1996 Préparation au sacrement de mariage - B. Préparation prochaine
32. La préparation prochaine se déroule durant la période des fiançailles. Elle se distribue selon des cours spécifiques et est distincte de la préparation immédiate qui, habituellement, se concentre pendant les dernières rencontres entre les fiancés et les agents de la pastorale, avant la célébration du sacrement. Il semble opportun que, pendant la préparation prochaine, il y ait possibilité de vérifier la maturation des valeurs humaines caractérisant le rapport d'amitié et de dialogue typique des fiançailles. En vue du nouvel état de vie qui sera vécu par le couple, il faut que soit offerte l'occasion d'approfondir la vie de foi, surtout en ce qui regarde la connaissance de la sacramentalité de l'Église. C'est là une étape importante de l'évangélisation, dans laquelle la foi doit considérer la dimension personnelle et communautaire aussi bien des fiancés, individuellement, que de leurs familles. Dans cet approfondissement, il sera possible également d'identifier leurs difficultés éventuelles à vivre une vie chrétienne authentique.
33. La période de cette préparation coïncide généralement avec celle de la jeunesse et présuppose donc tout ce qui est propre à la pastorale des jeunes proprement dite, en rapport avec la croissance intégrale des fidèles. On ne peut séparer la pastorale des jeunes du milieu familial, comme si les jeunes formaient une sorte de « classe sociale » indépendante et à part. Elle doit renforcer le sens social des jeunes, en premier lieu vis-à-vis des membres de leurs familles, en orientant leurs valeurs vers la future famille qu'ils formeront. Ces jeunes auront été aidés au préalable, dans le discernement de leur vocation, par la communauté et en particulier par les pasteurs qui s'y seront attachés personnellement. La tâche de ce discernement est primordiale et passe avant celle de la préparation aux fiançailles. Lorsque la vocation se concrétise en direction du mariage, elle sera soutenue en premier lieu par la grâce, et, de plus, par une préparation adéquate. Cette pastorale des jeunes devra aussi tenir compte de ce que, à cause de diverses difficultés comme, par exemple, le fait d'une « adolescence prolongée » et, donc, d'une plus longue permanence dans la famille - phénomène nouveau et préoccupant -, l'engagement des jeunes d'aujourd'hui au mariage est, très souvent, renvoyé de façon excessive.
34. Une telle préparation prochaine devra se baser avant tout sur une catéchèse nourrie à l'écoute de la Parole de Dieu, interprétée selon les orientations données par le Magistère de l'Église, en vue d'une compréhension toujours plus pleine de la foi, et du témoignage dans la vie concrète. L'enseignement devra être proposé dans le cadre d'une communauté de foi réunissant des familles, en particulier dans le cadre de la paroisse, qui - dans ce but - participent et collaborent, selon leurs propres charismes et leurs rôles spécifiques, à la formation des jeunes, en élargissant leur influence à d'autres groupes sociaux.
35. Les fiancés devront être éduqués à propos des exigences naturelles liées au rapport interpersonnel homme-femme dans le dessein de Dieu concernant le mariage et la famille: la conscience que c'est la liberté du consentement qui est le fondement de leur union, l'unité et l'indissolubilité matrimoniales, le juste concept de paternité et maternité responsables, les aspects humains de la sexualité conjugale, l'acte conjugal avec ses exigences et ses objectifs, la façon correcte d'éduquer les enfants; le tout ayant pour but la connaissance de la vérité morale et la formation de la conscience personnelle.
La préparation prochaine devra certainement veiller à ce que les fiancés possèdent les éléments de base de caractère psychologique, pédagogique, légal et médical relatifs au mariage et à la famille. Toutefois, en particulier pour ce qui est de la donation totale et de la procréation responsable, la formation théologique et morale devra être approfondie de façon toute spéciale. En effet, l'amour conjugal est un amour total, exclusif, fidèle et fécond (cf. Humanae Vitae,HV 9).
Aujourd'hui, la base scientifique des méthodes naturelles de régulation de la fertilité2 est solidement établie. Il est utile de les connaître; le recours à ces méthodes, pour de justes motifs, ne doit pas en rester au niveau de la simple technique de comportement, mais doit être inséré dans la pédagogie et dans le processus de croissance de l'amour (cf. EV 97). C'est alors que la vertu de chasteté pratiquée par les époux porte à vivre la continence périodique (cf. CEC 2366-2371).
Cette préparation devra également garantir que les fiancés chrétiens aient des idées justes et un sincère « sentire cum ecclesia » à propos du mariage lui-même, à propos des rôles respectifs de la femme et de l'homme à l'intérieur du couple, dans la famille et dans la société, à propos de la sexualité et en ce qui concerne l'ouverture aux autres.
36. Il est aussi évident qu'il faudra aider les jeunes à prendre conscience de leurs éventuelles carences au plan psychologique etou affectif, en particulier de leur incapacité à s'ouvrir aux autres, et des formes d'égoïsmes qui pourraient empêcher leur engagement total dans le don d'eux-mêmes. Un tel soutien conduira également à découvrir les potentialités et les exigences de croissance humaine et chrétienne de leur existence. C'est pour cela que les responsables devront se préoccuper aussi d'assurer une formation solide de la conscience morale des fiancés, afin de les préparer au choix libre et définitif du mariage, qui s'exprimera dans le consentement mutuel échangé devant l'Église, dans le pacte conjugal.
37. A ce moment de l'itinéraire, des rencontres fréquentes devront se tenir dans un climat de dialogue, d'amitié, de prière, avec la participation de pasteurs et de catéchistes. Ceux-ci devront souligner le fait que « la famille célèbre l'Évangile de la vie par la prière quotidienne, personnelle et familiale: dans la prière, elle loue et remercie le Seigneur pour le don de la vie, et elle invoque lumière et force pour affronter les moments de difficultés et de souffrance, sans jamais perdre l'espérance » (EV 93). En outre les couples d'époux chrétiens engagés apostoliquement peuvent contribuer, dans une saine optique chrétienne optimiste, à éclairer toujours davantage la vie chrétienne dans le contexte de la vocation au mariage et dans la complémentarité de toutes les vocations. C'est pourquoi cette période ne consistera pas seulement en un temps de réflexion théorique, mais sera aussi un chemin de formation, au cours duquel les fiancés, avec l'aide de la grâce et en fuyant toutes les formes de péché, se prépareront à se donner eux-mêmes en tant que couple au Christ qui soutient, purifie et ennoblit les fiançailles et la vie conjugale. Alors, de cette façon, la chasteté prématrimoniale acquiert toute sa signification, disqualifiant la cohabitation prématrimoniale, les rapports prématrimoniaux et les autres expressions telles que le mariage coutumier, dans le processus de croissance de l'amour.
38. Selon les sains principes pédagogiques de la gradualité et de la globalité de la croissance de la personne, la préparation prochaine ne doit pas négliger la formation aux tâches sociales et ecclésiales spécifiques de ceux qui, par le mariage, créeront les nouvelles familles. L'intimité familiale ne doit pas être conçue comme un intimisme renfermé sur lui-même, mais bien comme une capacité d'intérioriser les richesses humaines et chrétiennes inscrites dans la vie matrimoniale en vue d'un don toujours plus grand de soi aux autres. C'est pour cette raison que, dans une conception ouverte de la famille, la vie conjugale et familiale exige des époux qu'ils se reconnaissent comme des sujets détenteurs de droits mais aussi de devoirs à l'égard de la société et de l'Église. A ce propos, il sera très utile de les inviter à lire et à réfléchir sur les documents suivants de l'Église qui constituent une source dense et encourageante de sagesse humaine et chrétienne: Familiaris Consortio, la Lettre aux Familles Gratissimam Sane, la Charte des Droits de la Famille, Evangelium Vitae, et d'autres encore.
39. De cette façon, la préparation prochaine des jeunes leur permettra de comprendre que l'engagement qu'ils assumeront avec l'échange de leur consentement « devant l'Église » exige d'eux, que, dès le moment des fiançailles, ils commencent - en abandonnant, le cas échéant, les attitudes contraires - un chemin de fidélité mutuelle. Cet engagement humain sera enrichi par les dons spécifiques que l'Esprit Saint accorde aux fiancés qui l'invoquent.
40. Parce que l'amour chrétien est purifié, perfectionné et élevé par l'amour du Christ pour l'Église (cf. GS 49), les fiancés doivent imiter ce modèle, progressant dans la conscience de ce qu'est la donation, toujours reliée au respect mutuel et au renoncement à soi, qui les aident à croître dans cette donation. Le don réciproque implique donc l'échange mutuel de dons spirituels et de soutien moral, afin que puissent croître l'amour et la responsabilité. « Le don de la personne requiert par nature d'être durable et irrévocable. L'indissolubilité du mariage découle en premier lieu de l'essence de ce don: don de la personne à la personne. Dans ce don réciproque est manifesté le caractère sponsal de l'amour » (Gratissimam Sane, 11).
41. En impliquant l'expérience humaine et sans la séparer de la vie morale, la spiritualité sponsale trouve sa racine dans le Baptême et dans la Confirmation. L'itinéraire de préparation des fiancés devra donc permettre de retrouver les dynamismes sacramentels, en donnant une importance particulière aux sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie. Le sacrement de la Réconciliation glorifie la miséricorde divine envers la misère humaine, fait grandir la vitalité baptismale et les dynamismes spécifiques de la Confirmation. D'où le renforcement de la pédagogie de l'amour racheté qui fait découvrir avec émerveillement la grandeur de la miséricorde de Dieu devant le drame de l'homme, créé par Dieu et racheté par Lui de façon encore plus merveilleuse. En célébrant la mémoire du don du Christ à l'Église, l'Eucharistie développe l'amour effectif propre au mariage dans le don quotidien au conjoint et aux enfants, sans oublier ni négliger le fait que « la célébration qui donne son sens à toute autre forme de prière et de culte est celle qui s'exprime dans l'expérience quotidienne même de la famille, si elle est faite d'amour et de don de soi » (EV 93).
42. Pour une telle préparation multiple et harmonisée il faut trouver et former adéquatement des responsables « ad hoc ». Il sera donc opportun de créer, à divers niveaux, un groupe d'agents conscients d'être envoyés par l'Église, groupe constitué spécialement par des couples d'époux chrétiens, parmi lesquels il devrait pouvoir y avoir des personnes compétentes en médecine, en droit, en psychologie, ainsi qu'un prêtre, afin qu'ils soient préparés aux rôles qu'ils devront assumer.
43. Pour cela, les collaborateurs et responsables devront être des personnes à la doctrine sûre et à la fidélité sans faille au Magistère de l'Église, de façon à ce que, grâce à une connaissance suffisante et approfondie et au témoignage de leur vie, ils puissent transmettre les vérités de la foi et faire bien connaître les responsabilités en rapport avec le mariage. Il est plus qu'évident que, en tant qu'éducateurs, ces agents pastoraux devront aussi savoir accueillir les fiancés, quels que soient le milieu socio-culturel de ceux-ci, leur formation intellectuelle et leurs capacités concrètes. De plus, leur témoignage d'une vie fidèle et d'un don réciproque joyeux constitue une condition indispensable pour le déroulement de leur mission. Ils pourront s'appuyer sur ces expériences de vie et sur leur expérience des problèmes humains pour éclairer les fiancés, à la lumière de la sagesse chrétienne.
44. Cela implique un programme adéquat de formation des agents. Cette préparation réservée aux formateurs leur donnera la capacité d'exposer, dans une nette adhésion au Magistère de l'Église, selon une méthodologie appropriée et avec une sensibilité pastorale, les lignes fondamentales de la préparation au mariage dont nous avons parlé plus haut et, selon leurs compétences, d'apporter une contribution spécifique à la préparation immédiate présentée dans les numéros 50-59. Ces agents devront recevoir leur formation dans des Instituts Pastoraux idoines et être soigneusement choisis par l'Évêque.
45. Cette période de préparation prochaine vise donc, comme son résultat final, la claire réalisation par les jeunes fiancés des traits essentiels du mariage chrétien: unité, fidélité, indissolubilité, fécondité; ils doivent être conscients, dans la foi, de la priorité de la Grâce sacramentelle qui associe les époux, en tant que sujets et ministres du sacrement, à l'Amour du Christ Epoux de l'Église; ils doivent faire leur la disponibilité à vivre la mission propre des familles dans le domaine éducatif, social et ecclésial.
46. Comme le rappelle Familiaris Consortio, l'itinéraire formatif des jeunes fiancés devra donc prévoir: l'approfondissement de la foi personnelle et la redécouverte des valeurs des sacrements, ainsi que l'expérience de la prière; la préparation spécifique à la vie à deux, qui, « en présentant le mariage comme un rapport interpersonnel de l'homme et de la femme à développer de façon continuelle, devra les encourager à approfondir les problèmes de la sexualité conjugale et de la paternité responsable, avec les connaissances essentielles qui leur sont connexes dans l'ordre biologique et médical, et les amenant à se familiariser avec de bonnes méthodes d'éducation des enfants » (FC 66); la « préparation à l'apostolat familial, à la fraternité et à la collaboration avec les autres familles, à l'insertion active dans des groupes, associations, mouvements et initiatives ayant pour finalité le bien humain et chrétien de la famille » (ibid.).
De plus, les fiancés recevront une aide préventive de façon à pouvoir ensuite conserver et cultiver l'amour conjugal; la communication conjugale interpersonnelle; les vertus et les difficultés de la vie conjugale; et à savoir surmonter les inévitables « crises » conjugales.
47. Toutefois, le centre de cette préparation devra être constitué par la réflexion de foi à partir de la Parole de Dieu et des directives du Magistère à propos du sacrement de Mariage. Les fiancés devront donc avoir conscience de ce que devenir « una caro » (Mt 19,6) dans le Christ, dans la force de l'Esprit, par le mariage chrétien, signifie imprimer à sa propre existence un nouvel aspect de la vie baptismale. Par le sacrement, leur amour deviendra l'expression concrète de l'amour du Christ pour son Église (cf. LG 11). A la lumière des sacrements, les actes conjugaux eux-mêmes, la procréation responsable, l'éducation, la communion de vie, l'aspect apostolique et missionnaire de la vie des époux chrétiens doivent être considérés comme des moments valables d'expérience chrétienne. Bien que ce ne soit pas encore de manière sacramentelle, le Christ soutient et accompagne l'itinéraire de grâce et de croissance des fiancés vers la participation de son mystère d'union avec l'Église.
48. Pour ce qui est d'un éventuel Directoire, qui rassemble les meilleures expériences inhérentes à la préparation au mariage, il semble opportun de rappeler les mots du Saint-Père Jean-Paul II dans son discours conclusif à l'Assemblée plénière du Conseil Pontifical pour la Famille, tenue du 30 septembre au 5 octobre 1991: « La préparation doctrinale doit absolument pouvoir disposer du temps et des soins nécessaires. La sûreté du contenu doit constituer le centre et l'objectif essentiel des cours, dans une perspective assurant une majeure conscience de la célébration du sacrement de Mariage et de ce qui en découle pour la responsabilité de la famille. Les questions relatives à l'unité et à l'indissolubilité du mariage, et tout ce qui touche aux significations de l'union et de la procréation de la vie conjugale et de son aspect spécifique, doivent être traités avec fidélité et exactitude, selon le clair enseignement de l'Encyclique Humanae Vitae (cf. HV 11-12). De même pour tout ce qui concerne le don de la vie, que les parents doivent accueillir de façon responsable et dans la joie, en tant que collaborateurs du Seigneur. Il est bon que ces cours privilégient non seulement ce qui se réfère à une liberté mûre et vigilante chez les personnes désireuses de se marier, mais aussi à la mission propre des parents, premiers éducateurs et premiers évangélisateurs de leurs enfants ».
Notre Conseil Pontifical est heureux de constater que se renforce le courant qui porte à un majeur engagement et à une plus grande conscience de l'importance et de la dignité des fiançailles. De même, il exhorte à ce que la durée des cours spécifiques ne soit pas réduite au point qu'ils deviennent une simple formalité. Ils devront, au contraire, disposer d'un temps suffisant pour qu'y soient présentés de façon claire et correcte les arguments fondamentaux précédemment mentionnés.
Le cours peut se dérouler dans chaque paroisse si le nombre des fiancés est suffisant et s'il s'y trouve des collaborateurs préparés, ou dans les Vicariats épiscopaux ou les Vicariats forains ou dans d'autres formes ou structures paroissiales de coordination. Parfois, il pourra être assuré par des personnes déléguées venant de Mouvements familiaux, d'Associations ou de groupes apostoliques, guidées par un prêtre compétent. Il s'agit là d'un domaine qui devrait être coordonné par l'organisme diocésain, agissant au nom de l'Evêque. Le contenu du cours, sans négliger différents aspects de la psychologie, de la médecine et d'autres sciences humaines, doit être centré sur la doctrine naturelle et chrétienne du mariage.
49. Dans cette préparation, tout particulièrement aujourd'hui, il est nécessaire de former et de renforcer l'attachement des fiancés aux valeurs de la défense de la vie. De façon toute spéciale, du fait même qu'ils deviendront église domestique et « Sanctuaire de la vie » (EV 92-94), ils s'inséreront, à un nouveau titre, dans le « peuple de la vie et pour la vie » (EV 6 EV 101). La mentalité contraceptive, qui règne aujourd'hui en tant de lieux, et les lois permissives qui se répandent, avec tout ce que cela comporte de mépris pour la vie depuis le moment de la conception jusqu'à la mort constituent un ensemble d'agressions multiples à l'égard de la famille, attaques qui la blessent en ce que sa mission a de plus intime et qui l'empêchent de se développer selon les exigences d'une croissance humaine authentique (cf. Centesimus Annus, 39). C'est pourquoi, aujourd'hui plus qu'auparavant, il est nécessaire de former les esprit et les coeurs de ceux qui créent de nouveaux foyers domestiques, afin qu'ils ne se conforment pas à ces mentalités dominantes. Ils pourront alors, un jour, contribuer, avec leur vie de nouvelles familles, à créer et à développer la culture de la vie en respectant et en accueillant au sein de leur amour les nouvelles vies, comme témoignage et expression de l'annonce, célébration et service de chaque vie (cf. EV 83-84).
50. Là où un itinéraire convenable ou des cours spécifiques ont pu être suivis et accueillis pendant la période de la préparation prochaine (cf. no s 32 et suiv.), les objectifs de la préparation immédiate pourront consister à:
a) synthétiser le parcours de l'itinéraire précédent, plus spécialement dans les contenus doctrinaux, moraux et spirituels en remédiant aux éventuelles carences de la formation de base;
b) faire vivre des expériences de prière (retraites spirituelles, exercices réservés aux fiancés) aux cours desquelles la rencontre du Seigneur puisse faire découvrir la profondeur et la beauté de la vie surnaturelle;
c) réaliser une préparation liturgique adaptée, qui prévoie également une participation active des fiancés, avec une attention particulière au sacrement de la Réconciliation;
d) valoriser, grâce à une connaissance plus approfondie de chacun, les entretiens prévus canoniquement avec le curé.
Ces buts pourront être atteints au cours de rencontres spéciales à caractère intensif.
51. Étant donné l'utilité pastorale et l'expérience positive des cours de préparation au mariage, seules des causes proportionnellement graves peuvent en faire dispenser les fiancés. Ainsi, lorsqu'en vertu de ces causes des couples se présentent pour célébrer leur mariage de façon urgente, sans qu'ait pu être réalisée la préparation prochaine, le prêtre et ses collaborateurs devront proposer aux fiancés des occasions pour récupérer la connaissance appropriée des aspects doctrinaux, moraux et sacramentels spécifiques de la préparation prochaine, et les insérer dans les phases de la préparation immédiate.
Cela est dû à la nécessité de personnaliser concrètement les itinéraires formatifs, afin de saisir toutes les occasions permettant d'approfondir le sens de ce qui se réalise dans le sacrement, sans repousser ceux qui n'ont pas suivi toutes les étapes de la préparation mais révèlent une disposition adéquate à la foi et au sacrement.
52. La préparation immédiate au sacrement de Mariage doit trouver des occasions appropriées pour initier les fiancés au rite matrimonial. Dans cette préparation, outre l'approfondissement qu'ils réalisent de la doctrine chrétienne sur le mariage et la famille, avec une considération particulière pour les devoirs moraux, les fiancés doivent être guidés pour pouvoir prendre une part consciente et active à la célébration nuptiale, en comprenant toute la signification des gestes et des textes liturgiques.
53. Cette préparation au sacrement de Mariage devrait constituer le couronnement d'une catéchèse qui aide les fiancés chrétiens à parcourir à nouveau leur itinéraire sacramentel, de façon pleinement consciente. Il est important qu'ils sachent qu'ils s'unissent dans le mariage en tant que baptisés dans le Christ et que, dans leur vie familiale, ils doivent se comporter en accord avec l'Esprit Saint. Les futurs époux doivent donc se prédisposer à la célébration du mariage afin que celle-ci soient valable, digne et fructueuse, et ce, en recevant le sacrement de Pénitence (cf. CEC 1622). La préparation liturgique du sacrement de Mariage doit mettre en valeur les éléments rituels actuellement disponibles. Pour que le lien entre le sacrement nuptial et le mystère pascal soit plus clairement défini, la célébration du mariage est normalement insérée dans la célébration eucharistique.
54. Puisque l'Église se rend visible dans le diocèse et que celui-ci s'articule en paroisses, on comprend comment toute la préparation canonico-pastorale au mariage se place dans le cadre de la paroisse et du diocèse. Il est donc plus conforme à la signification ecclésiale du sacrement que le mariage soit, en principe, célébré dans l'église de la communauté paroissiale à laquelle les futurs époux appartiennent (CIC can. 1115).
Il est souhaitable que l'ensemble de la communauté paroissiale prenne part à cette célébration, autour des familles et des amis des mariés. Les différents diocèses doivent donc donner des instructions à ce propos, tenant compte des situations locales, mais favorisant aussi avec fermeté une action pastorale qui soit véritablement ecclésiale.
55. Toutes les personnes qui prendront une part active à la liturgie seront invitées aussi à se préparer de façon opportune à l'Eucharistie par le Sacrement de la Réconciliation. Les témoins doivent informés qu'ils ne sont pas seulement les garants d'un acte juridique mais aussi les représentants de la communauté chrétienne qui, à travers eux, participe à un acte sacramentel qui la concerne, du fait que la nouvelle famille sera une nouvelle cellule de l'Église. De par son caractère éminemment social, le mariage exige une participation de la société, et celle-ci est exprimée par la présence des témoins.
56. La famille est le lieu le plus approprié où les parents, en vertu de leur sacerdoce commun, peuvent accomplir des gestes sacrés et administrer certains sacramentaux, selon le jugement de l'Ordinaire du lieu, comme, par exemple, dans les circonstances de l'Initiation chrétienne, dans les événements joyeux ou douloureux de la vie quotidienne, dans la Bénédiction du repas. La prière familiale assume une place toute particulière. Elle créera un climat de foi au c|ur du foyer et permettra de vivre, devant les enfants, une paternité et une maternité plus pleines, en les éduquant à la prière et en les introduisant à la découverte progressive de Dieu et à l'entretien personnel avec Lui. Les parents doivent avoir présent à l'esprit qu'en éduquant leurs enfants, ils remplissent leur mission d'annoncer l'Évangile de la vie (cf. EV 92).
57. La préparation immédiate constitue une occasion propice pour commencer une pastorale matrimoniale et familiale continue. A ce point de vue, il faut faire en sorte que les époux connaissent leur mission dans l'Église. Ils pourront être aidés en cela par la richesse offerte par les divers mouvements familiaux afin de cultiver la spiritualité conjugale et familiale et d'assumer leurs devoirs au sein de la famille, de l'Église et de la société.
58. La préparation des fiancés doit être accompagnée d'une dévotion profonde et sincère à Marie, Mère de l'Église, Reine de la Famille; ils devront être éduqués à saisir la présence active de Marie dans la Grande Église, comme dans la famille, Église domestique; tout comme ils devront apprendre à imiter Marie dans ses vertus. Ainsi, la Sainte Famille, c'est-à-dire le foyer de Marie, Joseph et Jésus, fera découvrir aux fiancés « combien l'éducation en famille est douce et irremplaçable » (cf. Paul VI, Discours à Nazareth, 5 janvier 1964).
59. Tout ce qui est proposé, de façon créative, dans les différentes communautés, pour approfondir ces phases de la préparation prochaine et immédiate et les rendre plus appropriées, devrait être porté à l'attention de l'Église tout entière qui s'en trouvera enrichie.
60. La préparation au mariage aboutit à la vie conjugale au travers de la célébration du sacrement. Celle-ci est le point culminant de l'itinéraire de préparation suivi par les fiancés. Elle est source et origine de la vie conjugale. C'est pourquoi la célébration ne peut se réduire à une simple cérémonie, fruit de cultures et de conditionnements sociologiques. Toutefois, des coutumes louables propres aux différents peuples et ethnies peuvent être suivies pendant la célébration (cf. Sacrosanctum Concilium, SC 77; FC 67), à condition qu'elles expriment en tout premier lieu la réunion de l'assemblée ecclésiale comme signe de la foi de l'Église, qui, dans le sacrement, reconnaît la présence du Seigneur ressuscité qui unit les époux dans l'Amour trinitaire.
61. Il appartient aux Évêques de donner des instructions précises, par l'intermédiaire des Commissions liturgiques diocésaines, et d'en contrôler l'application pratique afin que la célébration du mariage se conforme à l'indication donnée par l'article 32 de la Constitution de la Liturgie; ceci dans le but de mettre extérieurement en évidence l'égalité des fidèles et d'éviter toute apparence de luxe. On favorisera de toutes les façons possibles la participation active des personnes présentes à la célébration nuptiale. On fournira les livrets nécessaires pour que les assistants puissent saisir et apprécier la richesse du rite.
62. Gardant en mémoire que, là où deux ou trois personnes sont rassemblées au nom du Christ, Celui-ci est présent parmi eux (cf. Mt 18,20), la célébration, dont le style doit être sobre (style qui doit se retrouver aussi dans les réjouissances associées), ne doit pas seulement être expression de la communauté de foi, mais être aussi une raison de louange au Seigneur. Célébrer le mariage dans le Seigneur et devant l'Église signifie professer que le don de la grâce fait aux époux par la présence et par l'amour du Christ et de Son Esprit exige une réponse active, avec une vie de culte en esprit et vérité, dans la famille chrétienne, « Église domestique ». Afin justement que la célébration soit comprise non seulement comme un acte légal, mais aussi comme un moment de l'histoire du salut des époux et, au travers de leur sacerdoce commun, pour le bien de l'Église et de la société, il sera opportun que toutes les personnes présentes soient aidées à participer activement à la célébration elle-même.
63. Il reviendra donc au célébrant principal de recourir à tout ce qu'offre le rituel, en particulier dans sa seconde édition particulière promulguée en 1991 par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, afin de mettre en évidence le rôle du ministre du sacrement de Mariage qui est, pour les chrétiens de Rite latin, propre aux époux, ainsi que la valeur sacramentelle de la célébration communautaire. Avec la formule d'échange des consentements, les époux pourront toujours rappeler l'aspect personnel, ecclésial et social que celle-ci entraîne pour leur vie entière, comme le don de l'un à l'autre jusqu'à la mort.4
Le Rite oriental réserve au prêtre assistant le rôle de ministre du mariage. Dans tous les cas et selon la loi de l'Église, la présence du prêtre ou du ministre délégué dans ce but est nécessaire pour que l'union matrimoniale soit valable; cette présence manifeste avec évidence le sens public et social de l'alliance sponsale pour l'Église comme pour la société tout entière.
64. Acte étant pris que le mariage est, ordinairement, célébré pendant la Messe (cf. Sacrosanctum Concilium, SC 78, FC 57), lorsqu'il s'agit d'une union entre un ou une catholique et un ou une baptisé(e) non catholique, la célébration se déroulera selon les dispositions liturgico-canoniques spéciales (cf. Ordo Celebrandi Matrimonium [OCM] 79-117).
65. La participation à la célébration sera d'autant plus active que l'on fera usage de monitions introduisant au sens des textes liturgiques et du contenu des prières. Ces monitions devront être assez sobres pour favoriser le recueillement et la compréhension de l'importance de la célébration (cf. OCM 52, 59, 65, 87, 93, 99), en évitant que celle-ci ne se transforme en un moment didactique.
66. Le célébrant qui préside, et qui explicite à l'assemblée le sens ecclésial de cet engagement conjugal, fera son possible pour que les époux, ainsi que leurs parents et les témoins, soient activement impliqués dans la compréhension de la structure du rite, plus particulièrement dans les éléments caractéristiques de celui-ci, comme: la Parole de Dieu, le consentement échangé et ratifié, la bénédiction des signes rappelant le mariage (anneaux, etc.), la bénédiction solennelle des époux, le rappel des époux au centre de la Prière Eucharistique. « Les diverses Liturgies sont riches en prières de bénédiction et en épiclèses demandant à Dieu Sa Grâce et Sa bénédiction sur le nouveau couple, spécialement sur l'épouse » (CEC 1624). En outre, il faudra expliquer le geste de l'imposition des mains sur les « sujets-ministres » du sacrement. Il sera expressément rappelé à l'attention de toutes les personnes présentes le fait de se tenir debout, d'échanger le signe de paix et autres rites fixés par les autorités compétentes, etc.
67. Afin que le style de la célébration soit sobre et noble en même temps, le célébrant qui préside devra être aidé par des assistants, des personnes qui animent et soutiennent le chant des fidèles, guident les réponses et proclament la Parole de Dieu. Avec une attention particulière et concrète pour ceux qui se marient et pour leur situation, et en évitant absolument toute préférence à l'égard des personnes, le célébrant devra, lui-même, se conformer à la vérité des signes employés dans l'action liturgique. Ainsi, en accueillant et en saluant les fiancés, leurs parents s'ils sont présents, les témoins et les personnes de l'assistance, il se fera l'interprète vivant de la communauté qui accueille les nouveaux époux.
1996 Préparation au sacrement de mariage - B. Préparation prochaine