondément, en écoutant la Parole proclamée, de s'unir au Verbe de Dieu lui-même incarné dans le Christ. De la sorte, ils s'appliqueront à faire passer dans leur conduite et dans leur vie ce qu'ils ont célébré dans la liturgie et, en retour, ils s'efforceront de faire passer dans la célébration liturgique ce qu'ils auront vécu.
7. En écoutant la parole de Dieu, l'Église s'édifie et grandit: les merveilles que Dieu accomplit jadis de maintes manières dans l'histoire du salut sont rendues présentes, dans la vérité du mystère, par les signes de la célébration liturgique; en retour, Dieu se sert de l'assemblée des fidèles célébrant la liturgie, pour que sa parole poursuive sa course et qu'on lui rende gloire, que son nom soit exalté dans toutes les nations.
Chaque fois donc que, rassemblée par l'Esprit Saint dans la célébration liturgique, l'Église annonce et proclame la parole de Dieu, elle se reconnaît comme le nouveau peuple où l'Alliance, scellée autrefois, atteint finalement sa perfection et son achèvement. Tous les chrétiens, devenus par le baptême et la confirmation dans l'Esprit messagers de la parole de Dieu, une fois reçue la grâce de l'écouter, doivent l'annoncer dans l'Église et dans le monde, au moins par le témoignage de leur vie.
Cette parole de Dieu, proclamée dans la célébration des saints mystères, n'atteint pas seulement la réalité présente, mais elle se réfère au passé et regarde vers l'avenir. Cet avenir, elle le présente à notre espérance pour que nous l'attendions avec un tel désir qu'"au milieu des changements de ce monde, nos coeurs s'établissent fermement là où se trouvent les vraies joies".
8. Puisque, de par la volonté du Christ lui-même, le nouveau peuple de Dieu est doté d'une admirable variété de membres, les fonctions et les charges qui reviennent à chacun par rapport à la parole de Dieu sont également variées: ainsi, les fidèles écoutent et méditent cette parole, tandis que, seuls, la présentent ceux qui ont reçu, par l'ordination, la charge du magistère, ou ceux à qui l'exercice de ce même ministère a été confié.
C'est ainsi que, dans sa doctrine, sa vie et son culte, l'Église perpétue et transmet à chaque génération tout ce qu'elle est elle-même, et tout ce qu'elle croit: de cette manière, tout au long des siècles, elle tend constamment vers la plénitude de la vérité divine, jusqu'à ce que soit accomplie en elle la parole de Dieu.
9. Pour que la parole de Dieu produise vraiment dans les coeurs ce qui résonne aux oreilles, l'action de l'Esprit Saint est nécessaire: par son inspiration et avec son aide, la parole de Dieu devient le fondement de l'action liturgique, la règle et le soutien de toute la vie.
L'oeuvre de l'Esprit ne consiste donc pas seulement à prévenir, accompagner et suivre toute l'action liturgique: elle suggère aussi au coeur de chacun ce qui, dans la proclamation de la parole de Dieu, est prononcé pour l'assemblée des fidèles dans son ensemble; et, tandis qu'elle renforce l'unité de tous, elle ravive aussi la diversité des charismes et pousse à l'action sous des formes multiples.
10. La parole de Dieu et le mystère eucharistique ont toujours et partout reçu de l'Église non pas le même culte mais la même vénération. C'est ce qu'elle a établi, poussée par l'exemple de son Fondateur, en ne cessant jamais de célébrer son mystère pascal, en se rassemblant pour "lire dans toute l'Écriture ce qui le concernait" (Lc 24,27) et pour réaliser l'uuvre du salut par le mémorial du Seigneur et les sacrements. Car "la proclamation de la Parole est indispensable au ministère sacramentel lui-même, puisqu'il s'agit des sacrements de la foi, et que celle-ci a besoin de la Parole pour naître et se nourrir".
Nourrie spirituellement à ces deux tables, l'Église s'instruit davantage et se sanctifie toujours plus. Dans la parole de Dieu l'Alliance divine est annoncée, et dans l'eucharistie la nouvelle et éternelle Alliance est renouvelée. Là, l'histoire du salut est évoquée dans le son des paroles, ici elle est montrée dans les signes sacramentels de la liturgie.
C'est pourquoi il faut toujours avoir présent à l'esprit que la parole de Dieu, lue et annoncée par l'Église dans la liturgie, conduit au sacrifice de l'Alliance et au banquet de la grâce, c'est-à-dire à l'eucharistie, comme à sa fin propre. La célébration de la messe, où la Parole est entendue et l'eucharistie offerte et reçue, constitue donc un seul acte du culte divin, par lequel le sacrifice de louange est offert à Dieu et la plénitude de la rédemption est donnée à l'homme.
11. "La partie principale de la liturgie de la Parole est constituée par les lectures tirées de la Sainte Écriture, avec les chants qui s'y intercalent, mais l'homélie, la profession de foi et la prière universelle la développent et la concluent."
12. Dans la célébration de la messe, il n'est pas permis de supprimer, de diminuer ni -ce qui serait plus grave- de remplacer par d'autres textes non bibliques les lectures de la Bible ainsi que les chants tirés de la Sainte Écriture. C'est, en effet, par la parole même de Dieu, transmise par écrit, que maintenant encore "Dieu parle à son peuple". C'est à partir d'une fréquentation prolongée de la Sainte Écriture que le peuple de Dieu, rendu docile à l'Esprit Saint sous la lumière de la foi, pourra rendre témoignage au Christ face au monde par sa vie et ses moeurs.
13. La lecture de l'Évangile constitue le sommet de cette liturgie de la Parole. Les autres lectures, dans l'ordre traditionnel, c'est-à-dire qui va de l'Ancien Testament au Nouveau, y préparent l'assemblée.
14. C'est avant tout la manière même de lire des lecteurs, quand ils proclament les textes à voix haute, claire et intelligible, qui conduit à bien communiquer à l'assemblée la parole de Dieu à travers les lectures.
Prises dans les éditions approuvées, les lectures peuvent être chantées selon le génie des diverses langues, à condition que le chant n'étouffe pas le texte, mais plutôt le mette en valeur. S'il arrive qu'on les chante en latin, on utilisera le ton noté dans l'Ordo Cantus Missae.
15. Il peut y avoir, dans la liturgie de la Parole, des monitions brèves et appropriées avant les lectures, surtout la première. Il faut être attentif au genre littéraire de ces monitions. Qu'elles soient simples, fidèles au texte, brèves, préparées avec soin, et adaptées, de manières diverses, au texte qu'elles doivent introduire.
16. Dans la célébration de la messe avec le peuple, les lectures sont toujours proclamées de l'ambon.
17. Parmi les rites de la liturgie de la Parole, on sera attentif à la vénération due à la lecture évangélique. Si l'on a un évangéliaire, porté dans la procession d'entrée par le diacre ou un lecteur, il est tout à fait convenable qu'il soit pris sur l'autel par le diacre ou, en son absence, par le prêtre, et porté à l'ambon, précédé des ministres avec les cierges, l'encens ou d'autres signes de vénération, si c'est l'usage. Les fidèles sont debout et vénèrent le livre des Évangiles en acclamant le Seigneur. Le diacre qui doit proclamer l'Évangile s'incline devant celui qui préside, demande et reçoit la bénédiction. Quand il n'y a pas de diacre, le prêtre s'incline devant l'autel et prie à voix basse en disant: "Purifie mon coeur..."
A l'ambon, celui qui proclame l'Évangile salue le peuple qui est debout, annonce le titre de la lecture, se signe le front, la bouche et la poitrine; puis, s'il y a lieu, il encense le livre et enfin proclame l'Évangile. A la fin, il baise le livre, en disant à voix basse les paroles prévues.
Il convient de chanter la salutation, l'annonce "Évangile de Jésus Christ", et à la fin "Acclamons la parole de Dieu", pour que l'assemblée puisse acclamer de la même façon, même si l'Évangile est seulement lu. Par là se manifeste l'importance de la lecture évangélique, et la foi des auditeurs est avivée.
18. A la fin des lectures, la conclusion "Parole du Seigneur" peut être chantée, même par un chantre autre que le lecteur, et tous acclament ensuite: "Nous rendons grâce à Dieu!" De cette manière, l'assemblée rend honneur à la parole de Dieu reçue avec foi et en esprit d'action de grâce.
19. Le psaume responsorial, appelé aussi graduel, a une grande importance liturgique et pastorale: "Il fait partie intégrante de la liturgie de la Parole." C'est pourquoi il faut constamment enseigner aux fidèles la manière de recevoir la parole de Dieu dans les psaumes, et d'en faire la prière de l'Église. "Cela se réalisera plus facilement si l'on se préoccupe de susciter dans le clergé une connaissance plus approfondie des psaumes selon le sens qu'ils revêtent dans la liturgie, et si une catéchèse adaptée est donnée à tous les fidèles."
Des monitions brèves indiquant le choix du psaume avec son refrain et leur rapport avec les lectures pourront être de quelque secours.
20. Le psaume responsorial est normalement chanté. Deux manières de chanter le psaume après la première lecture sont à mentionner: la forme responsoriale et la forme directe. Dans la forme responsoriale, préférable dans la mesure du possible, le psalmiste, ou chantre du psaume, proclame les versets, et l'assemblée tout entière participe par un refrain. Dans la forme directe, il n'y a pas de répons de l'assemblée intercalé dans le psaume; celui-ci est chanté, soit par le psalmiste seul, tandis que l'assemblée se contente d'écouter, soit par tous ensemble.
21. Le chant du psaume, ou seulement du refrain, aide beaucoup à saisir le sens spirituel du psaume et en favorise la méditation.
Dans chaque culture, on doit tenir compte de tout ce qui peut favoriser le chant de l'assemblée, particulièrement en utilisant les possibilités prévues dans le lectionnaire, avec les refrains proposés pour les divers temps liturgiques.
22. Si le psaume n'est pas chanté, il sera récité de la manière la plus propice à la méditation de la parole de Dieu.
C'est à l'ambon que le psaume responsorial est chanté ou récité par le psalmiste ou le chantre.
23. L'"Alléluia" ou, en Carême, l'acclamation à l'Évangile, constitue, lui aussi, "un rite ou un acte ayant valeur en lui-même"; par là, l'assemblée des fidèles accueille et salue son Seigneur qui va lui parler, et proclame sa foi en chantant.
L'"Alléluia" et l'acclamation à l'Évangile doivent être chantés, tout le monde étant debout. C'est tout le peuple qui doit chanter, et pas seulement le chantre qui entonne, ni même la chorale.
24. "L'homélie, par laquelle, au long de l'année liturgique, on explique à partir des textes sacrés les mystères de la foi et les normes de la vie chrétienne", a été souvent recommandée comme une partie de la liturgie de la Parole, surtout depuis la Constitution liturgique du concile Vatican II; elle est même obligatoire dans certains cas. Elle est faite normalement par celui qui préside. Dans la célébration de la messe, elle vise à ce que la parole de Dieu proclamée soit, avec la liturgie eucharistique, "l'annonce des merveilles de Dieu dans l'histoire du salut, qui est le mystère du Christ". En effet, le mystère pascal du Christ, annoncé par les lectures et l'homélie, se réalise par le sacrifice de la messe. Et le Christ est toujours présent et agissant dans la prédication de son Église.
C'est pourquoi l'homélie explique la parole de la Sainte Écriture qui a été proclamée, ou un autre texte liturgique; elle doit conduire la communauté des fidèles à une célébration active de l'eucharistie, pour qu'ils "gardent dans leur vie ce qu'ils ont saisi par la foi". Par cette présentation vivante, la parole de Dieu qui est lue, et les célébrations de l'Église qui sont accomplies, peuvent acquérir une plus grande efficacité: à condition que l'homélie soit vraiment le fruit de la méditation, qu'on l'ait préparée avec soin, qu'elle ne soit ni trop longue ni trop courte et qu'on y prête attention à tous ceux qui sont présents, y compris les enfants et les personnes sans instruction.
Dans la concélébration, c'est normalement le célébrant principal qui fait l'homélie, ou l'un des concélébrants.
25. Les jours de précepte, c'est-à-dire les dimanches et les fêtes d'obligation, y compris aux messes de la veille au soir, il doit y avoir une homélie à toutes les messes célébrées avec concours de peuple, et on ne peut l'omettre que pour une cause grave. Même aux messes avec les enfants et avec des groupes particuliers, on doit faire une homélie.
L'homélie est vivement recommandée aux féries de l'Avent, du Carême et du Temps pascal, à l'intention des fidèles qui participent régulièrement à la célébration de la messe, ainsi qu'à d'autres fêtes et occasions où le peuple se rend à l'église en plus grand nombre.
26. Le prêtre célébrant fait l'homélie au siège, debout ou assis, ou à l'ambon.
27. Il faut bien séparer de l'homélie les brèves annonces à faire éventuellement au peuple: celles-ci doivent être données une fois dite la prière après la communion.
28. La liturgie de la Parole doit être célébrée de manière à favoriser la méditation; aussi doit-on éviter complètement toute forme de précipitation qui empêcherait le recueillement. Le dialogue entre Dieu et les hommes, avec l'aide de l'Esprit Saint, exige de courts moments de silence, proportionnés à l'assemblée: c'est ainsi que les coeurs accueillent la parole de Dieu et que se prépare une réponse par la prière.
Ces moments de silence dans la liturgie de la Parole peuvent être avantageusement observés par exemple:
- avant le commencement de la liturgie de la Parole; - après la première et la deuxième lectures;
- enfin, une fois l'homélie terminée.
29. Le Symbole ou profession de foi, qu'on doit dire selon les rubriques, vise dans la célébration de la messe à ce que l'assemblée acquiesce et réponde à la parole de Dieu qu'elle a entendue dans les lectures et par l'homélie, et se rappelle la règle de la foi selon la formule approuvée par l'Église avant de commencer à célébrer le mystère de la foi dans l'eucharistie.
30. Dans la prière universelle, l'assemblée des fidèles prie à la lumière de la parole de Dieu, à laquelle elle répond en quelque sorte. Elle prie normalement pour les besoins de toute l'Église et de la communauté locale, pour le salut du monde, pour ceux qui sont accablés par toutes sortes d'épreuves, pour certains groupes de personnes.
Sous la direction du prêtre, les demandes doivent être brèves, composées de manière libre et réfléchie; elles sont proposées par le diacre, un ministre ou quelques fidèles; par ces demandes, "le peuple, exerçant sa fonction sacerdotale, supplie pour tous les hommes", de sorte que le fruit de la liturgie de la Parole, achevé en lui-même, puisse passer plus pleinement dans la liturgie eucharistique.
31. Le prêtre dirige, de son siège, la prière universelle, tandis que les intentions sont proférées de l'ambon.
Debout, l'assemblée participe à la prière en disant ou en chantant une invocation commune à la suite des intentions, ou bien par une prière silencieuse.
32. Ce qui permet une bonne célébration de la liturgie de la Parole
A) Le lieu de la proclamation de la parole de Dieu
32. Il doit y avoir dans l'église un lieu élevé, stable, bien disposé et suffisamment noble. Ce lieu doit:
- correspondre à la dignité de la parole de Dieu; - rappeler clairement aux fidèles qu'à la messe est préparée la double table de la parole de Dieu et du corps du Christ;
- et enfin favoriser l'audition et l'attention des fidèles durant la liturgie de la Parole.
En tenant compte de la structure de chaque église, il faut donc veiller à donner à l'ambon un lien et un rapport harmonieux avec l'autel.
33. . Cet ambon sera décoré, avec sobriété et en respectant sa structure, d'une manière habituelle ou occasionnelle, au moins aux jours solennels.
Puisque l'ambon est le lieu d'où les ministres annoncent la parole de Dieu, il doit être réservé, de par sa nature, aux lectures, au psaume responsorial et à l'annonce de la Pâque (à la veillée pascale). Cependant l'homélie et la prière des fidèles peuvent être faites de l'ambon, à cause de leur union intime avec l'ensemble de la liturgie de la Parole. Mais il ne convient guère qu'y montent d'autres personnes, comme le commentateur, le chantre ou le chef de choeur.
34. . Pour que l'ambon serve aux célébrations d'une manière bien appropriée, il est bon qu'il soit assez large, car plusieurs ministres doivent parfois y prendre place en même temps. Il faut veiller de plus à ce qu'à l'ambon les lecteurs jouissent d'un éclairage suffisant pour lire le texte et, au besoin, puissent se servir des moyens techniques actuels pour être facilement entendus des fidèles.
B) Les livres pour annoncer la parole de Dieu dans les célébrations
35. . Les livres où l'on prend les lectures de la parole de Dieu, de même que les ministres, les actions, les lieux et autres choses, éveillent chez les auditeurs la mémoire de la présence de Dieu qui parle à son peuple. C'est pourquoi il faut veiller à ce que même les livres soient vraiment dignes, harmonieux et beaux, puisqu'ils sont, dans l'action liturgique, signes et symboles des réalités d'En Haut.
36. . Puisque l'annonce de l'Évangile constitue toujours le sommet de la liturgie de la Parole, la tradition liturgique, aussi bien d'Occident que d'Orient, a constamment fait une distinction entre les livres des lectures. Le livre des Évangiles était confectionné avec le plus grand soin, orné et vénéré plus que tout autre lectionnaire. Il convient donc tout à fait que, de nos jours encore, les cathédrales et au moins les églises les plus grandes et les plus fréquentées possèdent un évangéliaire distinct des autres lectionnaires et bien décoré. C'est ce livre qui est normalement confié au diacre à son ordination, et qui est placé et maintenu sur la tête de l'élu au cours de l'ordination épiscopale.
37. . Enfin, en raison de la dignité de la parole de Dieu, on ne remplacera pas les lectionnaires utilisés dans les célébrations par d'autres "instruments" de pastorale, par exemple des feuillets à l'usage des fidèles destinés à préparer les lectures ou à favoriser la méditation personnelle.
38. . Celui qui préside la liturgie de la Parole, qui communique aux fidèles, surtout dans l'homélie, la nourriture spirituelle que contient cette liturgie, reste le premier responsable de l'annonce de cette Parole, même s'il écoute lui-même la parole de Dieu proclamée par d'autres. Il s'assurera, par lui-même ou par d'autres, de la qualité de cette proclamation, mais il se réserve normalement de composer quelques monitions pour attirer davantage l'attention des auditeurs, et surtout de faire l'homélie qui leur procure une intelligence plus féconde de la parole de Dieu.
39. . Il est nécessaire avant tout que celui qui préside la célébration connaisse bien l'organisation du lectionnaire, afin d'en tirer les fruits pour les coeurs des fidèles et de percevoir pleinement, par la prière et par l'étude, l'harmonie et les correspondances entre les divers textes de la liturgie de la Parole: ainsi, à partir du lectionnaire, le mystère du Christ et son uuvre de salut pourront être compris par tous de manière juste.
40. . Celui qui préside se servira volontiers des diverses possibilités offertes dans le lectionnaire pour les lectures, les refrains, les psaumes responsoriaux, les acclamations à l'Évangile; il le fera en accord avec tous les intéressés, en ayant pris aussi l'avis des fidèles en ce qui les concerne.
41. . C'est encore en faisant l'homélie que le président exerce sa charge propre et son ministère de la parole de Dieu. Par elle, en effet, il introduit ses frères dans l'intelligence savoureuse de la Sainte Écriture; il ouvre l'esprit des fidèles à l'action de grâce pour les merveilles de Dieu; il nourrit leur foi en cette Parole qui, dans la célébration, par l'action de l'Esprit Saint, devient sacrement; il les prépare enfin à une communion fructueuse et les invite à faire leurs les principes de la vie chrétienne.
42. . Il appartient au président d'introduire parfois les fidèles dans la liturgie de la Parole par des monitions avant la proclamation des lectures. Ces monitions pourront aider beaucoup l'assemblée à mieux écouter la parole de Dieu, en suscitant chez elle une attitude de foi et de bonne volonté. Il peut aussi confier cette fonction à d'autres, par exemple le diacre ou le commentateur.
43. . Celui qui préside dirige la prière universelle: par l'introduction et la prière de conclusion, il la rattache aux lectures et à l'homélie, et il conduit les fidèles vers la liturgie eucharistique.
44. . La parole du Christ rassemble, fait croître et nourrit le peuple de Dieu: "Cela vaut spécialement pour la liturgie de la Parole dans la célébration de la messe, où sont inséparablement unies l'annonce de la mort et de la résurrection du Seigneur, la réponse du peuple qui l'écoute, l'oblation même du Christ scellant en son sang la nouvelle Alliance, et la communion des chrétiens à cette oblation par la prière et la réception du sacrement." En effet, "non seulement lorsqu'on lit ce qui a été écrit pour notre instruction (Rm 15,4) , mais encore lorsque l'Église prie, chante ou agit, la foi des participants est nourrie, les âmes sont élevées vers Dieu pour lui rendre un hommage spirituel et recevoir sa grâce avec plus d'abondance".
45. . Dans la liturgie de la Parole, par la foi qui naît de ce qu'on entend, aujourd'hui encore l'assemblée des chrétiens reçoit de Dieu la parole de l'Alliance, à laquelle elle doit répondre par la foi, pour devenir davantage, de jour en jour, le peuple de la nouvelle Alliance.
Le peuple de Dieu a le droit de recevoir en abondance le trésor spirituel de la parole de Dieu: c'est un droit rendu effectif par l'usage du lectionnaire de la messe, par l'homélie et par l'action pastorale.
Que les fidèles, dans la célébration de la messe, écoutent donc la parole de Dieu avec cette vénération intérieure et extérieure qui, de jour en jour, développera en eux la vie spirituelle et les fera entrer plus profondément dans le mystère célébré.
46. . Pour que les fidèles puissent célébrer avec ardeur le mémorial du Seigneur, qu'ils se rendent compte que la présence du Christ est unique, à la fois dans la parole de Dieu, "car c'est lui qui parle tandis qu'on lit dans l'Église les Saintes Écritures" et, "au plus haut point, sous les espèces eucharistiques".
47. . La parole de Dieu, pour être reçue et mise en pratique dans la vie des chrétiens, exige une foi vive, suscitée sans interruption par l'écoute de la parole de Dieu proclamée.
Les Saintes Écritures, en effet, avant tout dans leur proclamation liturgique, sont une source de vie et de puissance: l'Apôtre atteste que l'Évangile est puissance de Dieu pour le salut de quiconque est devenu croyant; c'est pourquoi l'amour des Écritures donne vigueur et renouveau au peuple de Dieu tout entier. Il faut donc que tous les chrétiens sans exception soient toujours disponibles pour écouter avec joie la parole de Dieu. Annoncée par l'Église et mise en pratique dans la vie, elle illumine les fidèles sous l'action de l'Esprit et les entraîne à mettre en uuvre tout le mystère de Dieu. Reçue dans la foi, la parole de Dieu dispose le coeur et ses élans à la conversion et à une vie rayonnante de foi, personnelle et communautaire; car elle est à la fois la nourriture de la vie chrétienne et la source de toute la prière de l'Église.
48. . L'union étroite qui existe entre la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique dans la célébration de la messe poussera les fidèles à être présents à la célébration depuis le début, à y participer activement et à écouter après s'être préparés autant que possible, grâce surtout à une connaissance profonde de l'Écriture acquise auparavant; elle suscitera en outre le désir d'une compréhension liturgique des textes lus et la volonté d'y répondre par le chant.
De la sorte, les chrétiens peuvent donner à la parole de Dieu écoutée et méditée une réponse active, remplie de foi, d'espérance et de charité, de prière et de don de soi, non seulement au cours de la célébration, mais encore dans toute leur vie chrétienne.
49. . La tradition liturgique confie les lectures bibliques de la messe à des ministres: les lecteurs et le diacre. Cependant, s'il n'y a ni diacre ni un autre prêtre, le prêtre célébrant lit lui-même l'Évangile et même, en l'absence de lecteur, toutes les lectures.
50. . A la messe, dans la liturgie de la Parole, il revient au diacre d'annoncer l'Évangile, parfois, suivant les circonstances, de faire l'homélie, et d'adresser au peuple les intentions de la prière universelle.
51. . "Le lecteur a sa fonction propre dans la célébration eucharistique, qu'il doit exercer par lui-même, fût-ce en présence de ministres d'un ordre supérieur." Le ministère du lecteur, conféré par un rite liturgique, doit être tenu en honneur. Les lecteurs institués, s'il y en a, remplissent leur fonction propre au moins les dimanches et les fêtes, surtout à la célébration principale. On pourra aussi les charger d'aider à l'organisation de la liturgie de la Parole et, dans la mesure où c'est nécessaire, de veiller à la préparation des autres fidèles désignés occasionnellement pour faire les lectures.
52. . L'assemblée liturgique a besoin de lecteurs, même s'ils ne sont pas institués pour ce ministère. Il faut donc veiller à avoir des laïcs, spécialement capables, prêts à remplir ce ministère. Quand il y a plusieurs lecteurs et plusieurs lectures à faire, il convient de les répartir entre eux.
53. . Aux messes sans diacre, la charge de formuler les intentions de la prière universelle sera confiée à un chantre (surtout quand elles doivent être chantées), à un lecteur ou à une autre personne.
54. . Quand un autre prêtre, un diacre ou un lecteur institué montent à l'ambon pour lire la parole de Dieu à la messe avec peuple, ils doivent revêtir le vêtement liturgique qui leur est propre. Par contre, ceux qui accomplissent le ministère de lecteur occasionnellement ou même habituellement peuvent monter à l'ambon en costume ordinaire, en suivant cependant les usages de chaque pays.
55. . "Pour que les fidèles, à l'audition des lectures divines, conçoivent un amour savoureux et vivant pour la Sainte Écriture, il est nécessaire que les lecteurs exerçant un tel ministère, même s'ils n'en ont pas reçu l'institution, y soient vraiment aptes et soigneusement préparés."
Cette préparation doit être avant tout spirituelle, mais une préparation technique est également nécessaire.
La préparation spirituelle suppose au moins une double formation, biblique et liturgique. La formation biblique doit permettre aux lecteurs de situer les lectures dans leur contexte propre et de comprendre, à la lumière de la foi, le point central du message révélé. La formation liturgique doit fournir aux lecteurs la possibilité de saisir le sens et la structure de la liturgie de la Parole et de comprendre les liens entre celle-ci et la liturgie eucharistique.
La préparation technique doit rendre les lecteurs de jour en jour plus compétents dans l'art de lire devant le peuple, soit directement, soit en utilisant les moyens modernes qui amplifient la voix.
56. . Il revient au psalmiste, ou chantre du psaume, de chanter le psaume (ou autre cantique biblique) sur le mode responsorial ou direct, le graduel, l'Alléluia (ou autre acclamation), qui sont placés entre les lectures. Il peut éventuellement entonner lui-même l'Alléluia et son verset.
Pour remplir cette fonction du psalmiste, il est très souhaitable d'avoir, dans chaque communauté d'Église, des laïcs doués dans l'art de la psalmodie, dans la bonne proclamation des textes et la diction. Ce qui a été dit plus haut sur la formation des lecteurs vaut également pour les chantres du psaume.
57. . C'est aussi un vrai ministère liturgique qu'exerce le commentateur: d'un lieu approprié, il propose à l'assemblée des fidèles des explications et des monitions, bien situées, claires, transparentes du fait de leur brièveté, préparées avec soin, habituellement écrites et approuvées auparavant par le célébrant.
1970 PGLR 1