1998 Formation vie consacrée
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Attentive aux conditions du temps présent et guidée par le Seigneur, l'Eglise est en permanence incitée à prendre soin de la formation de ses membres en vue de la croissance du Corps du Christ.(1)
(1) Cf. LG 7 ChL 21. 24.
Consciente de ce que la vie religieuse représente pour le peuple de Dieu, (2) la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique a jugé qu'elle avait le devoir de réfléchir sur la formation des membres des instituts religieux dans les circonstances actuelles et de proposer des directives aptes à garantir que celle-ci soit complète, solide et en harmonie avec le cheminement de l'Eglise. La publication de l'Instruction Potissimum institutioni (3) est le fruit de cet effort.
(2) Cf. LG 43-44 VC 1-3.
(3) Cf. Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, Potissimum institutioni, février 1990.
2 L'intention du présent document est d'approfondir l'une des questions dont traite l'Instruction dont nous venons de parler, à savoir la collaboration entre les instituts qui se consacrent aux oeuvres de l'apostolat (4) pour la formation de leurs membres.(5)
(4) Cf. PC 8.
(5) Cf. PI 98-100 .
Ce qui est dit des instituts religieux dans le présent document s'applique aussi aux sociétés de vie apostolique, en tenant compte de leur caractère propre.(6)
(6) Cf. PI 72-85 .
3 La collaboration entre les instituts dans le domaine de la formation est née de la nécessité de donner une réponse aux défis que posent les situations concrètes; elle découle aussi d'exigences pédagogiques déterminées. Au début, cette collaboration s'est surtout développée là ou les familles religieuses ont un nombre limité de candidats, soit parce qu'il y a moins de vocations, soit parce que ces vocations sont les premiers fruits du travail apostolique des jeunes Eglises. A cela se sont ajoutés le manque de formateurs et de formatrices ainsi que le petit nombre d'enseignants bien préparés. Cela a conduit de nombreux instituts à unir leurs forces, car ils ressentaient la nécessité de donner à leurs membres une formation plus complète et plus profonde.
En même temps a joué, dans de nombreux cas, la nécessité que la formation initiale se déroule dans un milieu qui ne soit pas étranger à la culture des candidats ou des candidates, de manière à favoriser une unification positive entre la vie de chaque institut et la culture propre des membres qui y sont accueillis. Cette nécessité, qui se retrouve dans les zones géographiques et culturelles les plus diverses, a trouvé une solution valable dans les " Centres inter-instituts " de formation.(7) Ceux-ci, en effet, ont contribué à éviter la transplantation des candidats dans d'autres cultures pendant les étapes initiales de leur vie religieuse.
(7) Par " centres inter-instituts " de formation (appelés parfois centres inter-congrégations), on entend les différentes formes de collaboration entre instituts religieux au service de la formation.
La conscience toujours plus claire des multiples exigences et des difficultés qui caractérisent la démarche de formation a aussi poussé les instituts à créer de tels Centres. Les instituts qui désirent offrir aux jeunes en formation un parcours éducatif le plus complet possible sont chaque jour plus nombreux. Dans leurs communautés de formation, ils continuent à transmettre le patrimoine spirituel de leur institut. Mais ils ressentent aussi la nécessité de communiquer ce qui depuis toujours constitue le précieux patrimoine commun de la vie consacrée, richesse qui provient d'une expérience séculaire de l'Eglise, ainsi que des urgences et des aspirations de notre temps. La synthèse profonde et intégrale de tous ces éléments est une tâche très complexe et ne peut pas toujours être réalisée par les formateurs et les enseignants d'un seul institut.
L'initiative des Centres inter-instituts de formation, quand elle est bien réalisée, est positive et fait mieux prendre conscience de la communion ecclésiale dans la variété des vocations et des charismes ainsi que des multiples façons de servir la mission de l'Eglise. Le Pape Jean-Paul II s'est exprimé ainsi à ce sujet: " Pour assurer aux nouvelles générations, aux formateurs et aux formatrices ainsi qu'à tous les religieux et à toutes les religieuses une préparation appropriée, vous avez créé et lancé de nombreuses formes de coopération ".(8) De la sorte, on peut " mettre à profit le travail des meilleurs collaborateurs de chaque institut; et, parallèlement, assurer des services susceptibles non seulement de remédier à de possibles limitations, mais aussi de créer un style valable de formation à la vie religieuse ".(9)
(8) Message à la XIVe Assemblée générale de la Conférence des Religieux du Brésil (CRB), 11 juillet 1986, n. 2: Insegnamenti IX2 (1986), p. 239; La Documentation catholique 83 (1986), p. 892.
(9) Ibid. PC 4, p. 242; La Documentation catholique, l.c., p. 893.
Dans ce même message, le Saint-Père souligne en outre que ces initiatives inter-congrégations " aideront en même temps à mettre en valeur les charismes spécifiques, en développant la communion et la conscience de la complémentarité dans la fraternité, et en ouvrant des horizons de charité pour l'Eglise universelle et pour l'Eglise locale tout entière ".(10)
(10) Ibid. PC 4, p. 242; La Documentation catholique, l.c., p. 893.
Le Saint-Père réaffirme ainsi les orientations fondamentales du Concile Vatican II en ce qui concerne la formation. Celles-ci ont été ratifiées par l'expérience qui s'est approfondie dans la vie religieuse ces dernières années. La doctrine exposée par le Concile et par les documents ultérieurs du Magistère montre la profonde unité qui existe entre la formation, le renouveau et la mission des instituts religieux.(11) Elle fait même ressortir que la formation est un facteur primordial pour le renouveau des instituts et pour une assimilation plus vitale des charismes propres de leur identité, face à l'évolution continuelle de notre temps. Une forte qualité de la formation est une condition indispensable pour que les instituts accomplissent leur mission dans un monde qui pose des questions fondamentales au sujet de la foi et de la vie consacrée, à partir des problèmes scientifiques, humains, éthiques et religieux.
(11) Cf. PC 18 ET 52 VC 68.
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Pour comprendre et accompagner le développement de ces initiatives, la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique a recueilli une vaste documentation sur les Centres inter-instituts existants. L'examen de cette documentation a aidé à réfléchir sur certaines conditions fondamentales pour l'efficacité de la formation donnée dans les Centres et des multiples initiatives de ces derniers: une claire définition du but du Centre, la détermination de la responsabilité ultime et des compétences concernant la gestion, la qualité et la préparation du personnel enseignant, l'articulation organique des programmes et leur réalisation progressive. Pour créer un cadre qui aide à vivre et à approfondir l'appel à la vie consacrée, la présence des formatrices et des formateurs est aussi d'une importance capitale, de même que l'harmonisation et la complémentarité entre le programme inter-congrégations et le programme spécifique de chaque institut.
5 Etant donné la diversité des circonstances dans lesquelles ces Centres sont nés et de leur expérience somme toute brève, des questions et des problèmes sont apparus qu'il est opportun de signaler en vue d'un discernement et d'une clarification. Certains concernent les rapports entre l'identité de chaque institut et la communion dans la diversité, entre la volonté des Centres d'offrir leurs services à tous et la légitime liberté pour chaque institut d'en profiter ou non. D'autres concernent la conception de la vie religieuse apostolique qui est à la base de l'organisation pédagogique, et donc de l'articulation des programmes et des critères de choix du personnel enseignant. D'autres encore concernent la participation effective des responsables de la formation des instituts, le contrôle de la formation, ainsi que les conditions réelles qui permettent de transformer la vie en commun provisoire des Centres en une expérience de profonde communion ecclésiale et d'authentique formation spirituelle et apostolique, ouverte aux nécessités de l'évangélisation.(12)
(12) Cf. RMA 2 VC 67 VC 73.
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Face à cette réalité riche et complexe, et prenant en compte les multiples initiatives existantes, il est de la responsabilité du Dicastère de présenter quelques réflexions et de donner des directives opportunes pour vérifier, confirmer et développer ces expériences et d'autres similaires.
De telles directives se fondent sur les principes qui régissent la formation initiale et permanente à la vie religieuse, dans la variété de ses charismes et dans son rôle spécifique par rapport à la communion et à la mission de l'Eglise.(13)
(13) Cf. PC 1 RPH 22 ChL 18-21 32.
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Avant d'aborder le sujet, il semble nécessaire de rappeler que la formation est un droit et un devoir inaliénables de tout institut.(14) Ce principe fondamental est à la base de tout le document et mérite d'être mis en relief dès le départ, pour situer la collaboration entre les instituts dans l'ensemble du processus de formation.
(14) Cf. CIC 646-653 CIC 659-661.
1. Tout institut a une responsabilité primordiale en ce qui concerne son identité. En effet, le " charisme des Fondateurs " ù " expérience de l'Esprit, transmise à leurs disciples, pour être vécue par ceux-ci, gardée, approfondie, développée constamment en harmonie avec le Corps du Christ en croissance perpétuelle " (15) ù est confié à chaque institut comme un patrimoine original au bénéfice de toute l'Eglise.(16) Cultiver son identité propre dans la " fidélité créative " (17) signifie donc faire bénéficier la vie et la mission du peuple de Dieu des dons et des expériences qui les enrichissent,(18) et, en même temps, éviter que les religieux en viennent à " s'insérer dans la vie de l'Eglise d'une manière vague et ambiguë ".(19)
(15) MR 11 .
(16) Cf. MR 14b CIC 574nº 1; VC 4-5 VC 29 VC 33-34.
(17) VC 37.
(18) Cf. PC 1 CIC 577 VC 19 VC 47-48.
(19) MR 11 .
En conséquence, à tout institut est reconnue une juste autonomie de vie, notamment de gouvernement, par laquelle il possède dans l'Eglise une discipline propre et il peut garder intact et développer son patrimoine spirituel et apostolique. Il appartient aux Ordinaires des lieux de sauvegarder et de protéger cette autonomie.(20) L'autonomie de vie et de gouvernement implique l'autonomie correspondante en matière de formation, car " la première responsabilité de la formation des religieux revient de droit à chaque institut ".(21)
(20) Cf. CIC 586nº 2 VC 48.
(21) PI 98 ; cf. CIC 587nº 1 CIC 646 CIC 659.
2. C'est à travers le processus de formation que s'effectue l'identification au charisme propre, nécessaire tant à la maturité des membres pour vivre et oeuvrer en conformité avec le charisme Fondateur, qu'à l'identité et à l'unité de l'institut, comme aussi à l'authenticité de ses expressions dans les diverses cultures, (22) et enfin à la communion et à la mission ecclésiales. En effet, " compte tenu du fait que la formation initiale et permanente, selon le charisme propre, est entre les mains de l'institut, la formation inter-congrégations ne peut complètement suppléer au devoir de formation permanente de ses membres. Cette formation doit être empreinte, sous de multiples aspects, des caractéristiques propres au charisme de chaque institut ". (23)
(22) Cf. PI 46 90-91 CIC 577.
(23) Jean-Paul II, Discours aux religieuses, Florianopolis, Brésil, 18 octobre 1991, n. 6: Insegnamenti XIV2 (1991), p. 928; L'Osservatore Romano en langue française, 12 novembre 1991, p. 7.
C'est pourquoi, conformément à ces principes, lorsque le Code de Droit canonique parle de la formation au sens strict, il se réfère seulement à la formation du religieux au sein de son institut, (24) Toutefois, cela n'exclut pas la possibilité d'une collaboration, qui est d'ailleurs reconnue et encouragée par le pape Jean-Paul II dans l'exhortation post-synodale Vita consecrata. Il y précise que, " dans cette perspective de communion et d'ouverture aux défis de notre temps, les Supérieurs et les Supérieures, "oeuvrant en harmonie avec l'épiscopat", chercheront à "recourir au service des meilleurs collaborateurs de chaque institut" ".(25)
(24) Cf. CIC 646-653 pour la formation des novices; CIC 659-660 pour la formation des profès et professes temporaires; CIC 661 pour la formation permanente.
(25) VC 53.
3. L'Eglise, pour sa part, a le devoir de protéger et de promouvoir le caractère propre des instituts et le sens de leur charisme, faisant de cela l'un des principes fondamentaux de leur renouveau, (26) car l'état constitué par la profession des conseils évangéliques est " un don précieux et nécessaire pour le présent et pour l'avenir du peuple de Dieu, parce qu'(il) appartient de manière intime à sa vie, à sa sainteté et à sa mission ".(27) En outre, le charisme de chaque institut étant un don original et singulier que l'Esprit fait à l'Eglise, celle-ci a le souci d'assurer les conditions spirituelles et les instruments juridiques qui en garantissent la fécondité, le développement et l'harmonie dans la communion ecclésiale.(28)
(26) Cf. PC 2 CIC 576 CIC 578.
(27) VC 3; cf. VC 29.
(28) Cf. LG 44 MR 11 ; CIC 576-578 CIC 587nº 1; VC 25 VC 35 VC 92-95.
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En relation avec le principe précédent, il faut souligner à juste titre celui de la collaboration (29) et de la solidarité entre les différents instituts, surtout entre ceux qui sont présents dans une région géographique et culturelle déterminée. En effet, la vie religieuse a acquis une conscience plus profonde de la spécificité de chaque charisme, de son rôle ecclésial particulier, mais aussi des tâches et des éléments communs à tous les instituts.
(29) Cf. VC 52.
La formation a une base commune profonde. Celle-ci est en effet une action de Dieu le Père qui, par l'action sanctifiante du Saint-Esprit, modèle l'image du Fils dans ceux et celles qui sont appelés, selon le projet du charisme propre. (30)
(30) Cf. VC 66 VC 93; De nouvelles vocations pour une nouvelle Europe, du Congrès européen sur les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, Rome, 10-15 mai 1997, nn. 15-19.
Par ailleurs, la collaboration trouve son sens dans la dimension pneumatique et mystérique de l'Eglise, de laquelle découle, par l'action de l'Esprit, la multitude des charismes; c'est aussi en vue de la communion et de la mission de l'Eglise que convergent la vie et le mandat missionnaire des instituts. Elle se fonde sur la richesse, la vitalité et la beauté de l'Eglise, (31) et elle est féconde parce que les différentes initiatives liées aux charismes se complètent et s'éclairent réciproquement; en outre, l'une révèle à l'autre ses propres dons à travers la confrontation et le partage, (32) dans la fraternité.
(31) Cf. S. Thomas d'Aquin, Summa Theologia, II-II 184,4.
(32) Cf. VC 52.
L'une des expressions concrètes de collaboration et de solidarité entre les familles religieuses est l'initiative, désormais répandue dans des contextes divers, de créer des Centres inter-instituts de formation, surtout quand les différents instituts n'ont pas les moyens suffisants pour offrir à leurs membres une formation intégrale.
Le Saint-Père a parlé de cette collaboration dans l'audience qu'il a accordée à l'U.I.S.G., disant: " La chose essentielle est que, de la part des familles religieuses, il existe une pleine collaboration dans la formation de leurs membres à un amour total, sincère et joyeux envers Jésus, profondément connu, suivi et obéi ".(33)
(33) Jean-Paul II, Allocution aux Supérieures générales (U.I.S.G.), Rome, 18 mai 1995: Insegnamenti XVIII1 (1995), p. 1323; L'Osservatore Romano en langue française, 27 juin 1995, p. 5.
L'expérience recueillie indique que cette collaboration, quand elle est bien menée, contribue à une meilleure appréciation du charisme propre et de celui des autres; elle manifeste une solidarité concrète entre communautés plus riches et communautés plus pauvres en membres et en moyens; elle présente un témoignage éloquent de la communion à laquelle l'Eglise est appelée par vocation divine, et elle est de grande utilité pour que la formation atteigne le niveau et l'ampleur requises par la mission de la vie religieuse dans le contexte du monde actuel.
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Pour que ces Centres inter-instituts atteignent de manière convenable leur but, c'est-à-dire qu'ils soient des " Centres d'études " au service de la formation, ils doivent avoir présent à l'esprit que:
û La formation est un processus intégral dont les éléments se compénètrent. Il existe en effet une profonde corrélation ente la vie et la vérité; entre la théologie et les sciences humaines; entre la recherche de la vérité et les attentes, les espérances, les valeurs des jeunes; entre l'étude et la cohérence dans les engagements personnels, entre les signes des temps et la réponse pastorale appropriée. (34)
(34) Cf. VC 73.
û La préparation intellectuelle est une dimension irremplaçable de la formation. L'organisation des matières à étudier et le sérieux scientifique devront contribuer à harmoniser les attitudes propres de la vie consacrée. Les Centres offriront donc un service de haute qualité pour concourir avec sagesse à la croissance intégrale des étudiants.
û Le caractère inter-instituts des Centres requiert une mise en valeur spéciale des aspects qui sont communs à tous. Mais, en même temps, la collaboration et la solidarité requièrent le respect et la mise en valeur de la diversité. S'il n'en était pas ainsi, les Centres contribueraient probablement à un nivellement qui les appauvrirait et qui ferait courir le risque d'une uniformité spirituelle et pastorale inadaptée à la complexité du monde à évangéliser, mais aussi nuisible pour l'identité spécifique de chaque institut. Dans ce cas, les Centres perdraient leur identité en tant que services de la vie religieuse.
Des principes fondamentaux énoncés découlent quelques directives pratiques pour les instituts religieux et pour les Centres inter-instituts:
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Il appartient aux instituts, par leurs Chapitres et par leurs Supérieurs ou Supérieures majeurs, d'établir dans leur Ratio les principes et les normes de la formation, (35) d'assigner leur mission aux formateurs et aux enseignants, et de veiller à ce que le processus de formation se déroule conformément au caractère et à la mission de l'institut et selon le droit. Quand les Supérieurs décident d'envoyer les membres de leur congrégation dans un Centre inter-instituts de formation, ils ne cèdent pas à autrui leurs responsabilités, mais continuent à les exercer (cf. nn. 11, 17 et 22) avec la " pleine responsabilité de gardiens et de maîtres ".(36)
(35) Cf. CIC 659; PI 103 .
(36) Jean-Paul II, Discours aux Evêques de la région Nord-Est de de la Conférence nationale des Evêques du Brésil (C N.B.B.), 11 juillet 1995, n. 6: L'Osservatore Romano, 12 juillet 1995, p. 5; La Documentation catholique 92 (1995), p. 770.
Dans toutes les formes de collaboration inter-instituts, il faut bien marquer la distinction nécessaire entre la communauté formatrice et le Centre inter-instituts.(37) La communauté formatrice est l'instance première de référence, qu'aucun Centre ne peut remplacer. C'est là le milieu dans lequel va croître et mûrir, dans l'esprit des Fondateurs respectifs, l'identité personnelle et la réponse à la vocation reçue.(38) L'approfondissement de l'identité du charisme se fait en premier lieu par le contact étroit avec les formateurs ou formatrices, et avec les frères et les soeurs avec lesquels sont partagés la même expérience de vie, les mêmes défis venant de la société, et les traditions de l'institut. (39) Cette communauté formatrice demeure donc toujours le lieu de la synthèse vitale de l'expérience de formation. (40) " La fidélité au charisme propre a besoin d'être approfondie dans la connaissance, chaque jour plus vaste, de l'histoire de l'institut, de sa mission particulière et de l'esprit de son Fondateur, en s'efforçant en même temps de l'incarner dans la vie personnelle et communautaire ". (41)
(37) Cf. PI 99 .
(38) Cf. EE 47; PI 60.
(39) Cf. PI 26-27 .
(40) Cf. VFC 43 .
(41) Jean-Paul II, Discours aux religieuses, Florianopolis, Brésil, 18 octobre 1991, n. 6: Insegnamenti XIV2 (1991), p. 928; L'Osservatore Romano en langue française, 12 novembre 1991, p. 7.
Là ou les circonstances ne permettraient pas aux religieux de vivre dans leur communauté formatrice pendant qu'ils fréquentent un Centre inter-instituts, les supérieurs et supérieures ont le devoir de veiller à ce qu'ils puissent vivre périodiquement des temps forts de formation et de vie communautaire dans leur propre institut. (42)
(42) Cf. EE III,nº 12; MR 46 ; RPH 9; CIC 659 CIC 665nº 1.
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(43) Dans ce document, on appelle " centres inter-instituts " de formation ù comme on l'a expliqué dans la note n. 7 ù tous les instituts inter-congrégations qui collaborent à la formation de leurs membres, en offrant soit des cours complémentaires soit des programmes complets d'études. Par contre, les centres qui donnent une formation académique complète sont appelés dans le présent document " instituts de sciences religieuses " ouet de " formation philosophique et théologique ".
Les Conférences de Supérieurs ou Supérieures majeurs, qui ont pour but de " promouvoir une collaboration plus efficace pour le bien de l'Eglise ", (44) ou un groupe de Supérieurs ou Supérieures majeurs, qui voudraient collaborer ensemble pour la formation, peuvent pour cela organiser des services ou fonder des Centres inter-instituts. (45)
(44) PC 23
(45) Cf. PI 98-100 .
Ceux-ci sont de types très variés. Certains sont destinés à fournir des services complémentaires; d'autres pourvoient à la formation des religieux et religieuses du point de vue doctrinal; d'autres enfin sont des structures spécifiques pour la préparation des religieux candidats au sacerdoce. Les normes et directives qui suivent tiennent compte de ces différences.
Pour l'érection du siège d'un Centre inter-instituts de formation, le consentement écrit de l'Ordinaire du lieu est requis.
C'est aux Supérieurs et Supérieures qui sont à l'origine du Centre qu'en revient la responsabilité ultime. Dans l'esprit de Mutua relationes, ils chercheront les moyens les plus opportuns pour informer les Evêques sur les activités du Centre et pour avoir avec eux un dialogue ouvert qui apporte enrichissement et promotion au dit Centre. (46) Le Saint-Père rappelle que ceux-ci ont la responsabilité d'accompagner l'activité de ces Centres et aussi de garantir que l'enseignement donné soit conforme au Magistère de l'Eglise. (47)
(46) Cf. MR 28 31 ; VC 46 VC 50.
(47) Cf. Jean-Paul II, Discours aux Evêques de la région Nord-Est de de la Conférence nationale des Evêques du Brésil (C N.B.B.), 11 juillet 1995: L'Osservatore Romano, 12 juillet 1995, p. 5.
Toute initiative inter-instituts doit être gérée directement par une équipe sous la conduite d'un responsable propre, avec des garanties de stabilité et de compétence en matière de formation.
Dans le choix des enseignants, on tiendra compte de la saine doctrine, des compétences spécifiques, de la capacité pédagogique et de l'aptitude au travail en équipe. En outre, on considérera leur connaissance et leur estime de la vie religieuse dans la variété de ses formes et de ses développements selon l'esprit du Concile Vatican II et du Magistère.
Les Centres entretiendront chez les enseignants une vive conscience de la formation, et aussi ils organiseront des rencontres d'échanges et d'évaluation avec les formateurs.
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Les initiatives de collaboration se situent dans le domaine de la formation religieuse dans ses diverses étapes. Elles peuvent concerner la formation initiale: préparation au noviciat, formation des novices, des religieux et des religieuses de voeux temporaires, des candidats aux ministères ordonnés; et la formation permanente.
Les services seront organisés par la Conférence des Supérieurs ou Supérieures majeurs, ou par un groupe de Supérieurs ou Supérieures majeurs, qui en seront responsables en dernier ressort. Il leur appartiendra d'informer cette Congrégation de la vie et des activités du Centre.
L'organisation des programmes doit offrir une aide efficace à la formation doctrinale et à la croissance des étudiants et étudiantes dans leur vocation, selon les critères indiqués par le Droit canonique (48) et les normes complémentaires émanant des instances compétentes.
(48) Cf. CIC 646 CIC 659-661; PDV 42-59
Les cours seront fondés sur le Mystère du Christ (49) et développés progressivement en prêtant attention aux personnes et aux cultures. Ils présenteront aux étudiants et étudiantes la théologie de la vie consacrée et ils les aideront à approfondir le sens de " cette unique charité ecclésiale qui engage chacun au service de la communion organique ù charismatique et en même temps hiérarchiquement structurée ù du peuple de Dieu tout entier ". (50)
(49) Cf. OT 14 VC 14-16.
(50) VC 49; cf. PI 24-25 .
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Compte tenu de la diversité des expériences humaines et de la formation religieuse des candidats et candidates, la préparation au noviciat, dans les circonstances socio-culturelles actuelles, se révèle chaque jour plus nécessaire et demande plus d'investissement. (51) Les initiatives inter-congrégations offriront aux candidats et candidates des divers instituts des programmes qui abordent de manière compétente et solide le contenu fondamental de la formation humaine et chrétienne, de manière à promouvoir la formation intégrale et à combler d'éventuelles lacunes. Il faut par ailleurs que les formateurs et formatrices eux-mêmes puissent bénéficier de programmes spécifiques pour initier à la vie religieuse et pour mettre en oeuvre des instruments et des critères en vue d'un discernement attentif des vocations. Ce service est particulièrement utile aux formateurs et aux formatrices qui travaillent dans des cultures différentes de la leur ou qui accompagnent des candidats et candidates de cultures différentes.
(51) Cf. PI 42-44 .
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Le noviciat constitue une étape de formation fondamentale et délicate. (52) Au cours de celle-ci, la jeune fille ou le jeune homme commence le chemin de son identité vocationnelle dans la vie religieuse. (53) Cette étape a pour finalité de former convenablement le ou la novice dans l'esprit et la pratique de la vocation spécifique de son institut et d'évaluer ultérieurement les motivations du choix de la vocation, l'engagement spirituel et l'aptitude nécessaire. Dans tout institut, cette étape requiert un accompagnement personnalisé, attentif à la croissance de chaque novice, un climat de formation qui soit évangélique, serein, imprégné de valeurs, soutenu par le témoignage joyeux des formateurs et de la communauté, nourri par l'expérience authentique et profonde du charisme de la fondation. (54)
(52) Cf. RC 4.
(53) Cf. PI 45 ; CIC 646.
(54) Cf. CIC 646 CIC 652nº 2, et 4.
Là ou les circonstances le demandent, un programme inter-instituts peut concourir à la formation doctrinale appropriée de ceux et de celles qui commencent leur formation à la vie consacrée, de manière à les aider à se définir eux-mêmes comme membres de l'Eglise en tant que mystère, communion et mission, et à agir comme tels, développant, par le dialogue et l'échange, des attitudes de coresponsabilité fraternelle. Il faut toutefois avoir présent à l'esprit qu'" on peut parler de "cours inter-congrégations pour novices" hommes ou femmes, distincts entre eux, mais on ne peut pas parler de "noviciat inter-congrégations" ". (55)
(55) Jean-Paul II, Discours aux Evêques de la région Nord-Est de de la Conférence nationale des Evêques du Brésil (C N.B.B.), 11 juillet 1995, n. 6: L'Osservatore Romano, 12 juillet 1995, p. 5; La Documentation catholique 92 (1995), p. 770.
15 La collaboration inter-instituts, durant l'étape du noviciat, reste de l'ordre des " services complémentaires ". Dans cette collaboration n'entre pas la création de ce qu'on a appelé les " noviciats inter-congrégations ", qui comporteraient pour les novices, hommes et femmes, la vie dans une même communauté. Cela, en effet, ne correspond pas à la spécificité propre du début de la vie religieuse, qui doit introduire à ce qui caractérise le patrimoine de chaque institut. Chaque institut donc doit avoir son noviciat.
16 Dans l'organisation de ces " services complémentaires ", on tiendra compte de ce qui suit:
a) Pour assurer la nécessaire harmonie entre les cours offerts par le Centre et le processus de l'initiation à la vie religieuse de chaque institut, il est opportun, voire nécessaire, que les maîtres ou maîtresses des novices soient présents aux cours, afin d'aider les novices à en assimiler le contenu.
b) Le programme devra offrir des cours fondamentaux sur différents thèmes, de telle sorte que les instituts puissent choisir ceux qui complètent la formation qu'ils donnent eux-mêmes. Le programme doit être bien structuré et harmonieux; il comprendra des éléments fondamentaux en Ecriture Sainte, en théologie spirituelle, en théologie morale, en ecclésiologie, en théologie et en droit de la vie religieuse ù notamment de chacun des conseils évangéliques ù, en liturgie, ainsi que les concepts fondamentaux en anthropologie et en psychologie qui donnent à la personne, au début de son parcours de formation, la possibilité de mieux se connaître, particulièrement dans les domaines les plus nécessaires de la formation. (56) Tous les thèmes seront approfondis en fonction de leur valeur dans la formation.
(56) Cf. CIC 652nº 2.
c) Durant le noviciat, la fréquence des cours et leur intensité ne seront pas telles qu'elles fassent obstacle à la finalité propre de cette étape de la formation. (57) Les cours seront dispensés de telle sorte qu'ils n'obligent pas à vivre hors du noviciat. Au cas ou les novices devraient pour cela se rendre ailleurs pour de brèves périodes et ponctuellement, le Supérieur majeur ou la Supérieure majeure s'en tiendra aux canons CIC 647nº 2, CIC 648nº 1 et 3, et CIC 649nº 1.
(57) Cf. CIC 646 CIC 648 CIC 652nº 5.
d) En outre, il convient de favoriser la connaissance des instituts religieux respectifs, des Fondateurs et des Fondatrices, ainsi que des différentes spiritualités. L'échange fraternel contribue en effet à faire mûrir une plus vive estime de l'originalité propre de chaque fondation, à découvrir la valeur de chaque Fondateur dans la participation à la mission de l'Eglise, ainsi qu'à promouvoir la collaboration et un esprit de communion. (58)
(58) Cf. VC 46 VC 52.
e) A intervalles réguliers les formateurs et les formatrices, selon leurs compétences, (59) feront avec l'équipe responsable du Centre ù en prenant aussi l'avis des personnes en formation ù une révision du programme et, en fonction de la réponse des personnes, une révision de la finalité des cours. Les Supérieurs et Supérieures majeurs, vu leur responsabilité première dans la formation, seront soigneusement fidèles à ces initiatives.
(59) Cf. CIC 652nº 1.
f) Les cours peuvent offrir aux maîtres et aux maîtresses des novices l'occasion d'un recyclage constant, d'une révision de leur tâche de formation, d'une confrontation et d'un soutien réciproques concrets et éclairants. Etant donné la nature de cette étape initiale, caractérisée par le processus de maturation psychologique et d'identification des novices au charisme, qui leur permettra d'acquérir un nouveau style de vie, les programmes de collaboration prévoiront, dans la mesure du possible, des rencontres de formateurs et de formatrices pour traiter des thèmes pédagogiques spécifiques qui seront ensuite approfondis dans les noviciats, entre autres le développement psycho-physiologique, la maturité affective et sexuelle, et d'autres aspects de la maturité humaine. (60)
(60) Cf. PI 13 39-41 .
1998 Formation vie consacrée