1997 De nouvelles vocations pour une nouvelle Europe 28

Des itinéraires pastoraux à l'appel personnel

28 Nous pourrions dire, en résumé, que la condition existentielle de tout croyant se condense dans les dimensions de la liturgie, de la communion ecclésiale, du service de la charité et du témoignage de l'Evangile. C'est sa dignité, sa vocation fondamentale, mais c'est aussi la condition pour que chacun puisse découvrir son identité particulière.
Tout croyant doit donc vivre l'événement commun de la liturgie, de la communion fraternelle, du service caritatif et de l'annonce de l'Evangile, car ce n'est qu'à travers cette expérience qu'il pourra identifier sa façon de vivre particulière avec ces dimensions de la vie chrétienne. Par conséquent, ces itinéraires ecclésiaux doivent être privilégiés car ils représentent en quelque sorte la voie royale de la pastorale des vocations, grâce à laquelle le mystère de la vocation de chacun peut se révéler.
Il s'agit d'ailleurs des itinéraires classiques, qui appartiennent à la vie même de toute communauté voulant se dire chrétienne; ils en révèlent en même temps la solidité ou la précarité. C'est justement pour cela qu'ils représentent non seulement une voie obligée, mais qu'ils offrent surtout une garantie de l'authenticité de la recherche et du discernement.
De fait, ces quatre dimensions et fonctions entraînent, d'un côté, une implication globale du sujet et, de l'autre, elles le conduisent au seuil d'une expérience très personnelle, d'une confrontation pressante, d'un appel impossible à ignorer, d'une décision à prendre, qu'il ne peut pas retarder indéfiniment. Voilà pourquoi la pastorale des vocations devra expressément aider à faire oeuvre de discernement par le biais d'une expérience profondément et globalement ecclésiale, qui conduise tout croyant «à la découverte de sa responsabilité dans l'Eglise et à l'assumer».(85) Les vocations qui ne naissent pas de cette expérience et de cette insertion dans l'action ecclésiale communautaire risquent d'être viciées à la racine et d'une authenticité douteuse.
Naturellement, ces dimensions seront toutes présentes, coordonnées de manière harmonieuse, pour une expérience qui ne pourra être décisive que si elle englobe tout.
Souvent, en effet, certains jeunes privilégient spontanément l'une ou l'autre de ces fonctions (soit uniquement engagés dans le volontariat, soit trop attirés par la dimension liturgique ou par les grandes théories un peu idéalistes). Dès lors, il sera important que l'éducateur des vocations conduise à un engagement qui ne corresponde pas sur mesure aux goûts du jeune, mais qui corresponde à la mesure objective de l'expérience de foi qui ne peut pas, par définition, être réduite. Seul le respect de cette mesure objective peut laisser entrevoir la mesure subjective.
En ce sens, l'objectivité précède la subjectivité et le jeune doit apprendre à lui donner la priorité s'il veut vraiment se découvrir et découvrir ce qu'il est appelé à être. Ou encore: il doit d'abord réaliser ce qui est requis à tous s'il tient à être lui-même.
Ce n'est pas tout! Car ce qui est objectif, réglé sur la base d'une norme et d'une tradition, visant un objectif précis qui transcende la subjectivité, comporte une force d'attraction et d'attrait vocationnel considérable. Naturellement l'expérience objective devra également devenir subjective ou être reconnue par l'individu comme sienne. Toujours, cependant, à partir d'une source ou d'une vérité que le sujet ne détermine pas lui-même mais qui se prévaut de la riche tradition de la foi chrétienne. En définitive, «la pastorale des vocations possède les étapes fondamentales d'un itinéraire de foi».(86) Cela implique aussi la progressivité et la convergence de la pastorale des vocations.

Notes:

(85) Propositions, 10.
(86) Propositions, 11.


Des itinéraires aux communautés chrétiennes

a) La communauté paroissiale

29 Le Congrès européen s'est, entre autres, fixé un objectif: amener la pastorale des vocations au coeur des communautés paroissiales, là où les gens vivent et où les jeunes, en particulier, sont impliqués de manière plus ou moins significative dans une expérience de foi.
Il s'agit de faire sortir la pastorale des vocations des ornières réservées aux spécialistes pour atteindre la périphérie de l'Eglise particulière.
Mais en même temps il est désormais urgent de dépasser la phase d'expérimentation que traversent de nombreuses Eglises d'Europe pour passer à de véritables cheminements pastoraux, greffés dans le tissu des communautés chrétiennes, en mettant en valeur ce qui est déjà éloquent du point de vue des vocations.
Une attention particulière doit être accordée à l'année liturgique qui est une école de foi permanente où tout croyant, aidé par l'Esprit Saint, est appelé à grandir selon Jésus. De l'Avent, temps de l'espérance, à la Pentecôte, en passant par le temps ordinaire, le chemin de l'année liturgique, qui revient de façon cyclique, célèbre et annonce un modèle d'homme appelé à se mesurer au mystère de Jésus, l'«aîné d'une multitude de frères» (
Rm 8,29) .
L'anthropologie que l'année liturgique porte à explorer est un authentique dessein vocationnel qui invite chaque croyant à répondre toujours plus à l'appel, en vue d'une mission précise et personnelle dans l'histoire. D'où l'attention accordée aux itinéraires quotidiens où chaque communauté chrétienne est impliquée. La sagesse pastorale requiert en particulier des pasteurs, guides des communautés chrétiennes, une attention minutieuse et un discernement attentif pour faire parler les signes liturgiques, les vécus de l'expérience de foi; car c'est de la présence du Christ aux temps ordinaires de l'homme que viennent les appels de l'Esprit en vue d'une vocation.
Il ne faut pas oublier que le pasteur, surtout le prêtre, responsable d'une communauté chrétienne, est celui qui «cultive directement» toutes les vocations.
En vérité, on ne reconnaît pas partout à plein titre la dimension vocationnelle de la communauté paroissiale; alors qu'au contraire «les Conseils Pastoraux diocésains et paroissiaux, en lien avec les centres nationaux des vocations (sont précisément) les organes compétents dans toutes les communautés et dans tous les secteurs de la pastorale ordinaire».(87)
Il faut donc encourager l'initiative des paroisses qui ont constitué en leur sein des groupes de responsables de l'animation des vocations et des différentes activités pour résoudre «un problème vital qui est au coeur même de l'Eglise»(88) (groupes de prière, journées et semaines pour les vocations, catéchèses et témoignages et tout ce qui peut contribuer à accorder une grande attention aux vocations).(89)

b) Les «lieux-signe» de la vie-vocation
Pour ce passage délicat et urgent d'une pastorale des vocations basée sur les expériences à une pastorale des vocations basée sur le cheminement, il est nécessaire de faire parler non seulement les appels à la vocation provenant des itinéraires qui traversent la vie quotidienne de la communauté chrétienne, mais il est sage de rendre significatifs les lieux-signe de la vie comme vocation et les lieux pédagogiques de la foi. Une Eglise est vivante si, grâce aux dons de l'Esprit, elle sait percevoir ces lieux et les mettre en valeur.
Les lieux-signe de la nature vocationnelle de l'existence dans une Eglise particulière sont les communautés monastiques, témoins de visage priant de la communauté ecclésiale; les communautés religieuses apostoliques et les fraternités des instituts séculiers.
Dans un contexte culturel fortement attiré par les choses proches et immédiates, à travers le vent glacé de l'individualisme, les communautés orantes et apostoliques ouvrent de vraies horizons de vie authentiquement chrétienne, surtout pour les dernières générations manifestement plus attentives aux signes qu'aux paroles.
La communauté du séminaire diocésain ou interdiocésain est un signe particulier de la nature vocationnelle de la vie. Il vit une histoire singulière au sein de nos Eglises. D'une part, c'est un signe fort car il constitue une promesse de futur. Les jeunes qui y entrent, fils de cette génération, seront les prêtres de demain. Mais ce n'est pas tout: le séminaire rappelle concrètement la nature vocationnelle de la vie et l'urgence du ministère ordonné pour l'existence de la communauté chrétienne.
D'autre part, le séminaire est un signe faible: car il requiert une attention constante de l'Eglise particulière, il sollicite une sérieuse pastorale des vocations pour repartir chaque année avec de nouveaux candidats. La solidarité économique peut aussi être une sollicitation pédagogique pour éduquer le peuple de Dieu à la prière pour toutes les vocations.

c) Les lieux pédagogiques de la foi
En plus des lieux-signe, les lieux pédagogiques de la pastorale des vocations sont précieux. Ils sont constitués par les groupes, les mouvements, les associations et même par l'école.
Au-delà de la différence de physionomie sociologique de telles formes d'agrégation, surtout au niveau des jeunes, il faut apprécier leur valeur pédagogique comme lieux où les gens peuvent être pleinement aidés à atteindre une véritable maturité de foi.
Ce but peut être efficacement poursuivi si l'on prend garde à ne pas négliger trois dimensions de l'expérience chrétienne: la vocation de chacun, la communion de l'Eglise et la mission avec l'Eglise.

d) Des figures de formateurs et de formatrices
Une autre attention pédagogico-pastorale est proposée avec une particulière insistance en ce moment précis de l'histoire: la formation de figures éducatives précises.
La faiblesse et le caractère problématique des lieux pédagogiques de la foi, mis à dure épreuve par la culture de l'individualisme, de l'associationnisme spontané ou par la crise des institutions, est bien connu.
Par ailleurs, le besoin se fait surtout sentir chez les jeunes d'une confrontation, d'un dialogue, de points de référence. Les signaux à cet égard sont nombreux. En somme, il existe une urgence de maîtres de vie spirituelle, de figures significatives, capables d'évoquer le mystère de Dieu et disposés à l'écoute pour aider les personnes à entrer dans un dialogue sérieux avec le Seigneur.
Les personnalités spirituelles fortes ne se réduisent pas seulement à quelques personnes particulièrement dotées de charisme, mais elles sont le résultat d'une formation particulièrement attentive à la primauté absolue de l'Esprit.
Pour former les figures éducatives de notre communauté, il faut accorder une attention particulière dans deux directions: d'une part, il s'agit de rendre explicite et vigilante la conscience d'éducation à la vocation chez toutes les personnes qui sont déjà appelées à oeuvrer dans la communauté aux côtés des enfants et des jeunes (prêtres, religieuxses et laïcs).
De l'autre, il faut soigneusement encourager et former le caractère ministériel éducatif de la femme pour qu'elle soit surtout à côté des jeunes une figure de référence et un guide sage. De fait, la femme est largement présente dans les communautés chrétiennes et chacun connaît la capacité intuitive du «génie féminin» et la vaste expérience de la femme dans le domaine éducatif (famille, école, groupes, communautés).
L'apport de la femme doit donc être considéré comme précieux, pour ne pas dire décisif, dans le cadre du monde de la jeunesse féminine, que l'on ne peut pas traiter comme le monde masculin, car il a besoin d'une réflexion plus attentive et plus spécifique, surtout dans le domaine des vocations.
Cela fait peut-être partie aussi du tournant qui caractérise la pastorale des vocations. Alors que par le passé les vocations féminines étaient également engendrées par des figures significatives de pères spirituels, guides authentiques des personnes et des communautés, aujourd'hui les vocations au «féminin» ont besoin de se référer à des figures féminines, individuelles et communautaires, capables de fournir des propositions de modèles concrets et de valeurs.

e) Les organismes de pastorale des vocations
Pour se présenter comme une perspective unitaire et synthétique de la pastorale en général, la pastorale des vocations doit d'abord exprimer en son sein la synthèse et la communion des charismes et des ministères.
Depuis longtemps déjà, l'Eglise ressent la nécessité de cette coordination(90) qui, grâce à Dieu, a déjà porté des fruits remarquables: organismes paroissiaux et centres diocésains et nationaux des vocations fonctionnent déjà depuis plusieurs années, procurant de multiples bienfaits.
Mais il n'en va pas partout de même. Le Congrès qui vient de se réunir a regretté dans certains cas l'absence ou le manque d'incidence de ces structures dans plusieurs nations européennes(91) et forme des voeux pour que celles-ci soient créées ou amplifiées de façon adéquate le plus tôt possible.
Plusieurs observateurs relèvent aussi que, tandis que les centres nationaux semblent stimuler de façon notoire et constructive la pastorale des vocations dans son ensemble, les centres diocésains ne paraissent pas partout animés de la même volonté de travailler et de collaborer vraiment pour les vocations de tous. Il existe un certain projet global de pastorale unitaire qui tarde encore à devenir une pratique d'Eglise locale et qui semble, d'une certaine façon, s'enrayer lorsqu'il s'agit de passer des propositions générales à la traduction effective dans la réalité diocésaine ou paroissiale. De fait, des perspectives et des pratiques particulières et moins ecclésiales n'ont pas encore tout à fait disparu.(92)
En ce qui concerne les centres diocésains et nationaux, plutôt que de rappeler ici ce que soulignent déjà d'une manière exemplaire divers documents quant à leur fonction, il semble nécessaire de rappeler qu'il ne s'agit pas tant d'une question d'organisation pratique que d'une cohérence avec le nouvel esprit qui doit imprégner la pastorale des vocations dans l'Eglise et, en particulier, dans les Eglises d'Europe. La crise des vocations est également crise de communion pour encourager et faire croître les vocations. Les vocations ne peuvent pas naître là où il n'existe pas d'esprit ecclésial authentiquement vécu.
Le Congrès et ce Document recommandent donc non seulement un regain d'efforts dans ce domaine, en lien plus étroit entre centre national, centres diocésains et organismes paroissiaux, mais ils souhaitent aussi que ces organismes prennent davantage à coeur deux questions: la promotion d'une authentique culture des vocations dans la société civile et ecclésiale, que nous avons déjà soulignée, et la formation d'éducateurs-formateurs des vocations, élément véritablement central et stratégique de l'actuelle pastorale des vocations.(93)
Le Congrès demande en outre que soit sérieusement prise en considération la constitution, pour l'Europe, d'un organisme ou Centre unitaire supranational de la pastorale des vocations, comme signe et expression concrète de communion et de partage, de coordination et d'échange d'expériences et de personnes entre les différentes Eglises nationales,(94) tout en sauvegardant les particularités de chacune.

Notes:

(87) Propositions, 10.
(88) Pastores dabo vobis, PDV 41
(89) Cf. les sages indications sur ce thème du Document Final du IIème Congrès International de 1981, DF, 40.
(90) Cf. Optatam totius, OT 2 DF, 57-59; cf. aussi Développements de la pastorale, 89-91.
(91) Cf. Propositions, 10.
(92) «Parfois a-t-on remarqué lors du Congrès on constate une certaine difficulté dans les rapports entre Eglise locale et vie religieuse. Il est important de sortir d'une lecture fonctionnelle de la vie religieuse, même si l'on entrevoit déjà des signes d'orientations nouvelles après le Synode sur la vie consacrée. Cela vaut également pour les Instituts séculiers» (Propositions, 16).
(93) «Dans une situation religieuse et culturelle qui évolue rapidement, il devient indispensable de former des animateurs de base: catéchistes, paroisses, diacres, personnes consacrées, évêques... et de prendre soin de leur formation permanente» (Propositions, 17).
(94) Cf. Propositions, 29, où, parlant de ce Congrès européen pour les vocations, s'exprime le désir que celui-ci, comme geste de charité et d'échange de dons, "pourvoit aussi à une?banque' de personnes qualifiées pour collaborer à la formation des formateurs". Quant à la constitution de cet organisme, on trouve aussi une sollicitation en ce sens dans l'Instrumentum laboris, 83 et 90h. Une expérience positive se déroule déjà depuis plusieurs années en Amérique latine. A Bogotà (Colombie), au siège du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), le "Departimento de Vocaciones y Ministerios" (DEVYM) oeuvre de façon stable. Cet organisme a également constitué le point de référence pour la préparation et la célébration du premier Congrès continental pour l'Amérique latine, qui s'est déroulé à Itaici (Sao Paulo, Brésil) du 23 au 27 mai 1994.



QUATRIEME PARTIE

PÉDAGOGIE DES VOCATIONS:

«Notre coeur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous»

(Lc 24,32)
Cette partie pédagogique est puisée au sein même de l'Evangile, s'inspirant de l'exemple de cet extraordinaire animateur-éducateur des vocations qu'est Jésus, et en vue d'une animation des vocations rythmée par des attitudes pédagogico-évangéliques précises: semer, accompagner, éduquer, former, discerner.
Nous voici parvenus à la dernière section, celle qui, dans la logique du document, devrait représenter la partie méthodologique et applicative. De fait, nous sommes partis de l'analyse de la situation concrète, pour définir ensuite les éléments théologiques porteurs du thème des vocations, avant de revenir à la vie concrète de nos communautés pour préciser le sens et la direction de la pastorale des vocations.Il nous reste maintenant à considérer la dimension pédagogique de la pastorale des vocations.
Il nous reste maintenant à considérer la dimension pédagogique de la pastorale des vocations.

Crise des vocations et crise d'éducation

30 Très souvent, dans nos Eglises, les objectifs sont clairs, tout comme les stratégies fondamentales, mais les pas à accomplir restent trop vagues pour susciter chez nos jeunes la disponibilité de vocation. Et cela parce que la structure éducative, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Eglise, est trop faible, cette structure qui devrait offrir, en plus de la précision de l'objectif à atteindre, les parcours pédagogiques qui y conduisent. L'Instrumentum laboris le dit encore avec son réalisme habituel: «Nous constatons... la faiblesse de nombreux lieux pédagogiques (groupe, communauté, patronage, école et surtout famille).(95) La crise des vocations est certainement aussi une crise de proposition pédagogique et de chemin éducatif.
Nous tenterons donc d'indiquer, toujours à partir de la Parole de Dieu, cette convergence entre la fin et la méthode, convaincus qu'une bonne théologie se laisse normalement traduire dans la pratique, devient pédagogie et fait entrevoir des parcours, avec le désir sincère d'offrir aux différents agents pastoraux une aide, un instrument utile à tous.

Notes:

(95) IL, 86.


L'Evangile de la vocation

31 Chaque rencontre ou dialogue avec l'Evangile revêt une signification vocationnelle: lorsque Jésus chemine sur les routes de Galilée, il est toujours envoyé par le Père pour appeler l'homme au salut et lui révéler le projet du Père. La bonne nouvelle l'Evangile est précisément celle-ci: le Père a appelé l'homme par le Fils dans l'Esprit, il l'a appelé non seulement à la vie mais à la rédemption, et pas seulement à une rédemption méritée par d'autres, mais à une rédemption qui le touche directement, le rendant responsable du salut des autres.
Ce salut actif et passif, reçu et partagé, renferme le sens de toute vocation; il renferme le sens même de l'Eglise, comme communauté de croyants, de saints et de pécheurs, tous «appelés» à participer au même don et à la même responsabilité. C'est l'Evangile de la vocation.

La pédagogie de la vocation

32 A l'intérieur de cet Evangile cherchons une pédagogie qui lui corresponde, celle de Jésus, authentique pédagogie de la vocation. C'est la pédagogie que tout animateur des vocations ou tout évangélisateur devrait savoir appliquer pour amener le jeune à reconnaître le Seigneur qui l'appelle et à lui répondre.
Si le point de référence de la pédagogie des vocations est le mystère du Christ, le Fils de Dieu fait homme, il existe de multiples aspects et dimensions significatives dans son action «vocationnelle».
Avant tout, Jésus nous est présenté dans les Evangiles beaucoup plus comme un formateur que comme un animateur, précisément parce qu'il oeuvre en lien très étroit avec le Père, qui répand la semence de la Parole et éduque (en tirant du néant), et avec l'Esprit qui accompagne sur le chemin de la sanctification.
Ces aspects ouvrent des perspectives importantes à ceux qui travaillent dans la pastorale des vocations et qui sont appelés par conséquent à être non seulement des animateurs des vocations, mais avant tout semeurs du bon grain de la vocation, puis accompagnateurs sur le chemin qui conduit le coeur à «brûler», éducateurs de la foi et de l'écoute de Dieu qui appelle, formateurs des attitudes humaines et chrétiennes de réponse à l'appel de Dieu;(96) il est enfin appelé à discerner la présence du don qui vient d'en haut.
Ce sont les cinq caractéristiques centrales du ministère vocationnel ou les cinq dimensions du mystère de l'appel qui arrive à l'homme à travers la médiation d'un frère, d'une soeur ou d'une communauté.

Notes:

(96) Cf. Propositions, 9.


Semer

33 «Voici que le semeur est sorti pour semer. Et comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D'autres sont tombés sur les endroits rocheux où ils n'avaient pas beaucoup de terre, et aussitôt ils ont levé, parce qu'ils n'avaient pas de profondeur de terre; mais, une fois le soleil levé, ils ont été brûlés et, faute de racine, se sont desséchés. D'autres sont tombés sur les épines, et les épines ont monté et les ont étouffés. D'autres sont tombés sur la bonne terre et ont donné du fruit, l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente» (Mt 13,3-8) .
Ce passage indique en quelque sorte la première étape d'un cheminement pédagogique, la première attitude de la part de celui qui se place comme médiateur entre le Dieu qui appelle et l'homme qui est appelé, et qui s'inspire nécessairement de l'action de Dieu. Le semeur, c'est Dieu le Père; l'Eglise et le monde sont les lieux où il continue à répandre la semence en abondance, avec une liberté absolue et sans exclusions d'aucune sorte, une liberté qui respecte celle du terrain où tombe le grain.

a) Deux libertés en dialogue
La parabole du semeur montre que la vocation chrétienne est un dialogue entre Dieu et la personne humaine. L'interlocuteur principal est Dieu qui appelle qui il veut, quand il veut et comme il veut «conformément à son propre dessein et à sa grâce» ( 2Tm 1,9); qui appelle tous les hommes au salut, sans se laisser limiter par les dispositions de celui qui reçoit l'appel. Mais la liberté de Dieu rencontre la liberté de l'homme, en un dialogue mystérieux et fascinant, fait de paroles et de silences, de messages et d'actions, de regards et de gestes, une liberté qui est parfaite, celle de Dieu, et l'autre imparfaite, celle de l'homme. La vocation est donc totalement activité de Dieu, mais aussi réellement activité de l'homme: travail et pénétration de Dieu au coeur de la liberté humaine, mais aussi peine et lutte de l'homme pour être libre d'accueillir le don.
Celui qui se place à côté d'un frère au long du chemin de discernement d'une vocation entre dans le mystère de la liberté et sait qu'il ne pourra apporter son aide que s'il respecte ce mystère. Même si cela devait correspondre, du moins en apparence, à un moindre résultat. Comme pour le semeur de l'Evangile.

b) Le courage de semer partout
Le respect des deux libertés signifie précisément et avant tout le courage de semer le bon grain de l'Evangile, de la Pâque du Seigneur, de la foi et enfin de la sequela pour se mettre à la suite du Christ. Telle est la condition préalable. Aucune pastorale des vocations ne peut se faire sans ce courage. Et ce n'est pas tout: il faut semer partout, dans le coeur de quiconque, sans aucune préférence ni exception. Si chaque être humain est créature de Dieu, il est également porteur d'un don, d'une vocation particulière qui attend d'être reconnue.
On se plaint souvent dans l'Eglise du manque de réponses au niveau des vocations, mais on ne s'aperçoit pas que souvent la proposition est faite à l'intérieur d'un cercle restreint de personnes et, peut-être, retirée aussitôt après le premier refus. Il est bon de rappeler ici ce que réclamait Paul VI: «Que personne, par notre faute, ignore ce qu'il doit savoir, pour orienter sa vie, différemment et mieux».(97) Et pourtant, combien de jeunes n'ont jamais entendu de proposition chrétienne quant à leur vie et leur avenir!
Il est singulier d'observer le semeur de la parabole, avec son ample geste de la main qui sème «partout»; il est émouvant de reconnaître en cette image le coeur de Dieu le Père. C'est l'image de Dieu qui sème un plan de salut dans le coeur de tout vivant; ou, si l'on préfère, c'est l'image du «gaspillage» de la générosité divine qui s'étend sur tous car elle veut sauver et appeler tous les hommes à elle.
C'est cette même image du Père qui revient de façon évidente dans l'action de Jésus qui appelle à lui les pécheurs, qui choisit de construire son Eglise avec des gens apparemment inadaptés à cette mission, qui ne connaît pas de barrières et n'établit pas de préférences de personnes.
C'est en se reflétant dans cette image qu'à son tour l'agent des vocations annonce, propose, secoue, avec une générosité identique. Et c'est précisément la certitude de la semence déposée par le Père dans le coeur de chaque créature qui lui donne la force d'aller partout et de semer le bon grain des vocations, de ne pas rester à l'intérieur des espaces habituels et d'affronter de nouveaux environnements, pour tenter des approches insolites et s'adresser à toute personne.

c) Semer au bon moment
La sagesse du semeur le conduit à répandre le bon grain de la vocation au moment propice. Ce qui signifie qu'il ne s'agit pas du tout d'accélérer les temps du choix ou prétendre qu'un pré-adolescent ait la maturité de décision d'un jeune, mais comprendre et respecter le sens de la vocation de la vie humaine.
Chaque saison de l'existence a une signification vocationnelle, à commencer par l'instant où le garçonla fille s'ouvre à la vie et a besoin d'en saisir le sens et tente de s'interroger sur son rôle dans cette vie. Méconnaître cette demande au moment opportun pourrait empêcher le grain de germer: «l'expérience pastorale montre que la première manifestation de la vocation naît, dans la plupart des cas, dans l'enfance et dans l'adolescence. Voilà pourquoi il semble important de retrouver ou de proposer des formules qui puissent susciter, soutenir et accompagner cette première manifestation de vocation»,(98) sans toutefois se limiter à celle-ci. Chaque personne a ses rythmes et ses temps de maturation. L'important est d'avoir un bon semeur à côté de soi.

d) Le plus petit de tous les grains
L'oeuvre du «semeur de vocations» n'est certes pas simple aujourd'hui. Pour les raisons que nous savons: il n'existe pas, à proprement parler, une culture des vocations; le modèle anthropologique dominant semble être celui de l'«homme sans vocation»; le contexte social est neutre sur le plan éthique et privé d'espérance et de modèles de projets. Tous ces éléments semblent concourir à affaiblir la proposition de vocation et nous permettent, peut-être, de lui appliquer ce que Jésus dit à propos du Royaume de Dieu (cf. Mt 13,31 cf. suiv.): le grain de la vocation est comme un grain de sénevé qui, lorsqu'il est semé, ou quand il est proposé ou indiqué, est le plus petit de tous les grains; il ne suscite très souvent aucun attrait immédiat; il est même refusé ou démenti, comme étouffé par d'autres attentes et d'autres projets, pas pris au sérieux; ou encore il est considéré comme suspect et avec méfiance, presque comme une semence de malheur.
Alors le jeune refuse, déclare qu'il n'est pas intéressé, qu'il a déjà hypothéqué son avenir (ou que d'autres l'ont fait pour lui); ou encore que cela lui plairait et l'intéresse, mais qu'il n'est pas sûr, que c'est trop difficile et que ça lui fait peur...
Rien d'étranger ni d'absurde dans cette réaction craintive et négative; au fond, le Seigneur l'avait prédit. Le grain de la vocation est le plus petit de tous les grains, il est faible et ne s'impose pas, précisément parce qu'il est l'expression de la liberté de Dieu qui entend respecter jusqu'au bout la liberté de l'homme.
La liberté de celui qui guide le chemin de l'homme est alors nécessaire, elle aussi: une liberté du coeur qui permette de ne pas renoncer devant le refus ou le désintérêt initial.
Jésus dit, toujours dans la brève parabole du grain de sénevé, que «quand il a poussé, c'est la plus grande des plantes potagères» (Mt 13,32) . C'est donc un grain qui possède une force qui n'est pas immédiatement évidente et éclatante et qui a même besoin de beaucoup de soin pour mûrir. Il existe une sorte de secret élémentaire qui fait partie de la sagesse paysanne: pour garantir une récolte à la bonne saison, il faut s'occuper de tout, absolument de tout, du terrain au grain; il faut faire attention à tout, de ce qui le fait croître à ce qui empêche sa croissance; il faut même tenir compte des intempéries impondérables des saisons. Il se passe quelque chose de semblable dans le domaine des vocations. Les semailles ne sont qu'une première étape qui doit être suivie de bien d'autres attentions précises pour que les deux libertés entrent dans le mystère du dialogue de vocation.

Notes:

(97) Paul VI, Regardez le Christ et l'Eglise, Message pour la XVème Journée mondiale de prière pour les vocations (16IV1978), in Insegnamenti di Paolo VI, XVI, 1978, pp. 256-260 (cf. aussi Congrégation pour l'Education Catholique, O.P.V.E., Messages Pontificaux, 127).
(98) Propositions, 15.


Accompagner

34 «Et voici que, ce même jour, deux d'entre eux faisaient route vers un village du nom d'Emmaüs, distant de Jérusalem de soixante stades, et ils conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé. Et il advint, comme ils conversaient et discutaient ensemble, que Jésus en personne s'approcha, et il faisait route avec eux; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître» (Lc 24,13-16) .
Pour décrire les articulations pédagogiques de l'accompagnement, de l'éducation, de la formation, nous choisissons l'épisode des deux disciples d'Emmaüs. C'est un passage significatif car, en plus de la sagesse du contenu et de la méthode pédagogique adoptée par Jésus, il nous semble voir chez les deux disciples l'image de nombreux jeunes d'aujourd'hui, un peu tristes et démotivés, qui semblent avoir perdu le goût de chercher leur vocation.
Le premier pas, ou la première attention dans ce cheminement, est de s'approcher: le semeur, ou celui qui a réveillé chez le jeune la conscience du grain semé sur le terrain de son coeur, devient dès lors accompagnateur.
Dans la partie théologique de cette réflexion, le ministère de l'accompagnement a été désigné comme une caractéristique typique de l'Esprit; c'est en effet l'Esprit du Père et du Fils qui demeure à côté de l'homme pour lui rappeler la Parole du Maître; c'est encore l'Esprit qui demeure dans l'homme pour susciter en lui la conscience qu'il est fils du Père. L'Esprit est donc le modèle auquel doit s'inspirer le grand frère ou la grande soeur qui accompagne un petit frère ou une petite soeur en recherche.

a) Itinéraire de vocation
Une fois défini l'itinéraire pastoral de vocation, demandons-nous maintenant: qu'est-ce qu'un itinéraire de vocation sur le plan pédagogique?
L'itinéraire pédagogique d'une vocation est un voyage orienté vers la maturité de la foi, comme un pèlerinage vers le stade adulte du croyant, appelé à décider de lui-même et de sa vie dans la liberté et la responsabilité, selon la vérité du mystérieux projet pensé par Dieu pour lui. Ce voyage procède par étapes en compagnie d'une soeur ou d'un frère aîné dans la foi, qui connaît la route, la voix et les pas de Dieu, qui aide à reconnaître le Seigneur qui appelle et à discerner au long du chemin la route qui mène à lui pour lui répondre, le tout dans une relation de disciple.
Un itinéraire de vocation est donc avant tout un cheminement avec lui, le Seigneur de la vie, ce «Jésus en personne», comme le note Luc avec beaucoup de précision, qui s'approche du chemin de l'homme, emprunte le même parcours et entre dans son histoire. Mais souvent les yeux de chair ne savent pas le reconnaître. Alors le chemin de l'homme reste solitaire et le discours inutile, tandis que la recherche risque de se perpétuer, en un désir interminable et parfois narcissique de «faire des expériences», notamment celle de la vocation, sans aucun résultat décisif. La première tâche de l'accompagnateur d'une vocation consiste peut-être à indiquer la présence d'un Autre ou de confesser la nature relative de son accompagnement, pour être médiation de cette présence, ou itinéraire vers la découverte de Dieu qui appelle et se fait proche de tout homme.
Comme les deux disciples d'Emmaüs, ou comme Samuel au coeur de la nuit, souvent nos jeunes n'ont pas d'yeux pour voir, pas d'oreilles pour entendre Celui qui marche à côté de chacun et, à la fois avec insistance et délicatesse, prononce leur nom. Le frère qui accompagne est signe de cette insistance et de cette délicatesse; sa tâche consiste à aider à reconnaître la provenance de la voix mystérieuse; il ne parle pas de lui, mais il annonce un Autre qui est déjà présent; comme le faisait Jean-Baptiste.
Le ministère de l'accompagnement des vocations est un ministère humble, de cette humilité sereine et intelligente qui naît de la liberté dans l'Esprit et qui s'exprime «avec le courage de l'écoute de l'amour et du dialogue». Grâce à cette liberté, la voix de Celui qui appelle résonne avec plus de clarté et de force. Le jeune se trouve alors en face de Dieu, il découvre avec surprise que c'est l'Eternel qui chemine dans le temps à côté de lui et qui l'appelle à un choix pour toujours!

b) Les puits d'eau vive
«Jésus, fatigué par la marche, se tenait assis près du puits...» (Jn 4,6): c'est le début de ce que nous pourrions considérer comme un colloque vocationnel inédit: la rencontre de Jésus avec la Samaritaine. Cette femme, en effet, à travers cette rencontre, accomplit un itinéraire vers la découverte d'elle-même et du Messie, et devient même, d'une certaine façon, son annonciatrice.
Ce passage fait encore une fois ressortir la liberté souveraine de Jésus qui cherche ses messagers partout et chez tous; mais l'attention, de la part de Celui qui est le chemin de l'homme vers le Père, à croiser la créature sur ses chemins ou à l'attendre là où son attente est plus évidente et intense, est également singulière. C'est ce que l'on peut déduire de l'image symbolique du «puits». Les puits, dans l'antique société juive, étaient source de vie, condition fondamentale de survie pour un peuple toujours aux prises avec la pénurie d'eau; or c'est précisément autour de ce symbole, l'eau pour et de la vie, que Jésus construit avec une pédagogie très fine son approche de la femme.
Accompagner un jeune veut dire savoir identifier «les puits» d'aujourd'hui: les lieux et les moments, les provocations et les attentes où, tôt ou tard, tous les jeunes doivent passer avec leurs amphores vides, avec leurs questions non posées, avec leur insuffisance affichée et qui n'est bien souvent qu'apparente, avec leur désir profond et ineffaçable d'authenticité et d'avenir.
La pastorale des vocations ne peut pas être «attentiste», mais action de ceux qui cherchent, qui ne s'avouent pas vaincus tant qu'ils n'ont pas trouvé et qui se font trouver au bon endroit ou au bon puits, là où le jeune donne rendez-vous à la vie et à l'avenir.
De ce point de vue, l'accompagnateur des vocations doit être «intelligent», quelqu'un qui n'impose pas nécessairement ses questions, mais qui part de celles du jeune, quelles qu'elles soient. Ou qui est capable si nécessaire - de «susciter et de découvrir la demande de vocation qui habite le coeur de chaque jeune, mais qui attend d'être creusée par de véritables formateurs de vocations».(99)

c) Partage et con-vocation
Faire l'accompagnement d'une vocation signifie avant tout partager: le pain de la foi, de l'expérience de Dieu, de la difficulté de la recherche, jusqu'à partager aussi la vocation: ne pas l'imposer, évidemment, mais pour confesser la beauté d'une vie qui se réalise selon le projet de Dieu.
Le registre communicatif typique de l'accompagnement d'une vocation n'est pas un registre didactique ou d'exhortation, ni même un registre amical, d'un côté, et de directeur spirituel, de l'autre (entendu comme celui qui imprime tout de suite une direction précise à la vie d'un autre), mais c'est le registre de la confessio fidei.
Celui qui s'adonne à l'accompagnement des vocations témoigne de son propre choix, ou mieux, du choix que Dieu a fait de lui, il raconte pas nécessairement en paroles le cheminement de sa vocation et la découverte continuelle de son identité dans le charisme vocationnel; il raconte donc aussi ou laisse comprendre la peine, la nouveauté, le risque, la surprise, la beauté.
Il en résulte une catéchèse vocationnnelle de personne à personne, de coeur à coeur, riche d'humanité et d'originalité, de passion et de force de conviction, une animation des vocations sage, s'inspirant de l'expérience. Un peu comme l'expérience des premiers disciples de Jésus, qui «vinrent donc et virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là» (Jn 1,39) . Ce fut une expérience profondément touchante puisque Jean, bien des années plus tard, se souvient encore que «c'était environ la dixième heure».
L'animation des vocations se fait seulement par contagion, par contact direct, parce que le coeur est plein et l'expérience de la beauté continue à fasciner. «Les jeunes sont très intéressés par le témoignage de vie des personnes qui suivent déjà un cheminement spirituel. Prêtres et religieuxses doivent avoir le courage d'offrir des signes concrets au long de leur chemin spirituel. Voilà pourquoi il est important de passer du temps avec les jeunes, de cheminer à leur niveau, là où ils se trouvent, les écouter et répondre aux questions qui surgissent dans cette rencontre». (100)
C'est pourquoi l'accompagnateur des vocations est aussi enthousiaste de sa propre vocation et de la possibilité de la transmettre à d'autres; il est le témoin non seulement convaincu, mais content, et donc convaincant et crédible.
Ce n'est qu'ainsi que le message touche la totalité spirituelle de la personne, coeur-esprit-volonté, en proposant quelque chose qui est vrai-beau-bon.
Tel est le sens de la con-vocation: personne ne peut passer à côté d'un annonciateur d'une si «bonne nouvelle» et ne pas se sentir touché, «totalement» appelé, à chaque niveau de sa personnalité, et continuellement appelé, par Dieu, bien sûr, mais aussi par de multiples personnes, idéaux, situations inédites, provocations variées, médiations humaines de l'appel divin.
Alors le signal vocationnel peut être mieux perçu.

Notes:

(99) Propositions, 9.
(100) Propositions, 22. Et encore: «La naissance de l'intérêt pour l'Evangile et pour une vie qui lui est radicalement consacrée, dépend en grande mesure du témoignage personnel de prêtres et de religieuxses heureux de leur condition. La majorité des candidats à la vie consacrée et au sacerdoce déclarent attribuer leur vocation à une rencontre avec un prêtre ou une personne consacrée» (ibidem, 11).



1997 De nouvelles vocations pour une nouvelle Europe 28