1999 Verbi Sponsa - Sorties et entrées

15. La concession de la permission d'entrer et de sortir requiert toujours une cause juste et grave, (66 ) dictée par les vraies nécessités des moniales ou du monastère: c'est là une exigence de sauvegarde des conditions requises pour la vie intégralement contemplative et, de la part des moniales, une question d'accord avec leur choix vocationnel. En soi, donc, chaque sortie ou entrée doit constituer une exception.
L'usage d'annoter dans un livre les entrées et les sorties peut être conservé, sur décision du Chapitre conventuel; ce peut être une contribution à la connaissance de la vie et de l'histoire du monastère.
16. $ 1. Il revient à la Supérieure d'assurer concrètement le maintien de la clôture, de garantir les conditions concrètes de la séparation et de promouvoir à l'intérieur du monastère l'amour pour le silence, le recueillement et la prière.
C'est elle qui juge de l'opportunité des entrées et des sorties de la clôture, en évaluant avec une prudente discrétion leur nécessité, à la lumière de la vocation intégralement contemplative, selon les normes du présent document et des Constitutions.
$ 2. Il revient à la communauté entière de respecter l'obligation morale de la sauvegarde, de la promotion et de l'observance de la clôture papale, de manière que les motivations secondaires ou subjectives ne prévalent pas sur la fin que la séparation se propose.
17. $ 1. La sortie de la clôture, sauf indults particuliers du Saint-Siège ou en cas de danger très grave et imminent, est permise par la Supérieure dans les cas ordinaires, concernant la santé des moniales, l'assistance des moniales malades, l'exercice des droits civils et les nécessités du monastère pour lesquelles on ne peut pourvoir autrement.
$ 2. Pour une autre cause juste et grave, la Supérieure, avec le consentement de son conseil ou du chapitre conventuel, selon les dispositions des Constitutions, peut autoriser la sortie pour le temps nécessaire, ne dépassant pas une semaine. Si le séjour hors du monastère devait se prolonger au-delà, jusqu'à une période de trois mois, la Supérieure demandera l'autorisation à l'Évêque diocésain (67 ) ou au Supérieur régulier, s'il en existe un. Si l'absence dépasse trois mois, sauf dans les cas de soins de santé, elle doit demander la permission au Saint-Siège.
La Supérieure appliquera aussi cette règle pour autoriser la sortie en vue de participer, quand cela est nécessaire, à des cours de formation religieuse organisés par des monastères. (68 )
On se rappellera que la règle du can. 665, $ 1, sur le séjour hors de l'Institut, ne concerne pas les moniales de clôture.
$ 3. Pour envoyer les novices ou les professes, quand cela est nécessaire, (69 ) accomplir une partie de leur formation dans un autre monastère de l'Ordre, ainsi que pour effectuer des transferts temporaires ou définitifs (70 ) vers d'autres monastères de l'Ordre, la Supérieure exprimera son consentement, avec l'intervention du conseil ou du chapitre conventuel selon la règle des Constitutions.
18. $ 1. L'entrée dans la clôture est permise, sauf indults particuliers du Saint-Siège:
- aux cardinaux, qui peuvent amener avec eux quelqu'un qui les accompagne; aux nonces et aux délégués apostoliques, dans les lieux soumis à leur juridiction; au visiteur pendant la visite canonique, à l'Évêque diocésain ou au Supérieur régulier, pour une juste cause.
$ 2. Avec l'autorisation de la Supérieure:
- au prêtre pour administrer les sacrements aux malades, pour assister celles qui sont longtemps ou gravement malades et, le cas échéant, pour célébrer parfois pour elles la sainte Messe; éventuellement pour les processions liturgiques et les funérailles;
- à ceux dont les travaux ou compétences sont nécessaires pour soigner les moniales et pourvoir aux besoins du monastère;
- aux aspirantes du monastère et aux moniales de passage, si cela est prévu par le droit propre.


Réunions de moniales

19. Sur autorisation préalable du Saint-Siège, on peut organiser les réunions de moniales, du même Institut contemplatif, dans le cadre de la même nation ou région, qui sont motivées par de vraies nécessités de réflexion commune, pourvu que les moniales acceptent librement et que cela n'arrive pas trop fréquemment. Il est préférable que ces réunions aient lieu dans un monastère de l'Ordre.
Les monastères qui sont réunis en Fédérations établissent dans leurs Statuts la périodicité et les modalités de leurs assemblées fédérales, dans le respect de l'esprit et des exigences de la vie intégralement contemplative.


Les moyens de communication sociale

20. La réglementation concernant les moyens de communication sociale, compte tenu de toutes les formes sous lesquelles ils se présentent, vise à la sauvegarde du recueillement: on peut en effet vider le silence contemplatif quand on remplit la clôture de bruits, d'informations et de paroles.
Ces moyens doivent donc être utilisés avec sobriété et discrétion, (71 ) non seulement quant au contenu mais aussi à la quantité d'informations et au type de communication. On se rappellera que, puisqu'on est habitué au silence intérieur, tout cela s'imprime plus fortement dans la sensibilité et dans l'émotivité, rendant le recueillement plus difficile.
L'usage de la radio et de la télévision peut être autorisé dans des circonstances particulières de caractère religieux.
L'usage éventuel d'autres moyens modernes de communication, tels le télécopieur, le téléphone portable, internet, pour motif d'information ou de travail, peut être admis dans le monastère, avec un discernement prudent, pour l'utilité commune, selon les dispositions du chapitre conventuel.
Les moniales prendront soin de s'informer convenablement sur l'Église et sur le monde, non en multipliant les nouvelles, mais en sachant en retirer l'essentiel à la lumière de Dieu, pour les porter dans la prière en union avec le Coeur du Christ.


La vigilance sur la clôture

21. L'Évêque diocésain ou le Supérieur régulier veilleront sur l'observation de la clôture dans les monastères confiés à leurs soins, ils la défendront, dans la mesure de leur compétence, aidant la Supérieure, à laquelle en revient la vigilance immédiate.
L'Évêque diocésain ou le Supérieur régulier n'interviennent pas ordinairement dans la concession des dispenses de clôture, mais seulement dans des cas particuliers, selon les normes de la présente instruction.
Pendant la visite canonique, le visiteur doit vérifier l'observance des normes de la clôture et l'esprit de séparation d'avec le monde.
En raison de la très haute estime qu'elle nourrit envers leur vocation, l'Église encourage les moniales à rester fidèles à la vie claustrale, avec un grand sens de responsabilité à l'égard de l'esprit et de la discipline de la clôture, afin de promouvoir dans la communauté une bénéfique et totale orientation vers la contemplation de Dieu Un et Trine.




IIIe PARTIE

PERSÉVÉRANCE DANS LA FIDÉLITÉ


La formation

22. La formation des cloîtrées vise à préparer la personne à la consécration totale d'elle-même à Dieu dans la sequela Christi, selon la forme de vie uniquement ordonnée à la contemplation, qui est le propre de leur mission particulière dans l'Église. (72 )
La formation doit rejoindre la personne en profondeur, visant à l'unifier dans un itinéraire progressif de conformation à Jésus Christ et à sa totale oblation au Père. La méthode qui lui est propre doit par conséquent assumer et exprimer le caractère de totalité, (73 ) éduquant à la sagesse du coeur. (74 ) Il est clair qu'une telle formation, justement parce qu'elle tend à la transformation de toute la personne, ne cesse jamais.
Les exigences particulières de la formation de celles qui sont appelées à la vie intégralement contemplative ont été exprimées dans l'instruction Potissimum institutioni (IV, nn. 72-85).
La formation des contemplatives est premièrement une formation à la foi, «fondement et prémices d'une contemplation authentique». (75 ) Par la foi, en effet, on apprend à reconnaître la présence constante de Dieu pour adhérer dans la charité à son mystère de communion.
Le renouveau de la vie contemplative est confié en grande partie à la formation qui concerne chaque moniale et la communauté entière, afin qu'elles puissent parvenir à la réalisation du projet divin en assimilant leur charisme propre.
23. À cet effet, le programme de formation, inspiré par le charisme spécifique, prend une particulière importance; il doit comprendre, en des étapes bien distinctes, les années initiales jusqu'à la profession solennelle ou perpétuelle, et les années ultérieures, qui devront assurer la persévérance dans la fidélité pour toute l'existence. Dans ce but, les communautés de cloîtrées doivent avoir une «ratio formationis» appropriée, (76 ) qui fera partie de leur droit propre, après avoir été soumise au Saint-Siège, sur vote délibératif préalable du chapitre conventuel.
Le contexte des cultures de notre temps comporte pour les Instituts de vie contemplative un niveau de préparation adapté à la dignité et aux exigences de cet état de vie consacrée. Les monastères exigeront donc des candidates, avant l'admission au noviciat, un degré de maturité personnelle et affective, humaine et spirituelle, qui les rendent aptes à la fidélité et à la compréhension de la nature de la vie en clôture entièrement ordonnée à la contemplation. Les obligations propres de la vie claustrale doivent être bien connues et acceptées de toute candidate dès la première période de formation, et en toute hypothèse avant l'émission des voeux solennels ou perpétuels. (77 )
L'étude de la Parole de Dieu, de la tradition des Pères, des documents du Magistère, de la liturgie, de la spiritualité et de la théologie, doit constituer la base doctrinale de la formation, visant à offrir les fondements de la connaissance du mystère de Dieu contenus dans la Révélation chrétienne, «en scrutant, à la lumière de la foi, toute la vérité contenue dans le mystère du Christ». (78 )
La vie contemplative doit continuellement puiser dans le mystère de Dieu, par conséquent il est essentiel de donner aux moniales les bases et la méthode pour une formation personnelle et communautaire qui soient constantes et non laissées à des expériences périodiques.
24. La norme générale est que tout le cycle de la formation initiale et permanente se déroule à l'intérieur du monastère. L'absence d'activités extérieures et la stabilité des membres permettent de suivre graduellement et avec une plus grande participation les diverses étapes de la formation. Dans son monastère, la moniale grandit et mûrit dans la vie spirituelle et parvient à la grâce de la contemplation. La formation dans le propre monastère a aussi l'avantage de favoriser l'harmonie de la communauté entière. En outre, le monastère, avec son milieu caractéristique et son rythme de vie, est le lieu le plus convenable pour accomplir le chemin de formation, (79 ) car la nourriture quotidienne de l'Eucharistie, la liturgie, la lectio divina, la dévotion mariale, l'ascèse et le travail, l'exercice de la charité fraternelle et l'expérience de la solitude et du silence, constituent des moments et des facteurs essentiels de la formation à la vie contemplative.
En tant que première responsable de la formation, (80 ) la Supérieure d'un monastère assurera aux candidates un chemin de formation initiale appropriée. Elle doit aussi promouvoir la formation permanente des moniales, leur apprenant à se nourrir du mystère de Dieu qui se donne continuellement dans la liturgie et dans les divers moments de la vie monastique, leur offrant les moyens appropriés pour leur formation spirituelle et doctrinale, et enfin les incitant à une croissance continue, qui est une exigence de fidélité au don toujours nouveau de l'appel divin.
La formation est un droit et un devoir de tout monastère, qui peut bénéficier aussi de la collaboration de personnes extérieures, surtout de l'Institut auquel il est éventuellement associé. Le cas échéant, la Supérieure pourra permettre de suivre les cours par correspondance qui concernent les matières du programme de formation du monastère.
Quand un monastère ne peut se suffire à lui-même, certains services communs d'enseignement pourront être organisés dans l'un des monastères du même Institut et, ordinairement, de la même région. Les monastères concernés en détermineront les modalités, la fréquence et la durée, de façon à respecter les exigences fondamentales de la vocation contemplative en clôture et les indications de la propre «ratio formationis». La règle de la clôture vaut aussi pour les sorties motivées par la formation. (81 )
La fréquentation des cours de formation ne peut de toute façon remplacer la formation systématique et graduelle dans la propre communauté.
Tout monastère doit pouvoir être, de fait, l'artisan de sa propre vitalité et de son avenir; il faut donc qu'il se suffise à lui-même, surtout dans le domaine de la formation, qui ne peut s'adresser seulement à certains de ses membres, mais qui doit impliquer la communauté entière, afin qu'elle soit un lieu de progrès fervent et de croissance spirituelle.


Autonomie du monastère

25. L'Église reconnaît à chaque monastère «sui iuris» une juste autonomie juridique, de vie et de gouvernement, afin que grâce à elle il puisse jouir d'une discipline propre et qu'il soit en mesure de conserver intégralement son patrimoine propre. (82 )
L'autonomie favorise la stabilité de vie et l'unité interne de chaque communauté, en garantissant les conditions les meilleures pour l'exercice de la contemplation.
Cette autonomie est un droit du monastère, qui est autonome par nature; elle ne peut donc être limitée ou diminuée par des interventions extérieures. Toutefois, l'autonomie n'équivaut pas à une indépendance vis-à-vis de l'autorité ecclésiastique, mais elle est juste, convenable et opportune pour assurer la sauvegarde du caractère et de l'identité propres d'un monastère de vie intégralement contemplative.
Il est du devoir de l'Ordinaire du lieu de conserver et de sauvegarder cette autonomie. (83 )
L'Évêque diocésain, dans les monastères confiés à sa vigilance, (84 ) ou le Supérieur régulier, s'il en existe un, exercent leur charge selon les lois de l'Église et les Constitutions. Celles-ci doivent indiquer ce qui est de leur ressort, particulièrement en ce qui concerne la présidence des élections, la visite canonique et l'administration des biens.
Du fait que les monastères sont autonomes et indépendants les uns des autres, toute forme de coordination entre eux en vue du bien commun exige la libre adhésion des monastères eux-mêmes et l'approbation du Siège apostolique.


Rapports avec les Instituts masculins

26. Au cours des siècles, l'Esprit Saint a suscité dans l'Église des familles religieuses composées de branches variées, profondément unies par la même spiritualité mais distinctes entre elles et souvent diversifiées par la forme de vie.
Les monastères de moniales ont eu avec les Instituts masculins correspondants des liens différents, qui se sont concrétisés de diverses manières.
Une relation entre les monastères et l'Institut masculin correspondant, étant sauve la discipline de la clôture, peut favoriser la croissance dans la spiritualité commune. Dans cet esprit, l'association des monastères à l'Institut masculin correspondant, dans le respect de l'autonomie juridique propre à chacun, vise à conserver dans les monastères eux-mêmes l'esprit authentique de la famille religieuse pour l'incarner dans une dimension uniquement contemplative.
Le monastère associé à un Institut masculin maintient sa propre organisation et son propre gouvernement. (85 ) La définition des droits et des obligations réciproques, ordonnés au bien spirituel, doit donc sauvegarder l'autonomie effective du monastère.
Dans la perception nouvelle et dans les perspectives dans lesquelles l'Église considère aujourd'hui le rôle et la présence de la femme, il faut dépasser, si elle existe, la forme de tutelle juridique de la part des Ordres masculins et des Supérieurs réguliers qui peut limiter de fait l'autonomie des monastères de moniales.
Les Supérieurs masculins accompliront leur tâche en esprit de collaboration et d'humble service, évitant de créer toute sujétion indue à leur égard, afin que les moniales prennent les décisions avec liberté d'esprit et sens de responsabilité sur ce qui concerne leur vie religieuse.




IVe PARTIE

ASSOCIATIONS ET FÉDÉRATIONS


27. Les Associations et les Fédérations sont des organes d'aide et de coordination entre les monastères, pour qu'ils puissent réaliser de façon adéquate leur vocation dans l'Église. Leur but principal est de garder et de promouvoir les valeurs de la vie contemplative des monastères qui en font partie. (86 )
De telles instances doivent être favorisées particulièrement là où, à défaut d'autres formes efficaces de coordination et d'aide, les communautés pourraient se trouver dans l'incapacité de répondre à des nécessités fondamentales de divers types.
Dans le présent document, les normes qui se réfèrent aux Fédérations sont également valables pour les Associations, compte tenu de leur structure juridique et de leurs Statuts.
La constitution de toute forme d'Association, de Fédération ou de Confédération de monastères de moniales est réservée au Siège apostolique, auquel il appartient aussi d'en approuver les Statuts, d'exercer sur elles la vigilance et l'autorité nécessaires, (87 ) d'y inscrire ou d'en détacher les monastères.
La décision d'y adhérer ou non dépend de chaque communauté, dont la liberté doit être respectée.
28. Étant au service du monastère, la Fédération doit en respecter l'autonomie juridique; elle n'a pas d'autorité de gouvernement sur lui et ne peut donc pas prendre de décision sur ce qui concerne le monastère; elle n'a pas qualité pour représenter l'Ordre.
Les monastères fédérés vivent entre eux la communion fraternelle conformément à leur vocation claustrale, non par la multiplicité des réunions et des expériences communes, mais par un soutien mutuel et par une collaboration empressée pour répondre aux demandes d'aide, apportant leur contribution dans la mesure de leurs possibilités et dans le respect de l'autonomie.
Dans un esprit de service évangélique, les Fédérations chercheront à répondre aux besoins concrets et réels des communautés, y favorisant la consécration à la recherche de Dieu seul, l'observance de la Règle et la dynamique de l'unité interne.
L'aide que les Fédérations peuvent apporter pour résoudre des problèmes communs concerne principalement le renouveau qui convient et aussi la réorganisation des monastères, la formation aussi bien initiale que permanente, et le soutien économique réciproque. (88 )
Les modalités de la collaboration des monastères avec la Fédération sont proposées et déterminées par l'Assemblée des Supérieures des monastères qui, sur la base des Statuts approuvés, précisent la manière dont cette collaboration devra s'effectuer pour le profit et l'aide des monastères.
Ordinairement, le Saint-Siège nomme un Assistant religieux auquel il pourra déléguer, pour ce qu'il jugera nécessaire ou dans des cas particuliers, certaines facultés et charges. Le devoir de l'Assistant est de veiller à ce que dans la Fédération soit conservé et développé un authentique esprit de la vie intégralement contemplative de l'Ordre lui-même, d'aider, dans un esprit de service fraternel, à la conduite de la Fédération et en ce qui concerne les problèmes économiques de grande importance, de contribuer à une formation solide des novices et des professes.


La formation

29. Le service de formation que la Fédération peut offrir est subsidiaire. (89 ) Les Fédérations élaboreront une «ratio formationis», qui comportera des normes concrètes d'application (90 ) et qui fera partie du droit propre d'un monastère, après avoir été soumis au Saint-Siège, sur consentement préalable du Chapitre conventuel du monastère lui-même.
Tout monastère a de droit son noviciat. Cependant, tout en évitant le centralisme, la Fédération peut instituer un noviciat et d'autres services d'enseignement pour les monastères qui, par manque de candidates, d'enseignants ou pour toute autre raison, ne peuvent se suffire à eux-mêmes et qui désirent librement en profiter; ces services de formation, à définir dans la «ratio formationis», doivent s'exercer dans un monastère, qui soit ordinairement de la Fédération, (91 ) en respectant les exigences fondamentales de la vie contemplative en clôture.
Les Fédérations viseront à ce que les communautés se suffisent progressivement à elles-mêmes, surtout pour ce qui concerne la formation permanente, laquelle comprend un engagement spirituel et dans le domaine des études qui ne soit pas ponctuel mais continu, favorisant dans les monastères le développement d'une culture et d'une mentalité contemplatives.


Renouveau et aide aux monastères

30. Les Fédérations peuvent valablement coopérer pour donner une nouvelle vigueur aux monastères, en renouvelant leur dynamisme vocationnel centré sur les éléments essentiels de la spiritualité propre, dans la dimension intégralement contemplative de leur forme de vie, et en stimulant l'observance de la Règle et des Constitutions.
Les monastères d'une Fédération sont tenus de s'aider mutuellement, même par l'échange de moniales quand il y a une réelle nécessité et tout en évitant l'instabilité. (92 )
En toute hypothèse, il appartient aux communautés de décider de la demande et de la réponse, selon ses possibilités.
Les monastères qui ne sont plus en mesure de garantir la vie régulière ou qui se trouvent dans des circonstances particulièrement graves peuvent s'adresser à la Présidente et à son conseil pour chercher une solution adéquate.
S'il se trouve qu'une communauté ne possède plus les conditions pour agir de façon libre, autonome et responsable, la Présidente avertira l'Évêque diocésain et le Supérieur régulier s'il y en existe un, et elle soumettra le cas au Saint-Siège. (93 )




CONCLUSION

31. Par la présente Instruction, on entend confirmer la haute estime de l'Église pour la vie intégralement contemplative des moniales de clôture et sa sollicitude pour en sauvegarder l'authenticité, «pour que ce monde ne soit pas privé d'un rayon de la beauté divine qui illumine la route de l'existence humaine». (94 )
Puissent les paroles de Bénédiction du Pape Jean-Paul II soutenir et encourager toutes les contemplatives cloîtrées: «De même que les Apôtres, rassemblés en prière avec Marie et d'autres femmes au Cénacle, furent remplis de l'Esprit Saint (cf. Ac 1,14), de même la communauté des croyants espère aujourd'hui pouvoir faire l'expérience, grâce aussi à vos prières, d'une Pentecôte renouvelée pour un témoignage évangélique plus efficace au seuil du troisième millénaire. Chères Soeurs, je confie à Marie, Vierge fidèle et Demeure consacrée à Dieu, vos communautés et chacune d'entre vous. Que la Mère du Seigneur obtienne que de chacun de vos monastères rayonne de façon nouvelle dans le monde entier un faisceau de la lumière qui enveloppa le monde quand le Verbe se fit chair et établit sa demeure parmi nous!». (95 )
Le 1er mai, le Saint-Père a approuvé le présent document de la Congréation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, et il a autorisé sa publication.
Du Vatican, le 13 mai 1999, Solennité de l'Ascension du Seigneur.

Eduardo Card. Martínez Somalo
Préfet
Piergiorgio Silvano Nesti, CP
Secrétaire




Notes

(1) Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale sur la vie consacrée et sa mission dans l'Église et dans le monde Vita consecrata (25 mars 1996), n. 59.

(2) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 8; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), nn. 14; 32; Catéchisme de l'Église catholique, n. 555; S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, III, q. 45, a. 4, ad 2: «Toute la Trinité apparut: le Père par sa voix, le Fils en tant qu'homme, l'Esprit dans la nuée lumineuse»; Cassien, Conférence 10, 6: PL 49, 827: «Il se retira cependant, seul, sur la montagne pour prier, nous enseignant, par cette retraite, à nous séparer, comme lui, de l'embarras des affaires et du bruit de la foule, si nous voulons nous entretenir avec Dieu de toute notre âme et de tout notre coeur»; Guillaume de Saint Thierry, Lettre aux frères du Mont-Dieu, I, 1: PL 184, 310: «La vie solitaire fut pratiquée familièrement par le Seigneur lui-même tandis qu'il était avec les disciples, quand il fut transfiguré sur la Montagne sainte, suscitant en eux un tel désir d'elle que Pierre déclara immédiatement: Que je serais heureux d'y demeurer toujours!».

(3) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), nn. 28; 112.

(4) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 63.

(5) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris Mater (25 mars 1987), n. 43; Id., Discours aux religieuses cloîtrées (Lorette, 10 septembre 1995), n. 2: «Qu'est-ce que la vie cloîtrée sinon le renouvellement continuel d'un "oui" qui ouvre les portes de l'être à l'accueil du Sauveur? Vous prononcez ce "oui" dans l'assentiment quotidien à l'action divine et dans la contemplation assidue des mystères du salut».

(6) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 2; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux évêques de l'Église catholique sur quelques aspects de la méditation chrétienne Orationis formas (15 octobre 1989), n. 1; Catéchisme de l'Église catholique, nn. 2566-2567.

(7) Conc. oecum. Vat. II, Décret sur la rénovation et l'adaptation de la vie religieuse Perfectae caritatis, n. 7; cf. Jean-Paul II, Angélus (17 novembre 1996): «Quel trésor inestimable pour l'Église et pour la société sont les communautés de vie contemplative!».

(8) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 46; Paul VI, Motu proprio Ecclesiae sanctae (6 août 1966), II, nn. 30-31; S. Congrégation pour les Religieux et les Instituts séculiers, Dimension contemplative de la vie religieuse (12 août 1980), nn. 24-29; Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, Instr. Potissimum institutioni (2 février 1990), ch. IV, nn. 72-85; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), nn. 8; 59.

(9) Cf. Paul VI, Exhort. apost. Gaudete in Domino (9 mai 1975), VI: «L'Église, régénérée par l'Esprit Saint, constitue en un certain sens la véritable jeunesse du monde, pour autant qu'elle demeure fidèle à son être et à sa mission».

(10) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 46; Code de Droit canonique, can. 577; S. Congrégation pour les Religieux et les Instituts séculiers, Instr. sur la vie contemplative et la clôture des moniales Venite seorsum (15 août 1969), I; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), n. 59; Discours aux religieuses cloîtrées (Nairobi, 7 mai 1980), n. 3: «Dans votre vie de prière se prolonge la louange du Christ à son Père éternel. La totalité de son amour pour son Père et de son obéissance à la volonté de son Père se reflète dans votre consécration radicale d'amour. Son immolation désintéressée pour son Corps, l'Église, s'exprime dans l'offrande de vos vies en union avec son sacrifice».

(11) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 46; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), n. 14.

(12) Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), n. 59.

(13) S. Congrégation pour les Religieux et les Instituts séculiers, Instr. sur la vie contemplative et la clôture des moniales Venite seorsum (15 août 1969), I.

(14) Cf. Jean-Paul II, Lettre apost. Mulieris dignitatem (15 août 1988), n. 26: «Nous nous trouvons au centre même du mystère pascal qui révèle pleinement l'amour sponsal de Dieu. Le Christ est l'Époux parce qu'"il s'est livré lui-même": son corps a été "livré", son sang a été "versé" (cf. Lc 22,19 Lc 20). C'est ainsi qu'il "aima jusqu'à la fin" (Jn 13,1). Le "don désintéressé" que comprend le sacrifice de la Croix fait ressortir d'une manière décisive le sens sponsal de l'amour de Dieu. Le Christ est l'Époux de l'Église, comme Rédempteur du monde. L'Eucharistie est le sacrement de notre Rédemption. C'est le sacrement de l'Époux, de l'Épouse».

(15) Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), n. 59; cf. Lettre aux religieuses cloîtrées à l'occasion du VIIIe centenaire de la naissance de S. Claire d'Assise (11 août 1993): «En réalité toute la vie de Claire fut une eucharistie car de sa clôture elle élevait une continuelle "action de grâce" à Dieu par la prière, la louange, la supplication, l'intercession, les pleurs, l'offrande et le sacrifice. Elle accueillait toute chose et l'offrait au Père, en union avec le "merci" infini du Fils unique»; Bse Élisabeth de la Trinité, Écrits, Retraite 10, 2: «Une louange de gloire est un être toujours dans l'action de grâces. Chacun de ses actes, de ses mouvements, chacune de ses pensées, de ses aspirations, en même temps qu'ils l'enracinent plus profondément en l'amour, sont comme un écho du Sanctus éternel».

(16) Cf. S. Grégoire le Grand, Homélies sur les Évangiles, Homélie 38, 3: PL 76, 1283: «Alors, en effet, Dieu le Père célébra les noces de Dieu son Fils, quand dans le sein de la Vierge il l'unit à la nature humaine, alors qu'il voulut que celui qui était Dieu avant les siècles devînt homme à la fin des siècles»; S. Antoine de Padoue, Sermons, 20e dimanche après la Pentecôte, I, 4: «La Sagesse, le Fils de Dieu, a construit la maison de son humanité dans le sein de la Vierge bienheureuse, maison soutenue par sept colonnes, c'est-à-dire par les dons de la grâce septiforme. Cela revient à dire: il célébra les noces de son Fils»; Jean-Paul II, Lettre apost. Dies Domini (31 mai 1998), n. 12: Dieu «se manifeste comme l'époux face à l'épouse (cf. ; ; Is 54,4-8). L'intensité sponsale caractérise, dans l'Ancien Testament comme dans le Nouveau, le rapport de Dieu avec son peuple. C'est ce qu'exprime par exemple cette merveilleuse page d'Osée: " Je te fiancerai à moi pour toujours; je te fiancerai dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et dans la miséricorde; je te fiancerai à moi dans la fidélité et tu connaîtras le Seigneur" (2, 21-22)».

(17) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret sur la rénovation et l'adaptation de la vie religieuse Perfectae caritatis, n. 12: (les religieux) «évoquent cette admirable union, établie par Dieu et destinée à être manifestée pleinement dans le siècle futur, par laquelle l'Église a le Christ comme unique époux»; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), nn. 3; 34.


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