Discours du Saint Père à la congrégation pour le culte divin
Le 21 septembre 2001, le Saint-Père adressait un message
à l'occasion de l'assemblée plénière de la congrégation pour le culte divin,
consacré à la religiosité populaire.
Éminences, Vénérés Frères dans l'Épiscopat et le Sacerdoce Très chers Frères et Soeurs,
1. C'est avec plaisir que je vous salue à l'occasion de l'assemblée plénière de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements. Je salue son Éminence le Cardinal Jorge Arturo Medina Estevez, qui guide avec un généreux dévouement le Dicastère, et avec lui les Éminents Cardinaux, les vénérables Prélats et tous ceux qui à un titre ou l'autre travaillent dans cette Congrégation au service de l'Église et de l'Évangélisation. Votre Plénière a été précédée de nombreuses rencontres des évêques membres des Conférences épiscopales, avec les responsables de votre Dicastère, rencontres marquées par un atmosphère de fraternelle collaboration et consacrées à l'approfondissement de la vie liturgique du Peuple de Dieu et à la fidèle application des orientations du concile Vatican II.
2. La Sainte Liturgie, que la constitution Sacrosanctum Concilium qualifie de sommet de la vie de l'Église, ne peut en aucun cas être réduite à une simple réalité esthétique, ni être considéré comme un instrument à finalité purement pédagogique ou œcuménique. La célébration des saints Mystères est avant tout action de louange au Dieu, Un et Trine, et expression voulue par Dieu lui-même. Par elle l'homme, personnellement et communautairement, se présente devant Lui pour Lui rendre grâce, conscient qu'il ne peut prouver la plénitude de son être que en le louant et en accomplissant sa volonté, dans la recherche constante du Règne, qui est déjà présent mais qui ne viendra définitivement qu'au jour de la Parousie de Notre Seigneur. La Liturgie et la vie sont deux réalités indissociables. Une liturgie qui ne se refléterait pas dans la vie deviendrait vide et certainement ne serait pas agréable à Dieu.
3. Toute célébration liturgique est un acte de la vertu de religion qui, en cohérence avec sa nature, doit se caractériser par un sens profond du sacré. En elle l'homme et la communauté doivent être conscients de se trouver d'une manière spéciale en présence de Celui qui est trois fois saints et qui transcende tout. Par conséquent l'attitude requise ne peut être qu'imprégné de la révérence et du sens de l'émerveillement qui résulte du fait de se savoir en présence de la Majesté divine. N'était-ce pas cela que Dieu voulait manifester Dieu lorsqu'Il donna à Moïse l'ordre de se déchausser devant le buisson ardent ? Est-ce que l'attitude de Moïse et d'Élie, qui n'osait pas regarder Dieu face à face, ne naissait pas de cette même conscience ? Le peuple de Dieu a besoin de voir de la part des prêtres et des diacres un comportement plein de révérence et de dignité, capable de l'aider a pénétrer les choses invisibles, même sans un grand nombre de paroles et d'explications. Dans le Missel Romain, dit de Saint Pie V, ainsi que dans diverses Liturgies orientales, on trouve de très belles prières par lesquelles le prêtre exprime les plus profonds sentiments d'humilité et de révérence en présence des saints mystères: celles-ci révèlent la substance même de toute Liturgie. La célébration liturgique présidée par le prêtre est uns assemblée de prière, rassemblée dans la foi et attentive à la Parole de Dieu. Celle-ci a pour but premier de présenter à la divine Majesté le divin Sacrifice, vivant, pur et saint, offert sur le Calvaire une fois pour toutes par le Christ, notre Seigneur, qui est rendu présent chaque fois que l'Église célèbre la Sainte Messe pour exprimer le culte dû à Dieu en esprit et en vérité. Je connais le bel engagement de cette Congrégation pour promouvoir, en union avec les évêques, l'approfondissement de la vie liturgique de l'Église. Je souhaite, tout en exprimant à quel point j'apprécie l'oeuvre accomplie, que cet inestimable travail contribue à rendre les célébrations toujours plus dignes et fructueuses.
4. Votre assemblée plénière, en vue de la préparation d'un Directoire sur ce sujet, a choisi comme thème central celui de la religiosité populaire. Celle-ci constitue une expression de la foi qui englobe des éléments de la culture d'un milieu bien précis, interprétant et interpellant la sensibilité des participants d'une manière vivante et efficace. La religiosité populaire, qui s'exprime de bien des manières, quand elle est authentique, a comme source la foi et doit donc, en conséquence, être apprécié et favorisée. Celle-ci, dans ses manifestations les plus vraies, ne s'oppose pas au caractère central de la Sainte Liturgie, mais en favorisant la foi du peuple qui la considère comme une de ses expressions religieuses les plus naturelles, elle prédispose à la célébration des saints mystères.
5. Le rapport adéquat entre ces deux expressions de foi doit tenir compte de certains points fermes. En tout premier lieu le fait que la Liturgie est le centre de la vie de l'Église et qu'elle ne peut être remplacée par aucune autre expression religieuse; aucune ne peut être placée au même niveau dans l'estime des fidèles. En outre, il est important de souligner que la religiosité populaire a son achèvement naturel dans la célébration liturgique vers laquelle, même si elle n'y aboutit pas habituellement, elle doit être orientée théoriquement, et cela doit être expliqué par une catéchèse de circonstance. Les expressions de la religiosité populaire comportent parfois des éléments qui ne sont pas conformes avec la doctrine catholique. Dans de tels cas on procédera, avec prudence et patience, à une purification en se prévalant des contacts avec les responsables ainsi qu'en offrant une catéchèse attentive et respectueuse, à moins que des incompatibilités radicales ne rendent nécessaires des mesures claires et immédiates. Cette estimation est surtout du ressort de l'évêque diocésain ou des évêques du territoire touché par ces formes de religiosité. Dans ce cas il est opportun que les Pasteurs confrontent leurs expériences afin d'offrir des orientations pastorales communes et d'éviter des contradictions qui seraient nocives pour le peuple chrétien. Toutefois, sauf s'il y a d'évidents motifs contraires, que les évêques aient une attitude positive et encourageante vis-à-vis de la religiosité populaire.
6. [Satisfaction du Pontife pour le travail de la Congrégation] A ce sujet, j'exhorte les évêques et la Congrégation à faire preuve d'un très grand soin pour que les traductions liturgiques soient fidèles au texte original des respectives éditions typiques en langue latine. De fait une traduction n'est pas un exercice de créativité, mais un engagement à conserver le sens du texte original sans changements, omissions ou additions. Le non-respect de cette règle rend parfois nécessaire et urgent le travail de révision de certains textes. [Remerciements pour le travail accompli]
Je confie ce précieux travail et les projets de toute la Congrégation à la céleste protection de la Mère de Dieu et je vous accorde affectueusement une particulière bénédiction apostolique
Castel Gandolfo, le 21 septembre 2001
Jean Paul II
Discours du Saint Père à la congrégation pour le culte divin